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Une page censurée de la révolution algérienne

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  • Une page censurée de la révolution algérienne

    Le saviez-vous? Moi non!

    - Revenant sur l’épisode de la censure d’un numéro du journal Révolution Africaine en août 1965, Christian Phéline montre comment le régime algérien a, très tôt, combattu une partie de l’héritage de la guerre de libération nationale, pour asseoir l’ascendance du militaire sur le civil.

    Le 21 août 1965, Révolution Africaine, l’un des deux journaux du Front de libération nationale (FLN), le parti au pouvoir en Algérie, affiche à la une la photographie d’un combattant agenouillé derrière un parapet, qui tire avec son fusil sur un ennemi invisible. À un jour près, l’hebdomadaire célèbre le dixième anniversaire du sanglant soulèvement populaire du 20 août 1955 survenu dans le Nord-Constantinois. Rien de très habituel dans la commémoration d’un événement iconique de la lutte de libération nationale. Sauf que moins de 24 heures plus tôt, la couverture du journal et sa « cover story », déjà bouclées, étaient consacrées à un tout autre anniversaire : celui de la « plateforme de la Soummam » adoptée en août 1956 par un mini-congrès, qui scelle les grands principes de la révolution algérienne.

    Auteur de plusieurs ouvrages distingués sur l’Algérie coloniale, Christian Phéline passe pour la première fois la frontière de 1962, date de l’indépendance des trois « départements français », pour s’attaquer à un épisode postérieur, largement oublié : le remplacement en quelques heures d’un sujet par un autre à la une d’un journal important. Amar Ouzegane, à l’époque directeur de Révolution africaine, reconnait pour la première fois dans l’article phare être le principal rédacteur de la plateforme de la Soummam.
    (...).
    CIVILS ET MILITAIRES

    Personne ne s’en aperçoit. Cette supercherie réussie traduit la peur des militaires devant un texte qui, au contraire du nouveau régime, pose la prééminence des civils sur les soldats dans la hiérarchie politique de l’Algérie nouvelle. Elle montre aussi leur méfiance à l’égard de son auteur, Amar Ouzegane, ancien secrétaire général du Parti communiste algérien, devenu partisan de l’amalgame entre islam et socialisme, connu pour son savoir-faire politique et son ambition de jouer un rôle sur la scène de l’Algérie indépendante. Avant même l’indépendance et après la signature du cessez-le-feu, le 19 mars 1962, l’armée des frontières fait sentir sa force en quelques semaines et écrase un à un ses rivaux dans la course au pouvoir. Après l’indépendance, ce sont une à une toutes les institutions, de l’université aux syndicats, en passant par les ONG et les mosquées, qui sont épurées et « redressées » par la police politique de Ben Bella, puis celle de Houari Boumédiène, toutes deux soumises aux militaires.

    Un demi-siècle plus tard, le spectre de la Soummam revient en force dans l’actualité. Pendant un an, chaque vendredi, des centaines de milliers d’Algériens défilent dans les rues de la capitale, et plus irrégulièrement dans les autres villes du pays. Ils scandent un slogan en faveur d’un « État civil et non militaire » qui reprend le principe de la plateforme de la Soummam relatif à la prééminence du civil sur le soldat. Un scandale pour le chef d’état-major qui assume alors tous les pouvoirs. Dans une postface éclairante, Mohammed Harbi, historien majeur et militant, qui fut directeur de Révolution africaine après Ouzegane, explique les conditions difficiles dans lesquelles se débattaient les tenants d’une ligne politique plus ouverte et progressiste, à la fois avec le président Ben Bella désireux de se renforcer, et contre l’armée qui pesait de tout son poids. Ce livre précis et documenté montre bien que la fossilisation idéologique et politique du système algérien ne date pas d’hier.

    L'Orient XXI

  • #2
    Cette supercherie réussie traduit la peur des militaires devant un texte qui, au contraire du nouveau régime, pose la prééminence des civils sur les soldats dans la hiérarchie politique de l’Algérie nouvelle.
    Si c'était la simple peur des militaires, qui peut se comprendre à l'époque, des solutions auraient été apportées il y a déjà bien longtemps. C'est bien plus complexe.

    Elle montre aussi leur méfiance à l’égard de son auteur, Amar Ouzegane, ancien secrétaire général du Parti communiste algérien, devenu partisan de l’amalgame entre islam et socialisme, connu pour son savoir-faire politique et son ambition de jouer un rôle sur la scène de l’Algérie indépendante.
    Amar Ouzegane n'était pas seulement secrétaire général mais aussi l'un des fondateurs du PCA. Quant à "partisan de l'amalgame entre islam et socialisme", il était plus pro Russe que pro egyptien, encore moins saoudien.

    ps : portrait de l'auteur ne serait pas superflu pour mieux comprendre le texte, souvent le contexte explique beaucoup. Sur le site de son éditeur, on peut trouver ce descriptif : Aujourd’hui magistrat à la Cour des comptes, Christian Phéline a été coopérant au ministère algérien de l’Agriculture et de la Réforme agraire peu après l’Indépendance et a contribué par la suite aux débats qu’appelait la « voie algérienne » de développement.
    Dernière modification par zwina, 17 février 2024, 18h18.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #3
      " Amar Ouzegane n'était pas seulement secrétaire général mais aussi l'un des fondateurs du PCA. Quant à "partisan de l'amalgame entre islam et socialisme", il était plus pro Russe que pro egyptien, encore moins saoudien."

      Détrompez-vous. Toutes les figures de la Révolution algérienne étaient des musulmans. C'est-à-dire plus en adéquation avec l'Egyptien Nasser qu'avec l'Union Soviétique.

      C'est l'avis de Mohamed Harbi, le seul athée.

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      • #4
        Détrompez-vous. Toutes les figures de la Révolution algérienne étaient des musulmans. C'est-à-dire plus en adéquation avec l'Egyptien Nasser qu'avec l'Union Soviétique.

        C'est l'avis de Mohamed Harbi, le seul athée.
        Abane, Krim, Boudiaf et même Larbi M'hidi étaient des soufistes, loin d'être en adéquation avec l'Islam que l'on nous sert aujourd'hui. Pareil pour Amar Ouzegane dont l'un des grands pères appartenait à la Rahmanyya.

        Quant à Nasser, ils pourchassaient et emprisonnaient les disciples des Frères Musulmans et il luttait contre l'intégrisme. Il affirmait que l'Islam était manipulé par des puissances étrangères qui oeuvraient pour son déclin et sa falsification. Il déclara lors d'une Conférence arabo-islamique : « L’islam fut touché dans sa nature profonde par la pire catastrophe. Il s’agit de la division des musulmans en sectes et en groupes. Le bloc de l’islam et des Arabes commença à se désintégrer, sa puissance à se briser et ses liens à s’ébranler. Ainsi, la faiblesse s’infiltra dans la oumma. Les États étrangers se rallièrent contre la oumma et les forces du mal complotèrent contre elle. Elles lui déclarèrent la guerre après une longue attente. Elles profitèrent de la faiblesse et des malheurs de la oumma pour s’en emparer et la maitriser. Cette grande édification succomba sous le joug du colonialisme et du despotisme. Dans tous les États, les Arabes et les musulmans se soumirent à l’humiliation, à l’injustice et au despotisme. Ils devinrent complaisants avec l’ennemi et le colonialisme et sévères avec eux-mêmes. Leur hostilité mutuelle les poussa à s’allier à l’ennemi et à trahir leur religion et leur nation ».
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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