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Un diplomate algérien mis en cause dans l’enquête sur l’enlèvement en France de l’opposant Amir Boukhors

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  • Un diplomate algérien mis en cause dans l’enquête sur l’enlèvement en France de l’opposant Amir Boukhors

    L’ancien premier secrétaire de l’ambassade d’Algérie à Paris est soupçonné par la police française d’avoir supervisé la séquestration, en avril 2024, du youtubeur exilé surnommé « Amir DZ ».


    C’est décidément une chute sans fin, filets de sécurité démaillés comme jamais. Entre Paris et Alger, la plongée dans les abysses de l’animosité réciproque n’en finit plus, une enquête judiciaire sulfureuse en France venant aggraver des contentieux déjà lourds (Sahara occidental, migration, détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, etc.).

    Alors que deux diplomates français – présentés par Alger comme des fonctionnaires du ministère de l’intérieur – ont été refoulés, dimanche 11 mai, à leur arrivée à l’aéroport Houari-Boumediene, incident s’ajoutant aux expulsions mutuelles, à la mi-avril, entre Paris et Alger, de 24 agents diplomatiques et consulaires, l’enquête ouverte en France autour de l’enlèvement d’Amir Boukhors s’est accélérée ces dernières semaines. Kidnappé en avril 2024, dans le Val-de-Marne, l’homme est un youtubeur de l’opposition algérienne en exil connu sous le surnom d’« Amir DZ ». L’affaire fait ressortir la probable implication d’un diplomate en poste à l’ambassade d’Algérie en France, selon des informations recueillies par Le Monde.

    Depuis un mois, ce ténébreux dossier fait rebondir la crise diplomatique entre les deux capitales, annihilant brutalement l’accalmie qui s’était dessinée autour de la visite du ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, à Alger, le 6 avril. L’affaire « Amir DZ », née dans des conditions rocambolesques, a explosé telle une bombe à retardement. Les faits remontent au 29 avril 2024. Ce soir-là, Amir Boukhors rentre chez lui dans sa commune du Val-de-Marne quand, à proximité de son domicile, une voiture banalisée munie d’un gyrophare lui barre la route. Quatre hommes en civil, dont deux munis du brassard orange de la police, en surgissent, le menottent et le jettent dans leur véhicule, une Renault Clio de couleur noire, qui fonce aussitôt vers l’est en direction de Pontault-Combault (Seine-et-Marne).

    Mêlé aux préparatifs


    En fait de « policiers », les membres du commando se révèlent être des professionnels du kidnapping. « Un responsable algérien veut te voir, c’est le seul moyen qu’il a pour te parler », explique l’un d’eux à Amir DZ, selon le témoignage de ce dernier. L’équipe finit par échouer dans un enclos, décor de constructions modulaires et de ferraille de voitures, où le youtubeur est drogué de somnifères et jeté sur un matelas dans un préfabriqué, poignets toujours entravés de menottes. Le « responsable » algérien ne se montre finalement pas. Amir DZ est libéré vingt-sept heures plus tard, dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2024, en bordure d’une forêt voisine. Un an plus tard, les mobiles des commanditaires de l’opération demeurent mystérieux.

    Quoi qu’il en soit, l’implication d’un diplomate algérien rend l’affaire explosive. Selon une source proche du dossier sollicitée par Le Monde,ce diplomate − accrédité en qualité de premier secrétaire de l’ambassade algérienne − a été étroitement mêlé aux préparatifs et à la supervision de l’enlèvement d’Amir DZ. Selon les bornages téléphoniques reconstitués par l’enquête de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à laquelle cette source a eu accès, le premier secrétaire – « S. S. », selon ses initiales – a été localisé les 21, 22 et 23 mars 2024, puis le 6 avril 2024, à proximité du domicile d’Amir DZ dans le Val-de-Marne ainsi qu’aux abords d’une brasserie que le cyberopposant fréquentait régulièrement. Cette présence répétée relevait de toute évidence de missions de repérage.


    L’implication de S. S. s’est confirmée au moment de la séquestration d’Amir DZ, le diplomate ayant été en contacts étroits – physiques ou téléphoniques – avec un groupe d’individus identifiés par l’enquête policière comme ayant été associés à l’opération. Parmi eux figure « S. R. », un agent du consulat algérien de Créteil avec lequel S. S. était en lien continu pour suivre à distance le déroulement de la séquestration.

