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L'imprévision, source de nos échecs

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  • L'imprévision, source de nos échecs

    À travers l’ordre du jour du dernier Conseil des ministres, on peut lire que le gouvernement agit en pompier.

    Tout se passe comme si, si peu prévoyant, il n’intervient qu’une fois le sinistre survenu. La liste des thèmes abordés illustre cette démarche : la situation pandémique marquée par une recrudescence des contaminations et des décès, par le cruel retard de vaccination et par une grave crise d’oxygène médical ; les “tentatives subversives récurrentes d'organisations terroristes (…)”, les incendies de forêt, la question des “stocks d’aides, notamment alimentaires, en interne et en externe”, le manque d’eau potable…

    Cette approche découle de la finalité du gouvernement qui semble être celle de parer au plus pressé : réduire l’impact de ces calamités et, désamorcer, de ce fait, l’inquiétude qu’elles suscitent parmi les Algériens.

    Pourtant, d’autres menaces pointent à l’horizon, comme la panne économique qui commence à durer et ses effets sur les finances de l’État et sur les conditions de vie des citoyens, et l’érosion sociale due à la sous-activité endémique et à la dépréciation de la monnaie nationale. Ce n’est sûrement pas le seul chapitre qui mérite une prise en charge anticipée, mais tout indique que nous ne sommes pas sortis de la doctrine de la gestion par réaction, la gestion des seules crises à effet immédiat. Au lieu de les anticiper, on se prépare à les résoudre quand elles surviendront. En s’assurant qu’il y a de l’argent pour cela. D’où l’argument récurrent de la santé financière de l’État dans le discours officiel. Un argument censé nous rassurer et fonder notre confiance en la gestion de nos dirigeants.

    Ainsi, le Conseil des ministres, devant un peuple manquant de soins, d’eau, parfois de lait, de ressources pour certains, proclame que l’argent existe et que le pays n’empruntera pas ! Pourtant, l’actuel argentier est bien placé pour faire sien le fameux adage : ne jamais dire : “Fontaine, je ne boirai jamais de ton eau”. C’est lui, en effet, qui a déclaré à la “conférence nationale sur le plan de relance”, le 1er août 2020, que le gouvernement excluait le recours au financement non conventionnel, puis a proclamé, en septembre, devant l’APN, que “la planche à billets, c’est fini !”. Or, on apprenait récemment la mise en route, depuis le 1er juillet, d’un programme de “refinancement de l’économie” de l’ordre de 2 100 milliards de dinars, soit environ 15 milliards de dollars ! Ce qui, on a beau jouer sur les mots, revient à une forme d’endettement interne, à une planche à billets.

    Au demeurant, si on fuit la dette extérieure, c’est plus par facilité que par souverainisme. La rigueur inciterait à s’endetter plutôt à l’extérieur pour se contraindre à assurer le remboursement. Mais l’endettement interne, auprès de nos enfants et petits-enfants, offre au pouvoir la commode… souveraineté de décider des taux et des délais de s’autoriser des dépassements et de retards ! Et il n’a pas à s’embarrasser de projections et de planification, des exercices que nos dirigeants n’aiment pas, habitués qu’ils sont par la rente à dépenser sans compter, ni avant ni après.

    Dans ce domaine comme dans tous les autres, tant que le système rentier enserre ce pays, la culture de l’imprévision le mènera d’échec en catastrophe

    Par Mustapha Hammouche

    "Liberté" du 27 juillet 2021
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien
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