par Kamel Daoud QO
Technique de sondage, blague ou scoop ? Personne ne tranche. L'info est donnée par un confrère : Bouteflika ne va pas se présenter à sa propre succession tout en préparant la bonne Constitution pour que cela se fasse. On s'imagine la scène : le brusque affolement des intestins qui ne seront plus nourris, l'instant de figement du vol des cigognes qui découvrent en plein ciel qu'ils ne sont plus des cigognes mais des fers à repasser. On s'imagine ce temps mort, comme celui d'une récréation du monothéisme entre l'envoi de deux prophètes dans les temps antiques, cet instant de vie et de doute, ce brusque affolement du sens de direction chez les saumons par exemple. Que vont-ils faire ? Eux, ceux qui ont tout préparé sauf l'humeur du concerné.
Les comités de soutien, les gens qui ont été filmé par l'ENTV dans des positions d'aplatissement honteux. Les Algériens qui ont tout misé sur cette reconduction, les hystériques et les calculateurs froids, convaincus qu'être nationaliste, c'est être monogame en politique. Et c'est là où cela coince : on ne peut pas l'imaginer. La date de mariage a été avancée ainsi que la dot, l'argent, les invitations et la citerne d'eau ainsi que la commande des cageots de limonade chaude. On ne peut plus reculer : le pays est déjà coincé entre le vide et la reconduction. Tout ce qui pouvait faire alternative a été décapité et réduit à un va-et-vient entre la mosquée et la résidence légèrement surveillée. Il ne reste rien d'autre à faire que forcer Boutefkika à accepter d'être Bouteflika encore quelques années, comme il a choisi de ne pas l'être pendant vingt ans. C'est une question de biographie pour lui, une question de vie ou de mort pour la machine de la RAPD et certains de ses actionnaires.
De tous les points de vue, le refus de Bouteflika est impossible. En politique, presque tout est permis : le coup d'Etat du fils contre le père, du nouveau contre l'Ancien, du militaire contre celui qui l'est un peu moins, mais jamais le coup d'Etat contre sa propre personne. Zeroual l'a certes fait, mais il y avait déjà Bouteflika dans la manche de certains. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Les comités de soutien vont devoir passer du soutien à la supplication, de l'appel à la grève de la faim et de l'applaudissement au roulement dans la poussière avec de la bave au coin des lèvres.
Un Bouteflika, qui ne se présente pas pour s'hériter, ne pose pas seulement le cas de la succession politique et de la stabilité pour l'Appareil alimentaire, mais un cas de confrontation psychanalytique de tout le pays avec la question grave de la maturité. L'obligation de faire des choix, de les assumer, de se lever pour grandir et mériter des moustaches et de dépasser la puberté vers le permis de conduire. Et cela, l'Algérie ne peut pas l'accepter, car c'est un pays foetal comme tout le monde le sait et dont la position s'exprime par le haut, par le verrouillage de la RADP et par le bas, par le conservatisme horizontal. Bouteflika va donc se représenter pour s'hériter. Il aime seulement bien chauffer les salles et ne pas répondre clairement au peuple qui parsème ses augustes parages.
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un vrai regal.
Technique de sondage, blague ou scoop ? Personne ne tranche. L'info est donnée par un confrère : Bouteflika ne va pas se présenter à sa propre succession tout en préparant la bonne Constitution pour que cela se fasse. On s'imagine la scène : le brusque affolement des intestins qui ne seront plus nourris, l'instant de figement du vol des cigognes qui découvrent en plein ciel qu'ils ne sont plus des cigognes mais des fers à repasser. On s'imagine ce temps mort, comme celui d'une récréation du monothéisme entre l'envoi de deux prophètes dans les temps antiques, cet instant de vie et de doute, ce brusque affolement du sens de direction chez les saumons par exemple. Que vont-ils faire ? Eux, ceux qui ont tout préparé sauf l'humeur du concerné.
Les comités de soutien, les gens qui ont été filmé par l'ENTV dans des positions d'aplatissement honteux. Les Algériens qui ont tout misé sur cette reconduction, les hystériques et les calculateurs froids, convaincus qu'être nationaliste, c'est être monogame en politique. Et c'est là où cela coince : on ne peut pas l'imaginer. La date de mariage a été avancée ainsi que la dot, l'argent, les invitations et la citerne d'eau ainsi que la commande des cageots de limonade chaude. On ne peut plus reculer : le pays est déjà coincé entre le vide et la reconduction. Tout ce qui pouvait faire alternative a été décapité et réduit à un va-et-vient entre la mosquée et la résidence légèrement surveillée. Il ne reste rien d'autre à faire que forcer Boutefkika à accepter d'être Bouteflika encore quelques années, comme il a choisi de ne pas l'être pendant vingt ans. C'est une question de biographie pour lui, une question de vie ou de mort pour la machine de la RAPD et certains de ses actionnaires.
De tous les points de vue, le refus de Bouteflika est impossible. En politique, presque tout est permis : le coup d'Etat du fils contre le père, du nouveau contre l'Ancien, du militaire contre celui qui l'est un peu moins, mais jamais le coup d'Etat contre sa propre personne. Zeroual l'a certes fait, mais il y avait déjà Bouteflika dans la manche de certains. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Les comités de soutien vont devoir passer du soutien à la supplication, de l'appel à la grève de la faim et de l'applaudissement au roulement dans la poussière avec de la bave au coin des lèvres.
Un Bouteflika, qui ne se présente pas pour s'hériter, ne pose pas seulement le cas de la succession politique et de la stabilité pour l'Appareil alimentaire, mais un cas de confrontation psychanalytique de tout le pays avec la question grave de la maturité. L'obligation de faire des choix, de les assumer, de se lever pour grandir et mériter des moustaches et de dépasser la puberté vers le permis de conduire. Et cela, l'Algérie ne peut pas l'accepter, car c'est un pays foetal comme tout le monde le sait et dont la position s'exprime par le haut, par le verrouillage de la RADP et par le bas, par le conservatisme horizontal. Bouteflika va donc se représenter pour s'hériter. Il aime seulement bien chauffer les salles et ne pas répondre clairement au peuple qui parsème ses augustes parages.
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un vrai regal.
