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A la une "Les généraux yal Khawana", "Moukhabarat« Les généraux yal Khawana », « Moukhabarat Irhabiya » : les slogans du Hirak s’en prennent davantage à l’Armée qu’à Tebboune
ALGERIEPART PLUS
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9 MARS 2021
C’est une nouveauté qui interpelle. Une nouvelle donne qui suscite même de vives inquiétudes au sein de la classe politique algérienne. Contrairement à 2019, les slogans du Hirak se radicalisent dangereusement à l’égard de l’Institution militaire algérienne. Les slogans les plus scandés et entonnés par les milliers de manifestants depuis la reprise du Hirak ciblent davantage l’Armée que le Président Abdelmadjid Tebboune. C’est un constat que de nombreux observateurs ont fini par dresser dans une atmosphère de suspicion générale. Un constat qui soulève une énorme polémique au sein même du Hirak.
« Les généraux Ya la Khawana », « les généraux à la Poubelle », « Moukhabarat Irhabiya », « Tassqot el mafia el asskaria », ces slogans sont massivement diffusés au sein des marches du Hirak depuis sa reprise vigoureuse le 22 février dernier. Chantés, scandés, entonnés ou mêmes écrites en noir et blanc comme en couleurs sur des pancartes immortalisées par les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, ces slogans ne cessent de prendre une place importante au sein du Hirak d’une semaine à une autre. En 2019, c’était le traditionnel slogan « El Djeich, El Chaab Khawa Khawa », (L’Armée et le Peuple sont des frères), qui rythmait les manifestations populaires du Hirak. Deux ans plus tard, ce slogan a totalement disparu et les manifestants du Hirak ne semble guère préoccupés par la « fraternité » qui les unissait à l’Armée Nationale et Populaire (ANP).
Que s’est-il donc passé ? S’agit-il d’une nouvelle forme de radicalisation de l’opinion publique algérienne ? Le débat mérite d’être posé. Mais il sera impossible de le cerner sans le lier aux récentes affaires de torture et de mauvais traitements infligés à certains détenus du Hirak. Les révélations faites par le détenu Walid Nekiche le 3 février dernier lors de son procès au tribunal de Bir Mourad Rais à Alger ont suscité un scandale national en Algérie. Le jeune étudiant a décrit des scènes de torture, des sévices sexuels et des aveux obtenus par des agents des services secrets algériens sous la torture et les brutalités les plus extrêmes. Battu et violé, le sort de Walid Nekiche a ému toute la population algérienne. Et un énorme sentiment de colère et de ressentiment est né au sein du Hirak à l’égard de l’Institution Militaire que les manifestants responsabilisent en premier lieu puisqu’elle est considérée comme le véritable coeur et centre du pouvoir algérien.
Après plusieurs jours d’une polémique qui a franchi les frontières du pays, les autorités algériennes ont tenté de calmer l’opinion publique en déclenchant officiellement des investigations judiciaires. Le parquet général et le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs a annoncé le 8 février dernier l’ouverture d’une enquête préliminaire sur l’affaire de l’étudiant Walid Nekiche, qui a dénoncé « des actes de torture et d’agression sexuelle » lors de sa garde à vue en novembre 2019. Dans un communiqué rendu public le 8 février 2021, le parquet a affirmé avoir confié l’affaire à un officier de la police judiciaire compétente.
Selon la même source, le ministère public près la cour d’Alger a agi «conformément aux dispositions de l’article 11 du code de procédure pénale et après avoir examiné la présentation de l’affaire faite par le procureur de la République adjoint, représentant du parquet», lors du procès du jeune étudiant qui s’est déroulé le 2 février dernier. Le parquet a cité aussi le rapport du greffier qui a rapporté les déclarations de Walid Nekiche qui avait affirmé avoir «été victime d’actes de violence au cours de sa détention et d’agression sexuelle commise par des éléments de la police judiciaire qui a mené l’enquête préliminaire».
