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Omar Berkouk (expert économique et financier) : « Le Gouvernement semble tétanisé par l’ampleur des crises à gérer »

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  • Omar Berkouk (expert économique et financier) : « Le Gouvernement semble tétanisé par l’ampleur des crises à gérer »

    Dans cet entretien, l’expert financier, M. Berkouk revient sur différents sujets qui caractérisent l’actualité économique et financière du pays en ce moment de crise sanitaire. Il estime que pour financer son plan de relance, le Gouvernement devra agir en fonction des types de dépenses internes.

    Algérie-Eco : Quelle lecture faites-vous de la situation financière de l’Algérie en ce début 2021 ?

    M. Berkouk : La situation financière de l’Algérie au T1 2021 est sans surprise. Elle confirme et prolonge les prévisions de détérioration des soldes financiers internes et externes et la poursuite de l’attrition des réserves de changes. L’Algérie a fini l’année 2020 avec une forte détérioration de ses fondamentaux : PIB : -6,5%, déficit budgétaire : -13,5% PIB, solde courant -13% PIB, dette publique : 60% PIB et réserves de Change : 45 MDS USD.

    Le Gouvernement semble tétanisé par l’ampleur des crises à gérer. Il erre sans direction incapable de prendre les décisions de réformes de structure ni de développer des actions coordonnées des différents Ministères qui pourraient donner le sentiment qu’il a un plan et une stratégie de relance économique. Beaucoup d’annonces sont faites sans moyens et sans cohérence d’ensemble. Tout porte à penser qu’il espère que la reprise Mondiale et le raffermissement du prix du pétrole régleront les problèmes économiques et sociaux de l’Algérie sans efforts et sans douleurs. Malheureusement les organismes de prévisions économiques occidentaux (FMI, BANQUE MONDIALE, OCDE ……) ne prévoient un retour à la situation ex ante Covid 19 qu’à fin 2022 dans les meilleurs des cas, Chine exceptée. Donc l’Algérie de 2021 ressemblera à celle de 2020 en pire !

    La crise sanitaire de la Covid-19 a été brutale en Algérie comme partout ailleurs; quelle est l’ampleur de cette crise, notamment sur le plan budgétaire ?

    La crise sanitaire est mondiale. Elle a eu des conséquences sur l’ensemble de l’activité économique mondiale avec de fortes contractions de l’activité de l’ordre de 10% en moyenne. Elle a déclenché des dépenses colossales pour soutenir les agents économiques et le système de santé, conduisant les budgets des États à des déficits sans précèdent en temps de paix. .Les Banques Centrales des Pays développés ( FED, BCE, BOE , BOJ….) ont rompu avec la rigueur et l’orthodoxie monétaire pour inonder les économies de leur zone respective de liquidités. Dans le même temps, les Pays occidentaux ont abandonné les dogmes de déficit budgétaire limité à 3% et d’endettement global inférieur ou égal à 60% du Pib.

    Ils ont pu faire cela dans un environnement de faible inflation. Leurs plans de soutien et de relance sont coordonnés. Ils leur permettront de sortir plus forts de la crise et ils la feront payer au reste du monde (Pays en développement).

    Cette crise devient une opportunité pour eux et une catastrophe pour les pays comme l’Algérie dont l’économie était déjà exsangue avant la Covid-19.

    Dans certaines de vos sorties médiatiques, vous disiez que le recours à la planche à billets est inéluctable; pouvez-vous nous en dire plus sur le sujet ?

    L’Algérie accuse des déficits budgétaires cumulés de 14 000 MDS DZD de 2014 à 2020 !! Elle a eu recours au financement non conventionnel à partir d’octobre 2017 pour un montant total de 6500 MDS DZD. Après avoir épuisé les 7500 MDS du FRR. Aujourd’hui le pays voit baisser ses recettes fiscales pétrolières et ordinaires sans être en mesure compte tenu du contexte économique et social de baisser le budget de fonctionnement. Il a déjà amputé le budget d’équipement en contradiction avec ce que la conjoncture exige tout en maintenant le Budget de la Défense Nationale.

    En même temps, il n’arrive pas à élargir l’assiette fiscale ni à réintégrer l’activité économique informelle dans la sphère formelle. Dans ce contexte, les déficits budgétaires se poursuivront et le manque de liquidités asphyxiera une activité économique moribonde.

