Le nombre d’assiettes foncières octroyées aux hommes d’affaires et amis de la sphère dirigeante a atteint un seuil incroyable durant les années de règne de Abdelaziz Bouteflika.
Leur superficie globale est estimée à plus de 250 000 hectares répartis à travers près de onze wilayas du pays.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Toutes les enquêtes menées depuis 2019 ont démontré que ces terrains étaient très souvent considérés comme étant à vocation agricole et situés dans des régions très avantageuses et convoitées. Des procédures mises en place localement par les autorités pour gérer le patrimoine foncier ont toutefois permis aux bénéficiaires d’acquérir ces assiettes sans grand mal.
Dans la plupart des cas, ces dernières ont procédé à la déclassification des terrains en question les rendant ainsi plus accessibles à la vente et donc la mise à disposition des hommes d’affaires et autres personnes porteuses de projet d’investissement. Cette procédure a été cependant menée de manière tout à fait irrégulière et même illégale, estiment tous les enquêteurs qui qualifient de «parade » les modalités mises en place pour ôter le caractère agricole des terrains convoités.
Cette situation a, de ce fait, entraîné une série de poursuites judiciaires menées principalement à l’encontre des walis puisque c’est à eux que revenait la décision finale et surtout la signature des autorisations d’octroi.
Dans certains cas, trois responsables successifs d’une même wilaya se sont fait arrêter et incarcérer pour une même affaire. Le dossier Hamel en est un exemple édifiant. Kadi Abdelkader, Mustapha Layadhi et Moussa Ghelaï purgent des peines très lourdes (respectivement dix ans et douze ans de prison) pour avoir permis aux fils de l’ancien patron de la DGSN de bénéficier de terrains dans la wilaya de Tipasa.
Durant les différents procès qui se sont déroulés, on a vu également plusieurs secrétaires généraux entraînés dans ces affaires. Bien souvent, ces derniers ont avoué avoir été utilisés comme des « paratonnerres » par les walis qui les chargeaient du suivi et de la gestion de ces dossiers sensibles dans l’objectif évident de ne pas assumer l’entière responsabilité des situations auxquelles ils faisaient face.
Au cours de leurs auditions dans les tribunaux, certains de ces responsables ont tout fait pour laisser entrevoir qu’ils se trouvaient au centre d’une situation incontrôlable et que dans ces cas, leur rôle se limitait à une simple exécution des ordres qui leur parvenaient « d’en haut ». On a vu ainsi Moussa Ghelaï (ancien wali de Tipasa) jurer devant un président de tribunal que des pressions énormes étaient exercées par d’anciens hauts responsables pour l’octroi de biens immobiliers et terrains et que dans certaines situations (Hamel par exemple), ils faisaient intervenir des responsables des services de sécurité.
Les noms des principaux bénéficiaires de ces 250 000 hectares sont connus. Il s’agit des hommes d’affaires actuellement incarcérés dans des affaires de corruption, mais dans cette liste, deux noms se détachent nettement du reste. Le procès de l’ancien wali d’Alger a révélé que Mahieddine Tahkout avait, par exemple, pu bénéficier de quinze arrêtés de droit de concession pour investissement dans le foncier industriel pour une durée de trente-trois ans et ce, en dépit de l’opposition de la Protection civile et de Sonelgaz.
Le président du tribunal a jugé que les faits étaient d’autant plus graves que la majorité des projets soumis par l’ancien patron de Cima Motors n’ont jamais été concrétisés (rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) et que les contrats administratifs avaient été délivrés bien que des dettes envers l'agence immobilière d'Alger n’aient pas été épongées. L’enquête a également relevé que le permis de construction a été octroyé sans respect du cahier des charges.
Ali Haddad vient, cependant, en tête de liste des bénéficiaires d’assiettes foncières. Les terrains acquis se chiffrent à des milliers d’hectares (onze uniquement entre Alger, Tipasa et Boumerdès). À Bab Ezzouar, Bir-Mourad-Raïs et Dar-el -Beïda, six terrains d’une superficie de 41 502 mètres carrés ont été répertoriés alors que cinq autres assiettes d’une superficie de 181 hectares ont été dénombrées autour d’Alger. L’opinion garde également en mémoire le terrain de 50 000 ha qui lui avait été octroyé dans la wilaya d’El-Bayadh avant qu’il ne lui soit retiré en raison d’un litige ainsi que les douze autres terrains qui lui avaient été attribués dans la zone industrielle de la wilaya de Bouira.
Les révélations autour du pillage du foncier sont, cependant, loin d’être achevées puisque des affaires impliquant d’autres hommes d’affaires et walis sont appelées à être jugées dans les semaines à venir pour obtention d’indus avantages. L’un des tout prochains procès à venir devrait d’ailleurs être celui de Mustapha Layadi, ancien wali de Tipasa puis de Blida. Ce qu’il faut, enfin, savoir est que tous les terrains octroyés aux hommes d’affaires ont fait l’objet d’une saisie par la justice.
