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Abd-El-Naceur Belaïd, Chercheur, à propos de Lalla Fadhma N'Soumeur «Le personnage n'est pas encore exploré»

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  • Abd-El-Naceur Belaïd, Chercheur, à propos de Lalla Fadhma N'Soumeur «Le personnage n'est pas encore exploré»

    Passionné par la recherche dans l'histoire de la résistance populaire algérienne au XIXe siècle, Abd-El-Naceur Belaïd, ancien diplomate et ambassadeur estime qu'en plus de la décolonisation de l'Histoire, il conviendrait de procéder à la déconstruction du narratif colonial pour rétablir la vérité. Il s'est intéressé à des figures importantes de cette résistance et, cette fois-ci, il évoque pour L'Expression, le combat et la vie de Lalla Fadhma N'Soumeur. Héroïne emblématique dans l'Histoire nationale algérienne et au-delà, il est faux de croire qu'on la connaît assez. Lalla Fadhma N'Soumeur, par sa splendeur dans le monde spirituel et sa grandeur dans notre monde profane reste, incontestablement, un personnage à explorer par les historiens.

    Elle continue encore de fasciner par sa personnalité et son combat contre la colonisation. Elle a défié les codes et convenances sociales pour se lever et diriger la résistance face à une armée coloniale tellement puissante et particulièrement brutale.

    L'Expression: Ce personnage de Lalla Fadhma N'Soumeur n'est vraisemblablement pas assez exploré par les historiens. Pouvez-vous nous situer dans le contexte de son émergence?

    Abd-El-Naceur Belaïd: Vous posez là une question centrale qui concerne beaucoup de chefs de la résistance populaire algérienne. Pour cause, le colonialisme a cherché à construire et à nous présenter l'image qu'il voulait de ces héros. C'était, avant tout, l'histoire écrite par le vainqueur qui était plus que tenté de manipuler, voire caricaturer cette image.
    Lorsque le nom d'un chef s'impose, le même colonialisme essayait de façonner son image pour tenter de l'apprivoiser.

    Lalla Fadhma N'Soumeur n'a pas échappé à cette construction symbolique. Tantôt elle est présentée comme prophétesse avec toute la signification insidieuse de ce terme, tantôt comme une femme que «seuls quatre hommes pouvaient soulever». Il y eut aussi cette idylle amoureuse qui lui est prêtée avec le chef guerrier Cherif Boubaghla. En formatant son image, le colonialisme cherchait également à diluer celle-ci dans la mémoire et l'imaginaire populaires et, en conséquence, combattre son influence dans les esprits, y compris après la défaite. La poésie populaire ancienne publiée, entre partie, par le colonel Adolphe Hanoteau dans son ouvrage Poésie kabyle du Djurdjura, montre le prestige et la considération que la population avait toujours manifestés à Lalla Fadhma N'Soumeur jusqu'à sa beauté, y compris sa corpulence physique qui faisait partie des canons de la beauté féminine de l'époque.

    La mise à nu de la manipulation coloniale dont je viens de parler est plutôt facile à effectuer en procédant déjà à la déconstruction du narratif colonial, avec ses orientations biaisées et ses contradictions. Ce travail est davantage facilité par les archives coloniales récemment mises en ligne et qui recèlent un degré de fiabilité intéressant puisque c'étaient les Français militaires et politiques qui parlaient à leurs supérieurs, à travers des correspondances et des rapports internes. À cet égard, je voudrais saisir l'occasion pour rendre hommage à Mustapha Aimene qui accomplit un travail remarquable dans la prospection des archives confidentielles coloniales mises en ligne.

    Contrairement au récit colonial, Lalla Fadhma N'Soumeur était une stratège politique et militaire dont le combat n'est pas né de la génération spontanée ou qui se limiterait à une victoire aussi retentissante fût-elle que celle de Tachkirt en date du 18 juillet 1854.

