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Algérie : la crise s’installe, le régime maintient la répression

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  • Algérie : la crise s’installe, le régime maintient la répression





    Le conseil d’Etat a ordonné jeudi 20 janvier la suspension temporaire des activités politiques du Parti Socialiste des Travailleurs. Une décision caractéristique du renforcement de l’autoritarisme du régime. Nous revenons ici sur cette décision, mais principalement sur le moment politique dans lequel elle intervient.

    Adlène Belhmer

    lundi 24 janvier


    Sur fond d’incertitude économique et avec un cours du baril de pétrole fluctuant, le rouleau compresseur de la répression ne fléchit pas en Algérie. Pas moins de 250 détenus politiques en prison, des menaces sur les libertés de s’organiser et de se rassembler qui se multiplient, une guerre sociale contre les couches des démunis : tels sont les paramètres du tableau de bord de l’année 2022. Bien que la pandémie ait mis un coup d’arrêt brutal au mouvement du Hirak enclenchée en février 2019, les masses ne sont jamais résignées et la conjoncture pourrait connaître de nouvelles explosions sociales.

    Loi de finances 2022, une guerre caractérisée contre ceux d’en bas
    30 décembre 2021 : Abdelmadjid Tebboune pose sa signature sur le texte portant sur la Loi de finances pour 2022 au siège de la présidence. En amont de la signature, tout un matraquage médiatique est mis en place pour valoriser un texte concocté dans le vase clos de la sphère des experts. Mais malgré cette promotion d’une loi sensée rétablir l’équilibre budgétaire de l’Etat et plus d’équité sociale, l’offre ne convainc pas grand de monde, à commencer par les députés pourtant tous alignés sur « le programme du président ».

    Pas moins de 55 propositions d’amendements ont été déposées au bureau de l’Assemblée populaire, notamment au sujet de l’article 187, qui prévoit le ciblage des subventions. Au même moment, la séance de question aux chefs des blocs parlementaires a été reportée en raison de débats houleux sur les dispositions controversées du texte de loi. Sans aucune illusion quant à ce parlement illégitime et impopulaire, ces controverses traduisent néanmoins l’absence d’un consensus minimal au sein même de la caste politicienne autour du texte et de ses objectifs, tant la pilule est grosse à faire avaler.

    Alors que les lois de finances 2020 et 2021 ont sapé considérablement le tissu du secteur public en procédant aux privatisations massives, ont abrogé la loi 51/49 sur les investissements étrangers pour tous les secteurs de l’économie, ont ouvert le capital des banques au privé et donné l’autorisation aux multinationales d’explorer le sous-sol du pays in-shore et off-shore, une nouvelle série d’attaques s’ouvre. La Loi de finances 2022 s’inscrit dans le même état d’esprit en élevant la barre des réformes contre les travailleurs et les masses populaires et en soumettant davantage l’économie du pays à l’impérialisme. A tel point que le FMI félicite le gouvernement algérien du bon élève qu’il est.

    Comment peut-il en être autrement alors que la nouvelle loi de finances envisage une révision totale du système de subventions sur les produits de base pour le remplacer par des aides directes aux foyers les plus pauvres. Pourtant, alors que la moitié de l’économie du pays est traversée par l’informel, il est quasi-impossible d’identifier les couches nécessiteuses à la fois des petits commerçant non déclarés, des travailleurs précaires non déclarés par leur employeur, des artisans non couverts par la sécurité sociale, des petits paysans, etc.

    Toutes ces catégories, en plus de leur extrême précarité actuelle, risquent de se voir exclues de ces minimas sociaux dont les critères n’ont pas encore tous été établis. Le gouvernement est lui-même conscient de cet obstacle, mais résolu à l’adopter coûte que coûte. Ainsi, après une adoption « symbolique » du texte de loi, c’est-à-dire une acceptation de l’esprit de la loi, sa mise en pratique ne sera quant à elle que progressive, pour se prémunir d’une explosion sociale qui couve.

    En contrepartie, le gouvernement prévoit un nouveau barème de l’impôt sur le revenu global (I.R.G). En plus de son insignifiance, ce nouveau barème profitera plus aux hauts salaires qu’aux petites pensions. Les personnes touchant le salaire minimum, soit 20 000 dinars, et qui sont déjà exonérées n’auront rien à y gagner. Tandis que les autres travailleurs et retraités de petite pension, le gain varie de 160 à 2000 dinars, et il est de 8000 dinars et plus pour les hauts salaires. Quant au Dispositif National de Compensation au profit des ménages nécessiteux, dont les conditions d’éligibilité demeurent floues, il ne connait aucune avancée, plongeant ainsi des familles entières dans des lendemains incertains.

