Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Oued El Harrach : on ne peut sauver Alger sans sauver son fleuve

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Oued El Harrach : on ne peut sauver Alger sans sauver son fleuve


    Par Mohammed Iouanoughene

    18 août 2025


    La chute d’un bus du pont d’El Harrach, causant 18 morts et 24 blessés, a bouleversé l’opinion publique. Ce drame, au-delà de son coût humain, symbolise la fragilité persistante d’un espace urbain où se croisent inégalités, pollution et espoirs de modernisation.


    Oued El Harrach : un fleuve trop longtemps sacrifié


    L’Oued El Harrach, qui traverse l’est d’Alger avant de se jeter dans la baie, est depuis des décennies le reflet du rapport ambivalent de la capitale à son environnement. Transformé avec le temps en canal à ciel ouvert pour les eaux usées industrielles et domestiques, le fleuve a accumulé une pollution massive : métaux lourds, hydrocarbures, bactéries pathogènes, déchets en tous genres.

    Malgré de vastes travaux lancés depuis 2012, la réalité reste préoccupante, notamment à El Harrach et à son embouchure, où l’eau demeure noire, nauséabonde et impropre à tout usage récréatif. Plus de 38 milliards de dinars ont déjà été investis dans ce chantier structurant. Selon le bilan officiel de mars dernier, plus de 90% des travaux d’aménagement extérieur et de dépollution ont été réalisés. Cela inclut la création d’espaces verts, d’aires de jeux et de stades sur les rives, alimentés par des eaux traitées issues du projet.

    Selon les experts, la dépollution définitive du fleuve exige encore 10 à 15 milliards de dinars supplémentaires et un plan d’urgence ciblé sur El Harrach et son embouchure — deux véritables “points noirs”. Une enveloppe qui reste à la portée de l’État, qui a déjà dépensé bien davantage pour des projets d’embellissement de la capitale, souvent sans résultats tangibles.

    Mais au-delà des chiffres, il faudra un véritable engagement politique pour transformer l’Oued El Harrach et devienne enfin un symbole de renouveau pour Alger.

    De la rivière vivante à l’égout à ciel ouvert


    Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’Oued El Harrach restait relativement propre : on y pratiquait l’irrigation, la pêche et la baignade, et l’on y trouvait moulins hydrauliques et faune aquatique abondante.




    La situation change progressivement avec le développement urbain : la colonisation voit la construction de ponts, de routes et la création de la grande zone industrielle de la “Maison Carrée” (auj. El Harrach) a vu s’installer certaines activités industrielles : abattoirs, tanneries, petites usines (notamment liées à la transformation agricole et à l’artisanat), et quelques manufactures implantées autour des voies ferrées et du port d’Alger.

    Les abattoirs de Maison Carrée étaient déjà réputés pour leurs nuisances olfactives et leurs déversements, mais il s’agissait d’une pollution beaucoup plus localisée et limitée. A l’indépendance, l’État a choisi de développer l’industrie lourde et de masse sur ces mêmes sites où les infrastructures et la proximité d’Alger facilitaient l’installation des grandes zones industrielles (El Harrach, Rouiba, Réghaïa…).

    Ces anciennes zones d’activités sont ainsi devenues les noyaux de l’industrialisation rapide planifiée dans les années 1970 et 1980, engendrant la problématique de pollution qu’on connaît aujourd’hui.

    On recense aujourd’hui près de 174 unités industrielles installées sur son bassin. Parmi les plus polluantes : les tanneries d’El Harrach, les huileries d’Oued Smar, les ateliers mécaniques du Gué de Constantine, ou encore la cimenterie d’El Karma.

