Le vide en prime time. C’est la dernière trouvaille de France Télévisions qui a excellé dans l’art de gonfler du vent en transformant un banal fait divers en affaire nationale. ô miracle !
Dans sa «messe du 20h» d’avant-hier, cette télévision publique a annoncé à ses téléspectateurs la mise en examen d’un Franco-Algérien exerçant à Bercy, siège du ministère français de l’Économie.
C’est «l’affaire du siècle» qui aura le mérite de faire oublier, pour un moment, le scandale international impliquant le Maroc dans une vaste entreprise d’espionnage via le logiciel «Pegasus». «L’affaire de Bercy», si s’en est une, a été savamment habillée par France Télévisions qui n’a pas tari en rhétorique pour en faire un événement médiatique d’ampleur : «Intelligence avec une puissance étrangère, livraison à une puissance étrangère d’informations sur intérêt fondamental à la nation, exercice d’activités pour s’informer sur les intérêts fondamentaux de la nation pour une puissance étrangère.
» À grand renfort de termes pompeux – «intelligence», «puissance étrangère», «intérêts fondamentaux de la nation» qui donnent l’illusion d’une affaire d’État colossale, alors que dans les faits, il s’agit d’un incident sans envergure, mais emballé dans un apparat grandiloquent pour nourrir la dramaturgie médiatique du moment. Quand il s’agit de l’Algérie, on ne fait pas l’économie des mots, quitte à les draper des atours du sensationnel. Mais un pays comme l’Algérie a-t-il réellement besoin de déployer de vastes opérations d’espionnage pour s’emparer d’informations que l’on pourrait obtenir en quelques clics sur internet ?
Faut-il imaginer des agents clandestins s’infiltrant dans les méandres de l’administration à Bercy, pour dérober des informations relevant, pour la plupart, du domaine public ?
Ce qui est présenté au journal du 20h, avec des trémolos dans la voix, comme une redoutable opération d’infiltration, s’apparente, en réalité, à une pêche miraculeuse où l’information vient d’elle-même, flottant à la surface, sans même qu’il soit nécessaire de jeter un filet. Il est vrai que les services de renseignement ont pour tâche principale de fournir au gouvernement des informations fiables sur les menaces qui visent le pays et sa population.
Mais imaginer un service de renseignement étranger mobilisant ses ressources pour infiltrer les arcanes de Bercy relève d’une comédie absurde à l’ère où l’espionnage se joue sur le terrain de l’intelligence artificielle, des percées technologiques, des stratégies énergétiques et des dynamiques géopolitiques de haute volée. Qui, aujourd’hui, risquerait, en effet, des hommes et des moyens pour extirper quelques bribes d’informations financières, alors que le véritable nerf de la guerre se situe ailleurs, dans les laboratoires de recherche, les secrets industriels, les avancées en cybersécurité et les nouvelles armes de dissuasion ? Pendant que les grandes puissances rivalisent pour dominer l’ère numérique et l’intelligence artificielle, voilà que certains services français s’imaginent encore dans un scénario d’un autre siècle, où des agents de l’ombre s’échangeraient d’obscurs tableaux Excel sous le manteau.
Il faut croire que le fantasme du complot est parfois plus savoureux que l’analyse du réel. Ce qui retient encore plus l’attention dans ces «palpitantes investigations» de France Télévisions, le journal du 20 heures de France 2, dans un élan de désorientation médiatique, s’est permis de hisser au rang de «journaliste opposant en exil», un individu dont le nom aurait davantage sa place dans la rubrique des faits divers que dans celle du débat politique. Un énergumène sans envergure, un bateleur qui devient, soudain, sous l’œil bienveillant du service public français, une figure de référence. Un tel abus de langage frise le grotesque : qualifier de «journaliste» un analphabète qui vient à peine de cesser d’être ignorant, incapable d’aligner une phrase intelligible relève d’un affront non seulement au bon sens, mais aussi à la noblesse d’un métier fondé sur la rigueur et l’éthique. Quant à France Télévisions, qui semble avoir fait le choix délibéré de patauger dans la boue, qu’elle se détrompe : l’Algérie est bien trop grande pour ses manœuvres mesquines. Troisième puissance africaine, riche d’une histoire glorieuse et d’un peuple fier et généreux, elle n’a que faire des gesticulations médiatiques dénuées de sens.
Qu'on ne s'y méprenne pas : si ce pays incarne l'ouverture et la grandeur d'esprit, il sait également affirmer avec une détermination sans faille sa souveraineté et ses valeurs. Sa posture, résolument ancrée dans la dignité nationale, témoigne d'une force tranquille, qui, sans jamais menacer, impose le respect.