    D’un autre côté, les grands patrons continuent de faire des profits faramineux. Comme le révèle le magazine américain Forbes Middle East, la fortune du premier patron d’Algérie, Issad Rebrab, a considérablement augmenté en 2020 malgré le contexte épidémique. Il est à titre d’exemple plus fortuné que l’ancien président des États-Unis Donald Trump. Ainsi, après avoir réduit de presque la moitié les transferts sociaux, le gouvernement accorde 2200 milliards d’aides aux patrons. Au même moment, un code des investissements est en préparation et prévoit la liquidation du peu qu’il reste de souveraineté nationale, au nom d’une prétendue attractivité des IDE, qui est en réalité la porte ouverte à l’impérialisme.

    Tebboune, un Bonaparte falot qui n’a que la répression à offrir Tebboune n’a pas de base sociale, comme l’ont démontré les différents scrutins qu’il avait lui-même organisé. Le taux de participation aux élections est historiquement bas. 23,72% pour le référendum sur le projet d’amendement de la constitution et 30,20% pour les législatives de 2021. Même les élections locales de novembre dernier, censés être plus attractives en raison du lien direct avec la population, sont boudées avec une participation de 36,58% pour les élections aux assemblées populaires communales et de 34,76% pour les wilayas, soit 7 électeurs sur 10 qui ont opté pour l’abstention.

    Le pouvoir en place n’a pas réussi à construire une base politique nouvelle distincte du FLN et du RND. Si la montée des indépendants peut l’arranger, ils ne constituent pas pour autant une catégorie homogène et stable politiquement. Le Haut Conseil de Sécurité, considéré formellement comme un organe consultatif, est érigé en un pouvoir de fait, avec à sa tête le tandem Tebboune-Chengriha.

    Sans légitimité populaire, le régime de Tebboune est incapable d’assoir un consentement social pour faire passer ses contre-réformes d’une manière douce. La répression est érigée en mode de gouvernance. Le régime est dans la quête constante d’un bouc émissaire national ou étranger pour réprimer les méfaits de sa propre politique, comme dans la crise de l’oxygène, la pénurie d’huile de table ou durant les feux de forêts de l’été dernier.

    Effet boomerang de cette politique : les mesures autoritaires qu’il prend renforcent la crise et les pénuries. Comme on a pu le constater durant la récente pénurie de l’huile de table, la plupart des grossistes refusent d’acquérir ce produit par peur d’être assimiler à des spéculateurs dont la loi prévoit des peines lourdes allant jusqu’à la perpétuité. Le Maroc joue également un rôle clé dans cette vision sécuritaire, puisque tout mouvement social en Algérie est traité comme fomenté par le régime marocain du Makhzen.

    Parce que rien ne doit gêner le gouvernement algérien dans sa marche forcée vers l’application de sa feuille de route, la répression du mouvement social est une étape clé. La suspension du PST et la mise sous scellés de ses locaux participent de cette volonté de couper le mouvement ouvrier de tout appui logistique et politique. En plus d’être une décision dangereuse et inacceptable, tant elle remet en cause le libre exercice de la politique, elle est également motivée par la volonté d’étouffer toute riposte à la crise sociale qui couve.

    Tant que l’UGTA demeure encore et toujours dans son rôle d’agent de la bourgeoisie, tandis que les syndicats autonomes sont largement fragmentés et incapables d’offrir des perspectives à la mesure des aspirations des masses, le régime s’attaque aux regroupements politiques ou associatifs dont il n’a pas la main mise directe. Comme pour le PST, qui se réclame ouvertement du combat des travailleurs, d’autres secteurs de la société civile ont déjà été suspendus ou risquent de l’être, comme c’est le cas pour SOS Bab El Oued, RAJ et l’UCP.

    Plus de 250 personnes sont aujourd’hui en prison en raison soit de leur activité dans le Hirak soit faisant les frais de l’odieux article 87 bis qui place les deux organisations MAK et Rashad comme organisations terroristes. Des chefs de partis n’en échappent pas, Fethi Gheras, président du MDS, qui vient d’être condamné à 2 ans de prison en est un exemple, tout comme le président du RCD, Mohcine Belabas, qui est mis sous contrôle judiciaire. La mécanique répressive est bien huilée et met le front social et politique dans un état de tension permanente.

    Renverser les rapports de force ne peut être que l’œuvre de notre auto-organisation
    Face à cette guerre sociale que le pouvoir a enclenchée et à l’autoritarisme du régime les masses ne sont jamais résignées. Le poids de la crise économique et sociale doublé par les effets de la pandémie a créé un effondrement total du pouvoir d’achat des ménages. Le chômage est en forte progression. Pour couronner le tout, le gouvernement prévoit un nouveau code régissant l’action syndicale interdisant tout lien des syndicalistes avec d’autres structures partisanes. La bureaucratie syndicale de l’UGTA continue d’étouffer les luttes des travailleurs.

    Pourtant les travailleurs et les masses populaires luttent toujours. Pour la quatrième semaine consécutive, les travailleurs de la SNVI sont en grève pour l’augmentation des primes collectives et individuelles. Les avocats protestent eux aussi contre le régime fiscal instauré par la loi de finances. A l’appel de leur syndicat le SAFI, les fonctionnaires des impôts sont également en grève. Les travailleurs de l’UTRHB comme ceux de Numilog, les enseignants contractuels et les retraités sont en mouvement. Des pans entiers de la société s’agitent et forment le paysage actuel de la lutte des classes.

