Depuis quelques jours, les interceptions en mer de migrants algériens sont en recrudescence. D'ici quelques semaines, elles pourraient même s'intensifier : d'après l'agence européenne de surveillance Frontex, actuellement, "beaucoup de personnes sont prêtes à quitter l'Algérie pour entrer illégalement en Espagne".
Pour les secours et les garde-côtes espagnols, chaque jour ou presque se ressemble. Depuis le début du printemps, les interceptions de petits bateaux à moteur partis d’Algérie sont quasi quotidiennes. D'après la Croix-Rouge d'Almeria, près de 200 personnes ont été interceptées au large de l'Andalousie entre mercredi 20 et jeudi 21 juillet.
À l'aube ce jour-là, 55 migrants, répartis dans quatre embarcations, ont été secourus près de la région d’Almeria, au sud de l'Espagne. Tous d’origine maghrébine et en bonne santé, ils ont été transférés au port de la ville, et pris en charge par la Croix-Rouge.
Trois bateaux ont d’abord été localisés à une quinzaine de kilomètres au sud de Garrucha. Quarante personnes au total étaient à bord, dont quatre mineurs et cinq femmes. Quelques heures plus tôt, une première embarcation avait été interceptée au large de la ville de Nijar, dans laquelle avaient pris place neuf hommes, trois femmes et deux mineurs.
Un peu plus à l’est, les équipes de sauvetage de Murcie ont porté secours, mercredi 20 juillet, à 29 Algériens répartis dans trois petits bateaux. Deux d’entre eux ont été "transférés dans un centre médical pour y subir des examens après avoir nagé 1,5 km à la recherche d'aide", précise l’association espagnole Heroes del Mar sur sa page Facebook.
"Beaucoup de personnes prêtes à quitter l’Algérie"
L’archipel des Baléares, bien que plus éloigné des côtes algériennes, concentre lui aussi de nombreuses arrivées. Le 20 juillet, 50 ressortissants algériens ont été interceptés par les autorités espagnoles, lesquelles ont confisqué leurs quatre canots. Dix jours plus tôt, deux petits bateaux à moteur avec 17 personnes à bord avaient atteint, par eux-mêmes, des plages d’Ibiza et de Tagomago. Toutes étaient en bonne santé.
Entre le 1er janvier et le 30 juin 2022, 3 619 migrants - en majorité algériens - ont débarqué sur la péninsule espagnole et dans les îles Baléares. Et d’après Frontex, les chiffres des arrivées pourraient bien grossir cet été. Selon le journal Okdiario Andalucia, l’agence des garde-frontières de l’Union européenne a averti les Forces et corps de sécurité de l'État (FCSE), qui contrôlent les côtes andalouses, qu'il y avait actuellement "beaucoup de personnes prêtes à quitter l'Algérie pour entrer illégalement en Espagne à bord de bateaux".
Des membres de la FCSE, cités par le journal, constatent pourtant une légère baisse des débarquements cette année, par rapport à l’an dernier et à l’année précédente. "Il y a moins d'immigrants illégaux [en 2022] que pendant la pandémie", assurent-ils.
Des tirs à balles réelles
Pour contrer les départs des "harragas", poussés à prendre la mer à cause de la précarité et du manque de perspectives dans leur pays, l’Algérie a choisi la méthode forte. D’abord en mettant à contribution la machine judiciaire.
Depuis 2009, le "délit de sortie illégale" du territoire - via l’article 175 bis du Code pénal - prévoit une peine de deux à six mois de prison ainsi qu’une amende de 20 000 à 60 000 dinars (environ 130 à 400 euros) pour les Algériens et les étrangers résidents qui tenteraient de quitter le territoire sans passeport ou visa. Interceptés en mer, puis jugés au tribunal, "les candidats au départ sont traités comme des enfants turbulents", avait affirmé Farida Souiah, chercheuse à l’université d’Aix-Marseille, à InfoMigrants.
Depuis quelques années, les autorités ont également renforcé la surveillance du littoral. Le gouvernement multiplie les interceptions en mer qui, de l’avis de nombreux témoignages, "ne laissent planer aucun doute quant à leur dimension répressive", avait indiqué la chercheuse. Durant ces opérations dites "de sauvetage", "les garde-côtes font usage de violences physiques et verbales".
