Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a prévenu que, dans le cas d'une intervention militaire, tout le Sahel s'embrasera.
L'intervention militaire au Niger « est une menace directe pour l'Algérie. Nous refusons catégoriquement toute intervention militaire », a déclaré le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, lors d'une entrevue télévisée avec la presse algérienne diffusée samedi soir.
Il a martelé qu'il n'y aura aucune solution sans nous [l'Algérie]. Nous sommes les premiers concernés.
L'Algérie partage près d'un millier de kilomètres de frontière avec le Niger, a-t-il souligné.
Dans quelles situations sont aujourd'hui les pays qui ont connu une intervention militaire? s'est interrogé le chef d'État algérien en précisant : regardez où en sont la Libye, la Syrie.
Le 30 juillet, quatre jours après le coup d'État qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) a donné sept jours aux putschistes, soit jusqu'à dimanche soir, pour le rétablir dans ses fonctions, sous peine d'utiliser la force.
« Déclaration de guerre »
Plusieurs armées ouest-africaines, comme le Sénégal, se sont dites prêtes à envoyer des soldats, tout comme la Côte d'Ivoire, selon une source proche de la délégation ivoirienne à Abuja, qui n'a pas précisé le nombre éventuel d'hommes mobilisés.
Deux pays [le Mali et le Burkina Faso] sont prêts à entrer dans la bataille [auprès du Niger].
M. Tebboune a prévenu que, dans le cas d'une intervention militaire, tout le Sahel s'embrasera.
Au Mali et au Burkina Faso, confrontés à la violence djihadiste comme le Niger, les militaires putschistes ont prévenu qu'ils seraient solidaires de leur voisin et que toute intervention militaire serait considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre.
Des manifestants tiennent des drapeaux du Niger.
Ouvrir en mode plein écran
Le 3 août, à l'occasion de la Fête de l’indépendance du Niger, des manifestants en faveur des putschistes se sont rassemblés à Niamey.
M. Tebboune a souligné que l'Algérie est pour la légitimité institutionnelle. Il faut qu'ils reviennent à cette légitimité. Nous sommes prêts à les aider à s'unir.
L'Algérie n'utilisera pas la force avec ses voisins, a-t-il ajouté. Les Nigériens respectent l'Algérie et ne s'approcheront pas des frontières algériennes.
Visite d'État en France maintenue
Abdelmadjid Tebboune a par ailleurs déclaré samedi, lors du même entretien télévisé, que sa visite d'État en France était toujours maintenue, mais qu'il attendait le programme de l'Élysée.
Nous ne sommes pas tombés d'accord sur le programme de cette visite. Une visite d'État a des conditions et doit déboucher sur des résultats. Ce n'est pas une visite touristique.
La visite, programmée d'abord début mai, avait été repoussée à juin, les Algériens craignant qu'elle ne soit gâchée par les manifestations du 1er mai contre la très contestée réforme des retraites en France, selon des sources concordantes.
À l'époque, l'Élysée avait souligné que les deux parties étaient en discussion pour trouver une date qui puisse convenir.
Cependant, Abdelmadjid Tebboune n'a toujours pas effectué une visite qui devait stabiliser les relations entre les deux pays après nombre de crises diplomatiques.
Des tensions persistantes
La visite en France doit se baser sur un programme sur lequel les deux pays s'entendent [...] On peut ouvrir de nouvelles pages et en fermer d'anciennes, a poursuivi M. Tebboune.
Il a affirmé que la visite aurait lieu quand la présidence de la République française proposera un programme à la hauteur d'une visite d'État.
Interrogée à la mi-juin par la chaîne de télévision française LCI sur cette visite, la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, avait répondu : Je l'espère, nous travaillons sur des dates, [mais] elles ne sont pas fixées.
Radio Canada
Commentaire