Cependant, cette annonce n’a pas du tout suffi pour désamorcer la colère populaire qui a été, par la suite, secouée par d’autres révélations fracassantes faites par d’autres détenus affirmant avoir subi des actes de torture à l‘image de Sami Dernouni, un jeune hirakiste de la wilaya de Batna, arrêté en décembre 2020 et jugé mardi dernier par le tribunal de Tipasa. Selon ses avocats, l’accusé a affirmé, devant le juge, qu’il a été victime de «tortures» dans les locaux de la caserne «Antar», où il a été interrogé pendant 106 heures. « Sami Dernouni a fait des déclarations très graves devant le juge et le représentant du parquet. Il a affirmé qu’«il ‘‘a été déshabillé, battu, torturé au pistolet électrique Taser’ », avait indiqué à ce propos Me Ali Fellah, membre du collectif d’avocats de Sami Dernouni et de l’enseignante Namia Abdelkader, jugée, elle aussi, dans la même affaire liée à des opinions politiques hostiles au pouvoir en place et à des activités protestataires pacifiques du Hirak.
Pour les Algériens, c’en est trop. Ces énièmes révélations ont révulsé les coeurs en provoquant au passage une indignation générale et nationale rarement égalée. Le vendredi 5 mars, même le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, est sorti de son silence pour dénoncer ces pratiques de la torture en Algérie. L’instance onusienne a même appelé, usant d’un ton très sévère, à l’ouverture d’enquêtes sérieuses et impartiales. Le régime algérien n’a jamais été aussi condamné à l’unanimité pour ses pratiques liberticides. Et c’est l’Institution militaire qui en fait les frais car elle est considérée comme la première responsable de tous les organismes sécuritaires accusés de torturer des détenus d’opinion.
Sur le plan opérationnel, c’est faux. Mais sur le plan politique, c’est totalement vrai car elle l’Armée est la colonne vertébrale de l’Etat algérien. Aujourd’hui, l’avènement de ces nouveaux slogans hostiles à l’ANP risquent d’aggraver la crise politique et de susciter des tenions regrettables dans le pays. Les militaires algériens devront s’exprimer et rectifier le tir en essayant de regagner les faveurs du Hirak. Autrement dit, ces malentendus ne manqueront pas de donner naissance à une déstabilisation dangereuse de l’Algérie.
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9 MARS 2021
C’est une nouveauté qui interpelle. Une nouvelle donne qui suscite même de vives inquiétudes au sein de la classe politique algérienne. Contrairement à 2019, les slogans du Hirak se radicalisent dangereusement à l’égard de l’Institution militaire algérienne. Les slogans les plus scandés et entonnés par les milliers de manifestants depuis la reprise du Hirak ciblent davantage l’Armée que le Président Abdelmadjid Tebboune. C’est un constat que de nombreux observateurs ont fini par dresser dans une atmosphère de suspicion générale. Un constat qui soulève une énorme polémique au sein même du Hirak.
« Les généraux Ya la Khawana », « les généraux à la Poubelle », « Moukhabarat Irhabiya », « Tassqot el mafia el asskaria », ces slogans sont massivement diffusés au sein des marches du Hirak depuis sa reprise vigoureuse le 22 février dernier. Chantés, scandés, entonnés ou mêmes écrites en noir et blanc comme en couleurs sur des pancartes immortalisées par les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, ces slogans ne cessent de prendre une place importante au sein du Hirak d’une semaine à une autre. En 2019, c’était le traditionnel slogan « El Djeich, El Chaab Khawa Khawa », (L’Armée et le Peuple sont des frères), qui rythmait les manifestations populaires du Hirak. Deux ans plus tard, ce slogan a totalement disparu et les manifestants du Hirak ne semble guère préoccupés par la « fraternité » qui les unissait à l’Armée Nationale et Populaire (ANP).
