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A quoi sert le Festival du Film de Marrakech ?

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  • A quoi sert le Festival du Film de Marrakech ?

    «Après la Palme d’Or du festival de Cannes, voici le Palmier du festival de Marrakech». Avant même le lancement du Festival International du Film de Marrakech (FIFM) en 2001, le cinéaste marocain Nabil Lahlou avait écrit sous ce titre humoristique un pamphlet dans la presse marocaine. Il dénonçait déjà la «nouvelle machine à sous exotique» qu’allait constituer le FIFM à l’instar du Festival de Cannes… au détriment du cinéma marocain.
    Questionné à propos de l’édition 2009, à laquelle il n’a pas été invité comme pour les précédentes, il persiste et signe: «je considère toujours le festival de Marrakech comme une opération mercantiliste franco-française. Les marocains y sont traités par flatterie et paternalisme. C'est une des raisons qui pousse les organisateurs à me saboter.» (1)
    Avec l’indépendance d’esprit du cinéaste qui s’est fait tout seul, il dénonce : «Tous les créateurs marocains ont été sabotés dès la première édition du Festival de Marrakech, placée sous le signe des copains et des coquins et d’un paternalisme qui vous donne la certitude que vous n’êtes que de pauvres indigènes dans votre propre pays. Jamais je ne me sens autant colonisé que pendant ce Festival du film de Marrakech.» (2)
    Lahlou témoigne que c’est effectivement le producteur français Daniel Toscan du Plantier qui avait proposé l’organisation de ce Festival dès 1988 à Hassan II qui n’y avait jamais donné suite. Après sa mort, le conseiller du Palais André Azoulay relance l’idée auprès de Mohamed VI qui accepte de créer la Fondation du Festival et de la parrainer. Après la mort de Daniel, c’est sa veuve Melita, belle blonde aux yeux bleus, qui hérite de la direction de la poule aux œufs d’or du FIFM. (3)
    Nabil Lahlou victime du Festival
    Nabil Lahlou est marginalisé dans le milieu du cinéma au Maroc, bien qu’il soit très représentatif du cinéaste maghrébin, nationaliste, révolutionnaire, engagé, combatif et créatif. Quand on ne le connaît pas, on est étonné de le voir et l’entendre s’exprimer dans les rassemblements culturels. Ses confrères baissent ou lèvent la tête dans des silences gênés.
    Théâtral, exubérant, démonstratif, lyrique, doté d’une faconde légendaire, Nabil Lahlou n’a jamais mis sa langue dans la poche et le fait savoir dans toutes les réunions sur le cinéma où il s’invite malgré les organisateurs qui craignent ses saillies verbales et gestuelles pittoresques et dérangeantes.
    Le 4 décembre dernier lors du Forum des Alternatives Action Jeunesse au cinéma 7ème Art de Rabat, Nabil Lahlou s’est encore emparé du micro pour lancer à tous ces jeunes qui s’exprimaient en français: «Si vous voulez que le Maroc change, apprenez à parler l’arabe».
    Quand on parcourt la carrière de Lahlou, on comprend vite le gouffre qui sépare la dure réalité du cinéaste marocain du faste indécent d’un festival exogène qui ne l’a jamais servi. On mesure toute la dimension du combat titanesque qu’a mené Nabil pour l’émancipation artistique du cinéaste contre les pesanteurs de la société marocaine à travers son film «Tabite or not Tabite», un titre jeu de mots inspiré du scandale sexuel impliquant le fameux commissaire de police Tabet, accusé de 1000 viols qui avait défrayé la chronique au début des années 90. Il réalisa son film avec un budget ridicule de 1,7 million dh (150.000 €) subventionnés par l'Etat… plus trois dépressions nerveuses.
    Il situe l’importance de son œuvre dans une interview: «Mon film s'inscrit dans cette logique de dénoncer les abus, les impostures et surtout de montrer que notre pays fait beaucoup d'efforts pour la liberté d'expression. L'affaire Tabet avait démarré en 1992 quand le scandale a éclaté… Mon film se déroule sur quinze années de 1992 à 2005. Il montre le Maroc de l'époque Tabet, la période de l'assainissement, la mort d’Hassan II, le nouveau règne…. C'est vrai que j'ai exploité l'affaire Tabet, car elle représente pour moi le pourrissement de la police et du système. Cette situation signifie que le citoyen est en danger et partant que le pays est en danger… il est de mon devoir de tirer la sonnette d'alarme… Au cours de son procès, Tabet lui-même disait qu'il était malade et qu'il voulait se faire soigner. Mais cet être humain malade avait le pouvoir et il a exploité sa puissance à des fins personnelles. Mais il y a mille et un Tabet qui continuent d’exister dans le pays.» (4)
    Ce film faisait des vagues avant même son hypothétique sortie en salle. Ce fut l’occasion pour Nabil de lancer un nouveau jeu de mot : «On a failli circoncire Tabite», lorsque la famille Tabet avait déposé plainte pour interdire le film. Convoqué au tribunal de Rabat, le réalisateur a plaidé sa cause lui-même, défendant le droit à la création et le devoir de faire des films sur cette époque trouble où les abus de pouvoir étaient le lot quotidien des Marocains. Il obtint gain de cause et l’avant-première s’est finalement tenue au théâtre Mohammed V de Rabat.
    Mais le cinéaste n’était pas encore arrivé au bout de ses peines en se heurtant à l’obstacle de la diffusion: «Moi, je ne vis que de mon métier. Mon épouse comédienne Sophia Hadi, ne vit aussi que de son métier. La télévision m'est fermée… Tu te dis comment ce pays me ferme la porte à moi qui suis un créateur... J'ai fait le tour de tous les propriétaires de salles de cinéma pour pouvoir projeter mon film…».
    Son combat pour la reconnaissance du cinéaste qui s’est attaqué au plus grand tabou de la société marocaine s’est aussi heurté au rejet méprisant des organisateurs du festival de Marrakech.
    «Quand j'ai fait ce film, je voulais qu'il sorte en 2004 à Marrakech. J'ai donné des copies au délégué du festival pour les confier à la commission, mais j'ai appris par la suite qu'il n'y avait pas de commission et qu'une seule personne choisissait les films en compétition… le directeur artistique du festival n'a pas vu mon film.» Ensuite, «Le dvd de «Tabite or not Tabite» a été de nouveau remis en mains propres, en 2006, à Noureddine Saïl, vice- président du FIFM, pour qu’il le remette à Bruno Barde, le directeur artistique et seul responsable du choix des films du Festival. Aucune réponse, orale ou écrite, n’a été communiquée ni par Noureddine Saïl, ni par Bruno Barde, qui reconnait ne pas s’en souvenir parmi les mille films qu’il a dû visionner, tout seul, pour décider, tout seul, du sort de la Compétition du festival.»
    Les autres cinéastes n’ont pas le courage de Nabil Lahlou et n’osent pas critiquer le festival en raison d’une anomalie d’organisation du cinéma marocain très simple et grave à la fois. Un des vice-présidents de la Fondation, Noureddine Sail, est en même temps directeur du Centre Marocain du Cinéma (CMC). Il dirige aussi le festival national de Tanger et exerce donc un double monopole, sur les festivals et sur la dotation des subventions par le CMC. Les réalisateurs se retrouvent donc tétanisés et stérilisés d’esprit critique de peur d’être exclus des aides financières du CMC.
    Tout systeme logique est nécéssairement incomplet