    Durant la première nuit qui a suivi l’enlèvement d’Amir DZ, les deux officiels algériens ont notamment été localisés à Créteil en compagnie de l’homme de main « K. S. M. », qui se rendait à intervalles réguliers sur le lieu de séquestration à Pontault-Combault, situé à une quinzaine de kilomètres de là. Cette nuit-là a été apparemment très agitée : les deux officiels ont aussi été repérés dans le 12e arrondissement de Paris, où S. S. a retiré, à 2 heures du matin, 2 000 euros à un guichet de banque. Les enquêteurs soupçonnent que la somme était destinée à rémunérer certains des gardiens d’Amir DZ.

    Question de l’immunité diplomatique


    Ouverte au printemps 2024, l’enquête a fait son chemin, péniblement dans un premier temps, jusqu’à connaître une accélération, en février, lorsque le Parquet national antiterroriste a saisi la brigade criminelle. L’information judiciaire ouverte le 11 avril s’est traduite le lendemain par la mise en examen et le placement en détention provisoire de trois personnes, qui avaient été arrêtées le 8 avril et placées en garde à vue, dont l’agent du consulat de Créteil, le fameux S. R.

    Ce dernier s’était soudainement envolé vers Alger, le 1er mai 2024, dans la foulée de la libération d’Amir DZ, pour revenir en France dix jours plus tard. Son arrestation semble avoir été précipitée, selon une source diplomatique, par sa localisation à proximité du domicile d’Amir DZ, un an après les faits. Ce qui pouvait laisser craindre l’imminence d’une nouvelle action de force contre l’opposant.

    Quant au diplomate S. S., il a quitté la France après la fin de sa mission à Paris, en août 2024. Selon la source du Monde qui a eu accès à l’enquête de la DGSI, son titre de premier secrétaire n’était en fait que la couverture de ses activités de sous-officier des services de sécurité extérieure algériens. Eric Plouvier, l’avocat d’Amir DZ, a demandé au juge d’instruction chargé du dossier qu’un mandat d’arrêt international soit délivré contre lui. La question de son immunité diplomatique se posera inévitablement.

    Selon l’article 39, alinéa 2, de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques, « l’immunité subsiste » après la fin de la mission d’un diplomate pour des « actes accomplis » dans l’exercice de ses anciennes « fonctions ».Or, à moins de considérer que lesdites « fonctions » impliquent l’enlèvement et la séquestration d’un opposant, l’immunité n’est pas recevable dans ce cas d’espèce, plaide Me Plouvier. La délivrance d’un mandat d’arrêt international, si toutefois le juge devait le décider, se heurterait de toute manière au veto d’Alger. Elle n’en aurait pas moins pour effet de compliquer le franchissement de certaines frontières par S. S. Et, au-delà du cas individuel, d’enflammer davantage une discorde entre Paris et Alger déjà incandescente.

    Frédéric Bobin



    ENQUÊTE – Paris, terrain de chasse des barbouzes algériens

    EXCLUSIF. L’enlèvement et la séquestration de l’influenceur algérien Amir DZ n’a rien d’un fait divers. Une affaire d’espionnage au parfum sulfureux qui aboutit à un véritable fiasco algérien.

    Mohamed Sifaoui19/04/2025 à 19:20



    La quarantaine, Amir DZ, de son vrai nom Amir Boukhors, vit en France depuis 2016 pour échapper à la vindicte d’un régime qu’il n’a jamais cessé de défier. En 2023, il obtient le statut de « réfugié politique ». Connu comme le loup blanc par les Algériens, il a acquis cette notoriété en faisant des vidéos fustigeant ce régime qui gangrène son pays. Aujourd’hui, ce père de deux enfants continue de pointer la corruption, les privilèges obscènes et le double discours d’apparatchiks qui vilipendent la France le jour et y résident la nuit : rien n’échappe à son verbe tranchant. Ni les généraux, ni les juges, ni les chefs des services. Pas même le président Tebboune. C’est ce qui le rend populaire dans un pays où l’information est cadenassée.


    Alger ne lui pardonne pas cette audace. La justice aux ordres l’a déjà condamné à la perpétuité. Et même à la peine capitale. Il a été accusé de tout, sans preuves évidemment. Le régime a tout fait pour obtenir son extradition, mais les tribunaux français s’y sont toujours opposés.

