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Procès Djamel Bensmail : récit des auditions tantôt choquantes tantôt révélatrices d’une profonde tragédie

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  • Procès Djamel Bensmail : récit des auditions tantôt choquantes tantôt révélatrices d’une profonde tragédie

    Après un premier renvoi, le procès des auteurs présumés de l’assassinat l’été 2021 de Djamel Bensmail, à Larbaa Nath Irathem, (Tizi Ouzou), s’est ouvert hier 15 novembre devant le tribunal criminel de Dar El Beida à Alger. En tout, 95 accusés en détention, 8 en liberté et 7 encore en fuite, dont Ferhat M’Henni, dirigeant du mouvement séparatiste MAK, déclaré par les autorités comme une « organisation terroriste ».

    Les chefs d’accusation vont de « l’homicide volontaire avec préméditation, torture, mutilation et immolation d’un cadavre, attroupement armé, création et appartenance à une organisation terroriste dans le but de commettre des actes terroristes, mise à feu de biens d’autrui, incendie volontaire d’espaces agricoles ayant conduit à la morte d plusieurs personnes, complicité dans l’homicide volontaire » jusqu’à « incitation à l’attroupement armé, discours de la haine, atteinte à l’unité de nationale, atteinte à des agents de l’ordre public en exercice de leur fonction, destruction des biens d’autrui, incitation à l’atteinte des agents de l’ordre public … etc. »

    Après lecture de l’acte d’accusation qui a duré plus de deux heures, le juge appelle à la barre, Sofiane Zaef, le premier accusé d’une liste de 25 mis en cause poursuivis pour des délits, notamment « attroupement armé et incitation à l’attroupement ». Agé de 26 ans, il revient sur ce jeudi, 11 aout 2021. « Etant membre d’une association de bienfaisance, j’ai fait le déplacement à Larbaa Nath Iraten, pour apporter de l’aide aux habitants… », dit-il avant que le juge ne l’interrompe pour lui demander : « qu’avez-vous vu et entendu ? ». L’accusé : « je n’ai rien vu ». Le juge : « n’avez-vous pas fait des selfies avec le cadavre calciné du défunt ? ». L’accusé : « j’ai vu la photo chez le juge ». Le juge : « c’est vous qui aviez fait cette photo… »

    Zaef garde le silence et c’est le procureur général qui l’interroge : « une association de bienfaisance est sensé aider les gens, comment pouvez-vous prendre des selfies avec un corps calciné et dans quel but ? ». L’accusé et après un silence de quelques secondes, il déclare : « je suis arrivé à 17 heures. Je n’ai rien entendu. A mon retour on m’a parlé de l’arrestation des auteurs des incendies ». Le magistrat : « vous aviez pris un selfie… ». L’accusé : « non ! Ils m’ont pris en photo ». Le magistrat : « il y a une autre à vous ». L’accusé : « le juge me l’avait montrée. Je ne l’ai pas partagée ». Le procureur insiste : « vous aviez fait un selfie avec le cadavre calciné ».
    « le défunt m’a fait de la peine »


    L’accusé persiste à affirmer qu’il a été pris en photo. Le président prend le relais : « vous dites qu’on vous a pris en photo, et que faite- vous sur cette photo ? », lui lance-t-il e lui exhibant une photo. Pris au piège, Zaef garde le silence. « Comment pouvez-vous prendre cette image avec autant de sang-froid, sans aucun malaise ? Vous êtes dans une association de bienfaisance, pourquoi n’avez pas tenté d’empêcher les gens de commettre ce crime », lance le procureur général.

    L’accusé : « j’étais sur la route principale… ». Le juge : « il était à la placette, à quelques mètres seulement vous ne pouvez pas l’éviter ». Acculé, l’accusé lâche « il m’a fait de la peine ».

    Le juge appelle Nabil Chmahla, poursuivi pour « attroupement armé et outrage à corps constitué ». « J’étais de passage dans la ville, j’ai vu des gens qui immolaient une personne… », dit-il avant que le président ne lui demande : « êtes-vous entré au commissariat ? ». L’accusé : « je ne suis pas allé. Je suis venu pour aider les villageois et en arrivant on m’a dit que la police a arrêté les personnes qui mettaient le feu dans la région… ». Le procureur général : « vous vous êtes arrêté non loin du corps pour prendre des photos… ». L’accusé : « c’est mon accompagnateur Saayoud, qui a pris les photos ».

    Le procureur général : « lors de votre audition par le juge d’instruction vous aviez affirmé avoir été au commissariat avec votre accompagnateur Saayoud ». L’accusé conteste les déclarations, avant que les avocats de la partie civile ne l’assènent de questions, lui rappelant les contradictions entre ses propos tenus lors de l’instruction et ceux devant le tribunal.

    « Ils étaient trop nombreux ».


    Un peu déstabilisé, il cède sa place Mhena Mokrani, qui nie les faits (les mêmes que ceux de son prédécesseurs), qui lui sont reprochés, mais raconte : « j’ai vu le défunt dans le fourgon. C’était le moment où ce dernier était attaqué par des personnes. J’ai essayé de les empêcher de s’approcher du fourgon et de le battre mais ils étaient trop nombreux ».

    Le juge : « aviez-vous pris des photos ? ». L’accusé : « aucune, ni au commissariat ni ailleurs ». Le juge : « pourquoi avez-vous essayé de monter sur le fourgon de la police ? ». L’accusé nie catégoriquement. « Je me suis retiré »., lance-t-il en déclarant ne pas se rappeler des personnes qui étaient dans le fourgon.



  • #2
    Le juge appelle Zakaria Meriouli. D’emblée il reconnait être entré au commissariat et pris des photos du fourgon. Sur les raisons d’une telle incursion, il déclare : « il y avait beaucoup de monde devant le commissariat. On m’a dit que la police venait d’arrêter trois de ceux qui mettaient le feu dans la forêt. Je voulais voir ». Le juge : « vous avez donc escaladé le mur du commissariat pour y accéder… ». L’accusé : « oui, c’était pour prendre des photos et faire des vidéos ».

    Le juge : « avez-vous vu ceux qui battaient le défunt ». L’accusé : « oui, mais je ne les connais pas. Mais quand, ils ont commencé à le bruler, je suis parti ». Le juge : « vous aviez déclaré lors de l’instruction, que vous aviez pris des photos que vous aviez envoyé sur Messenger à des amis ». L’accusé : « j’ai été sur place, mais avant qu’ils ne le brulent ». Le juge : « nous avons des photos et des vidéos. Soyez comme l’oiseau libre qui une fois pris, ne résiste pas ».

    Le procureur général : « dans quel but avez-vous pris ces photos et ces vidéos, d’un corps entrain de se consumer par le feu ? ». L’accusé : « j’ai pris une photo ». Le magistrat : « comment peut-on partager ce genre de photos et vidéos ? ». L’accusé garde le silence. Le magistrat : « vous étiez au commissariat, vous aviez vu le défunt se faire battre, puis être tiré du fourgon et trainé jusqu’à la placette. Qu’avez-vous fait ? ».
    « La foule criait brulez-le, tuez-le »


    L’accusé persiste dans son silence de marbre. Le juge appelle Rabah Imerzouguen, poursuivi pour les mêmes faits que son prédécesseur. Il reconnait avoir fait trois vidéos, envoyées vers le compte de son épouse. Il était au commissariat et a assisté à l’attaque du fourgon de la police et à la placette, lors de l’immolation du défunt.

    Le juge : « reconnaissez-vous ceux qui étaient à la placette parmi les accusés ? ». Imerzouguen se retourne vers la salle scrute les bancs des accusés puis déclare : « je ne connais que ceux de mon village et qui sont là ». Au procureur général, il affirme n’avoir pas diffusé les vidéos mais qu’il les avait envoyés à ses amis.

    Il cède sa place à Benabdelaziz Bemane, qui reconnait avoir publié un texte dans lequel, il appelait la population à se rassembler en solidarité avec Samir, son ami qu’il dit connaitre, accusé d’avoir violenté le défunt dans le fourgon. « Je n’étais pas présent sur les lieux, mais j’étais persuadé que Samir ne pouvait pas faire cela ». Le juge : « comment pourriez-vous être sure alors que vous étiez absent des lieux ? ». « Je connais mon ami. Il ne peut pas faire ce genre de chose » dit-il avant de céder sa place à Ahmed Mhalem, qui se rappelle avoir vu une foule immense en colère devant le commissariat, mais il n’est pas rentré.

