
La première fois que l’émir Abdelkader, héros de la résistance algérienne contre la conquête française en 1830, a mis le pied à Marseille remonte à décembre 1852, après plus de quatre années de captivité au château d’Amboise. Cent soixante-dix ans plus tard, il revient dans la cité phocéenne, à travers la grande exposition que lui consacre le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), du 6 avril au 22 août.
Victor Hugo appelait Abdelkader « l’émir pensif, féroce et doux », Arthur Rimbaud disait de lui qu’il était « le petit-fils de Jugurtha » et Gustave Flaubert notait : « Émir. Ne se dit qu’en parlant d’Abdel-Kader. » Pour remettre en lumière cette figure historique, le Mucem a réuni une impressionnante collection de 250 œuvres et documents issus de collections publiques et privées françaises et méditerranéennes, dont les Archives nationales d’outre-mer, la Bibliothèque nationale de France, le musée de l’Armée, le château de Versailles ou encore le musée d’Orsay.
Camille Faucourt, conservatrice du patrimoine et commissaire de l’exposition, explique la remise en perspective de ce chef de la résistance, considéré comme le fondateur de l’État algérien : « L’objectif de cette exposition est de rassembler des objets et des archives en nombre, afin de croiser les sources provenant des deux rives de la Méditerranée, et, ainsi, d’éclairer ce personnage qui semble avoir eu mille vies. Un homme sans cesse en mouvement, qui voyageait beaucoup. Et qui, spirituellement, a appris et évolué. Abdelkader était l’un des grands esprits de son temps. »
Cette exposition se veut aussi – même si ses initiateurs se gardent de lui donner une portée politique – une manière de rapprocher les mémoires de la France et de l’Algérie au moment où l’on s’apprête à commémorer le 60e anniversaire de l’indépendance de cette dernière. ...