    Les pays occidentaux sont en train de pratiquer directement ou indirectement la planche à billets avec l’aide de leurs Banques Centrales. Leurs économies étaient plus fortes avant la crise sanitaire. Elles absorbent les conséquences inflationnistes de cette politique par l’innovation et la transformation de leur paradigme économique. Aux Pays pauvres qui regarderont passer le train, il ne restera que les conséquences inflationnistes.

    Pour financer son plan de relance le Gouvernement devra agir en fonction des types de dépenses internes (DZD) ou externes (devises).

    S’agissant des dépenses domestiques en monnaie locale, il devra optimiser ses recettes fiscales ordinaires en élargissant l’assiette fiscale sans augmenter les taux d’imposition. Cela suppose une lutte véritable et sans merci contre les activités informelles et une bancarisation de l’économie qui permettra de canaliser l’épargne thésaurisée en dehors des circuits financiers.

    Il faut inciter et finalement contraindre les agents de l’informel à contribuer à l’effort national en souscrivant à un Emprunt National Covid-19 pour la relance économique à deux tranches : l’un sans intérêt mais avec une participation indexée sur le taux de croissance du PIB, l’autre portant un taux d’intérêt de 7% à 7 ans.

    Ces emprunts seront cotés en Bourse d’Alger pour assurer la liquidité aux porteurs. La Banque d’Algérie serait comme toutes les Banques centrales l’acheteur en dernier ressort sur le marché secondaire. Cela reviendrait en cas de rachat par cette Institution de ces obligations à un financement non conventionnel non systématique. La souscription à ces Emprunts Publics serait un moyen commode de « rentrer » dans les circuits financiers officiels l’immense quantité de monnaie « capturée » par les activités informelles

    S’agissant des dépenses en devises du plan de relance, l’Etat Algérien s’est refusé de recourir aux emprunts externes directs quand il pouvait le faire facilement et à faible coût.

    Compte tenu de l’ampleur des besoins, il devra prendre toutes les mesures juridiques, fiscales et administratives pour favoriser un fort courant d’IDE vers l’Algérie. Il devra déterminer une stratégie claire de développement en désignant les secteurs à favoriser pour lesquels il cherchera des partenariats (PPP). Il favorisera les associations Entreprises Publiques / Entreprises étrangères en renonçant à la majorité du capital et au contrôle.

    Ce processus ne permettra pas de sauver toutes les entreprises Publiques mais il permettra à l’Etat de faire des économies de subventions et de se « sortir » de l’économie marchande. Les financements bilatéraux et multilatéraux n’ont pas été exclus, ils font partie des possibilités de financement additionnel en même temps que le Crédit fournisseur promis par la Chine.


    Algérie eco, Omar Berkouk

  • #2
    Une analyse très intéressante, en gros rien n'est perdu, la crise peut être amortie par le recours à la planche à billet d'une part, par l'endettement d'autre part, et enfin par la lutte contre l'informelle. L'état algérien n'a encore utilisé aucun de ces 3 leviers, donc on peut éviter une aggravation de la crise en réagissant, l'Algérie a encore des possibilités de s'en sortir. C'est le moment de s'endetter pour lancer de grands projets structurants pour donner de l'emploi aux Algériens, et de mettre un coup de pied dans la fourmilière des barons de la spéculation et de l'informel. L'état algérien doit déployer sa puissance de contrôle fiscal en mettant tout ce beau monde au pas.

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    • #3
      https://www.algerie-dz.com/forums/al...34#post7962234
      Othmane BENZAGHOU

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      • #4
        Je ne sais pas quelle crédibilité est-ce qu'on peut accorder à Ghazi Hidouci, qui ne vit plus en Algérie. Ces anciens ministres algériens qui ont fait le choix de partir vivre à l'étranger au lieu de rester dans leurs pays dispenser leur savoir-faire aux jeunes algériens dans les facs devraient s'abstenir de faire des diagnostics sur des systèmes auxquels ils ont contribué car ils ne sont pas neutres. Omar Berkouk lui au moins vit en Algérie, et je trouverai toujours plus pertinent le diagnostic de quelqu'un qui vit au pays et donc qui a un intérêt à produire un diagnostic proche de la réalité, plutôt que le diagnostic d'anciens hauts fonctionnaires qui prennent la tangente à l'étranger dès qu'ils ont terminé leurs fonctions en Algérie, car on ne sait pas si leurs propos relèvent du règlement de compte ex ante ou bien de la réelle volonté d'aider le pays.