    Le 29 avril 2024, vers 23h30, Amir quitte le café où il a ses habitudes. À quelques mètres de chez lui, une voiture l’intercepte. Gyrophare posé sur le tableau de bord. Quatre hommes sortent, des brassards « police » bien visibles. L’un d’eux lui intime l’ordre de couper le moteur. Il obéit. On le pousse hors de son véhicule. Il est menotté, les bras dans le dos, forcé à monter dans un véhicule tandis que l’un de ces hommes prend place dans sa propre voiture. Elle sera retrouvée calcinée dans un coin perdu du Val-de-Marne. Amir demande : « Pourquoi vous m’arrêtez ? » Pas de réponse. La voiture prend l’autoroute. Le doute commence à s’installer. Il lance avec aplomb : « Vous n’êtes pas des policiers. » L’homme assis à ses côtés lui ordonne de baisser la tête. Un autre, dans un dialecte algérien hésitant, veut le rassurer. Son accent trahit un locuteur peu familier de la langue, probablement un Franco-Algérien né dans l’Hexagone. « Un patron veut te parler », souffle-t-il.

    Puis, le silence. Au bout de quelques minutes, la voiture s’arrête dans ce qui ressemble à une fourrière. Quatre autres hommes attendent au milieu d’un amas de voitures accidentées. Ils sont encagoulés de cols roulés montés jusqu’au nez, bonnet ou casquette vissé sur le crâne. Un bref conciliabule. On lui fait boire une eau contenant une poudre dissoute. Il tente de cracher. Trois des hommes l’encerclent à l’intérieur de la voiture, un à l’avant et deux à l’arrière. Ils le tiennent et le forcent à avaler. Le goût est étrange, métallique. Après cinq minutes, le temps que le breuvage fasse son effet, Amir est emmené vers un préfabriqué sans fenêtre. Deux matelas trônent à même le sol. Trois minutes plus tard, la vision se trouble, les membres s’alourdissent, le sol vacille. Le trou noir. Il doit être alors une heure du matin ce 30 avril 2024.

    Désaccords entre ravisseurs


    Quand Amir reprend conscience, le jour commence à poindre. Il est encore dans le préfabriqué. Couché sur le côté, il ne sent plus son bras droit engourdi. Il est toujours menotté. Face à lui, deux jeunes femmes. L’une voilée, masque chirurgical ne laissant que ses yeux visibles. L’autre, capuche de jogging, visage dissimulé. Elles ne veulent pas être reconnues et paraissent nerveuses. Amir tente le dialogue. La plus loquace lui lâche : « Rends le camion que tu as volé, et tu seras libre. » Il comprend alors qu’elles ne savent pas à qui elles ont affaire ni pourquoi il a été kidnappé. Il leur suggère de taper son nom sur Internet en précisant : « On vous a menti. Je ne suis pas un trafiquant, mais un opposant politique. » Elles hésitent puis s’exécutent. Sur leur smartphone défilent les références avec la photo d’Amir, qui attestent qu’il ne bluffe pas. À l’époque, les journaux parlent du refus de la justice française de l’extrader. Le choc des deux jeunes femmes est immédiat. Elles pâlissent. « C’est une affaire politique. Nous sommes dans la merde ! » lance celle qui porte un voile. Les deux quittent précipitamment le préfabriqué. Amir entend qu’une discussion s’engage à l’extérieur entre elles et d’autres hommes. Des éclats de voix à peine perceptibles lui font comprendre qu’il y a un désaccord entre ses ravisseurs à la fois sur des sommes d’argent et sur le sort qui doit lui être réservé. Puis un homme entre. Dans sa main, des comprimés. Il pince le nez d’Amir, lui enfonce les cachets dans la bouche. La lumière s’éteint à nouveau.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2


    Quand Amir DZ se réveille, c’est la fin de l’après-midi. Il apprend qu’il pourrait être libéré. Les deux jeunes filles ne sont plus là. Un homme s’approche, un bidon d’eau de javel et un chiffon à la main. Il commence à nettoyer les vêtements de sa victime, efface toute trace d’ADN. Les menottes sont retirées. Ses poignets sont tuméfiés, totalement violacés. Amir tient à peine debout. L’effet des produits qu’on lui a administrés continue de brouiller son esprit. On lui bande les yeux et ses ravisseurs l’obligent à monter dans une voiture. L’un d’eux lui dit dans un bon français : « Tu as de la chance ! Une bonne étoile veille sur toi. » Il comprend qu’il devait être liquidé. Au bout d’un quart d’heure, la voiture s’immobilise sur une route départementale. Ses ravisseurs lui intiment l’ordre de descendre, mais lui demandent de ne pas retirer le bandeau. À peine dehors, il enlève le masque chirurgical qu’il a sur les yeux. Juste le temps de voir deux véhicules s’extirper à toute allure.