Des vidéos postées par le militant espagnol Franciso José Clemente de l’ONG Heroes del mar, montrent régulièrement les garde-côtes algériens tirer à balles réelles sur les exilés et leurs bateaux, notamment dans la commune d’Oran. La "Nouvelle Algérie", cette ambition prônée par le gouvernement post hirak, axée sur une refonte politique et sociale, censée garantir davantage de liberté et de droits aux Algériens, attendra.
source : infomigrants
Pour les secours et les garde-côtes espagnols, chaque jour ou presque se ressemble. Depuis le début du printemps, les interceptions de petits bateaux à moteur partis d’Algérie sont quasi quotidiennes. D'après la Croix-Rouge d'Almeria, près de 200 personnes ont été interceptées au large de l'Andalousie entre mercredi 20 et jeudi 21 juillet.
À l'aube ce jour-là, 55 migrants, répartis dans quatre embarcations, ont été secourus près de la région d’Almeria, au sud de l'Espagne. Tous d’origine maghrébine et en bonne santé, ils ont été transférés au port de la ville, et pris en charge par la Croix-Rouge.
Trois bateaux ont d’abord été localisés à une quinzaine de kilomètres au sud de Garrucha. Quarante personnes au total étaient à bord, dont quatre mineurs et cinq femmes. Quelques heures plus tôt, une première embarcation avait été interceptée au large de la ville de Nijar, dans laquelle avaient pris place neuf hommes, trois femmes et deux mineurs.
Un peu plus à l’est, les équipes de sauvetage de Murcie ont porté secours, mercredi 20 juillet, à 29 Algériens répartis dans trois petits bateaux. Deux d’entre eux ont été "transférés dans un centre médical pour y subir des examens après avoir nagé 1,5 km à la recherche d'aide", précise l’association espagnole Heroes del Mar sur sa page Facebook.
"Beaucoup de personnes prêtes à quitter l’Algérie"
L’archipel des Baléares, bien que plus éloigné des côtes algériennes, concentre lui aussi de nombreuses arrivées. Le 20 juillet, 50 ressortissants algériens ont été interceptés par les autorités espagnoles, lesquelles ont confisqué leurs quatre canots. Dix jours plus tôt, deux petits bateaux à moteur avec 17 personnes à bord avaient atteint, par eux-mêmes, des plages d’Ibiza et de Tagomago. Toutes étaient en bonne santé.
Entre le 1er janvier et le 30 juin 2022, 3 619 migrants - en majorité algériens - ont débarqué sur la péninsule espagnole et dans les îles Baléares. Et d’après Frontex, les chiffres des arrivées pourraient bien grossir cet été. Selon le journal Okdiario Andalucia, l’agence des garde-frontières de l’Union européenne a averti les Forces et corps de sécurité de l'État (FCSE), qui contrôlent les côtes andalouses, qu'il y avait actuellement "beaucoup de personnes prêtes à quitter l'Algérie pour entrer illégalement en Espagne à bord de bateaux".
Des membres de la FCSE, cités par le journal, constatent pourtant une légère baisse des débarquements cette année, par rapport à l’an dernier et à l’année précédente. "Il y a moins d'immigrants illégaux [en 2022] que pendant la pandémie", assurent-ils.
Des tirs à balles réelles
Pour contrer les départs des "harragas", poussés à prendre la mer à cause de la précarité et du manque de perspectives dans leur pays, l’Algérie a choisi la méthode forte. D’abord en mettant à contribution la machine judiciaire.
Depuis 2009, le "délit de sortie illégale" du territoire - via l’article 175 bis du Code pénal - prévoit une peine de deux à six mois de prison ainsi qu’une amende de 20 000 à 60 000 dinars (environ 130 à 400 euros) pour les Algériens et les étrangers résidents qui tenteraient de quitter le territoire sans passeport ou visa. Interceptés en mer, puis jugés au tribunal, "les candidats au départ sont traités comme des enfants turbulents", avait affirmé Farida Souiah, chercheuse à l’université d’Aix-Marseille, à InfoMigrants.
Depuis quelques années, les autorités ont également renforcé la surveillance du littoral. Le gouvernement multiplie les interceptions en mer qui, de l’avis de nombreux témoignages, "ne laissent planer aucun doute quant à leur dimension répressive", avait indiqué la chercheuse. Durant ces opérations dites "de sauvetage", "les garde-côtes font usage de violences physiques et verbales".
Des vidéos postées par le militant espagnol Franciso José Clemente de l’ONG Heroes del mar, montrent régulièrement les garde-côtes algériens tirer à balles réelles sur les exilés et leurs bateaux, notamment dans la commune d’Oran. La "Nouvelle Algérie", cette ambition prônée par le gouvernement post hirak, axée sur une refonte politique et sociale, censée garantir davantage de liberté et de droits aux Algériens, attendra.
source : infomigrants
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