Que s’est-il donc passé ? S’agit-il d’une nouvelle forme de radicalisation de l’opinion publique algérienne ? Le débat mérite d’être posé. Mais il sera impossible de le cerner sans le lier aux récentes affaires de torture et de mauvais traitements infligés à certains détenus du Hirak. Les révélations faites par le détenu Walid Nekiche le 3 février dernier lors de son procès au tribunal de Bir Mourad Rais à Alger ont suscité un scandale national en Algérie. Le jeune étudiant a décrit des scènes de torture, des sévices sexuels et des aveux obtenus par des agents des services secrets algériens sous la torture et les brutalités les plus extrêmes. Battu et violé, le sort de Walid Nekiche a ému toute la population algérienne. Et un énorme sentiment de colère et de ressentiment est né au sein du Hirak à l’égard de l’Institution Militaire que les manifestants responsabilisent en premier lieu puisqu’elle est considérée comme le véritable coeur et centre du pouvoir algérien.
Après plusieurs jours d’une polémique qui a franchi les frontières du pays, les autorités algériennes ont tenté de calmer l’opinion publique en déclenchant officiellement des investigations judiciaires. Le parquet général et le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs a annoncé le 8 février dernier l’ouverture d’une enquête préliminaire sur l’affaire de l’étudiant Walid Nekiche, qui a dénoncé « des actes de torture et d’agression sexuelle » lors de sa garde à vue en novembre 2019. Dans un communiqué rendu public le 8 février 2021, le parquet a affirmé avoir confié l’affaire à un officier de la police judiciaire compétente.
Selon la même source, le ministère public près la cour d’Alger a agi «conformément aux dispositions de l’article 11 du code de procédure pénale et après avoir examiné la présentation de l’affaire faite par le procureur de la République adjoint, représentant du parquet», lors du procès du jeune étudiant qui s’est déroulé le 2 février dernier. Le parquet a cité aussi le rapport du greffier qui a rapporté les déclarations de Walid Nekiche qui avait affirmé avoir «été victime d’actes de violence au cours de sa détention et d’agression sexuelle commise par des éléments de la police judiciaire qui a mené l’enquête préliminaire».
Cependant, cette annonce n’a pas du tout suffi pour désamorcer la colère populaire qui a été, par la suite, secouée par d’autres révélations fracassantes faites par d’autres détenus affirmant avoir subi des actes de torture à l‘image de Sami Dernouni, un jeune hirakiste de la wilaya de Batna, arrêté en décembre 2020 et jugé mardi dernier par le tribunal de Tipasa. Selon ses avocats, l’accusé a affirmé, devant le juge, qu’il a été victime de «tortures» dans les locaux de la caserne «Antar», où il a été interrogé pendant 106 heures. « Sami Dernouni a fait des déclarations très graves devant le juge et le représentant du parquet. Il a affirmé qu’«il ‘‘a été déshabillé, battu, torturé au pistolet électrique Taser’ », avait indiqué à ce propos Me Ali Fellah, membre du collectif d’avocats de Sami Dernouni et de l’enseignante Namia Abdelkader, jugée, elle aussi, dans la même affaire liée à des opinions politiques hostiles au pouvoir en place et à des activités protestataires pacifiques du Hirak.
Pour les Algériens, c’en est trop. Ces énièmes révélations ont révulsé les coeurs en provoquant au passage une indignation générale et nationale rarement égalée. Le vendredi 5 mars, même le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, est sorti de son silence pour dénoncer ces pratiques de la torture en Algérie. L’instance onusienne a même appelé, usant d’un ton très sévère, à l’ouverture d’enquêtes sérieuses et impartiales. Le régime algérien n’a jamais été aussi condamné à l’unanimité pour ses pratiques liberticides. Et c’est l’Institution militaire qui en fait les frais car elle est considérée comme la première responsable de tous les organismes sécuritaires accusés de torturer des détenus d’opinion.
Sur le plan opérationnel, c’est faux. Mais sur le plan politique, c’est totalement vrai car elle l’Armée est la colonne vertébrale de l’Etat algérien. Aujourd’hui, l’avènement de ces nouveaux slogans hostiles à l’ANP risquent d’aggraver la crise politique et de susciter des tenions regrettables dans le pays. Les militaires algériens devront s’exprimer et rectifier le tir en essayant de regagner les faveurs du Hirak. Autrement dit, ces malentendus ne manqueront pas de donner naissance à une déstabilisation dangereuse de l’Algérie.
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