    Nous sommes le 1er mai 2024. Il est 3 heures du matin. Épuisé, hébété, il marche tout droit, bras levé, jusqu’à l’autoroute. Un chauffeur Uber s’arrête. Algérien comme lui, il le reconnaît. Amir lui donne l’adresse de son domicile et lui demande de le conduire chez lui. À peine arrivé, sa compagne alerte les policiers qui étaient venus la voir quelques heures plus tôt. À 5 heures du matin, le couple est invité à se rendre au commissariat de Créteil. Amir Boukhors dépose. Raconte son rapt qui aura duré 27 heures. Les vérifications des enquêteurs confirment son récit. On trouve un taux très élevé de neuroleptiques dans son sang, qui auraient pu lui provoquer un arrêt cardiaque. On lui a administré des benzodiazépines, de puissants somnifères. C’est ce que constate le médecin légiste.

    Dans les milieux liés au régime, on tente déjà de faire diversion. Il se chuchote qu’il s’agirait d’un « règlement de comptes entre voyous ». Les islamistes du mouvement Rachad cherchent à leur tour à le discréditer. Ils avaient tenté de le manipuler au moment du Hirak pour bénéficier de sa notoriété, avant qu’Amir DZ prenne ses distances. Ils lui en veulent. La convergence d’intérêts entre le régime et les islamistes est évidente. Ce sont les démocrates qui sont persécutés en Algérie comme à l’étranger.

    L’alerte est rouge


    À Paris, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) commence à s’intéresser à cette affaire, confiée à la police judiciaire de Villejuif. Et pour cause, le mode opératoire, la logistique, l’identité de la victime… tout pointe vers une action bien plus structurée qu’un simple kidnapping crapuleux. En plus, plusieurs éléments font apparaître les barbouzes d’Alger. L’affaire remonte jusqu’à la cellule diplomatique de l’Élysée. Un enlèvement en pleine Île-de-France, des suspects encore non identifiés, et surtout une cible : un réfugié politique. L’alerte est rouge. D’autant que plusieurs signaux semblent impliquer le régime algérien. Mais pour l’instant, la prudence est de mise. Personne n’a envie de froisser le président algérien. Emmanuel Macron doit le rencontrer en juin 2024, en marge du sommet du G7 en Italie, et il va lui annoncer de surcroît une mauvaise nouvelle : la France s’apprête à reconnaître la marocanité du Sahara occidental.

    Chargés de prévenir la contre-ingérence, les services français observent, depuis un moment, un activisme inhabituel de leurs homologues algériens sur le territoire hexagonal. « C’est à tout le moins un manque d’élégance », souligne l’une de nos sources. Un rapport confidentiel que nous avons pu consulter évoque les « nombreuses manœuvres agressives réalisées, depuis le Hirak, sur notre territoire par les services de renseignement algériens ». Tebboune a accédé au pouvoir en 2019. Tout montre que la réorientation de l’attitude algérienne est liée à une nouvelle volonté politique. « Ils nous testent ! glisse un agent français avant d’ajouter : Ils veulent voir jusqu’où on est prêts à tolérer leur jeu. » Un autre, dépité, précise : « Ils ne nous respectent pas, parce qu’on les laisse faire. »

    Alors que l’enquête de la PJ de Villejuif traite l’aspect criminel, les agents de la DGSI suivent cette histoire pour le moins intrigante en observateurs, pour essayer de comprendre ses tenants et ses aboutissants. Dès l’été 2024, les hommes de la PJ découvrent qu’un « agent consulaire » algérien a fréquenté, de manière régulière, les différents lieux de vie d’Amir DZ. Il a été repéré à proximité de son domicile, du café où Amir DZ a ses habitudes, mais surtout non loin de son lieu de séquestration. Des exemples : au milieu de la nuit, alors que l’opposant était drogué, entre les mains de ses geôliers, le téléphone de « l’agent consulaire » bornait non loin. Un hasard, prétendent les Algériens. À minuit, le même « diplomate » était en contact avec au moins un des ravisseurs. Un autre hasard ? Quoi qu’il en soit, l’homme est placé sur écoute. En le suivant, les enquêteurs découvrent que ce n’est pas un simple « agent consulaire » mais un militaire, membre des services de renseignement algériens. Il s’agit de l’adjudant R., membre de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE). L’information nous est confirmée par une source proche du dossier. L’adjudant agit sous les ordres d’un pseudo- « vice-consul », la couverture « diplomatique » du lieutenant-colonel B. La surveillance permettra d’identifier aussi un troisième larron : le commandant S.