A. C.
Publié par Abla Chérif
le 27.03.2021
Le Soir d'Algérie
Leur superficie globale est estimée à plus de 250 000 hectares répartis à travers près de onze wilayas du pays.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Toutes les enquêtes menées depuis 2019 ont démontré que ces terrains étaient très souvent considérés comme étant à vocation agricole et situés dans des régions très avantageuses et convoitées. Des procédures mises en place localement par les autorités pour gérer le patrimoine foncier ont toutefois permis aux bénéficiaires d’acquérir ces assiettes sans grand mal.
Dans la plupart des cas, ces dernières ont procédé à la déclassification des terrains en question les rendant ainsi plus accessibles à la vente et donc la mise à disposition des hommes d’affaires et autres personnes porteuses de projet d’investissement. Cette procédure a été cependant menée de manière tout à fait irrégulière et même illégale, estiment tous les enquêteurs qui qualifient de «parade » les modalités mises en place pour ôter le caractère agricole des terrains convoités.
Cette situation a, de ce fait, entraîné une série de poursuites judiciaires menées principalement à l’encontre des walis puisque c’est à eux que revenait la décision finale et surtout la signature des autorisations d’octroi.
Dans certains cas, trois responsables successifs d’une même wilaya se sont fait arrêter et incarcérer pour une même affaire. Le dossier Hamel en est un exemple édifiant. Kadi Abdelkader, Mustapha Layadhi et Moussa Ghelaï purgent des peines très lourdes (respectivement dix ans et douze ans de prison) pour avoir permis aux fils de l’ancien patron de la DGSN de bénéficier de terrains dans la wilaya de Tipasa.
Durant les différents procès qui se sont déroulés, on a vu également plusieurs secrétaires généraux entraînés dans ces affaires. Bien souvent, ces derniers ont avoué avoir été utilisés comme des « paratonnerres » par les walis qui les chargeaient du suivi et de la gestion de ces dossiers sensibles dans l’objectif évident de ne pas assumer l’entière responsabilité des situations auxquelles ils faisaient face.
Au cours de leurs auditions dans les tribunaux, certains de ces responsables ont tout fait pour laisser entrevoir qu’ils se trouvaient au centre d’une situation incontrôlable et que dans ces cas, leur rôle se limitait à une simple exécution des ordres qui leur parvenaient « d’en haut ». On a vu ainsi Moussa Ghelaï (ancien wali de Tipasa) jurer devant un président de tribunal que des pressions énormes étaient exercées par d’anciens hauts responsables pour l’octroi de biens immobiliers et terrains et que dans certaines situations (Hamel par exemple), ils faisaient intervenir des responsables des services de sécurité.
Les noms des principaux bénéficiaires de ces 250 000 hectares sont connus. Il s’agit des hommes d’affaires actuellement incarcérés dans des affaires de corruption, mais dans cette liste, deux noms se détachent nettement du reste. Le procès de l’ancien wali d’Alger a révélé que Mahieddine Tahkout avait, par exemple, pu bénéficier de quinze arrêtés de droit de concession pour investissement dans le foncier industriel pour une durée de trente-trois ans et ce, en dépit de l’opposition de la Protection civile et de Sonelgaz.
Le président du tribunal a jugé que les faits étaient d’autant plus graves que la majorité des projets soumis par l’ancien patron de Cima Motors n’ont jamais été concrétisés (rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) et que les contrats administratifs avaient été délivrés bien que des dettes envers l'agence immobilière d'Alger n’aient pas été épongées. L’enquête a également relevé que le permis de construction a été octroyé sans respect du cahier des charges.
Ali Haddad vient, cependant, en tête de liste des bénéficiaires d’assiettes foncières. Les terrains acquis se chiffrent à des milliers d’hectares (onze uniquement entre Alger, Tipasa et Boumerdès). À Bab Ezzouar, Bir-Mourad-Raïs et Dar-el -Beïda, six terrains d’une superficie de 41 502 mètres carrés ont été répertoriés alors que cinq autres assiettes d’une superficie de 181 hectares ont été dénombrées autour d’Alger. L’opinion garde également en mémoire le terrain de 50 000 ha qui lui avait été octroyé dans la wilaya d’El-Bayadh avant qu’il ne lui soit retiré en raison d’un litige ainsi que les douze autres terrains qui lui avaient été attribués dans la zone industrielle de la wilaya de Bouira.
Les révélations autour du pillage du foncier sont, cependant, loin d’être achevées puisque des affaires impliquant d’autres hommes d’affaires et walis sont appelées à être jugées dans les semaines à venir pour obtention d’indus avantages. L’un des tout prochains procès à venir devrait d’ailleurs être celui de Mustapha Layadi, ancien wali de Tipasa puis de Blida. Ce qu’il faut, enfin, savoir est que tous les terrains octroyés aux hommes d’affaires ont fait l’objet d’une saisie par la justice.
A. C.
Publié par Abla Chérif
le 27.03.2021
Le Soir d'Algérie
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