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Allocation touristique : supprimer le marché parallèle des devises en deux ans - Abed Charef

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  • Allocation touristique : supprimer le marché parallèle des devises en deux ans - Abed Charef

    L’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros, annoncé dimanche 8 décembre 2024, pose un certain nombre de problèmes, mais montre aussi certaines pistes qui peuvent être salutaires pour le pays.

    Voici, en 20 points, les remarques que cette décision peut susciter.


    1. Le montant annoncé par l’APS est donné en euros. Le conseil des ministres devrait donner ses chiffres en dinars, pas en monnaie étrangère.

    2.La mesure relève normalement des prérogatives de la Banque d’Algérie, pas du Président de la République.

    3. Le chiffre retenu, 750 euros, est une aberration économique. Sur ce terrain économique et financier, les variations doivent être limitées, pour éviter des secousses, même si, dans ce cas de figure, on part de très bas.
    Même si on a envie d’aller vite, multiplier l’allocation par 7,5 en une fois est problématique.

    4. Avec le différentiel actuel entre marché officiel et marché parallèle, la différence de change est de 80.000 dinars.
    C’est une belle somme. Cinq fois l’allocation chômage
    ça va offrir une opportunité d’aubaine et alimenter le trafic de manière évidente. Si j’habitais Annaba ou Tébessa, je peux me payer un week-end en Tunisie et gagner 50.000 dinars.

    5. L’application de cette mesure va provoquer une belle pagaille dans les premières semaines.
    Supposons que la mesure entre en vigueur le 1er février.
    Une bonne partie des gens qui devaient voyager auparavant vont attendre.
    Ça va provoquer un rush le jour J, et les agences bancaires n’auront évidemment pas les liquidités nécessaires.

    6. Cette mesure va dans le bon sens, mais prise isolément, elle risque de provoquer de sérieuses distorsions. Elle doit être conçue comme un point de départ pour éliminer le marché noir de la devise dans un délai raisonnable. Ceci nécessite évidemment une série d’autres mesures à prendre ou à envisager en parallèle.

    7. Ces mesures devraient se baser sur un constat : le prix de la devise au marché noir ne reflète pas valeur réelle du dinar, mais il est gonflé par la rareté de l’offre d’une part, et l’interdit qui pèse sur l’importation de certains produits d’autre part. l’objectif sera donc d’améliorer la disponibilité des devises d’une part, et de d’assurer l’offre de produits actuellement non disponibles.

    8. Améliorer l’offre, c’est permettre à certaines catégories d’acquérir des devises légalement, ou d’augmenter l’allocation qui leur est accordée actuelle, auprès du système bancaire, alors qu’elles en sont actuellement exclues : étudiants à l’étranger, personnes qui partent pour des soins, achats d’équipements non disponibles localement, etc.

    9. Pour éviter une sortie massive des devises, il faudra faire glisser le dinar de manière progressive. Disons, de manière caricaturale, que si l’objectif est d’amener le dinar à un taux de 200 dinars pour un euro, et qu’il faut atteindre cet objectif en deux ans, il sera alors possible de faire glisser le taux de change d’un demi-dinar par semaine pour atteindre le résultat escompté en en 100 semaines. Il est à noter que la valeur officielle du dinar a augmenté depuis environ deux ans, ce qui est un non sens, et ce qui correspond d’ailleurs à une explosion de l’écart entre marché officiel et marché parallèle.

    10. Une démarche progressive permettra d’apporter les correctifs nécessaires, ralentir le mouvement en cas de hausse brutale des prix, accélérer le mouvement en cas d’embellie financière. En fait, le moment idéal pour appliquer ces mesures, c’était quand les réserves de change avaient atteint 200 milliards de dollars. Une occasion historique a été manquée.

    11. Cette démarche implique un risque politique, et une gestion pointue de chaque séquence.

    12. Le second risque est lié à l’inflation. Une baisse du dinar entraine de manière mécanique une hausse de l’inflation importée. C’est un vrai risque qu’il faudra maitriser par des ajustements sur les revenus, mais surtout par une offre supplémentaire de la production locale.