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    • #3
      Il a avancé jusqu’à la placette et il a vu « un corps allongé et des gens autour qui le brulaient, je suis reparti ». Le juge : « qui étaient ces gens ? ». L’accusé : « je ne me rappelle pas ». L’accusé affirme avoir mis en garde son frère de la situation notamment avec la police pour « éviter les problèmes ». Le juge : « vous lui avez parlé des photos retrouvées chez Belkacem aussi… ». L’accusé confirme.

      Puis c’est au tour de Lakroufi Boussaad, de passer à la barre et tout de suite le juge l’interroge : « vous étiez devant le commissariat, pourquoi n’avez pas aidé le défunt ? ». L’accusé : « j’ai tenté d’empêcher les gens, mais ils étaient nombreux ». Le juge : « les photos en ma possession prouvent le contraire ».

      L’accusé : « j’étais debout à repousser les gens ». Le juge : « vous n’étiez pas entrain d’aider. Vous aviez déclaré avoir assisté depuis le début devant le commissariat jusqu’à ce que le défunt soit immolé au niveau de la placette. Maintenant vous revenez sur vos propos et vous dites n’avoir assisté qu’aux scènes devant le commissariat. Pourquoi ? ».

      L’accusé : « j’étais devant le commissariat et j’entendais la foule crier tuez-le, brulez-le, brulez-le ». Le juge : « qu’avez-vous fait ? ». L’accusé : « je ne sais pas. Le défunt m’avait fait de la peine. Il disait khatini (ce n’est pas moi) ». Le juge : « comment l’avez-vous entendu, il était dans le fourgon ». L’accusé : « la porte était ouverte. Les gens me disaient que c’était mon ami, je ne comprenais pas le kabyle et cela a suscité chez eux des soupçons ».

      Les avocats de la partie civile prennent le relais du juge. « Combien de personnes il y avait dans le camion ? », demandent-ils et l’accusé répond : « je ne sais pas. Tout le monde criait il est mort, il est mort. Au début quand je voulais défendre le fourgon, des gens étaient déjà à l’intérieur. Ils ont sorti le défunt mais avec deux policiers nous avions pu le leur arracher et le remettre dans la cage du fourgon. D’autres sont rentrés. Ils étaient 8 ou 10 qui le tabassaient avec violence ».

      Le juge appelle Ryad Boukheddach qui affirme qu’une fois arrivé devant le commissariat, il a remarqué une foule très imposante, précisant qu’il n’avait pas vu le défunt. Le juge : « lors de l’instruction vous aviez déclaré qu’à ce moment vous aviez vu des personnes qui tabassaient Djamel et le menaçaient d’immolation. Aujourd’hui, vous dites ne pas l’avoir vu. Où se trouve la vérité ? ». L’accusé se ressaisi : « j’ai vu des gens autour du Veto qui frappaient la victime. »

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      • #4
        « Je sais que j’ai fait une chose pas bien »


        L’accusé revient à sa place et c’est Syphax Mamo qui le remplace devant la barre. Il commence par déclare : « je nie tous les faits qui me sont reprochés. Avant j’étais membre du MAK, mais je me suis retiré durant l’été 2020, parce que je trouvais que c’était une voie qui ne menait nulle part ».

        Le juge cite une liste de noms et demande à l’accusé si les concernés font partie du mouvement. « Je ne les connais pas », répond l’accusé. Le juge : « connaissez-vous le trésorier du MAK, Mohand Oubelaid ? ». L’accusé : « je ne savais pas qu’il était trésorier ». Le juge : « vous étiez coordinateur de Larbaa Nath Irathen, comment ne pouvez-vous pas le savoir ? ». L’accusé : « mon poste était symbolique. Nous étions quatre seulement dans la ville, moi, Oubelaid, Yacine et un autre ».

        Le juge : « que faisiez-vous ? ». L’accusé : « de 2019 à 2020, nous participions aux marches qui s’organisaient lors des évènements liés à la culture amazighe. Il n’y avait rien. J’ai d’ailleurs envoyé ma lettre de démissionner par Messenger au représentant du MAK à Tizi Ouzou. Nous étions deux seulement dans la région et de 2017 à 2019, il n’y avait aucune activité ».

        Le juge : « Qu’en est-il de votre relation avec Brahim Abbes ». L’accusé : « il ne m’a contacté qu’une seule fois, par téléphone à partir de la France, pour me demander les raisons de ma démission. Je ne le connais pas. Je sais juste qu’il est au MAK en France ». Le juge : « vous a-t-on demandé de vous préparer à un évènement important en ce jour de l’assassinat de Djamel, où il est exigé la fermeture des commerces ? ». L’accusé répond négativement, avant de laisser sa place à Karim Hamed.
        « C’était une erreur… ».


        Le juge : « vous aviez filmé et fait des enregistrements vidéos de la victime ». L’accusé : « c’est mon cousin qui a pris des photos du corps de la victime calciné avec mon téléphone. ». Le juge : « comment pouvez-vous prendre des photos d’un corps en fumée ? ». L’accusé : « c’était une erreur ». Le juge : « c’est tout ? ». L’accusé se tait. Le juge : « pourquoi avez-vous pris des photos ? ». L’accusé : « c’était une erreur… ».

        Le juge demande à Hamed et de manière sèche, de reprendre sa place avant d’appeler Amar Hamed, qui reconnait avoir pris des photos avec le téléphone de son cousin Karim, parce qu’il avait oublié le sien. Le juge : « vous êtes venus offrir votre aide aux sinistrés, comment pouvez-vous prendre des photos d’un corps en flamme et dans quel but ? ». L’accusé et d’une voix basse répond : « j’ai senti que j’ai fait une chose pas bien ».

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        • #5
          Le juge appelle Lyazid Khelili, poursuivi pour avoir diffusé des publications faisant l’apologie du MAK, qui rejette les griefs et ne cesse de lancer des « khatini » (ce n’est pas moi). A peines quelques minutes, et il est renvoyé à sa place par le juge qui appelle Salem Boukherchoufa, qui affirme : « j’étais devant le commissariat lorsque la foule s’est rassemblée. Mais quand ils ont commencé à frapper Djamel, je suis parti ». Le juge : « vous aviez déclaré avoir assisté lorsque les gens l’ont extrait du fourgon et trainé jusqu’à la placette et aujourd’hui vous dite n’avoir été présent qu’au moment de l’attaque du fourgon au commissariat. Pourquoi ? ».

          L’accusé se tait. Le juge : « qu’avez-vous fait lorsque les gens sont partis ? ». L’accusé : « j’ai pris des photos du corps calciné ». Le procureur général prend le relais : « vous avez tout suivi, depuis le commissariat jusqu’ à la placette ». L’accusé : « j’ai vu quand ils l’ont sorti du fourgon, j’ai essayé de l’aider mais la foule était nombreuse … »
          « Ébullition »


          Le magistrat : « vous avez essayé de l’aider et vous prenez en photo son corps calciné. Expliquez-moi ce geste ? ». L’accusé : « je n’ai pas pris en compte sur le coup, mais cela m’a déstabilisé ». Le magistrat : « le corps était en flamme… ». L’accusé : « ce n’était pas à mauvais escient ». Le magistrat : « au juge d’instruction vous aviez déclaré avoir pris une photo du corps alors qu’il le faisait bruler. Comment expliquer cet acte ? ».

          L’accusé se mue dans le silence et le juge appelle Mouloud Dahmani, qui semble perdu. Il raconte être venu juste pour restituer une clé à démonter les roues, qu’on lui a passé. « Une fois arrivé, j’ai trouvé une foule nombreuse. On m’a fait comprendre que les policiers venaient d’arrêter les personnes qui mettaient le feu dans la forêt. Je suis rentré chez moi. Je n’ai assisté à rien ».

          Il cède sa place à Ouardia Massi, infirmière qui avait accompagné sa copine de Hadjout pour prêter assistance à la population sinistrée. Une fois sur place, elle a trouvé la ville en « ébullition ». « Nous voulions reprendre la voiture, mais c’était trop tard, les routes étaient bloquées ».

          Le procureur général : « vous aviez déclaré au juge avoir vu le défunt se faire égorger… ». L’accusée : « je n’ai pas lu le procès-verbal ». Le magistrat : « et les photos ? ». L’accusée : « pour moi c’est la même chose ». Le magistrat : « qu’avez-vous vu devant le commissariat ? ». L’accusée : « nous sommes arrivé vers 19 heures. Nous ne sommes pas allés au commissariat. Nous n’étions pas loin de la placette. On nous a entendu parler en arabe, on nous a accusé d’être des indicateurs et menacé de nous bruler comme ils l’ont fait au défunt ». Le juge : « qui vous a menacé ? ». L’accusée : « Bouzar… ».