    De manière planifiée et continue, le combat de Lalla Fadhma N'Soumeur avait duré près d'une décennie, soit entre sa rencontre avec le chef guerrier Chérif Si Mohamed El-Hachemi en 1849, jusqu'à la fin officielle de l'expédition du maréchal Randon en 1857, puisqu'elle fut arrêtée le 11 juillet de la même année, en passant par la résistance avec Cherif Boubaghla et la coordination de la résistance avec Cheikh Seddik Ben Arab et Si El Hadj Amar, moqadem de la tariqa Rahmania.

    Pouvez-vous justement nous en dire davantage sur ces aspects peu connus ou pas suffisamment connus de Lalla Fadhma N'Soumeur?

    En plus de cet engagement permanent dans la résistance, Lalla Fadhma N'Soumeur avait toujours manifesté une dignité et un courage sans faille face à l'ennemi, y compris lors de son arrestation par les redoutables zouaves du général Yusuf. Des archives confidentielles coloniales révèlent que le colonisateur, bien après l'arrestation de l'héroïne, nourrissait une crainte de la voir se manifester de nouveau dans la région de Kabylie où elle pouvait constituer un danger.

    Il y a eu des études de nature anthropologique qui ont été réalisées sur l'héroïne et je voudrais rappeler, à cet égard, le travail de Malha Benbrahim, car cette discipline est cruciale pour comprendre le statut de l'héroïne. Mais il importe d'insister sur la place exceptionnelle que celle-ci s'était aménagée dans une société du milieu du XIXe siècle pourtant traditionnaliste, conservatrice et patriarcale. D'aucuns diront qu'elle avait bénéficié de l'ascendance du saint Sidi Ahmed Ou Meziane dont le mausolée se trouve à Ouerdja mais pourquoi, alors, Tajmaât (assemblée) de son village lui avait-elle confié la responsabilité de la résistance alors que ses frères, particulièrement Si Tahar qui était un homme de grande valeur, en plus de jouir du droit d'aînesse, pouvait remplir cette fonction? C'est dire la dimension exceptionnelle du personnage de Lalla Fadhma N'Soumeur qu'il faut explorer concrètement et davantage, par-delà les simples mythes.
    En outre, Lalla Fadhma N'Soumeur avait un pouvoir de médiation sociale reconnu, non seulement, au sein de sa tribu et d'autres tribus, mais au sommet même de la résistance comme toutes les indications tendent à le prouver lorsqu'elle avait convaincu, en 1856, le bachagha Si El Djoudi de réintégrer les rangs de la résistance.
    Tout le monde parle de la position de l'héroïne en tant que femme «insurgée» qui était en instance de divorce et qui était au-devant de la résistance, mais il faut aller plus loin. Une femme dans son état subissait des contraintes familiales et sociales et des interdits encore plus grands qu'une femme ordinaire. Jusqu'au début des années 1970, une femme en instance de divorce ne pouvait pas franchir seule le seuil de la maison familiale, tandis que Lalla Fadhma N'Soumeur allait sur les champs de bataille face aux généraux français.

    Un autre élément que je voudrais ajouter est celui du surnom de «prophétesse» insidieusement attribué par le colonisateur. Or, toutes les sources y compris des dépêches coloniales confidentielles, indiquent que Lalla Fadhma N'Soumeur jouissait, de fait, d'une aura de sainteté dans la région de la Kabylie et au-delà. Un rapport du cercle militaire de (Bougie) Béjaïa signalait que des processions de pèlerins arrivaient d'autres régions du pays pour lui rendre visite. Lalla Fadhma N'Soumeur, en tant que soufie, effectuait des retraites de méditation dans la khaloua, mais ses paroles qui en sortaient à l'adresse de la population consistaient à entretenir la vigilance sur l'ennemi qui arrivait et sur les souffrances qu'il fallait inexorablement consentir pour le combattre; ce que l'historien Mahfoudh Kaddache avait analysé sous l'angle de la résistance passive, en dehors des heures de l'affrontement armé direct.