    Les trois espions sont alors soupçonnés d’être les instigateurs de l’enlèvement d’Amir DZ. C’est la raison pour laquelle ils sont suivis. C’est là que les fins limiers du contre-espionnage français et leurs collègues de la PJ découvrent que les hommes du consulat sont en contact avec un Franco-Algérien. Un informaticien qui travaille à Bercy. L’homme est « tamponné », comme on dit dans le jargon de la barbouzerie. Les Algériens veulent avoir accès à des données personnelles de leurs détracteurs et connaître leur patrimoine. L’informaticien reçoit une liste qui mentionne des journalistes, des hommes d’affaires et des opposants politiques. De son côté, le fonctionnaire était en contact avec une assistante sociale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, l’OFII, qui lui communiquait également des données qu’elle collectait à partir d’un logiciel professionnel.

    En décembre, il y a déjà suffisamment d’éléments pour justifier l’interpellation du fonctionnaire de Bercy et de sa complice. À peine arrivés dans les locaux du contre-espionnage, ils se mettent à table. Le fonctionnaire de Bercy raconte comment les Algériens sont parvenus à exercer un chantage sur lui. La jeune femme révèle comment elle lui a fourni des informations « pour rendre service » après qu’ils ont noué une relation intime. Les deux sont aujourd’hui sous contrôle judiciaire. L’affaire commence à prendre une autre dimension. Quelques semaines plus tard, en début d’année, d’autres informations très inquiétantes poussent le Parquet national antiterroriste (Pnat) à s’autosaisir de cette affaire. Il confie les deux enquêtes à la DGSI et à la section antiterroriste de la brigade criminelle.

    Au-delà de l’intimidation


    À Alger, c’est la panique depuis septembre 2024. Le patron de la DGDSE, le général M’henna Djebbar, est débarqué en raison de plusieurs ratages dont l’opération de pieds nickelés en France qu’il aurait lui-même supervisée avec son futur successeur, le général Rochdi Fethi Moussaoui. À l’époque des faits, ce dernier, actuel patron de la DGDSE, était en poste à Paris, comme responsable du Bureau de sécurité à l’ambassade. En d’autres termes, il était le responsable de tous les agents de renseignement agissant sur le sol français. C’est un homme de confiance d’Abdelmadjid Tebboune et un ami personnel de son fils. Selon nos sources algériennes, toutes ces barbouzeries ont été montées sur instruction directe du président. Nos interlocuteurs soulignent qu’une telle opération ne peut se faire sans son aval. On nous rappelle aussi que l’autocrate s’était juré de faire taire l’opposant « par tous les moyens ». Après l’échec des nombreuses demandes d’extradition et l’obtention par Amir DZ d’un statut de réfugié politique, le maître d’Alger, furieux, aurait donné l’ordre d’agir clandestinement. Tebboune n’a jamais pardonné, semble-t-il, à l’influenceur l’une de ses vidéos où il cite sa fille et son épouse.

    Ce n’est guère un hasard si les services algériens ont envoyé en France une quarantaine d’agents, tous grades confondus, spécialisés dans la traque des détracteurs du régime. « C’est leur principale mission », nous assure-t-on. L’affaire Amir DZ n’était pas une « simple » histoire d’intimidation.


    Toujours est-il qu’en apprenant que l’enquête avançait, deux des officiers quittèrent la France. Le commandant S. est exfiltré dès novembre 2024. Quelques semaines plus tard, c’est le « vice-consul », le lieutenant-colonel B., qui part à son tour. Les deux hommes se sont littéralement enfuis. Comme de vulgaires bandits. Nous savons que le fameux « vice-consul » s’est d’abord rendu à Nice avant d’être conduit par route, par un autre agent, vers le territoire italien. De là, il a pris l’avion.

    De son côté, l’adjudant R. est parti en Algérie quelques jours plus tard, dans le courant du mois de décembre, au moment de l’interpellation du fameux fonctionnaire de Bercy et de sa complice présumée. Officiellement pour les fêtes, nous dit une source au consulat de Créteil. Il y restera plusieurs semaines.