          Le juge appelle Bouzar qui répond présent : « est-ce lui là ? ». L’accusée répond « c’est lui. Il nous disait vous êtes des agents du DRS. Vous allez être brulées comme lui ». Le procureur général emboite le pas au juge. « Vous étiez venues apporter votre aide, que faisiez-vous à la placette ? ».

          L’accusée : « nous sommes arrivées un peu tard, et la ville était paralysée par la foule. Nous sommes descendues de la voiture pour aller voir ce qui se passait. Ma copine n’était pas loin de moi. J’ai vu un corps allongé par terre, mais je suis revenue à la voiture ». Le magistrat : « vous vous êtes rapprochée et vous disiez tuez le » ; L’accusé nie catégoriquement, avant de rejoindre le banc des accusés.

          Le juge appelle Islam Kidji, qui dit être arrivé en fin de journée pour déposer le ravitaillement collecté pour les familles sinistrées. « J’ai trouvé la ville en ébullition, et une foule importante était rassemblée devant le commissariat. Je ne savais pas ce qui se passait. J’ai appelé mon ami qui devait me rejoindre pour lui dire de ne pas faire le voyage. Il voulait à tout prix venir. Après avoir demandé aux gens ce qui se passait, ils m’ont dit que la police a arrêté les auteurs des incendies. J’ai filmé la scène devant le commissariat et je lui ai envoyé la vidéo pour qu’il revienne sur sa décision de faire le voyage », explique-t-il au juge avant de céder sa place à Mhand Belkessam, qui nie en bloc les griefs. Le procureur général lui fait savoir que les vidéos le montrent « parmi les personnes qui ont suivi le défunt depuis le début », mais répond : « jamais ».

          Le juge appelle Anis Khedraoui, qui déclare avoir été contacté par Youba, pour l’accompagner à Oran, juste après les évènements, mais nie avoir parlé lors du voyage de ce qui s’est passé. Il reconnait également que Youba avait sur lui 600 000 DA lorsque les policiers l’ont arrêté, avec lui, à Oran, et que cet argent devait servir, selon lui à louer un appartement.
          Le motus bouche cousue de certains et les remords d’autres


          Le juge ne tarde pas avec lui, et c’est Tahar Yahlali qui passe l’épreuve des questions. Il avoue avoir pris « une seule photo du corps allongé par terre et qui brulait ». Le juge : « vous avez diffusé cette photo… ». L’accusé conteste : « je l’ai supprimé ». Le juge : « après l’avoir diffusé ». Le juge : « pourquoi avoir pris cette photo d’un corps calciné ? ». L’accuse garde le silence.

          Le juge appelle Hocine Khellili, qui affirme au juge qu’il traversait la ville avec son camion lorsqu’il a vu « une Clio renversé et toute cabossée, entourée par plusieurs personnes. Comme je gênais le passage, je suis repartie ». Le juge : « qu’avez-vous remarqué ? ». L’accusé : « rien du tout ».

          Le juge : « les vidéos montrent autre chose, pas rien du tout ». Le président appelle Youba Ziane, qui raconte : « j’ai entendu des voix qui criaient il faut les bruler, il faut les tuer. J’ai essayé de les raisonner mais en vain ». Le juge : « c’est une nouvelle version. Vous n’avez pas fait état de ces propos avant. Vous aviez déclaré que deux jeunes tiraient la victime vers l’extérieur du fourgon et l’ont trainé jusqu’à la placette ».

          L’accusé : « je ne me souviens pas ». Le juge : « vous aviez même déclaré que c’est un certain Tiarti (habitant de Tiaret Ndlr) qui avait commencé à dire il faut le tuer ». L’accusé nie. Le procureur général : « la vidéo montre tout le contraire ». L’accusé : « ce n’est pas moi. Je ne suis pas rentré au commissariat. » Le magistrat : « c’est vous qui aviez identifié ceux ont tiré la victime du Veto et ceux qui l’ont trainé jusqu’à la placette ; vous les aviez filmé et leur a envoyé la vidéo en leur demandant les raisons d’un tel acte ». Déstabilisé l’accusé lance : « je suis rentré chez moi ».

          Les avocats de la partie civile exhibent des photos. « Est-ce que c’est vous ? ». L’accusé regard quelques minutes puis répond négativement. Les avocats tirent d’autres photos, et l’accusé marque une longue hésitation avant de dire « ce n’est pas moi ». La défense : « vous aviez dit que vous portiez un survêtement gris. Regardez bien, c’est gris. N’est-ce pas vous ? ».

          L’accusé persiste à nier et ses avocats protestent contre la défense de la partie civile. Le juge appelle Mohamed Oubelaid, qui ne sait rien à part, que des gens lui dit que des pyromanes ont été arrêtés et se trouvent au commissariat. Il n’a assisté à rien précise-t-il.

          Le dernier accusé, entendu durant cette première journée du procès est Ferhat Debiane, qui lui aussi n’a rien vu ou entendu, mais plutôt diffusé sur les réseaux sociaux quelques photos. Les auditions reprendront mercredi.

          inter-lignes

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          • #6
            Là on découvre que ce n'est pas le procès d'un crime horrible qui est engagé, mais celui de "coupables" d'avoir pris des selfies avec la dépouille en flamme, ou calcinée .

            Se prendre en photo dans cette cène macabre certes, est un acte déplorable il est vrai, mais c'est loin de constituer une poursuite, une mise en cause pour crime sordide.
            Dernière modification par infinite1, 19 novembre 2022, 14h30.

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            • #7



              Meurtre de Djamel Bensmain: de lourdes peines requises contre les accusés


              Le parquet près le tribunal criminel de Dar El Beida a requis, samedi 19 novembre 2022,


              Des peines de 10 ans de réclusion criminelle et 500 000,00 DA d'amende contre 23 accusés poursuivis dans l'affaire de l'assassinat de Djamel Bensmain.

              La peine capitale a été requise à l'encontre de 72 accusés ayant participer directement au meurtre de Djamel Bensamain.


              Meriem A
              • Modifié le 19 novembre 2022
              • 18:0

              Le quatrième jour du procès de l’affaire de l’assassinat de Djamel Bensmain a été marqué par la lecture des déclarations des 18 policiers en poste à Larbaa Nath Iraten, le 11 août 2021, lorsque l’odieux crime s’est produit.


              Dans leur témoignage, ils affirment tous que deux passagers de la Clio Campus ont rejoint à pied le célibatorium de la police rejoint par une foule qui les pourchassaient. Selon eux, les deux personnes ont été cachées dans les sanitaires se trouvant au sous-sol, de manière à ce que la foule qui était arrivé au lieu ne les retrouve pas.

              Concernant la victime, le jeune Djamel Bensmain en l’occurrence, ils affirment qu’il à été récupéré par le fourgon de la police alors qu’il était lui aussi pourchassé par la foule. Selon les déclarations des policiers, une fois le défunt à bord du véhicule, « la foule avait pris de l’ampleur atteignant près d’un millier de personnes et avait déjà encerclé le commissariat ». Ils ont, disent-les policiers, tenté d’empêcher la foule d’entrer au commissariat mais en vain.

              Certains d’entre-eux ont été même « violemment agressés ». Ils précisent qu’ils n’étaient pas armés et que les éléments de renfort arrivés sur les lieux avaient « reçu des instructions de ne pas recourir aux tires de sommation afin d’éviter tout dérapage ».



              Après ces déclarations, le juge ordonne la projection des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et qui avaient mémorisé le film des événements depuis l’arrivée de Djamel Bensmain à Larbaa Nath Iraten jusqu’à son immolation publique.

              Les images sont aussi choquantes que glaçantes. La majorité des accusés ont gardé la tête baissée jusqu’à la fin de la projection qui a duré plusieurs heures. Certains ont demandé à rejoindre les sanitaires, mais sans compter sur l’intransigeance du président du tribunal. Le juge semble tenir à ce qu’ils soient confrontés à leurs actes, filmés sur place et par beaucoup d’accusés le jour du crime.


              inter-lignes.com

















              Dernière modification par sako, 19 novembre 2022, 23h21.