    Un contre-sens auquel le narratif colonial a voulu faire accroire et qui me tient à coeur de relever est celui ayant sous-entendu que l'autorité coloniale n'était pas d'une excessive violence contre Lalla Fadhma N'Soumeur en l'envoyant en détention sous la poigne du bachagha Mahieddine des Beni Slimane. D'abord, l'héroïne a été un véritable casse-tête pour cette autorité après son arrestation. Il a fallu près de trois semaines pour décider du sort à lui réserver. Arrivée le 12 juillet 1857 au cercle militaire de Tizi Ouzou, la décision de la transférer près d'Alger n'avait été prise que le 29 du même mois. Ensuite, un rapport confidentiel du même cercle nous apprend que le maréchal Randon, «Gouverneur général de l'Algérie», avait envisagé, pour elle et sa famille, un exil en Tunisie.

    Il ressort de cet échange que Lalla Fadhma N'Soumeur s'était entièrement dévolue à l'acte de résistance sur une période prolongée. Comment avait-elle pu assumer ces responsabilités et ce rôle? Quelle a été la contribution de sa fratrie, notamment de son frère aîné Si Tahar?

    Vous avez raison de poser la question, surtout que le champ d'intervention de l'héroïne était vaste et que les moyens de transport de l'époque, à dos de cheval, rendait sa tâche plus difficile. Contrairement au récit colonial qui voulait circonscrire Lalla Fadhma N'Soumeur à la région du Haut Djurdjura, les dépêches et rapports coloniaux la signalaient au-delà, chez les Ath Melikech par exemple, en compagnie de Si Tahar dans la vallée de la Soummam donc et que, en 1857 comme 1854, soit les deux expéditions Randon, les troupes françaises s'étaient déployées dans le versant sud du Djurdjura pour couper les arrières à l'héroïne et tenter de la prendre à revers avec la colonne de 5 000 hommes du général Maissiat et des renforts en provenance de Sour El Ghozlane, de Bouira et de Beni Mansour.

    Il y a un facteur important à noter et à ajouter. Dans sa résistance, l'héroïne avait bénéficié du concours de ses frères, en l'occurrence Si Tahar et Si Mohamed Tayeb, qui l'accompagnaient sur les terrains de bataille. De ce point de vue, Si Tahar avait joué un rôle particulier aux côtés de sa soeur dans l'organisation de la résistance armée, à commencer par la mobilisation des premiers «Imseblen» (Moussebaline ou volontaires de la mort) et l'édification des lignes de défense face à l'expédition Randon de 1854. Ils étaient également une sorte d'envoyés spéciaux avec les pleins pouvoirs et de représentants personnels de leur soeur. C'est le cas, notamment des réunions de la résistance, soit pour la coordination, soit sous forme de conseils de guerre. Comme avec le chef guerrier Chérif Boubaghla, Lalla Fadhma N'Soumeur avait, au demeurant, d'excellents rapports avec les deux autres figures de la direction collégiale de la résistance: Cheikh Seddik Ben Arab et Si El Hadj Amar.

    Des recherches que vous avez effectuées sur Lalla Fadhma N'Soumeur, quels sont les messages qui s'en dégagent?

    Il y a plusieurs messages, mais limitons-nous à ceux qui paraissent les plus significatifs. Lalla Fadhma N'Soumeur a été un sujet et un acteur concret de l'Histoire. En plus d'être chef de la résistance armée, elle connaissait bien les réalités anthropologiques de sa société. Lorsqu' elle s'entourait de femmes devant les champs de bataille qui lançaient des youyous, par exemple, c'est parce qu'elle savait quels effets d'ardeur au combat cela pouvait avoir sur les hommes.

    Il y a des histoires romancées qui ont été écrites sur elle et c'est une bonne chose, à commencer par l'ouvrage Lalla Fatma N'Soumeur de Tahar Oussedik, parce qu'ils ont permis de jeter la lumière sur ce personnage hors du commun. De mon point de vue, un risque d'enfermer Lalla Fadhma N'Soumeur dans les mythes et la légende susceptibles d'ouvrir la voie à la distorsion de l'Histoire et au révisionnisme historique existe toujours. Néanmoins, si l'on approfondit l'histoire concrète de l'héroïne, on se rendra compte que celle-ci est d'une extraordinaire densité et richesse. Les archives confidentielles coloniales mises en ligne peuvent nous aider dans cette voie.