B. T.
Dans sa «messe du 20h» d’avant-hier, cette télévision publique a annoncé à ses téléspectateurs la mise en examen d’un Franco-Algérien exerçant à Bercy, siège du ministère français de l’Économie.
C’est «l’affaire du siècle» qui aura le mérite de faire oublier, pour un moment, le scandale international impliquant le Maroc dans une vaste entreprise d’espionnage via le logiciel «Pegasus». «L’affaire de Bercy», si s’en est une, a été savamment habillée par France Télévisions qui n’a pas tari en rhétorique pour en faire un événement médiatique d’ampleur : «Intelligence avec une puissance étrangère, livraison à une puissance étrangère d’informations sur intérêt fondamental à la nation, exercice d’activités pour s’informer sur les intérêts fondamentaux de la nation pour une puissance étrangère.
» À grand renfort de termes pompeux – «intelligence», «puissance étrangère», «intérêts fondamentaux de la nation» qui donnent l’illusion d’une affaire d’État colossale, alors que dans les faits, il s’agit d’un incident sans envergure, mais emballé dans un apparat grandiloquent pour nourrir la dramaturgie médiatique du moment. Quand il s’agit de l’Algérie, on ne fait pas l’économie des mots, quitte à les draper des atours du sensationnel. Mais un pays comme l’Algérie a-t-il réellement besoin de déployer de vastes opérations d’espionnage pour s’emparer d’informations que l’on pourrait obtenir en quelques clics sur internet ?
Faut-il imaginer des agents clandestins s’infiltrant dans les méandres de l’administration à Bercy, pour dérober des informations relevant, pour la plupart, du domaine public ?
Ce qui est présenté au journal du 20h, avec des trémolos dans la voix, comme une redoutable opération d’infiltration, s’apparente, en réalité, à une pêche miraculeuse où l’information vient d’elle-même, flottant à la surface, sans même qu’il soit nécessaire de jeter un filet. Il est vrai que les services de renseignement ont pour tâche principale de fournir au gouvernement des informations fiables sur les menaces qui visent le pays et sa population.
Mais imaginer un service de renseignement étranger mobilisant ses ressources pour infiltrer les arcanes de Bercy relève d’une comédie absurde à l’ère où l’espionnage se joue sur le terrain de l’intelligence artificielle, des percées technologiques, des stratégies énergétiques et des dynamiques géopolitiques de haute volée. Qui, aujourd’hui, risquerait, en effet, des hommes et des moyens pour extirper quelques bribes d’informations financières, alors que le véritable nerf de la guerre se situe ailleurs, dans les laboratoires de recherche, les secrets industriels, les avancées en cybersécurité et les nouvelles armes de dissuasion ? Pendant que les grandes puissances rivalisent pour dominer l’ère numérique et l’intelligence artificielle, voilà que certains services français s’imaginent encore dans un scénario d’un autre siècle, où des agents de l’ombre s’échangeraient d’obscurs tableaux Excel sous le manteau.
Il faut croire que le fantasme du complot est parfois plus savoureux que l’analyse du réel. Ce qui retient encore plus l’attention dans ces «palpitantes investigations» de France Télévisions, le journal du 20 heures de France 2, dans un élan de désorientation médiatique, s’est permis de hisser au rang de «journaliste opposant en exil», un individu dont le nom aurait davantage sa place dans la rubrique des faits divers que dans celle du débat politique. Un énergumène sans envergure, un bateleur qui devient, soudain, sous l’œil bienveillant du service public français, une figure de référence. Un tel abus de langage frise le grotesque : qualifier de «journaliste» un analphabète qui vient à peine de cesser d’être ignorant, incapable d’aligner une phrase intelligible relève d’un affront non seulement au bon sens, mais aussi à la noblesse d’un métier fondé sur la rigueur et l’éthique. Quant à France Télévisions, qui semble avoir fait le choix délibéré de patauger dans la boue, qu’elle se détrompe : l’Algérie est bien trop grande pour ses manœuvres mesquines. Troisième puissance africaine, riche d’une histoire glorieuse et d’un peuple fier et généreux, elle n’a que faire des gesticulations médiatiques dénuées de sens.
Qu'on ne s'y méprenne pas : si ce pays incarne l'ouverture et la grandeur d'esprit, il sait également affirmer avec une détermination sans faille sa souveraineté et ses valeurs. Sa posture, résolument ancrée dans la dignité nationale, témoigne d'une force tranquille, qui, sans jamais menacer, impose le respect.
B. T.
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