Il est urgent pour l’Algérie d’enclencher une transition historique : passer d’une administration de type jacobin, lourde, centralisée et autoritaire, vers un modèle anglo-saxon, fondé sur la légèreté institutionnelle, la responsabilisation locale et la simplification des démarches. Il ne suffit pas d'introduire la langue anglaise ; il faut aussi s'inspirer du modèle administratif anglo-saxon qui a permis à leur civilisation de dominer le monde depuis au moins trois siècles.
Dans un système à l’anglaise, l’administration se contente de faciliter, d’encadrer sans entraver, et de servir sans dominer. Elle agit dans l’ombre, en soutien. À l'inverse, chez nous, elle trône comme le véritable cœur du pouvoir, parfois même plus puissante que les institutions élues. Comment se fait-il qu’après six ans au pouvoir, le président lui-même continue de se plaindre des blocages causés par sa propre administration ?
L'administration algérienne, dans sa forme actuelle, n’est pas un outil réformable : elle est devenue un système de résistance, un bastion d’archaïsmes. C'est un labyrinthe où les idées meurent à coups de tampons et de parapheurs. Tant que cette structure jacobine, héritée de l'ancien colonisateur, ne sera pas déconstruite et qu’une philosophie administrative tournée vers le service, non vers le contrôle, ne sera pas adoptée, aucun programme de développement, aussi ambitieux soit-il, ne pourra aboutir.
Pour comprendre ce que peut être une administration au service du citoyen, il suffit de comparer deux modèles : l’administration jacobine, centralisée, tatillonne et obsédée par le contrôle, que nous connaissons en Algérie (et en France), et l’administration anglaise, fondée sur la confiance, la simplicité et l'efficacité.
Installé au Royaume-Uni depuis 1993, j’ai expérimenté pendant plus de trente ans une vie presque entièrement débarrassée de la bureaucratie.
Mes trois enfants ont été scolarisés de la maternelle à l’université sans que j’aie jamais à fournir un seul dossier, un seul certificat, une seule photo dídentité, ou une fiche de je ne sais quoi durant aucune année. Les établissements communiquent directement entre eux, sans rien demander aux familles.
J’ai travaillé dans les plus grands bureaux d’études du pays, sans que l’on me demande ni carte d’identité, ni diplôme, ni passeport : le CV et l’entretien suffisent. On recrute des humains, des compétences et non de la paperasse.
J’ai obtenu et renouvelé mon passeport plusieurs fois en envoyant simplement l'ancien par la poste, avec un formulaire téléchargé en ligne. Le nouveau arrive sous soixante-douze heures. Il en va de même pour le permis de conduire, la carte grise ou l’achat d’un véhicule : tout se fait à distance, sans jamais passer par un guichet.
J’ai ouvert et fermé des sociétés sur internet en moins d'une heure, en n'ayant besoin que d'une adresse. Je n'ai jamais vu le bâtiment actuel de leur CNRC qui s'occupent des entreprises, alors qu'en Angleterre, la Companies House gère les plus grandes sociétés du monde.
À mon arrivée en Angleterre, j’ai obtenu un logement social attribué par ma mairie de résidence en seulement deux semaines, sur la base d'un simple formulaire rempli par un agent de la mairie. Aucun document, aucun papier, ni même mon passeport, ne m'a été demandé.
Je n'ai jamais mis les pieds dans un bureau des impôts et pourtant, j'ai pu faire toutes mes déclarations et payer toutes mes redevances sans jamais avoir à faire face à un quelconque agent administratif.
En Angleterre, il n’y a pas cette obsession de l'état civil. Pas de fiche individuelle, pas de fiche familiale, pas de livret de famille, ni de carte d’identité. Il n'existe pas de bureaux dans les mairies réservés à l'état civil où les gens se bousculent pour des bouts de papier blancs remplis de tampons. Au fait, en Grande-Bretagne, l'idée même du tampon de la paraphe a été bannie depuis une éternité. Aucun papier officiel, quand il existe, ne porte de paraphe, juste la signature de l'auteur. Et néanmoins, tout fonctionne, et l'Angleterre est l'une des plus grandes puissances économiques mondiales.
Ce pays, dans sa relation avec l’administration, incarne une version réaliste de ce que nous considérons chez nous comme une utopie : un État au service du citoyen, et non un citoyen étouffé par l’État.