    Nous ne le disons pas assez ou pas du tout mais Lalla Fadhma N'Soumeur a été, sauf preuve contraire, la seule femme dans le monde, cheffe de résistance armée au XIXe siècle, soit à l'apogée même de la colonisation et du colonialisme. En parlant de Lalla Fadhma N'Soumeur en tant que femme et résistante d'exception, il s'agit là d'une réalité et je suis, personnellement, sûr que nous n'avons pas terminé de découvrir cette figure historique emblématique.

  • #2
    Lalla Fatma N’Soumer, la résistante kabyle qui défia l’armée coloniale française


    Bien que souvent laissées dans l’ombre, les femmes ont de tout temps joué un rôle sociétal et politique dans le monde arabe. Certaines, méconnues du grand public, ont même réussi à faire sauter les carcans de sociétés patriarcales conservatrices dans l’espoir de faire changer les choses. Dans notre série « Ces femmes méconnues qui ont secoué le monde arabe », nous découvrons aujourd’hui lalla Fatma N’Soumer. « L’insoumise », « la révoltée » ou encore « la Jeanne d’Arc du Djurdjura » sont certains des surnoms attribués à cette jeune chef de guerre au caractère mystique qui refusait de se plier aux règles du patriarcat.




    Il paraît qu’aucun homme n’aura eu véritablement de pouvoir sur son corps ou son esprit. Si l’histoire de lalla Fatma N’Soumer a pu être romancée, voire mythifiée, par ceux qui voyaient en elle le prolongement de Kahina, reine guerrière berbère qui a combattu l’invasion arabe au Maghreb au VIIe siècle, Fatma N’Soumer est avant tout la figure de la femme kabyle qui défia l’armée coloniale française en Algérie, menant au combat des villages entiers et cassant les codes sociopolitiques de son temps. La jeune femme aura consacré sa vie à la cause. Celle de la résistance kabyle à l’occupation de son village et, plus largement, à la colonisation de l’Algérie par la France. Elle en mourra même, en 1863, à 33 ans, alors qu’elle était emprisonnée dans la zaouia (madrassa soufie) d’el-Aissaouia à Tablat, en Kabylie, après avoir été capturée sur le champ de bataille en juillet 1857 par le renommé général Youssouf à la tête de la division d’Alger. Des rumeurs courent qu’elle serait morte de chagrin après l’assassinat de son frère et bras droit dans son combat sidi Tahar. Mais les mauvaises conditions dans lesquelles elle fut détenue pendant six années ont probablement été à l’origine de sa mort.

    Esprit insoumis

    Fatma N’Soumer, née Fatma sid Ahmad Ou Méziane, a grandi dans les plus hautes montagnes de la Kabylie, région historique peuplée de tribus guerrières au nord du pays à l’est d’Alger, au cœur du massif du Djurdjura, dans le village de Ouerdja. Coïncidence, malédiction ou ironie du sort, la France avait lancé, sur ordre du roi Charles X, sa vaste conquête de l’Algérie l’année exacte où est née celle qui défiera leur occupation en 1830. L’Algérie restera une colonie française jusqu’à la déclaration de son indépendance en juillet 1962, qui mit fin à huit années de guerre civile.



    Portraits présumés du chérif Boubaghla et de lalla Fatma n’Soumer conduisant l’armée révolutionnaire. Huile sur toile signée F. Philippoteaux et datant de 1866.