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              • #8
                Fresque, Place Gueydon ( Bejaia )



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                • #9
                  Ils précisent qu’ils n’étaient pas armés et que les éléments de renfort arrivés sur les lieux avaient « reçu des instructions de ne pas recourir aux tires de sommation afin d’éviter tout dérapage ».
                  le dérapage ,il a eu lieu , peut être qu'avec des tirs de sommations, le drame aurait pu être évité.
                  Ils avaient le devoir de le proteger , surtout qu'il était dans le commissariat ,il ya une responsabilité manifeste de la police , ils n'ont rien fait pour le sauver , ils auraient pu faire usage de leurs armes quand la situation devenait critique pour le défunt allah irahmou.
                  Dernière modification par xenon, 20 novembre 2022, 05h59.
                  ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                  On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

                  Commentaire


                  • #10
                    Ce qu'il ne faut surtout pas oublier:il était DANS le fourgon de la police ,DANS l'enceinte du commissariat .
                    plus tu pédales moins fort , moins tu vas plus vite !

                    Commentaire


                    • #11
                      La repression contre la Kabylie continue...

                      Commentaire


                      • #12
                        Procès du meurtre de Djamel Bensmail : les avocats de la partie civile chargent les accusés

                        Poignantes plaidoiries de la partie civile devant le tribunal criminel de Dar El Beida à Alger où se déroule le procès des auteurs présumés de l’assassinat de Djamel Bensmail, le 11aout 2021 à Larbaa Nath Irathen dans la wilaya de Tizi Ouzou.



                        Après l’avocat de Algérie Telecom qui a évoqué des dommages définis par une expertise, c’est au tour du représentant du trésor public, de déclarer « comment allez-vous vivre dans ce village où il y a eu un le crime le plus horrible. Comment allez-vous faire avec vos enfants ». L’avocat évoque des « atteintes aux institutions de l’Etat » en rappelant que les policiers qui étaient présents sont toujours en poste dans la ville.
                        « La peur ne peut justifier un crime aussi abjecte. Il y a eu 14 policiers agressés », dit-il. L’avocat rappelle : « Djamel est sorti de chez lui pour aider la population. Les deux passagers de la Clio ont été sauvés par miracle. La vérité est amère, on ne peut la cacher». Pour lui, « les preuves de leur culpabilité sont sur les vidéo et ils viennent ici nier ».

                        « Ils auraient dû dire la vérité pour soulager leur conscience. Les deux passagers de la Clio sont venus pour aider la population. Quelqu’un a arrêté leur voiture. La suite vous a été racontée par le chauffeur. Il est venu jusqu’ici pour raconter son histoire. Mieux encore. Il a même identifié à l’audience celui qui l’a arrêté. Il a passé 15 jours chez la police judiciaire. Mais malgré cela, il est ici. Les agresseurs parlaient de véhicules sans immatriculation, or la Clio avait sa plaque et quelqu’un l’a enlevée. Ces jeunes ont échappé à la mort. Toute la foule courrait derrière le policier qui avait mon client Bouzrara Fouad, propriétaire de la Clio », lance-t-il.


                        « les kabyles sont des hommes d’honneur, ils ne font pas ça »

                        Et d’ajouter : « Aujourd’hui, ils viennent nous dire que ce ne sont pas eux. Regardez les photos, ils y sont tous. Lorsque la Clio s’est arrêtée, le message était déjà donné pour l’immobiliser. Les trois passagers étaient affolés. Ils ont pris la fuite. Deux ont rejoint le célibatorium où les policiers ont dû leur donner des tenus de combat pour ne pas être reconnus. Djamel a été récupéré par les policiers en route. Il pensait être en sécurité dans le fourgon, mais la foule l’a rattrapé. Le véhicule ne pouvait plus arriver au commissariat ».
                        L’avocat s’interroge : « que pouvons-nous dire? Comment vous vous êtes comporté comme des Pharaons ce jour-là, ayez ce même courage aujourd’hui pour dire la vérité ».

                        L’avocat reprend les propos du défunt à ses bourreaux : « Il leur a dit, les kabyles sont des hommes d’honneur, ils ne font pas ça. Djamel n’est pas mort dans le fourgon. Les vidéos montrent ce que chacun a fait. Mais lors de ce procès, l’un des accusés s’est défendu en déclarant qu’il était ivre est-ce normal ? L’alcool est une circonstance aggravante. Tout est prouvé. L’Etat doit frapper fort. L’acte aurait pu avoir de graves conséquences. Ces gens n’avaient ni essence ni kérosène. Ils sont venus éteindre le feu qui brûlaient vos maisons ».
                        Abondant dans le même sens, le collectif des avocats de la famille du défunt ne sont pas allé par le dos de la cuillère. Me Menaceur commence par présenter les faits « que même les yeux refusent de voir et de croire » et ajoute : « le peuple algérien a été témoin de cet assassinat. Il vous racontera ce qui se st passé ».
                        L’avocat explique que « Djamel a répondu à l’appel de la population qui faisait face aux incendies. Il a répondu à l’appel poignant lancé par un militaire en tenue pris entre les flammes qui dévoraient les maisons. Djamel a répondu en venant sans le sou. Vous l’avez entendu sur la sa dernière vidéo. ».


                        « Il est venu éteindre le feu qui embrase vos maisons et vous l’avez brulé »

                        Selon lui, dès son arrivée, le défunt accorde une interview à la web Tv Awras, puis dans dans une autre vidéo on le voit interpeller par quelqu’un qui lui dit de ne pas filmer. « La discussion tourne aux propos haineux à son encontre. La personne s’est substituée à la police et à la justice.
                        Vous l’avez vu en train de leur dire « khatini » et eux continuaient à le violenter. Pourquoi lui avez-vous enlevé les clés ? Pourquoi les insultes et les obscénités ? Même l’eau qu’il vous a demandée a été refusée. Vous lui avez donné une eau polluée ou peut-être même de l’essence. Les gens le frappaient et lui, criait ‘’khatini vous allez regretter’’.
                        Ils ont continué à le frapper et ils l’ont descendu du fourgon pour le traîner par terre sous les cris de ‘’brûlez-le’’. Ils l’ont mené vers la place Abane Ramdane, celui défendait une Algérie unie et indivisible. Djamel a refusé de se rendre. Il a fait comme Ali la pointe. Vous avez tué Djamel deux fois. Vous l’avez brulé et une fois le feu s’est consumé, vous l’avez rallumé une seconde fois», rappelle encore l’avocat en s’adressant aux accusés.

                        Me Menaceur s’est demandé par ailleurs, « comment peut-on se prendre en photos avec des corps en feu ». Puis il lâche « Il est venu éteindre le feu et vous l’avez brûlé avec quoi de l’essence et des bouteilles en plastique. Et que dire des propos haineux et les appels aux pires sévices et à la décapitation. Avez-vous perdu votre humanisme ? N’y a t-il pas quelqu’un parmi vous qui est sensé ».
                        L’avocat fustige ceux qui parlaient de Photoshop en disant : « et ceux qu’on a vu sauter sur son corps étaient-ils eux aussi de faux personnages ? ». Pour l’avocat, « Djamel, est un martyr de la nation ».

                        « Ne l’oubliez-pas, écoutez-le ». L’avocat regarde les accusés et poursuit : « ils viennent parler de dépression après ce qu’ils ont fait. Savez-vous comment sa mère et son père ont-ils su la mort de leur enfant ? Il faut saluer son père Noureddine Bensmain qui a pu étreindre un plus grand incendie. Les kabyles sont nos frères et ceux qui sont là n’en font pas partie. Saluons les hommes de la Kabylie qui ont assisté à l’enterrement de Djamel. C’est un procès qui entre dans l’histoire. Les vidéos sont comme celles des techniques du VAR mais sans Gassama. La théorie du complot ne tient pas ».
                        Me Mennaceur estime, d’autre part, que Djamel n’était pas mort dans le fourgon ni au moment où il a été trainé jusqu’à la place Abane Ramdane. « Il était vivant lorsque ils l’ont descendu du fourgon. Pourquoi l’avoir brûlé deux fois ? Vous vouliez brûler l’Algérie, mais non elle ne le sera pas. Vous avez déstabilisé 40 millions d’Algériens. Vous nous avez brûlé le cœur ».
                        Lui emboîtant le pas Me Benturkia, affirme que l’assassinat de Djamel «fait partie d’un plan vicieux et diabolique. Saadaoui Hacene, moul al barnous (l’homme qui porte le burnous) n’a pas été évoqué pour rien. C’est un plan sioniste qui consiste à diviser le pays. Il aurait pu nous mener vers l’inconnu si ce n’est la conscience des parents de Bensmain ».
                        L’avocat revient sur certains incidents avec ses confrères durant le procès en disant : « On a entendu certains de nos confrères dire que les avocats de la partie civile font le travail du parquet et que les photos qui sont présentées, sont le fruit d’un montage etc… Je leur dis, non, ce sont de vraies photos, des captures d’écran sur des vidéos pour que chacun des accusés assume son acte. Nous avons travaillé sur leurs propres vidéos et une seule que le défunt avait enregistrée avant son assassinat. Grâce à Dieu, nous avons pu avoir tous ces enregistrements ».