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        • #5

          Enfin une analyse réaliste, loin des slogans et des promesses/// et sans crier encore : "C'est à cause du Marroq"

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          • #6
            Envoyé par Paix Voir le message
            Enfin une analyse réaliste, loin des slogans et des promesses/// et sans crier encore : "C'est à cause du Marroq"
            C'est analyste économique vit en Algérie. En toutes franchise, un économiste marocain pourrait il publier une analyse économique aussi crue au Maroc, sans risquer de subir des pressions dans son travail?

            Commentaire


            • #7
              Envoyé par Hallaj Voir le message

              C'est analyste économique vit en Algérie. En toutes franchise, un économiste marocain pourrait il publier une analyse économique aussi crue au Maroc, sans risquer de subir des pressions dans son travail?
              Encore une fois, tu prouves que tu ne sais pas de quoi tu parles. On a ZERO complexes au Maroc, et a tous les niveaux (de l'analyste simple, au wali de Bank Al Maghrib, au ministre et jusqu'au chef d'état) à mettre tout sur table, chiffres a l'appui et reconnaitre où ça va mal.

              On est meme un peu trop professionnel a faire les diagnostics et on y perd trop de temps parfois.

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              • #8

                Les pays occidentaux sont en train de pratiquer directement ou indirectement la planche à billets avec l’aide de leurs Banques Centrales. Leurs économies étaient plus fortes avant la crise sanitaire. Elles absorbent les conséquences inflationnistes de cette politique par l’innovation et la transformation de leur paradigme économique. Aux Pays pauvres qui regarderont passer le train, il ne restera que les conséquences inflationnistes.
                Exactement ! Inflation que tentera de réduire à coups de subventions, l'état. Ce qui creusera encore davantage sa dette er ses déficits. La planche à billets viendra à la rescousse et haussera dans la foulée l'inflation.
                Il ,manque à l'état algérien des ingrédients essentiels pour sortir de la mouise, les compétences de son personnel et la confiance du citoyen.
                ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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                • #9
                  Envoyé par Bachi Voir le message


                  Exactement ! Inflation que tentera de réduire à coups de subventions, l'état. Ce qui creusera encore davantage sa dette er ses déficits. La planche à billets viendra à la rescousse et haussera dans la foulée l'inflation.
                  Il ,manque à l'état algérien des ingrédients essentiels pour sortir de la mouise, les compétences de son personnel et la confiance du citoyen.
                  D'après l'auteur de cet article l'inflation provoquée par la planche à billet pourra être financée par la fiscalisation de l'informel. L'informel constitue un bon coussin d'amortissement pour la politique sociale algérienne, c'est vraiment le bon moment pour dégraisser les fraudeurs de tout ce qu'ils ne déclarent pour le mettre dans les caisses de l'état, et le tout sera redistribué aux Algériens en attendant que l'état algérien définisse une stratégie claire.

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                  • #10
                    Envoyé par ayoub7 Voir le message

                    Encore une fois, tu prouves que tu ne sais pas de quoi tu parles. On a ZERO complexes au Maroc, et a tous les niveaux (de l'analyste simple, au wali de Bank Al Maghrib, au ministre et jusqu'au chef d'état) à mettre tout sur table, chiffres a l'appui et reconnaitre où ça va mal.

                    On est meme un peu trop professionnel a faire les diagnostics et on y perd trop de temps parfois.
                    J'en doute fort, tous les contenus économiques qui ne sont pas hagiographiques à l'égard du roi sont censurés au Maroc. Pour ma part je n'ai jamais lu d'articles économiques marocains objectifs critiquant les directives du palais, sauf récemment quand des économistes marocains ont critiqué les ALE, mais sans les relier directement au SO, histoire de ne pas trop froisser la monarchie.

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                    • #11
                      Envoyé par Hallaj Voir le message

                      C'est analyste économique vit en Algérie. En toutes franchise, un économiste marocain pourrait il publier une analyse économique aussi crue au Maroc, sans risquer de subir des pressions dans son travail?
                      Nous nous avançons avec nos défauts et nos difficultés .. et nous ne comparons jamais à vos généraux.. mais vous, tout ce que vous faites et vous publiez doit avoir une comparaison avec le marroq .. continuez à pédaler dans le semoule..ou plutot dans la Smida avec peu d'Huile..