    À l’issue de la visite de Jean-Noël Barrot à Alger, le 6 avril dernier, l’agent consulaire est autorisé par sa hiérarchie à retourner en France. Les enquêteurs le cueillent en pleine rue. Cela a « ému » les caciques. « Pourquoi ne l’a-t-on pas convoqué ? » s’insurgent-ils aujourd’hui. La réponse est simple : pour récupérer son téléphone portable qui contient tous les éléments permettant de le confondre. Cela aidera aussi à comprendre le rôle de ses supérieurs qui seront probablement convoqués par la justice. Car, aujourd’hui, les preuves seraient accablantes. Malgré les dénégations des Algériens, beaucoup de choses montreraient que d’autres opérations, encore plus graves, étaient en préparation. Cette affaire risque de révéler d’autres secrets susceptibles de montrer, à ceux qui le défendent, la vraie nature de ce régime.
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    • #3
      Un diplomate algérien mis en cause dans l’enquête sur l’enlèvement en France de l’opposant Amir Boukhors
      à mon humble avis et sa reste qu'un avis ,allah wa3lem ,c'est une sorte de chantage pour récupérer boualem sansal .
      car même si c'était vrai, ce que je doute ,en régle général, ce genre de profil est discrètement prié de quitter le territoire en question .
      alors ,on peut se poser la question pourquoi cette insistance des services français à vouloir à tout prix récupérer l'ancien (trés) haut fonctionnaire Algérien .
      Dernière modification par xenon, 15 mai 2025, 11h08.
      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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      • #4
        On peut se poser la question pourquoi cette insistance des services français à vouloir à tout prix récupérer l'ancien (trés) haut fonctionnaire Algérien .
        C'était un agent d'une grande valeur pour la France.
        De par le poste sensible qu'il occupait, les sociétés françaises raflaient tous marchés dans l'industrie.


        En fin carrière, ils l'ont compensé avec une naturalisation..

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        • #5
          le premier secrétaire – « S. S. », selon ses initiales – a été localisé les 21, 22 et 23 mars 2024, puis le 6 avril 2024, à proximité du domicile d’Amir DZ dans le Val-de-Marne ainsi qu’aux abords d’une brasserie que le cyberopposant fréquentait régulièrement. Cette présence répétée relevait de toute évidence de missions de repérage.
          Mais non voyons! c'est un voisin de palier d'Amir dz..

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          • #6
            c'est la cata quand même toute cette barbouzerie....la france ne va pas se laisser faire. c'est grave

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            • #7
              c'est la cata quand même toute cette barbouzerie....la france ne va pas se laisser faire. c'est grave
              mais non voyons ,dans quel monde tu vis , c'est les francais eux mêmes qui ont inventés le mot barbouze tellement ils l'ont pratiqués .

              même si c'était vrai, dans un cadre normal, l'agent en question aurait été exfiltré avant qu'il ne soit mis en examen, on a vu des chefs du rensegniement marocains évacués de france car accusés de torture sur des opposants .
              Une affaire comme celle ci n'aurait jamais pu avoir lieu dans un cadre relationnel ordinaire entre deux etats , perso , c'est pour cela que c'est bizzare et qu'a mon avis , la france ( les services francais) veut peut être procéder à un échange .
              Dernière modification par xenon, 15 mai 2025, 19h31.
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              On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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              • #8
                peut-être oui . mais c'est tebboune qui a juré de le faire payer.....donc...

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                • #9
                  peut-être oui . mais c'est tebboune qui a juré de le faire payer.....donc...
                  tebboune a juré de faire payer quoi ?
                  ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                  On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

                  Commentaire


                  • #10
                    amir dz...justement un président ne devrait jamais parler comme ça. (sur un ton menaçant qui plus est)

                    Commentaire


                    • #11
                      amir dz...justement un président ne devrait jamais parler comme ça. (sur un ton menaçant qui plus est)
                      c'est des conn.eries d'abdou semmar, c'a na aucun crédit ,
                      De mêmoire ,il avait dit un truc comme quoi c'est un voyou ,mais sans plus .

                      mais bref , quel que soient les faits ,la tournure prises par les événements laissent penser une exploitation de l'affaire par les français pour autre chose
                      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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                      • #12
                        t'es certain de toi ? car j'ai l'impression d'avoir entendu tebboune dire en arabe " il va le payer" sans le citer....mais bon après je me trompe peut-être

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                        • #13
                          Cette boule de neige ne cesse de grandir ou ça va s'arrêter ça on sait pas

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