    Les quelques récits racontant son histoire sont unanimes : Fatma N’Soumer, chef de guerre et guide spirituelle, a marqué les esprits de tous ceux qui ont croisé sa route, ennemis comme partisans. Petite mais robuste, sa beauté et son élégance étaient chantées dans des poésies populaires berbères. Ses yeux noirs, perçants et rehaussés de khôl étaient de la même couleur que ses longs cheveux tressés. Dans Récits de Kabylie : campagne de 1857, l’explorateur et homme politique Émile Carrey la décrit drapée de foulards colorés, ornée de bijoux et couverte de henné alors qu’elle menait au combat les Imseblen, volontaires de la mort. Féministe avant l’heure, elle a refusé la consommation d’un mariage qui lui a été imposé par l’un de ses frères à la mort de leur père, brisant à tout juste 20 ans un maillon patriarcal sacré dans une société au cadre social extrêmement conservateur. La jeune femme ne deviendra jamais mère et ne sera encore moins tenue à l’écart de la vie publique. Elle s’y imposera non seulement en tant que combattante, mais aussi et surtout comme chef guerrière et stratège, s’immisçant dans des sphères de réflexion alors strictement réservées aux hommes. Un tempérament qui lui a valu à l’époque le nom en kabyle de Fatma N’Ouerdja : celle qui refuse de se plier aux coutumes. Celles qui partagent encore aujourd’hui cet esprit insoumis s’en voient attribuer le surnom.Sa première victoire est peut-être d’avoir réussi à être scolarisée dans la zaouia de son père à une époque où aucune fille ne l’était. Cette école coranique de la confrérie musulmane soufie Rahmaniyya a permis à Fatma d’affiner son don de l’éloquence, d’aiguiser son sens de l’analyse, mais surtout de nourrir son esprit dans la religion. Passant des journées et nuits entières à prier et à méditer, Fatma N’Soumer était considérée comme une prophétesse. Et c’est son incroyable aura qui lui permettra plus tard de galvaniser la résistance contre la colonisation. Fatma N’Soumer a en réalité puisé sa légitimité de chef dans son caractère spirituel qui, dans l’esprit des tribus kabyles, peuplées de pieux musulmans aux aspirations mystiques, résonnait puissamment. Les prévisions stratégiques, fruits de fines analyses, de cette femme dotée d’une rare intelligence s’avéraient très souvent justes. Aux yeux des tribus qui la suivaient, ces prédictions devenaient des prémonitions divines. Si sa force de caractère et d’esprit lui a permis de s’émanciper du rôle domestique qui lui était prédestiné, elle a aussi incontestablement bénéficié de la légitimité sociale que lui conférait sa lignée : les Aït-Sidi Ahmad. Descendante de ces puissants marabouts lettrés, Fatma N’Soumer se voit attribuer le titre honorifique de « lalla » en marque de respect.

    Résistance jusqu’au bout

    Après s’être enfuie de sa prison conjugale, Fatma N’Soumer rejoint son frère sidi Tahar dans le village de Soumer, devenu son village d’adoption et son patronyme, pour la résistance qu’elle y mènera. Investie par l’autorité politique du lieu, elle s’allie en 1850 au soulèvement de Chérif Boubaghla, proche de l’émir Abdelkader et initiateur d’un vaste mouvement de révolte populaire kabyle lorsque les Français pénètrent la région du Djurdjura. L’Algérie devient constitutionnellement française en 1848, mais le pays résiste à l’occupation. Seules les plaines de la région d’Alger, de Constantine et d’Oran sont aux mains de l’ennemi. La Kabylie, montagneuse et difficile d’accès, n’est dans un premier temps pas la cible prioritaire. La poche de résistance kabyle en profite pour se consolider et mettre en danger les colonies occupées. Pour les troupes françaises, la soumission des Kabyles devient alors primordiale. C’est au début de cette campagne française en Kabylie et suite à la mort de Boubaghla en 1854 que Fatma N’Soumer prend la tête de la résistance.