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                      • #12
                        Envoyé par Paix Voir le message

                        Nous nous avançons avec nos défauts et nos difficultés .. et nous ne comparons jamais à vos généraux.. mais vous, tout ce que vous faites et vous publiez doit avoir une comparaison avec le marroq .. continuez à pédaler dans le semoule..ou plutot dans la Smida avec peu d'Huile..
                        L'Algérie n'a pas que ca à faire de se comparer avec des pays misérables comme le tiens, vous vous donnez bien plus d'importance que vous n'en avez réellement en parlant ainsi. A vrai dire personne sur cette terre ne calcule ton pays, et c'est peut être pour cela que vous vous inventez des films, afin de palier à ce manque d'attention sur votre état insignifiant et inintéressant.

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                        • #13
                          Je ne sais pas quelle crédibilité est-ce qu'on peut accorder à Ghazi Hidouci, qui ne vit plus en Algérie. Ces anciens ministres algériens qui ont fait le choix de partir vivre à l'étranger au lieu de rester dans leurs pays dispenser leur savoir-faire aux jeunes algériens dans les facs devraient s'abstenir de faire des diagnostics sur des systèmes auxquels ils ont contribué car ils ne sont pas neutres. Omar Berkouk lui au moins vit en Algérie, et je trouverai toujours plus pertinent le diagnostic de quelqu'un qui vit au pays et donc qui a un intérêt à produire un diagnostic proche de la réalité, plutôt que le diagnostic d'anciens hauts fonctionnaires qui prennent la tangente à l'étranger dès qu'ils ont terminé leurs fonctions en Algérie, car on ne sait pas si leurs propos relèvent du règlement de compte ex ante ou bien de la réelle volonté d'aider le pays.
                          Le sujet n'est pas Ghazi Hidouci qui est écouté par la plupart des acteurs sérieux de ce pays et du monde, y compris Omar Berkouk, mais ce dernier qui en effet après un passage à la BNP et UBS, est en Algérie pour essayer de faire du conseil dans un pays qui fonctionne hors normes et qui a un marché politique.

                          Mais si tu insistes sur Ghazi Hidouci, le premier des ministres de l'économie qu'a connu l'Algérie, c'est dire que l'économie cher nous est une matière réservée à l'état profond, voici des témoignages poignants de ce qu'il a vécu dans ce pays et de comment son économie est réduite. Celui qui a traité Nezzar et Toufik d'agents de l'étranger sait parfaitement de quoi ils sont capables...

                          https://www.algerie-dz.com/forums/al...04#post7937004

                          https://www.algerie-dz.com/forums/al...90#post7964190
                          Othmane BENZAGHOU

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                          • #14
                            Envoyé par Hallaj Voir le message

                            J'en doute fort, tous les contenus économiques qui ne sont pas hagiographiques à l'égard du roi sont censurés au Maroc. Pour ma part je n'ai jamais lu d'articles économiques marocains objectifs critiquant les directives du palais, sauf récemment quand des économistes marocains ont critiqué les ALE, mais sans les relier directement au SO, histoire de ne pas trop froisser la monarchie.
                            Le Roi est le premier qui lève le voile sur les manquements du Maroc et qui définit les stratégies correctives. Ça a été le cas régulièrement depuis sa venue. Donc oui, tu ne sais pas de quoi tu parles

                            Tu ne peux pas critiquer quelque chose qui n'est pas critiquable, tu peux critiquer l'execution du gouvernement. Je te donne l'exemple le plus récent, quand le Roi dit que nous devons avoir une couverture sociale generalisée au Maroc, y compris pour les metiers de l'informel, aucun journaliste ne va critiquer cela, c'est logique et ça va de soi. Mais la balle est passée au gouvernement qui doit mettre en place cette réforme, et là, la presse s'en donne à coeur joie sans problèmes...

                            En Algerie, j'avoue que c'est bcp plus simple, le preident decrete que le pays a le meileur systeme de sante d'afrique sur un coup de tete durant une interview et le problème est résolu

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                            • #15
                              Pour revenir au sujet, le gouvernement algérien n'est pas "tétanisé", c'est juste que sa marge de manoeuvre est quasi-nulle. Il n'y a plus rien qui puisse être fait pour l'économie algérienne. Tout ce que gouvernement peut faire, c'est préparer et soigner le dossier de crédit qu'il devra présenter aux fonds internationaux dans quelques mois et prier que le scénario soit plus vénézuélien que libyen, parce que les loups sont tous à la porte en train d'attendre en Libye.

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