                        « Ils ont tous bien appris la lettre M macheftch et masmaatch »


                        Me Benturkia se demande pourquoi 80% des accusés déclarent ne pas connaître leurs coaccusés et les 20% restants, l’ont reconnu après que le parquet ai relevé le lien. Pour elle «la majorité » des mis en cause « ont bien appris la lettre M c’est à dire machefnach, masmaatch (je n’ai pas vu, la plupart de ceux qui ont été identifiés sur les vidéos affirment être venus pour aider Djamel. Bouzrar Ali se cache derrière, son petit verre de pastis, Ouardi justifie la décapitation de Djamel, par son état d’ivresse, alors qu’un autre accusé renvoie la balle sur les 10 bières qu’il avait prises avant de commettre ses actes. Heureusement que vous vous êtes filmés sinon, on aurait accusé l’Etat de cet horrible acte».

                        L’avocat rappelle les déclarations d’Akrour Bousaad: « lorsque la foule entourait le fourgon, Akrour affirme avoir entendu Djamel dire je n’ai rien fait? Patientez un peu. Pourquoi Aghiles tente de nous convaincre qu’il a frappé Djamel avec les doigts ? Reconnu par le conducteur de la Clio, Mostefai Chaabane déclare qu’il n’a fait qu’enlever à Djamel, sa carte d’identité. Pourtant on le voit sur les vidéos monter dans le fourgon de la police, fouille Djamel, lui enlève son téléphone, sa carte d’identité, et ses clés. L’homme au pull inscrit aux lettres ART apparaît sur les vidéos, entrain de tirer Djamel avec une violence inouïe et le trainer jusqu’à la place Abane Ramdane. Les vidéos le montrent juste derrière Djamel, lors de l’interview avec la webTV Awras et il vient nous dire qu’il était venu aider le défunt ».

                        L’avocat revient sur ce qu’il a appelé « un plan diabolique », en rappelant les propos de certains accusés sur « un mot d’ordre qu’aurait donné les activistes du MAK à certains de leurs militants ».

                        « Rappelez-vous les déclarations devant le juge d’instruction de Laskri Mohamed, chargé des questions de sécurité au MAK, devenu militant de base. Il avait confirmé ce que d’autres ont révélé à propos de ce qui se traçait autour de ce 11 aout 2021. Puis un autre accusé, sorti de l’université des sciences islamiques l’enseignant de la charia, fait un selfie avec le corps calciné de Djamel avec un titre : celui qui brûle sera brûlé. Vu avec le consul de la Grande Bretagne, l’accusé avait expliqué à l’époque que c’était dans le cadre du dialogue interreligieux. Ils sont venus dans le cadre d’un plan. Je ne dirais pas tous ceux poursuivis pour des délits. Mais ceux poursuivis pour des crimes, toutes les preuves de leurs culpabilité sont sur les vidéos ».
                        Les propos de Me Benturkia raisonnent fort dans la salle. Il termine avec une phrase lourde de sens : « Djamel Bensmain est un algérien qui aimait son pays. Il est parti en stop pour aider ses compatriotes à Larbaa Nath Irathen. Il disait l’Algérie je t’aime malgré tout ».


                        Le rapport d’autopsie battu en brèche

                        Lui succédant au prétoire, Me Ahlem Bendaoued a plaidé de manière aussi directe. Elle commence par dire que les photos et les vidéos ont causé à la famille de Djamel un grave préjudice morale et précise que : « ses parents ont déjà perdu le frère jumeau du défunt, assassiné. Mais, la différence entre les deux crimes est que l’auteur du 1er est toujours libre et celui du second a laissé des traces derrière lui. La famille Bensmain vit avec ces monstrueuses vidéos ».
                        L’avocate revient sur la publication des vidéos sur les réseaux sociaux en affirmant qu’au début les auteurs multiplié la diffusion : « mais quand ils ont vu que le peuple algérien n’a pas joué à leur jeu et a participé à l’éclatement de la vérité, ils ont changé de tactique ».

                        Elle aussi relève que « malgré toutes les preuves présentées, les accusés se débinent » puis tente de mettre chacun devant ses responsabilités. Elle classe les mis en cause en 4 groupes depuis ceux qui étaient « peut être de passage et qui ont juste chanté des slogans haineux jusqu’à ceux qui ont pris part à l’assassinat de Djamel, en passant par ceux qui sont assis sur les murs et les terrasses se délectaient de ce qui se passait dans la cour du commissariat transformée en arènes».
                        Mais elle ajoute un 5eme groupe de personnes « présentes sur la scène du crime mais absentes du procès parce que les curieux ne les ont pas filmé ». Pour l’avocate, l’assassinat de Djamel a connu trois étapes celle des « témoins, de l’exécution et de la validation ».

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                        • #13
                          La première étape, explique-t-elle, est celle où la Clio campus est arrêtée par la foule, mais dès que l’on se déplace au commissariat on bascule dans la seconde étape où on attaque la voiture, on agresse Djamel, on le traîne et on le brûle, on fait déjà partie des auteurs du crime.

                          « C’est une responsabilité criminelle. Même vous n’avez rien fait, votre présence suffit à rendre votre responsabilité dans la mort. Les vrais curieux étaient sur les murs et les terrasses filmaient et regardaient ce qui se passait dans l’arène. Ceux qui arrivent à ce niveau jouent le rôle que leur donne l’organisation « terroriste » du MAK pour neutraliser les policiers et les empêcher d’intervenir. Ils utilisent des propos haineux, crient pouvoir assassin, pas de pardon, il va être brûlé. La sanction était prête. Ils sont coupables. La 3ème étape c’est celle où tous ces jeunes qui sont au box et qui nous disent j’ai donné juste un coup de pied. Mais tous au vu de la loi, ils ont participé à la mise mort ».

                          Me Bendaoued s’interroge sur le fait que certains accusés affirment que « Djamel était déjà mort avant d’être immolée ». « Pourquoi ? Parce qu’ils ont décidé de l’exécuter », ajoute-t-elle. L’avocate commence par déconstruire le contenu de l’autopsie faite à l’hôpital Mustapha Pacha à Alger, avant d’ouvrir une brèche notamment sur les causes de la mort.
                          « Le rapport de l’autopsie dit qu’il est mort d’épuisement physique et d’un traumatisme de la tête. Lorsque le rapport ne donne pas l’heure je ne le prends pas en compte. Ce rapport dit que la voûte crânienne ne présente pas de fracture », dit-elle. Elle exhibe des photos et explique «dans la trachée, on voit encore des taches de fumée qu’il respirée. Lorsqu’il a été égorgé, le sang n’a pas coulé et l’on sait, selon des revues spécialisées, que le sans devient rose et quand la personne meurt par immolation, son sang devient pâteux ».

                          « Le sang de Djamel avait une couleur bien rose. On peut dire qu’il a respiré la fumée des incendies. Les experts disent aussi que si les poils nasaux ou la langue sont brûlés, il aurait été vivant. Les photos montrent des poils nasaux brulés, ce qui veut dire que Djamel est mort par immolations », précise-t-elle. « Nous sommes devant un groupe de terroriste qui a pour ennemi l’Etat et le peuple », assène-t-elle.


                          « Ces gens ne représentent pas la Kabylie »

                          Plaidant toujours pour la famille du défunt, Me Fakhreddine, déclare d’emblée n’avoir jamais défendu un homme « poursuivi injustement, jugé sans défense et condamné à être battu mutilé, brûlé et égorgé puis décapité sur une place publique qui porte le nom de Abane Ramdane, fils de Larbaa Nath Irathen assassiné, une figure de la révolution, lui aussi ».
                          « Djamel a été tué et brûlé par quelques personnes qui militent pour arracher une partie de l’Algérie, celle-là même pour laquelle Abane Ramdane s’est battue pour qu’elle reste algérienne et je me demande ce que Abane Ramdane doit penser de cet acte. Lorsque l’on cherche le nom de Larbaa Nath Irathen sur wikipidia, autant nous sommes incroyablement fiers de ce qu’on lit autant nous sommes désolés de voir ce crime abjecte évoqué à la fin », ajoute-t-il.