    Mais ces luttes fortement séparées les unes des autres souffrent d’absence de perspectives unitaires. La bureaucratie syndicale de L’UGTA comme le corporatisme des syndicats autonomes y sont pour quelque chose. Seul l’auto-organisation permettra de déborder ces organisations qui jouent le rôle de béquilles du régime, pour faire entendre la voix des masses populaires et la satisfaction urgente de toutes leurs revendications. L’élection d’une assemblée constituante est le débouché politique de cette auto-organisation qui permettra d’en finir avec le régime anti-social, antinational et de bâtir des institutions démocratiques et résolument anti-impérialistes.

    source :. Révolution Permanente


  • #2
    Marocain tu doit pas être normal c'est pire chez toi au maroc et tu poste sur l'Algérie ???

    Commentaire


    • #3
      Révolution Permanente selon X et Y.

      mardi 1 février 2022
      par Pierre Haski

      Les raisons de la crise ouverte avec le Mali qui expulse l’ambassadeur de France.
      L’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, a reçu 72 heures pour quitter le pays après les propos du Ministre des Affaires étrangères français mettant en cause la « légitimité » de la junte militaire. Un pas de plus vers la rupture entre les deux pays.

      Le point de rupture approche à grand pas. L’expulsion annoncée hier de l’ambassadeur de France au Mali n’est pas un simple coup de colère de la junte militaire au pouvoir à Bamako après des propos peu diplomatiques de Jean-Yves Le Drian : c’est le signe qu’un point de non-retour a peut-être été atteint, après des semaines de dégradation des relations.

      Le communiqué malien qualifie d’« hostiles et outrageux » les propos du Ministre français des Affaires étrangères qui n’avait pas hésité à qualifier d’« illégitime » le pouvoir militaire malien. On est au-delà de la guerre des mots quand c’est la « légitimité » de l’autre qui est remise en cause.

      De fait, la France a déjà pris acte de l’impossibilité de poursuivre comme avant les opérations de son armée dans la zone sahélienne, neuf ans après l’intervention décisive qui avait stoppé une colonne djihadiste en route pour Bamako, puis libéré le nord du Mali. Les conditions politiques ont totalement changé depuis les scènes de joie de 2013, et la France paye le prix de ne pas l’avoir anticipé assez vite.

      Ce qui a changé, c’est que l’action des djihadistes a totalement déstabilisé la région sahélienne : le nombre de victimes civiles n’a cessé d’augmenter et la zone d’insécurité de s’étendre, alors même que le dispositif militaire international grossissait : la force française Barkhane, les casques bleus de la Minusma, les formateurs européens de l’EUTM, et enfin Takuba, la dernière née, réunissant les forces spéciales de plusieurs pays européens.

      Lorsque ces armées internationales ajoutées aux armées locales ne parviennent pas à enrayer une violence abominable, avec des raids faisant à chaque fois des dizaines de villageois tués, c’est tout l’édifice politique qui s’est effondré. La faillite d’États fragiles a entraîné avec elle la mise en cause de ces armées étrangères incapables de changer la donne sécuritaire, et en premier chef celle de l’ancienne puissance coloniale, la France.

      C’est ce qui explique que les coups d’état militaires à répétition, au Mali et depuis peu au Burkina Faso, ont été accueillis avec joie par les populations. Les constitutions ou les présidents élus ne pèsent plus lourd lorsque la confiance a disparu, et l’armée apparait comme un ultime recours ; la suite dira si c’est une illusion, mais c’est la réalité politique actuelle. C’est le cœur de l’incompréhension que traduit la querelle en « légitimité » lancée par Jean-Yves Le Drian : qui décide de la « légitimité » ? Pas la France, lui répondent les militaires maliens.

      Paris va devoir s’adapter à cette nouvelle donne, dans un climat hostile à l’ancien colonisateur associé aux États défaillants. Au Mali, ça risque d’autant plus de passer par une phase de rupture que la junte militaire a choisi de faire venir des mercenaires russes du groupe Wagner, et s’oppose aux décisions des organisations régionales poussant à un retour rapide à la vie civile.

      La France et ses partenaires européens vont devoir réviser leur dispositif pour tenir compte du fait que leur forte visibilité n’est plus acceptée en l’absence de résultats tangibles. Comment « passer sous le radar » tout en maintenant un dispositif efficace, sans doute recentré sur le Niger ? Comment surtout empêcher que l’insécurité ne s’étende désormais aux pays plus au sud menacés, la Côte d’Ivoire, le Togo ou le Bénin ?

      Cette révision stratégique s’effectue dans les pires conditions sur le terrain, et avec le risque d’une politisation, sans doute inévitable, de cet échec dans le contexte électoral français. La terreur djihadiste, de ce point de vue, a réussi son coup.


      Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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