    Gödel

  • #2
    1) Nabyl Lahlou est né en 1945 à Fès. Il étudie l'art dramatique à l'?cole Charles Dullin et à l'Université du Théâtre des Nations, en France. Au début des années 70 il enseigne le théâtre à l’Institut d’Art dramatique de Bordj El Kiffane en Algérie et collabore avec le Théâtre National Algérien à l’invitation de Mustapha Kateb. De retour au Maroc, il continue à écrire et à produire des pièces de théâtre en français et en arabe, et se tourne aussi vers le cinéma. Faute d’environnement professionnel et des conditions financières difficiles, son cinéma est devenu totalement personnel: il produit et réalise les scénarios qu'il écrit lui-même, et dont il interprète souvent le rôle principal en compagnie de son épouse, la comédienne Sophia Hadi. Il a réalisé huit films et quatre pièces de théâtre.
    (2) http://www.**********************/MH...asdepalme.html
    (3) http://www.*****************.info/
    (4) Interview au Quotidien marocain Libération le 16 février 2007 à lire sur ce lien:
    http://www.ya***********/forum/nabyl...5-1675202.html
    (5) http://www.lepublicsysteme.com/
    (6) Listing de l’équipe du FIFM à voir sur ce lien:
    http://m.*****************.info/inde...cle&numero=773



    18-12-2009
    el khabar
    Tout systeme logique est nécéssairement incomplet

    Gödel

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