                          Me Fakhreddine, revient sur les vidéos et leur large diffusion par le peuple algérien, avec des enquêtes sur chacun des acteurs de l’horrible assassinat de Djamel. L’avocat : « sa mère lui disait ne part pas et lui répondait non, je dois aider mes amis et mes frères. Abane Ramdane doit être honoré par le sacrifice de Djamel. Ces gens ne représentent pas la Kabylie. Les notables de Larbaa Nath Irathen et non pas les familles des accusés, se sont mobilisés, assisté à l’enterrement du défunt et présenté les condoléances à sa famille. Les tueurs n’auront jamais la conscience tranquille. Mais que dirions-nous de ceux qui tuent, torturent, mutilent, brulent le cadavre, le décapitent ? Des parties du corps de Djamel étaient introuvables.
                          Ces gens constituent un danger pour les algériens pour l’Algérie et son unité. L’Algérie restera unie avec un seul drapeau ».
                          L’avocat termine en demandant la peine maximale contre les accusés.





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                          • #14
                            Affaire de l’assassinat de Djamel Bensmain : le récit glaçant des accusés au 3e jour du procès

                            Des déclarations glaçantes ont ponctué l’audition des présumés auteurs de l’assassinat de Djamel Bensmain, par le tribunal criminel de Dar El Beida. En cette troisième journée du procès, de nombreux accusés ont ravivé par leurs déclarations et leurs visages, les images choquantes de cet horrible crime qui a marqué les Algérien en cette journée du 11 aout 2021, à Larbaa Nath Iraten, dans la wilaya de Tizi Ouzou.

                            Appelé à la barre, Iddir Ouardi a commencé par décrire le contexte dans lequel il a tranché la gorge du corps calcine de Djamel Bensamain, avant de lui arracher la tête avec des coups de pieds. « La foule criait, il l’a tué, il faut l’égorger et lui enlever la tête. Je ne sais pas comment j’ai pu faire cela », dit-il, avant que le juge ne l’interrompe : « avant de lui enlever la tête, qu’avez-vous fait ? », lui demande-t-il. L’accusé : « je l’ai égorgé avec un cutter ». Le juge : « Et Nabila criait égorge le, coupe lui la tête… ».

                            L’accusé : « j’ai dit que j’entendais une voix féminine dire égorge-le, coupe lui la tête. Je ne l’ai pas vu. Quand je suis parti, on s’est rencontré dans la rue. Elle m’a demandé de lui montrer la route vers Alger. Elle avait très peur. J’étais un peu ivre ». Le Juge : « vous étiez ivre, mais vous avez pu lui montrer la route. Continuez ». L’accusé : « je n’arrive toujours pas à y croire. Je n’ai pas pu prendre de photos. Je n’étais pas devant le fourgon. Je suis arrivé à la placette entre 20 heure 30 et 21 heures ».

                            Intervenant, le procureur général demande : « avez-vous fait des choses pareils ? ». L’accusé : « jamais ». Le magistrat : « pourquoi l’avez-vous fait ce jour-là ? ». L’accusé : « ce jour-là, la population était en colère suite aux incendies ». Le magistrat : « est-ce Ali Bouzar qui disait dépèce, le dépèce le ». L’accusé : « oui c’était lui». Le magistrat : « qu’avez-vous fait du cutter et de vos vêtements ? ». L’accusé : « je m’en suis débarrassé ».

                            L’avocat de la partie civile : « combien de fois avez-vous fait passer le cutter sur le défunt ?» L’accusé : « je ne sais pas. J’ai essayé de lui enlever la tête avec mon pied et à ce jour je n’arrive pas à croire ce que j’ai fait. Ma conscience me fait souffrir. J’ai pensé faire des choses contre ma personne, mais à chaque fois, je revois le visage de ma mère que j’ai laissée malade ». L’avocat : « comment avez-vous laissé le corps ? ». L’accusé : « tout noir calciné. J’ai fait une dépression nerveuse à la prison. Je me fais suivre par un psychiatre… ».

                            Ouardi n’est pas le seul à avoir des remords. C’est le cas de Nabila Merouane, l’infirmière de Hadjout dont les aveux laissent perplexe. Interrogé par le juge, elle déclare avoir pris sa voiture en compagnie de sa copine pour aider la population sinistrée par les incendies, en transportant du ravitaillement. Les deux arrivent à Larbaa Nath Iraten, vers 21 heures.

                            La ville était bloquée par une foule imposante et de ce fait, les deux femmes, dit-elle, étaient obligées de s’arrêter. Elles apprennent « qu’un de ceux qui ont mis le feu a été arrêté et comme tout le monde », elles sont « parties voire ». « Nous sommes restées debout. Bouzar Ali et un autre, m’ont fait des reproches. Ils me parlaient de la plaque d’immatriculation de la voiture, pas loin de Ain Defla, du fait que je ne parle pas le kabyle». Le juge : « qui est le deuxième ? ». L’accusée : « je ne me rappelle pas. J’ai fait des vidéos, il est venu m’accuser d’être des services de renseignement. Je voulais me protéger. N’importe qui à ma place aurait fait la même chose ».

                            « Egorge le, coupe lui la tête »

                            Le juge : « c’est vous qui avez donné le bistouri à Iddir Ouardi ? ». L’accusée : « je n’ai pas de bistouri. Je ne le connaissais même pas. Quand j’ai pris la voiture, il est venu vers moi. Il m’a paru ivre. Il m’a remis son numéro de téléphone. Si je l’avais incité à le tuer j’aurais caché mon visage. Ce que j’ai dit, c’était sous la peur ». Le juge : « vous disiez, il est mort comme un chien ». L’accusée : « je l’ai dit sous la peur. Ils m’ont dit l’arabe qui viendra ici, sera brulé», affirmant qu’elle est « filles d’un gendarme et qu’elle ne connaissait les responsable du MAK ».

                            Nabila Merouane poursuit « quelqu’un est venu me menacer à cause du live. J’ai eu très peur. Ils me disaient faites des live du cadavre. Je l’ai fait, mais après j’ai tout supprimé. Je reconnais que j’ai commis une erreur. Le défunt est innocent. Il n’a rien fait. Je demande pardon à son père et à Dieu ». L’avocat de la partie civile : « disiez-vous brule-le et bois son sang ? ». L’accusée : « non j’ai dit coupe lui la tête, tu meurs comme un chien, un chien meurt mieux que toi. Mais je l’ai dit sous la peur ». L’avocat : « combien de fois avez-vous répété égorge-le ? ». L’accusée : « plusieurs fois ».

                            Elle cède sa place à Ahmed Guers qui, lui aussi, a mis un carton sur le corps du défunt « pour le couvrir ». Le juge : « un carton pour rallumer le feu… ». L’accusé : « c’était pour le couvrir, mais le feu a tout de suite repris ; Mon intention n’était pas mauvaise. De toute façon, un carton ne rajoute rien et ne diminue rien à la situation du défunt. Il était calciné».

                            Le juge : « vous l’avez tué ? ». L’accusé : « non il est tombé ». Le juge : « vous venez de me donner trois versions différentes. Pourquoi ces changements ? ». Le procureur général : « on vous voit dans une vidéo allumer le carton ». L’accusé : « j’ai vu des gens, bruler vifs… ». Le juge : « vous entrez dans un commissariat et dans le fourgon de police etc. Nous sommes dans un Etat». L’accusé : « c’est les conséquences du choc, du manque de sommeil, du stress ».

                            Le magistrat : « voulez-vous justifier vos actes ? ». L’accusé : silence. L’avocat de la partie civile : « vous aviez mis le carton au pied ou au thorax ? ». L’accusé : « au thorax ». L’avocat : « le feu était éteint dans cette partie alors que les pieds étaient toujours un brasier ».

                            Le juge appelle Zine Gaya, le jeune aux cheveux blonds, apparus sur les vidéos, trainant le défunt par terre en le tenant par un pied. Il reconnait son acte, mais affirme ne pas savoir que la foule allait le bruler. Le juge : « qui a mis l’essence ? ». L’accusé : « je n’étais pas là-bas ». Il confirme aussi que Djamel était déjà mort, lorsque lui et Nadjib Ayoub, le trainaient par terre jusqu’à la placette.

                            Trois jours après les faits, il affirme être passé chez le coiffeur pour teindre en blond ses cheveux de peur d’être reconnu, étant donné que ses photos et vidéos étaient sur les réseaux sociaux. Les 45 000 DA trouvés sur lui, sont explique-t-il, le fruit de ses activités de plomberie. Le procureur général : «vous aviez donné des coups de pieds au défunt à la placette ». L’accusé : « un seul coup ».