    Sous le commandement de cette fine stratège et combattante féroce, les faits d’armes français ont été mis à mal. Parmi ses victoires, une semble intacte dans les mémoires. Celle de la bataille du Haut Sebaou à Tazrouk en juin 1854. Même si, lors de cette bataille, le retrait d’une partie des troupes françaises réquisitionnées pour la guerre de Crimée la même année a probablement joué en sa faveur. En deux mois, Fatma N’Soumer, à la tête de 5 000 combattants moujahidine, munis de simples sabres et poignards, et jouant de l’avantage que leur conférait les hauteurs des monts, ont défait avec une extraordinaire violence, de par leur ténacité et leur rage, les 8 000 baïonnettes françaises du commandant Charles Wolff. Les soldats aguerris sont forcés de battre en retraite face à des tribus berbères dirigées par une femme : l’humiliation est énorme.

    Malgré les prophéties et sa réputation, lalla Fatma N’Soumer fut rattrapée par la réalité du terrain : face aux Français, les combattants kabyles étaient en infériorité numérique. Déterminé à tuer une résistance qui avait déjà infligé trop de dégâts, le gouverneur Randon ordonne en 1857 l’envoi de 35 000 soldats français en renfort face aux Kabyles. Fatma N’Soumer est capturée et emprisonnée cette même année, ce qui porte le coup de grâce à la résistance. Si sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage dans la région, son histoire sortira relativement rapidement des mémoires collectives kabyles. Ce n’est que plus d’un siècle plus tard, en 1995, lorsque ses restes seront transférés au cimetière d’el-Alia à Alger, dans le Carré des martyrs et héros algériens, que l’extraordinaire combat de la « Jeanne d’Arc du Djurdjura » refera surface.

    lorientlejour

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    • #3
      La femme est incontestablement spirituellement supérieure à l'homme. Dieu a déposé en la femme le plus grand de Ses attributs, mais cela est occulté par la main mise oppressante de l'homme .

      Comprenne qui pourra comprendre .

      Commentaire


      • #4
        Voilà comment commence ce deuxième article :

        Bien que souvent laissées dans l’ombre,


        Et voilà comment l'homme occulte la femme .

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        • #5
          Afin de lever toute ambiguïté au sujet du verbe occulter utilisé , j'en donne sa définition:

          occulter
          https://www.algerie-dz.com/forums/co...c+Cjwvc3ZnPgo=
          verbe transitif
          1. 1.
            Cacher ou rendre peu visible (une source lumineuse).
          2. 2.
            AU FIGURÉ
            Dissimuler ; rendre obscur.
            Occulter un souvenir.
          Terme usité également par ibn Arabi dans une de ses œuvres dont je me suis inspiré dans mon commentaire .

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          • #6
            Très contente qu'enfin le public découvre la véritable personnalité et l'histoire de Lalla Fadma. Loin des clichés véhiculés par les récits coloniaux, repris par des imposteurs avec de longues barbes, elle symbolise la lutte des Algériennes pour libérer l'Algérie des oppresseurs. Hadj Amar comme Cheikh Amar et Si Djoudi appartenaient à la plus grande confrérie religieuse algérienne, tous avaient effectué le pèlerinage à la Mecque et étudié dans les plus prestigieuses écoles islamiques. Ils se sont tous rangés aux côtés de Lalla N'Soummer pour combattre les colons, aucun n'a émis la moindre critique sur son apparence ou sur sa totale liberté d'actions. Ses frères comme son père furent ses plus fidèles soutiens, elle était parfaitement lettrée et connaissait le Coran, la Sunna et avait étudié tous les érudits reconnus de l'époque. Ce qui démontre que loin de soumettre les femmes au dictat de quelques pleutres, l'Islam n'a jamais infantilisé ni réduit les droits des femmes. Ce sont des êtres humains qui ont manipulé et falsifié les textes sacrés pour les faire correspondre à leurs vils desseins...
            Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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            • #7
              Les Algériennes, successeuses de la reine guerrière Dihya, sont belles, intelligentes, courageuses, fortes et nationalistes. Des icônes comme Lalla Fadhma N'Soumer, Zoulikha Oudai, Djamila Bouhired, Malika Gaïd et Zohra Drif, ainsi que des milliers d'autres, se sont battues corps et âme pour l'Algérie. Ces femmes exemplaires incarnent le militantisme et le dévouement à la cause nationale. Des symboles pour toutes les femmes algériennes.

