Chaque fois que des attentats kamikazes ciblent des civils et les forces de sécurité, des voix s’élèvent aussitôt pour clamer, à l’instar de Abdelaziz Belkhadem, qu’ils sont le fait d’un «complot international » dirigé contre l’Algérie.
Mais alors si c’est le cas, qui en sont donc les initiateurs ? L’Occident ? Un pays arabe ? L’Iran ? La thèse de la «main de l’étranger» n’est pas nouvelle. Le problème est qu’elle a la vie dure. En 1992 déjà, un haut responsable avait évoqué, entre autres, pistes «la main de la France» derrière l’attentat de l’aéroport d’Alger !
Pour revenir aux derniers actes commis dans le pays, on a lu et entendu en Algérie et en Europe qu’ils s’inscrivaient dans une stratégie visant à desserrer l’étau autour de la Qaïda en Irak. Si c’est bien le cas, cela signifie qu’en exportant la terreur en Algérie, la Qaïda escompte, en allant y faire la guerre, pousser les Américains à quitter l’Irak et, partant, permettre aux djihaddistes irakiens de souffler un peu ! On veut bien y croire sauf que Ben Laden et Zawahiri sont loin d’être des demeurés !
En revanche, ceux qui colportent de telles «vérités» prennent les lecteurs algériens pour des imbéciles ! D’abord, rétablissons une vérité. Le recours aux attentats kamikazes n’est pas une invention irakienne. C’est l’Iran de Khomeini qui a inventé le «kamikaze» quand il a lancé des vagues de jeunes se faire exploser sur les mines irakiennes. C’était durant les années 1980 en pleine guerre Irak-Iran.
Mais c’est au Liban, en 1982, que les premiers véhicules kamikazes sont apparus et ont été les plus dévastateurs, tuant plus de 200 Marines américains, une soixantaine de paras français, avant que les chiites radicaux ne réussissent à détruire le siège de l’état-major israélien alors basé dans la banlieue de Beyrouth ! Le recours au martyre fut par la suite utilisé en Palestine durant la seconde Intifada, avant que cette pratique des attentats-suicides ne soit portée à son paroxysme en septembre 2001 et systématisée ensuite en Irak ! Le recours à l’attentat kamikaze n’est donc ni une invention irakienne ni une invention de la Qaïda.
Toujours est-il que les oulémas sunnites avaient condamné l’attentat suicide comme une hérésie au motif que l’Islam désapprouve le suicide comme mode de djihad. Mais dès lors que les salafistes sunnites se sont mis à recourir à cette méthode en Palestine, puis en Irak, on a vu les mêmes oulémas sunnites, comme Al- Qardhawi, opérer un revirement à 180 degrés, s’en emparer et la légitimer du point de vue religieux, comme ils avaient légitimé à un moment donné le djihad du GIA.
Quant aux tenants de la théorie du complot, voire de la main de l’étranger ou encore de ce discours qui essaie de déculpabiliser les islamistes pour ne pas fermer la porte à un compromis débouchant sur une alliance islamo-conservatrice désastreuse pour le devenir de ce pays, il suffit de leur indiquer – ils le savent d’ailleurs – qu’Internet fourmille de sites islamistes – plus de 5 000 – où sont revendiqués et loués dans toutes les langues les exploits des djihaddistes, vidéos, sourates et hadiths, exégèse et commentaires du livre saint à l’appui ! D’éminents cheikhs islamistes connus prodiguent leurs vérités, leurs conseils, justifiant le meurtre de musulmans, qui à leurs yeux n’en sont pas, par d’autres musulmans…
Or, on n’a jamais entendu un dirigeant politique stigmatiser ces djihaddistes, les désignant en tant que tels, ni un quelconque ouléma dénoncer ouvertement et publiquement Ben Laden et Zawahiri, mettre en garde ou critiquer ouvertement leurs idées, le contenu de ces sites appelant et justifiant le meurtre.
Alors au lieu de vous fourvoyer dans des explications qui n’en sont pas, de faire dans la diversion en faisant croire que ce dont a besoin le pays, c’est de s’assurer une «sécurité linguistique» contre la langue française, rendue responsable des maux de l'université et sans doute du pays, dites clairement pour qui vous courez !