                            « Il était à terre et tout le monde le frappait »

                            Yacine Nekkache qui nie avoir participé à l’assassinat de Djamel Bensmain, reconnait cependant avoir fait partie du MAK. Le juge lui demande s’il était « l’adjoint du secrétaire de la trésorerie », mais Nekkache déclare : « ce n’est pas vrai. En 2017, j’avais fait un démenti sur la page Bejaia City, qui avait parlé de moi en me collant ce poste ». L’accusé nie avoir reçu de l’argent ou être en contact avec les responsables du MAK.

                            Le juge appelle Azouaou Hadjaz, qui revient sur les faits. « J’ai vu une Clio Campus brûler et j’ai demandé aux passants les raisons. Ils m’ont dit qu’elle faisait partie des gens qui brulaient les forêts et qui ont été arrêtés. J’étais content. J’ai pris des photos que j’ai diffusées sur ma page. Mon but était de soulager les gens de la région. Après je ne suis plus sorti de la maison», affirme l’accusé, tout en niant « tout lien » avec le MAK. Le juge : « vous aviez déclaré avoir participé à des activités du MAK ».

                            L’accusé : « j’ai dit que j’ai participé à des marches qui concernent la culture berbère, comme Yenayer ou encore la commémoration du printemps berbère ». Le procureur général le confronte aux vidéos diffusées sur sa page montrant des personnes en train de saccager la Clio Campus, présentée comme celle des auteurs des incendies.

                            « Elle était déjà saccagé par la foule », répond-il, avant que Youcef Keddache ne lui succède à la barre. Il jure n’avoir pas quitté ses oliviers qui brulaient pour aller à Larbaa et qu’il a passé la nuit dehors à surveiller son bien. Sur sa relation avec le MAK, il confirme avoir été membre de ce mouvement en 2016 mais, précise que c’était symbolique. « On m’a désigné pour les questions de l’environnement, mais tout cela n’existait pas. C’était une coquille vide. J’ai quitté le mouvement à cause des idées séparatistes. Je suis victime. Toute ma vie à chamboulé. Le lendemain j’ai appris qu’ils ont tué quelqu’un », précise-t-il.

                            L’accusé semble très affecté. Il poursuit : « lorsque j’ai su que les policiers sont venus me chercher, j’ai été au commissariat. On m’a dit que je n’avais rien. Je n’avais rien à me reprocher ». Le juge appelle ensuite Ali Bouzria, qui d’emblée déclare : « je n’ai aucune relation avec le MAK et je ne connais personne ».

                            Le juge le ramène aux faits. « Lorsque vous aviez arrêté la Clio, certains ont affirmé que c’est vous qui aviez dit à Haddad Amrane que les occupants étaient les auteurs des incendies ». L’accusé : « personne n’a entendu, je le lui ai dit à l’oreille ». Le juge : « qui a demandé aux gens d’arrêter le véhicule ? ». L’accusé : « Je ne sais pas ». Le juge : « vous aviez déclaré que c’était Mustapha Chaabane ». L’accusé nie catégoriquement, poussant le président à lâcher : «vous niez tous vos propos même ceux tenus devant le juge en présence de vos avocats ».

                            Le procureur général ne va pas par le dos de la cuillère. Il tente de le déstabiliser. « Les faits ont commencé chez vous, lorsque le défunt filmait », lui lance-t-il, avant de lui demander ce qu’il portait ce jour-là. « Un pull gris avec l’inscription Icon et un béret », répond-il. Le juge : « Les vidéos montrent le défunt en train de filmer et vous lui avez parlé. Lorsqu’il vous a répondu en arabe vous avez lancé : voici ceux qui brûlent ». L’accusé : « je lui ai dit ne pas me filmer et je suis parti».

                            Le magistrat : « vous aviez incité les gens contre lui Mustapha Chaabane a dit que le véhicule ne portait pas de plaque d’immatriculation. Vous étiez dans les dernières images trouvées sur le téléphone du défunt ». L’accusé : « je n’aime pas qu’on me filme ». La défense de la partie civile : « il filmait la voiture qui le suivait ». L’accusé : « il me filmait ». Un peu irrité, l’accusé rejoint les bancs, et Ferhat Ferhat, celui que les Algériens ont vu sur les réseaux sociaux, avec le défunt quelques heures avant son assassinat. Il portait un pull avec trois grandes lettres, ART, et une casquette.

                            Le juge lui demande d’aller aux faits. « Il y avait une foule imposante qui suivait le Veto de la police, dans lequel, il y avait un homme. On m’a dit que c’était lui qui brûlait les forêts. Je n’avais pas encore vu le défunt. Je me suis mis avec la foule. Je suis arrivé au commissariat. Je n’ai pas agressé aucun policier. Lorsque le fourgon est arrivé, je voulais voir qui est ce pyromane. Je suis rentré dans le fourgon, et je lui ai donné un coup de pied. Après, je suis sorti. Il était à terre et tout le monde le frappait ».

                            Le juge : « un homme à terre et tout le monde le frappait. Comment voyez-vous cela ? ». L’accusé : « je n’étais pas dans mon état ». Le juge lui montre une photo sur laquelle il apparaît et l’accusé répond : « oui, c’est moi. Je lui ai fait ce geste (NDLR : la main serrant la gorge), pour lui dire que vous avez tué beaucoup de gens. Je n’étais pas dans mon état. ».

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                            • #15
                              « L’autopsie a montré que sa tête était ouverte »

                              Le juge : « la victime est tombée sur son visage et vous l’avez retournée, puis vous l’avez prise par les pieds pour l’avoir de face… » L’accusé : « non je ne pouvais pas le faire ». Le juge : « c’est vous qui l’avez déclaré ». L’accusé : « J’ai dit, ils allaient le renverser, j’ai pris son pied et je l’ai retourné. Je ne l’ai pas tiré ». Le juge : « deux l’ont tiré du commissariat jusqu’à la placette Abane Ramdane. Qui sont-ils ? ».

                              L’accusé : « je ne sais pas ». Le juge : « ne l’avez-vous pas brulé ? ». L’accusé : « je n’ai pas brûlé quelqu’un. Je n’ai pas vu ceux qui l’ont fait». Le procureur général lui fait rappeler que sur les vidéos, il apparait derrière le défunt, lors de son passage sur la web TV Awras où il disait je suis venu aider mes frères kabyles et l’accusé déclare : « oui. J’étais derrière lui. Il parlait à haute voix ».

                              Le magistrat : « et vous l’avez vu dans la cage du fourgon ». L’accusé nie et le magistrat réplique ; « vous êtes monté sur le toit du fourgon, et vous lui avez donné un coup à la tête, sans le voir ? ». L’accusé : « je ne savais pas que c’était lui ». Le juge revient à la charge. « Vous êtes entré au commissariat, pénétré dans le fourgon et frappé le défunt … », dit-il et l’accusé répond : « c’était une erreur ». Le juge : « ce n’est pas une erreur. Il était dans un commissariat ». L’accusé : « je suis passé par une épreuve terrible ».

                              L’avocat de la partie civile : « vous avez dit n’avoir pas vu Djamel dans la voiture ? ». L’accusé confirme et l’avocat montre une série de photos au juge puis à l’accusé qui affirme qu’il s’agit de lui. « Qui a fait sortir la victime du fourgon ? », demande l’avocat et l’accusé répond : « je ne sais pas. J’ai pris son pied doucement, je l’ai retourné et déposé ». L’avocat : « l’autopsie a montré que sa tête était ouverte ».

                              L’accusé : «je ne l’ai pas pris par la tête mais par le pied ». L’avocat : « quand ils lui donnaient des coups était-il mort ou vivant ? ». L’accusé : « Je ne sais pas. La situation était confuse. Je lui ai donné un coup à la jambe ». L’avocat : « vous n’habitez pas Larbaa Nath Iraten, que faisiez-vous là-bas ? ». L’accusé : « c’est chez moi. Je suis parti aider la population ». L’avocat : « vous l’aidez au commissariat ? ».

                              Le juge appelle Chaabane Mostefaoui, qui nie tous les griefs qui lui sont reprochés, puis revient sur les incendies de l’été 2021 avant d’arriver aux faits. Il affirme que trois personnes étaient dans la Clio Campus et « sa plaque d’immatriculation accrochée à l’arrière. L’un des deux passagers est descendu. Il tenait un sachet noir. Lorsque nous l’avons appelé, il n’pas répondu et s’est enfui ». Le juge : « les forets étaient toujours en flamme ? ». L’accusé acquiesce et le juge relève ; « donc ce n’est pas lui ». L’accusé : « oui mais tout le monde l’appelait et lui courrait. Il revenait de Larbaa et se dirigeait vers Béni Yenni ».