              Barak Allah oufik Aristochat et Zwina.

              Commentaire


              • #8
                Farashatun

                Wa 3lik el baraka , merci .

                Il ne faut cependant pas prendre la voie de la déchéance morale qu'emprunte l'occident par la libération à outrance et déviantes des mouvement de libérations de la femme des années 60 / 70 qui n'ont étés motivées que par l'attrait du sexe et de la liberté de l'exercer .

                Commentaire


                • #9
                  aristochat Il ne faut cependant pas prendre la voie de la déchéance morale qu'emprunte l'occident par la libération à outrance et déviantes des mouvement de libérations de la femme des années 60 / 70 qui n'ont étés motivées que par l'attrait du sexe
                  Ceci est l'argument de barbus falsificateurs pour justifier le retour en des temps qui n'ont jamais existé. La liberté des femmes ne passent pas forcément par la débauche ni par un accoutrement qui la dissimule des yeux de faibles. Pour l'époque, Lalla Fadma incarnait la femme libre car elle était "insurgée", terme qui était employé pour désigner les femmes qui divorçaient de leurs époux. Cela n'a pas empêché des milliers de musulmans de répondre à son appel pour lutter contre le colonialisme, qui symbolise l'asservissement des populations par la violence. C'est ce même colonialisme qui a utilisé la religion pour soumettre des populations en édictant un code juridique qu'ils prétendaient calquer sur les us et coutumes locales. Ce qui était faux. En réalité, les auteurs sont Hanotaux et Letourneur, ils ont prétendu avoir consulté les oulémas et cheikhs dans les différentes régions pour rédiger trois ouvrages qui servirent de référence. Aujourd'hui encore, ce sont leurs falsification qui sont serinés par de prétendus oulémas qui n'ont même pas pris la peine de vérifier, alors que l'étude est une obligation avant de se prétendre imam. Donc occidentaux et orientaux sont les 2 faces d'une même pièce, ils ont les mêmes buts.

                  La libération des femmes ne peut s'accomplir tant qu'il existera des hommes estimant que la femme n'a le choix qu'entre deux options : Occident ou Orient. Le Maghreb n'est pas l'Occident ni l'Orient, cela n'a pas empêché qu'il fut le berceau de la Civilisation des Lumières. Ni qu'il enfante des Lalla Fadma N'Soummeur, Kahina,, Hassiba Ben Bouali, Zorhra Drif, Gisèle Halimi, Lalla Belkacem et tant d'autres dont ont ne parle jamais. Pourtant c'est unique dans le monde. Il serait donc temps que leurs histoires soient connues de tous, pour montrer que l'on peut être femme et libre sans pour autant se transformer en Belphegor ou en une vulgaire péripatéticienne. Elles sont preuves qu'il existe d'autres possibilités alliant l'élégance, la dignité et le respect de soi.
                  Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                  Commentaire


                  • #10
                    zwina

                    Je suis d'accord avec ce que tu dis et je n'ai pas fait allusion dans mon post à ce que tu décris .

                    Commentaire


                    • #11
                      Les résistantes algériennes ont combattu pour les valeurs telles que le courage, l'honneur et le patriotisme, montrant ainsi une voie de libération basée uniquement sur des principes nobles et un engagement profond envers la nation. Pour le reste Zwina l'a parfaitement résumé.

                      Commentaire


                      • #12
                        Ai je dis le contraire ?

                        Commentaire


                        • #13
                          Les arguments c'est pas sur prescription médicale... Tu peux développer ta pensée Aristochat...​​​​​​

                          Commentaire


                          • #14
                            Bien, je vais argumenter sur mon post 3 en prenant référence à quelques versets du Coran et de leurs interprétations par quelques mystiques Musulmans.
                            Laisse moi le temps de préparer .

                            Commentaire


                            • #15
                              Farashatun

                              Voilà , c'est ici :

                              https://www.algerie-dz.com/forums/vi...me#post8726484

                              Commentaire

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