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Publié le 13 février 2025 à 20 h 12 à 20 h 12·Écrit par Aylan Afir·Durée de lecture : 3 minutes
© Site des essais nucléaires français en AlgérieAlors que les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie traversent une nouvelle période de tensions, un ancien ingénieur chimiste français, Louis Bulidon, vétéran des essais nucléaires français en Algérie, brise le silence sur un passé que la France officielle veut à tout prix occulter.
Dans une tribune publiée sur Mediapart et adressée aux autorités françaises, plus précisément et nommément, au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, il dénonce l'héritage toxique laissé par les campagnes d'essais nucléaires françaises dans le Sahara algérien, notamment les tirs atmosphériques de Reggane (1960-1961) et les essais confinés d'In Ekker (1961-1966). Parmi ces derniers, l'accident du tir Béryl, survenu le 1er mai 1962, demeure un symbole de cette tragédie.
Louis Bulidon, témoin direct de l'échec du tir nucléaire Béryl
Louis Bulidon, témoin direct de cet échec, rappelle que la France a abandonné les populations locales à leur sort, contaminées par les radiations, sans reconnaissance ni réparation. Les déchets radioactifs, enfouis dans le sable, continuent de poser un danger persistant, notamment sur le site d'In Ekker.
« Mon pays n'a toujours pas reconnu sa dette à l'égard de l'Algérie », affirme le vétéran, dénonçant l'inefficacité de la loi Morin de 2010 censée indemniser les victimes des essais nucléaires. Cette loi, selon lui, n'est qu'un "faux semblant", offrant une reconnaissance symbolique sans réelles compensations pour les victimes algériennes.
Engagé dans la dénonciation des essais nucléaires français en Algérie
Outre son engagement militant, Louis Bulidon n'a pas manqué de rappeler qu'il avait collaboré avec l'artiste plasticien algérien Ammar Bouras pour témoigner de cette période à travers l'art. Leur travail a été présenté à la 12e Biennale d'art contemporain de Berlin en 2022 et salué par la presse, notamment Le Monde. Pourtant, cette initiative n'a suscité aucune réaction de la part des hautes sphères de l'État français, s'insurge Louis Bulidon dans son témoignage.
Alors que les tensions entre Paris et Alger sont ravivées par des questions diplomatiques actuelles, Louis Bulidon met en garde contre l'oubli de ce passé douloureux. Il rappelle aux autorités françaises qu'elles ne peuvent "tourner la page sur ce passé peu glorieux" de la France en Algérie.
La France ne doit pas tourner la page sur « ce passé peu glorieux »
« Quelques soient les désaccords entre la France et l'Algérie relevant de la conduite de sa diplomatie étrangère vous ne pouvez prétendre au nom de votre fonction de ministre de l'Intérieur tourner la page sur ce passé peu glorieux de notre pays héritage de la colonisation », a souligné l'ancien ingénieur chimiste actuellement âgé de 88 ans.
Ce témoignage relance le débat sur la responsabilité française et l'impératif d'une reconnaissance pleine et entière des conséquences de ces essais nucléaires, autant sur les populations que sur l'environnement saharien. Il reste à savoir si les autorités françaises se saisiront enfin de ce sujet pour lever le voile sur une vérité longtemps occultée.
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