À bon entendeur, salut !
Akil Ourad
Ingénieur algérien installé en Angleterre
Auteur du livre : "De Londres à Jérusalem Terreur promise"
Dans un système à l’anglaise, l’administration se contente de faciliter, d’encadrer sans entraver, et de servir sans dominer. Elle agit dans l’ombre, en soutien. À l'inverse, chez nous, elle trône comme le véritable cœur du pouvoir, parfois même plus puissante que les institutions élues. Comment se fait-il qu’après six ans au pouvoir, le président lui-même continue de se plaindre des blocages causés par sa propre administration ?
L'administration algérienne, dans sa forme actuelle, n’est pas un outil réformable : elle est devenue un système de résistance, un bastion d’archaïsmes. C'est un labyrinthe où les idées meurent à coups de tampons et de parapheurs. Tant que cette structure jacobine, héritée de l'ancien colonisateur, ne sera pas déconstruite et qu’une philosophie administrative tournée vers le service, non vers le contrôle, ne sera pas adoptée, aucun programme de développement, aussi ambitieux soit-il, ne pourra aboutir.
Pour comprendre ce que peut être une administration au service du citoyen, il suffit de comparer deux modèles : l’administration jacobine, centralisée, tatillonne et obsédée par le contrôle, que nous connaissons en Algérie (et en France), et l’administration anglaise, fondée sur la confiance, la simplicité et l'efficacité.
Installé au Royaume-Uni depuis 1993, j’ai expérimenté pendant plus de trente ans une vie presque entièrement débarrassée de la bureaucratie.
Mes trois enfants ont été scolarisés de la maternelle à l’université sans que j’aie jamais à fournir un seul dossier, un seul certificat, une seule photo dídentité, ou une fiche de je ne sais quoi durant aucune année. Les établissements communiquent directement entre eux, sans rien demander aux familles.
J’ai travaillé dans les plus grands bureaux d’études du pays, sans que l’on me demande ni carte d’identité, ni diplôme, ni passeport : le CV et l’entretien suffisent. On recrute des humains, des compétences et non de la paperasse.
J’ai obtenu et renouvelé mon passeport plusieurs fois en envoyant simplement l'ancien par la poste, avec un formulaire téléchargé en ligne. Le nouveau arrive sous soixante-douze heures. Il en va de même pour le permis de conduire, la carte grise ou l’achat d’un véhicule : tout se fait à distance, sans jamais passer par un guichet.
J’ai ouvert et fermé des sociétés sur internet en moins d'une heure, en n'ayant besoin que d'une adresse. Je n'ai jamais vu le bâtiment actuel de leur CNRC qui s'occupent des entreprises, alors qu'en Angleterre, la Companies House gère les plus grandes sociétés du monde.
À mon arrivée en Angleterre, j’ai obtenu un logement social attribué par ma mairie de résidence en seulement deux semaines, sur la base d'un simple formulaire rempli par un agent de la mairie. Aucun document, aucun papier, ni même mon passeport, ne m'a été demandé.
Je n'ai jamais mis les pieds dans un bureau des impôts et pourtant, j'ai pu faire toutes mes déclarations et payer toutes mes redevances sans jamais avoir à faire face à un quelconque agent administratif.
En Angleterre, il n’y a pas cette obsession de l'état civil. Pas de fiche individuelle, pas de fiche familiale, pas de livret de famille, ni de carte d’identité. Il n'existe pas de bureaux dans les mairies réservés à l'état civil où les gens se bousculent pour des bouts de papier blancs remplis de tampons. Au fait, en Grande-Bretagne, l'idée même du tampon de la paraphe a été bannie depuis une éternité. Aucun papier officiel, quand il existe, ne porte de paraphe, juste la signature de l'auteur. Et néanmoins, tout fonctionne, et l'Angleterre est l'une des plus grandes puissances économiques mondiales.
Ce pays, dans sa relation avec l’administration, incarne une version réaliste de ce que nous considérons chez nous comme une utopie : un État au service du citoyen, et non un citoyen étouffé par l’État.
À bon entendeur, salut !
Akil Ourad
Ingénieur algérien installé en Angleterre
Auteur du livre : "De Londres à Jérusalem Terreur promise"
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