    13. Mais une baisse du dinar aura une autre vertu : rendre la production locale plus attractive que l’importation. Cela fait partie de l’abc des monnaies sous-évaluées. A partir d’un certain moment, quand ces mesures commencent à produire leurs effets, cela débouche sur un cercle vertueux, où les indicateurs se boostent mutuellement pour favoriser la croissance. Et c’est sur ce terrain, l’Algérie a le potentiel pour avoir une croissance de 8 à 10%.

    14. Cela passe par des mesures visant à faciliter l’investissement, algérien et étranger, en établissant des règles simples, pérennes. Cela parait compliqué dans un pays qui se débat depuis des décennies dans des dossiers aussi primaires que le foncier industriel.

    15. En partant de la situation actuelle, il faudra agir pour que les courbes du marché noir (260 dinars pour un euro) et celle du marché officiel (140 dinars) se croisent dans un délai de deux ans, délai qui pourra être allongé ou raccourci selon l’évolution des choses.

    Les deux courbes devraient se croiser autour de 200 dinars pour un euro.


    Mais il faut se rendre compte de l’état particulièrement grave au vu de la situation actuelle, où le dinar au marché parallèle vaut presque le double de celui du marché officiel.

    16. La réussite d’une telle démarche aura un impact immense sur l’économie du pays. On citera trois conséquences.

    Produire localement sera plus attractif que l’acte d’importer. Si on ajoute à cela d’autres facteurs encourageants, comme le coût de l’énergie et celui de la main d’œuvre, cela peut provoquer un boom de la production industrielle, qui reste marginale dans le PIB du pays.

    17. Disparition de la surfacturation. Un ancien ministre du commerce avait estimé les surfacturations à 30% des importations. Même si elles ne représentent que cinq pour cent des importations, cela représente 2,5 milliards de dollars. Cela couvre l’allocation touristique de plus quatre millions d’Algériens e rendant à l’étranger !

    18. la disparition du marché noir signifie que les transferts et mouvements de fonds des algériens établis à l’étranger vont transiter par le circuit bancaire. Amener la communauté algérienne établie à l’étranger à passer par le système bancaire sera une immense victoire économique et un signe de confiance inestimable.

    La monnaie, c’est la d’abord la confiance.

    C’est mieux que de disposer de deux cents milliards de dollars de change.

    19. Si le président Tebboune réussit à faire disparaitre le marché parallèle de la devise, il aura réussi son second mandat.

    20. L’objectif de toutes ces mesures doit être clairement affiché : arriver, dans un délai raisonnable, à une convertibilité totale du dinar. Il n’y a pas d’économie viable sans une monnaie convertible.

    Abed Charef

    abedcharef.wordpress.com
    Dernière modification par sako, 12 décembre 2024, 14h12.

  • #2
    Le marché noir des devises va s'effondrer.
    Je parie sur un euro autour de 200 dinars rapidement.

    Il faut aller plus loin.
    Accorder plus de devises aux étudiants et aux gens qui se soignent à l'étranger, quitte à faire glisser le dinar.
    Agir pour favoriser l'offre plutôt que d'insister sur les restrictions.
    Rendre inintéressante l'importation de marchandises qu'on peut produire localement.

    J'arrête parce que j'ai bien peur qu'il y'a deux éléments qui manquent : la lucidité politique et l'ingénierie.


    Abed Chared / facebook







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    • #3
      le marché des devises au marché noir Va s effondré mdr augmentation de l allocation touristique de 750 EUR cette la solution miracle quelle est le génie qui a pondu ça la différence entre le taux légal et le marché noir est énorme une question pourquoi le dinar n est pas convertible

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      • #4
        Je ne crois pas que l'Euro va chuter au marché noir à cause de cette nouvelle aurisation de change.
        Le marché informel en Algérie est tellement étendu et enraciné qu'il devient impossible de controler.
        ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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