- Le Soir
Mais alors si c’est le cas, qui en sont donc les initiateurs ? L’Occident ? Un pays arabe ? L’Iran ? La thèse de la «main de l’étranger» n’est pas nouvelle. Le problème est qu’elle a la vie dure. En 1992 déjà, un haut responsable avait évoqué, entre autres, pistes «la main de la France» derrière l’attentat de l’aéroport d’Alger !
Pour revenir aux derniers actes commis dans le pays, on a lu et entendu en Algérie et en Europe qu’ils s’inscrivaient dans une stratégie visant à desserrer l’étau autour de la Qaïda en Irak. Si c’est bien le cas, cela signifie qu’en exportant la terreur en Algérie, la Qaïda escompte, en allant y faire la guerre, pousser les Américains à quitter l’Irak et, partant, permettre aux djihaddistes irakiens de souffler un peu ! On veut bien y croire sauf que Ben Laden et Zawahiri sont loin d’être des demeurés !
En revanche, ceux qui colportent de telles «vérités» prennent les lecteurs algériens pour des imbéciles ! D’abord, rétablissons une vérité. Le recours aux attentats kamikazes n’est pas une invention irakienne. C’est l’Iran de Khomeini qui a inventé le «kamikaze» quand il a lancé des vagues de jeunes se faire exploser sur les mines irakiennes. C’était durant les années 1980 en pleine guerre Irak-Iran.
Mais c’est au Liban, en 1982, que les premiers véhicules kamikazes sont apparus et ont été les plus dévastateurs, tuant plus de 200 Marines américains, une soixantaine de paras français, avant que les chiites radicaux ne réussissent à détruire le siège de l’état-major israélien alors basé dans la banlieue de Beyrouth ! Le recours au martyre fut par la suite utilisé en Palestine durant la seconde Intifada, avant que cette pratique des attentats-suicides ne soit portée à son paroxysme en septembre 2001 et systématisée ensuite en Irak ! Le recours à l’attentat kamikaze n’est donc ni une invention irakienne ni une invention de la Qaïda.
Toujours est-il que les oulémas sunnites avaient condamné l’attentat suicide comme une hérésie au motif que l’Islam désapprouve le suicide comme mode de djihad. Mais dès lors que les salafistes sunnites se sont mis à recourir à cette méthode en Palestine, puis en Irak, on a vu les mêmes oulémas sunnites, comme Al- Qardhawi, opérer un revirement à 180 degrés, s’en emparer et la légitimer du point de vue religieux, comme ils avaient légitimé à un moment donné le djihad du GIA.
Quant aux tenants de la théorie du complot, voire de la main de l’étranger ou encore de ce discours qui essaie de déculpabiliser les islamistes pour ne pas fermer la porte à un compromis débouchant sur une alliance islamo-conservatrice désastreuse pour le devenir de ce pays, il suffit de leur indiquer – ils le savent d’ailleurs – qu’Internet fourmille de sites islamistes – plus de 5 000 – où sont revendiqués et loués dans toutes les langues les exploits des djihaddistes, vidéos, sourates et hadiths, exégèse et commentaires du livre saint à l’appui ! D’éminents cheikhs islamistes connus prodiguent leurs vérités, leurs conseils, justifiant le meurtre de musulmans, qui à leurs yeux n’en sont pas, par d’autres musulmans…
Or, on n’a jamais entendu un dirigeant politique stigmatiser ces djihaddistes, les désignant en tant que tels, ni un quelconque ouléma dénoncer ouvertement et publiquement Ben Laden et Zawahiri, mettre en garde ou critiquer ouvertement leurs idées, le contenu de ces sites appelant et justifiant le meurtre.
Alors au lieu de vous fourvoyer dans des explications qui n’en sont pas, de faire dans la diversion en faisant croire que ce dont a besoin le pays, c’est de s’assurer une «sécurité linguistique» contre la langue française, rendue responsable des maux de l'université et sans doute du pays, dites clairement pour qui vous courez !
- Le Soir
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