                              Le juge : « vers la ville où le feu était éteint… ». L’accusé : « non. C’est le contraire. Sur les réseaux sociaux, on a lu que des gens mettaient le feu dans les forêts, à chaque fois qu’un feu est éteint, quelques heures après il repart. On ne comprenait rien. Le type courrait… ». Le juge : « en quoi cela vous regarde ». L’accusé : « c’est ma région. Quand on a vu qu’il ne répondait pas et ne s’est même pas retourné on a pensé qu’il y avait quelque chose ».

                              Le juge : « une soixantaine de personnes courraient derrière la voiture. Si vous étiez à sa place qu’auriez-vous fait ? ». L’accusé : « là où j’étais on neutralisait le feu, après ça repart à chaque fois. La Clio a accéléré. Il y avait une Nissan avec immatriculée 15, qui l’a suivi. Puis, je n’ai rien vu. J’ai entendu dire qu’une personne a pris la fuite et l’autre a été arrêtée ». « Je savais que le défunt ne pouvait pas échapper à la foule une fois dehors », ajoute-t-il.

                              Le juge : « vous êtes monté sur le toit de la Clio pour faire votre fetwa ». L’accusé : « je disais à la foule qu’il ne fallait pas saccager la voiture. Le matricule était chez le policier. J’ai dit que cette Clio appartient à celui qui a pris la fuite ». L’accusé dément avoir pris part à la destruction de la voiture, mais le juge lui rappelle : « vous l’avez vu venir. Elle n’était pas saccagé et vous aviez reconnu avoir pris part aux actes de destruction ».

                              L’accusé : « je l’ai vu arriver, certes, mais après je l’ai revu saccagée. J’ai été au commissariat pour avoir des nouvelles de celui qui a pris la fuite. J’ai trouvé une foule imposante ». Le juge :« qui vous a demandé d’aller voir si c’est le défunt ou non qui était au commissariat ? ».

                              L’accusé : « c’était la foule, mais impossible de me rappeler. J’ai trouvé la porte du veto ouverte et les gens entraient et sortaient ». Le juge : « vous disiez n’avoir pas vu le défunt. Pourquoi n’avoir pas déclaré que vous ne le connaissiez pas ? Vous étiez dans le Veto ». L’accusé : « il y avait une foule imposante ». Le juge : « vous auriez dû dire que ce n’était pas lui ? » L’accusé : « c’était sous la pression de la foule. Mon intention était de calmer la foule ». Le juge : « vous avez arraché au défunt son téléphone portable».

                              L’accusé : « oui j’ai essayé de le maintenir dans le fourgon ». Le juge : « vous lui avez enlevé ses clefs, sa carte d’identité, son téléphone, puis vous lui avez donné un coup de pied à la jambe pour l’immobiliser afin qu’il ne sorte pas et vous êtes descendu pour dire à la foule que c’était lui. Est-ce votre travail ? ».

                              L’accusé : « ils m’ont demandé la carte. Ils me l’ont volée. Je savais que dehors, le défunt ne pouvait pas échapper à la foule. Je ne voulais pas qu’il descende ». L’accusé affirme être parti juste après, mais le juge lui rappelle : « Non ! Vous êtes resté. Vous avez pris la carte d’identité et tout le monde a cru. Vous n’avez pas dit que ce n’est pas lui ». L’accusé : « mon intention était de calmer la foule ». Le juge : « vous auriez dû dire que ce n’était pas lui ».

                              L’accusé : « je voulais le sauver ». Le juge : « savez-vous ce qui lui est arrivé ? ». L’accusé : « il a été tué. J’ai lu sur Facebook, qu’il a été brulé. J’ai été très touché ». Le juge lui demande ce que le défunt lui disait dans le fourgon, et l’accusé répond : « il me disait khatini (je n’ai rien à voir) ». Le juge : « vous avez pris sa carte et vous n’avez pas répété ce qu’il t’a dit à la foule ». L’accusé : « j’ai dit qu’il n’a rien à avoir et qu’il faut le laisser à la police pour qu’elle fasse son travail ».

                              Le procureur général : « pourquoi étiez-vous la première personne à entrer dans le fourgon pour fouiller le défunt et lui enlever ses papiers ? ». L’accusé : « Je suis un simple citoyens. Je n’étais pas le seul ». Le magistrat : « vous étiez le premier. Avez-vous une conscience paisible ? ». L’accusé : « je ne l’ai pas fait volontairement. Je voulais le sauver ». Le magistrat : « pourquoi lui avez-vous enlevé les clefs et la carte ? ». L’accusé : « c’est la foule. Tout le monde regardait. Je me suis dit quand on lui enlève la carte, la foule va le lâcher ».

                              Le magistrat : « pourquoi avoir déclaré à la foule qu’il était de Ain Defla ? ». L’accusé : « j’ai donné le nom de la wilaya, puis précisé qu’il m’a dit khatini avant de demander de le laisser à la police. Je n’ai incité personne à le tuer. Même si c’est lui j’aurais refusé qu’il soit tué ». Le juge emboite le pas au procureur général. « Comment et pourquoi vous ont-ils ouvert la route au milieu d’une foule imposante, comme un grand notable ? ». L’accusé : « à ce jour, je ne le sais pas. Je n’ai aucun statut. Je suis un simple citoyen ».

                              Ambiance électrique et suspicion

                              L’avocat de la partie civile : pourquoi avoir enlevé, au défunt, le téléphone ? ». L’accusé : « pour qu’après l’Etat recherche le 2eme suspect qui a pris la fuite ». La tension monte d’un cran entre les avocats des accusés et ceux de la partie civile. Visiblement, les questions de ces derniers irritent certains de leurs confrères. Ce qui suscite des échanges de propos acerbes. Le juge intervient : « c’à moi de gérer l’audition ».

                              Il appelle Aghiles Zetri, devenu célèbre par des scènes filmées sur les lieux du crime, où il apparait dans le fourgon, habillé d’un pull noir marqué par la lettre, couleur dorée. Il commence par nier les faits puis raconte : «j’ai appris l’arrestation d’un des pyromanes, et avec la foule, je me suis dirigé vers le commissariat. Je voulais le voir. Je suis entré dans le fourgon et je l’ai frappé avec les doigts de ma main ».

                              Le juge : « vous lui avez donné un coup de poing, pas un coup de doigts. Qui vous a dit d’entrer dans le fourgon ? ». L’accusé : « un policier m’a poussé à l’intérieur. Le défunt m’a dit welah Khatini, ils m’ont trahi ». Le juge : « vous lui avez asséné un coup de couteau ». L’accusé : « j’ai affirmé cela, sous la pression. Ils m’ont obligé ». Le juge : « pourquoi avoir fait cela ? ». L’accusé : « j’ai vu des femmes avec leurs enfants calcinés par les flammes, j’ai vécu l’horreur… ».

                              Le juge : « est-ce lui qui est en est à l’origine ? ». L’accusé se mue dans un silence de marbre, pendant quelques secondes, puis lance : « si quelqu’un m’a vu tuer, j’assume ma responsabilité ». Au procureur général, il déclare : « quand je suis sorti, j’ai vu des gens, dont je ne me rappelle pas, pousser la voiture renversé.». Le magistrat : vous dites n’avoir pas vu le défunt, alors comment saviez-vous qu’il était présent dans le fourgon ? « . Silence. Le magistrat insiste : « dites-nous la vérité ».

                              L’accusé : «je dis la vérité ». Le magistrat : « je voulais voir celui qui brulait. J’étais sous le coup de la colère ». Le magistrat : « Khouadria Tahar vous a remis le couteau et vous avez asséné deux coups. Qu’avez-vous à dire ? ». L’accusé : « ce n’est pas vrai. On m’a dit de le dire. Il m’a pas donné de couteau ». Le magistrat : « qu’avez-vous fait après ? ». L’accusé : « je suis resté à la maison. Mon père m’a demandé de retourner à Larbaa (Blida) ».

                              Le procureur insiste : « qu’avez-vous fait après ? ». L’accusé déclare avoir coupé ses cheveux parce qu’il avait « peur du peuple ». L’avocat de la partie civile prend le relais : « vous aviez déclaré avoir donné au défunt un coup au thorax ? ». L’accusé : « non. J’ai parlé de tape de doigts sur le côté droit et c’est un policier en civile qui m’a dit va le voir. Quand j’ai quitté le fourgon, il était toujours vivant».


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