    Si Ahmed Menad, expert algérien auprès de l’ONU, rappelle que la coopération avec la GTZ (aujourd’hui GIZ) avait nourri de grands espoirs pour dépolluer le fleuve. Cet organisme allemand intervenait dans plusieurs secteurs en Algérie depuis 1975, dont le secteur de l’Eau et l’assainissement. Mais, selon notre expert, « les financements n’ont pas suivi, les objectifs changeaient sans cesse : au départ, il s’agissait d’un projet intégré avec aménagement des berges, zones de loisirs et même voie navigable… des illusions habituelles. »

    La station d’épuration de Baraki, mise en service en 1989 et modernisée en 2000, affiche une capacité de 200 000 m³/jour mais reste sous-utilisée : une grande partie des rejets urbains et industriels continue d’être déversée directement dans le fleuve.

    « En théorie, toutes les unités industrielles devaient installer des stations de prétraitement, mais en pratique ce n’est pas appliqué, car beaucoup d’usines appartiennent à des personnes influentes », déplore l’expert. Il précise que lorsque la STEP reçoit des rejets industriels sans prétraitement, la charge chimique trop élevée perturbe le processus d’épuration, entraînant des arrêts fréquents et le rejet brut d’eaux usées. Les boues générées par la station, faute de traitement, sont parfois déversées directement dans l’oued, ce qui est strictement prohibé.

    L’exemple de la seine


    Selon les chiffres officiels, 80 à 90% des unités industrielles disposent aujourd’hui d’un système de prétraitement ou sont raccordées à des réseaux dédiés. Mais en réalité, beaucoup de pollutions continuent de s’échapper, les collecteurs secondaires ne sont pas tous achevés, et les rejets directs perdurent.

    La comparaison avec la Seine est éclairante : dans les années 1970, le fleuve parisien était extrêmement pollué. Mais une gouvernance claire, des plans d’action pluri-décennaux, la reconversion d’unités polluantes et des investissements massifs ont permis une renaissance. Résultat : baignade autorisée aux Jeux olympiques de 2024.

    L’Oued El Harrach est dix fois moins long et moins profond que la Seine. Sa dépollution est donc techniquement possible, et même financièrement abordable. Pourtant, les autorités algériennes n’ont jamais envisagé de relocaliser totalement les activités industrielles qui asphyxient le fleuve, préférant miser sur la modernisation des unités existantes, avec des résultats insuffisants.



    maghrebemergent.news
    Dernière modification par sako, 18 août 2025, 18h57.

  • #2


    Commentaire


    • #3
      il y a quelques années on nous a menti , on nous avait dit que les coréens ont désinfecté l'oued et l'eau sera désormais propre et limpide , et les alentours de l'oued seront fait de verdures , de fleurs , d'arbres et sera un endroit de détente pour les familles
      Dernière modification par ACAPULCO, 18 août 2025, 23h31.
      Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
      (Paul Eluard)

      Commentaire


      • #4
        ACAPULCO ''il y a quelques années on nous a menti ''

        oui il est grand temps que les dirigeants arretent de se mentir. On ne peut pas mentir au peuple qui vit les réalités à touts les jours ! Oued el harrach , les bus, les routes, la distribution d'eau, le transport des nouvelles cités dortoirs, les hopitaux et le rêve des soins gratuits...

        Commentaire


        • #5
          Une petite question : De tout temps, il est désigné par le vocable "oued", maintenant, on le qualifie de fleuve ! Alors, il prend sa source où ?
          « Même si vous mettiez le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche je n'abandonnerais jamais ma mission". Prophète Mohammed (sws). Algérie unie et indivisible.

          Commentaire


          • #6
            oued el harrach prend sa source quelque part proche hammam el ouan. il a plusieurs mini affluants

            petite video du projet ou on voit le bassin versant

            Commentaire


            • #7
              Qui se rappelle de la blague qu'on racontait au début des années 1980 qui dit que les Américains ont demandé au gouvernement algérien de leur donner les eaux de Oued El Harrache pour en extraire du plutonium.

              Commentaire


              • #8
                une autre video en arabe sur les sources de oued el harrach

                Commentaire


                • #9
                  j'ai toujours connu oued el Harrach polluée pour les autorités ne procède pas à sa dépollution

                  Commentaire

                  Chargement...
                  X