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« Libérez-les » : une campagne pour montrer que les détenus d’opinion algériens ne sont pas des « terroristes »

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  • « Libérez-les » : une campagne pour montrer que les détenus d’opinion algériens ne sont pas des « terroristes »

    Après plusieurs grâces, le président Tebboune a affirmé en 2022 qu’il n’y avait plus de prisonniers politiques en Algérie.
    Mais les militants des droits de l’homme affirment que 218 personnes sont encore incarcérées pour avoir exprimé leur opinion



    Le premier portrait à être diffusé sera celui de Mohad Gasmi, un activiste très connu du sud algérien,
    qui a notamment milité pour les droits des chômeurs et contre l’exploitation du gaz de schiste





    Le premier portrait à être diffusé sera celui de Mohad Gasmi, un activiste très connu du sud algérien, qui a notamment milité pour les droits des chômeurs et contre l’exploitation du gaz de schiste (photo fournie)


    « Le but de ces portraits est de donner une autre image des détenus d’opinion : nous voulons montrer à l’opinion publique nationale et internationale qu’il s’agit de citoyens ordinaires et non pas de délinquants ou de terroristes comme le laissent supposer les accusations de la justice. »
    Zakaria Hannache, 34 ans, qui vit en exil au Canada, est l’un des initiateurs de la campagne # أطلڤوهم (libérez-les) qui doit être lancée ce lundi 11 mars, premier jour de Ramadan, sur les réseaux sociaux.
    L’objectif : sensibiliser l’opinion mais aussi appeler à la clémence les autorités algériennes pour que soient libérés les détenus d’opinion. Les initiateurs espèrent pousser le chef de l’État à décréter une grâce présidentielle à l’occasion de l’Aïd al-Fitr.

    Depuis son élection en décembre 2019, à la veille de chaque fête nationale (le 5 juillet), le président Abdelmadjid Tebboune signe plusieurs décrets présidentiels en faveur de prisonniers, notamment des détenus d’opinion.
    D’autres détenus avaient été libérés à l’automne 2022, dont une quarantaine de prisonniers politiques, issus essentiellement de Kabylie (centre). L’ensemble de ces détenus étaient accusés d’atteinte « à l’unité nationale », d’appartenance « à une organisation terroriste » et de « diffusion de fausses informations pouvant porter atteinte à l’unité nationale ».
    La même année, le chef de l’État avait déclaré : « Il n’y a pas de détenus d’opinion en Algérie et la prétendue existence de ce genre de détenus relève du mensonge du siècle », expliquant que, quel que soit le statut de la personne, « rien ne lui confère le droit de porter atteinte et de dénigrer les institutions de l’État ou les symboles de l’histoire du pays ».
    Mais selon les militants des droits de l’homme à l’origine de la campagne interrogés par Middle East Eye, dont la plupart souhaitent rester anonymes par crainte de représailles, ils seraient encore 228 à être incarcérés pour avoir exprimé leur opinion.
    Tous ne sont pas des militants du hirak, large mouvement populaire ayant poussé l’ancien président Abdelaziz Bouteflika à la démission. « Des premiers mois du hirak, il en reste peu en prison », constate auprès de MEE un initiateur de la campagne qui essaie de garder un recensement actualisé. « Depuis 2019, il y a eu 2 500 arrestations et la majorité ont quitté la prison. »






    Rendre visible leur « détention arbitraire »

    Le 22 février 2024, dans un article intitulé « Une société derrière les barreaux : les conséquences de la campagne de répression en Algérie », Amnesty International rapporte : « Les autorités ont placé en détention des personnes qui n’avaient fait qu’exprimer pacifiquement leurs opinions, notamment des journalistes et de simples citoyen·ne·s ayant publié sur les réseaux sociaux. Au cours des deux dernières années, les autorités algériennes ont poursuivi, arrêté et placé en détention au moins douze journalistes et professionnel·le·s des médias. »


    La personnalité la plus emblématique parmi eux est le patron de presse Ihsane El Kadi, condamné en juin 2023 à sept ans de prison, dont cinq ans ferme, officiellement pour avoir reçu des fonds de l’étranger.
    « Son arrestation est survenue quelques jours après des écrits sur la politique algérienne, notamment un article sur la prochaine présidentielle ainsi qu’un tweet contestant des chiffres avancés par les autorités. S’est ensuivie la constitution, a posteriori, d’un semblant de dossier d’accusation », avait expliqué Reporters sans frontières (RSF) à l’époque.
    Selon un texte transmis à MEE, écrit en arabe, en français et en anglais, la campagne # أطلڤوهم est « portée par des militant.e.s, des intellectuel.le.s, des associations et des médias algériens ».
    « La campagne # أطلڤوهمvise à soutenir les détenus et leurs familles et à rendre visible leur détention arbitraire », indique encore le texte.
    L’opération prévoit la publication d’une douzaine de portraits et biographies de détenus « représentatifs » : des femmes, des jeunes, des universitaires et de diverses origines régionales.
    « Cela s’est fait avec l’accord de leurs familles et de leurs avocats », précise un des initiateurs de la campagne, contacté par MEE.

    Le premier portrait que les initiateurs ont décidé de diffuser est celui de Mohad Gasmi.

    Ce père de famille de 49 ans, originaire d’Adrar (sud), est identifié comme le « plus ancien » détenu. Il purge une peine de deux années de prison pour des publications sur les réseaux sociaux. Sa biographie rappelle que, plus jeune, il militait déjà pour les droits des chômeurs en 2011 avant d’embrasser, en 2015, une autre cause : celle de la lutte des jeunes des régions du Sahara algérien contre l’exploitation du gaz de schiste.

    Des contacts avec des associations françaises actives dans le domaine de l’environnement ont valu à Mohad Gasmi une condamnation à trois ans de prison, dont deux ferme.

    D’autres portraits sont emblématiques, à l’image de celui de Mohamed Tadjadit, surnommé le « poète du hirak ». Le 29 janvier, il a été arrêté pour la septième fois puis placé sous mandat de dépôt pour des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.


    middleeasteye . net/

  • #2
    c'est vrai qu'en matière d'état de droit, l'Algérie demeure parmi les cancres.

    et le problème, c'est qu'au pays, tous les organismes de la société civile sont muselés, celui qui dit quoi que ce soit, on l'envoie en taule.

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