Dimanche soir, outre-Atlantique, les “femmes au foyer désespérées” disaient adieu au petit écran. Une fin attendue, à tous les sens du terme, pour une série fatiguée.
Lynette, Bree, Susan et Gaby quittent Wisteria Lane. Bye bye les filles !
Attention, ce qui suit révèle des éléments de l’intrigue des derniers épisodes !
Voilà, c’est fini. Après huit ans de plus ou moins bons services, d’amour, de haine, de secrets, de trahisons, de crimes, de disparitions, de rebondissements, de rires et de larmes, les femmes au foyer désespérées ont quitté Wisteria Lane dimanche soir 13 mai. Un final en deux épisodes, pour boucler les intrigues en cours – principalement le procès de Bree, accusée à tort d’avoir tué le beau-père de Gabrielle, qui a en fait été occis par Carlos – et tenter de boucler le parcours personnel des quatre héroïnes principales.
Pas simple de boucler un soap, genre par essence interminable, avec ses personnages en grand nombre et ses intrigues à tiroirs. C’est Marc Cherry lui-même, créateur et showrunner de Desperate Housewives, qui a pris cette décision, sans doute aidé par des audiences de plus en plus faibles (environ 9 millions de téléspectateurs par semaine pour cette dernière saison). Qu’attendre de la fin d’une série qui a marqué les années 2000, relancé la mode du soap de soirée – Dallas revient dans un mois aux Etats-Unis – et fait le bonheur des téléspectatrices comme des universitaires, étonnés de la dualité conservatisme/progressisme de la série ? De l’émotion avant toute chose, et une vraie fin.
Pour ce qui est de l’émotion, Marc Cherry a fait le pari, intéressant, qu'elle repose sur les fragiles épaules de Karen McCluskey, vieille voisine des héroïnes, personnage secondaire marquant, atteint d’un cancer et qui, dans un dernier geste d’amitié, va sauver la tête de Bree. Une pirouette scénaristique complètement improbable, tout comme la moitié de ce qui se passe dans ce double épisode final où à peu près tout ce qu’il est possible d'imaginer dans le domaine émotionnel va se dérouler simultanément : un mariage (celui de Renée et Ben), un accouchement (celui de Julie), un décès (celui de Mme McCluskey), une réconciliation, une menace de divorce, une embauche… Si certains avaient oublié que Desperate Housewives est un soap, Marc Cherry (qui fait une apparition) le rappelle avec de gros souliers.
Bree, Gaby, Lynette et Susan entourent leur vieille voisine Karen McCluskey.
Sans doute émues, les actrices ne sont pas au meilleur de leurs capacités, et seules les scènes de Kathryn Joosten (Mme McCluskey) amènent finalement l’émotion. Car, pour boucler son histoire, Cherry n’a pas trouvé mieux que de faire déménager tout le monde et, en lorgnant du côté de Six Feet Under, de nous montrer un bout du destin de ses personnages après leur déménagement. Un « flashforward » d’assez mauvais goût, qui sous-entend que Lynette, Tom, Gabrielle et Carlos feront fortune et vivront dans de riches demeures, à New York pour la première, en Californie pour la seconde.
C’est ici qu’il faut revenir un instant sur la vision de la société des « desperate housewives ». Conservatrice ou progressiste ? Conservatrice sans doute, si l’on considère que la série se boucle sur un mariage et un accouchement, que Bree est montrée réussissant une carrière politique chez les conservateurs, que les symboles du bonheur sont un loft avec vue sur Central Park, une flopée de petits enfants ou un jacuzzi dans une villa californienne. Un peu moins si on pense que ce sont des femmes, Lynette et Gabrielle, qui permettent cette réussite financière – ce qui est un peu mince comme progressisme.
Et Susan dans tout ça ? C’est à elle que revient la lourde charge de la dernière scène, sorte de publicité automobile où l’on peut saluer une dernière fois une partie des personnages disparus. « Même la vie la plus désespérée est merveilleuse », lâche finalement la voix de Mary Alice, alors qu’on regarde Susan rouler au milieu des fantômes et loin de Wisteria Lane. On quitte la série un peu ému mais finalement soulagé, comme on quitte une vieille maison où l’on aurait vécu de belles choses, mais qui ne suffisait plus à faire notre bonheur…
Desperate Housewives, saison 8, chaque jeudi à 20h55 sur Canal+.
Pierre Langlais
Lynette, Bree, Susan et Gaby quittent Wisteria Lane. Bye bye les filles !
Attention, ce qui suit révèle des éléments de l’intrigue des derniers épisodes !
Voilà, c’est fini. Après huit ans de plus ou moins bons services, d’amour, de haine, de secrets, de trahisons, de crimes, de disparitions, de rebondissements, de rires et de larmes, les femmes au foyer désespérées ont quitté Wisteria Lane dimanche soir 13 mai. Un final en deux épisodes, pour boucler les intrigues en cours – principalement le procès de Bree, accusée à tort d’avoir tué le beau-père de Gabrielle, qui a en fait été occis par Carlos – et tenter de boucler le parcours personnel des quatre héroïnes principales.
Pas simple de boucler un soap, genre par essence interminable, avec ses personnages en grand nombre et ses intrigues à tiroirs. C’est Marc Cherry lui-même, créateur et showrunner de Desperate Housewives, qui a pris cette décision, sans doute aidé par des audiences de plus en plus faibles (environ 9 millions de téléspectateurs par semaine pour cette dernière saison). Qu’attendre de la fin d’une série qui a marqué les années 2000, relancé la mode du soap de soirée – Dallas revient dans un mois aux Etats-Unis – et fait le bonheur des téléspectatrices comme des universitaires, étonnés de la dualité conservatisme/progressisme de la série ? De l’émotion avant toute chose, et une vraie fin.
Pour ce qui est de l’émotion, Marc Cherry a fait le pari, intéressant, qu'elle repose sur les fragiles épaules de Karen McCluskey, vieille voisine des héroïnes, personnage secondaire marquant, atteint d’un cancer et qui, dans un dernier geste d’amitié, va sauver la tête de Bree. Une pirouette scénaristique complètement improbable, tout comme la moitié de ce qui se passe dans ce double épisode final où à peu près tout ce qu’il est possible d'imaginer dans le domaine émotionnel va se dérouler simultanément : un mariage (celui de Renée et Ben), un accouchement (celui de Julie), un décès (celui de Mme McCluskey), une réconciliation, une menace de divorce, une embauche… Si certains avaient oublié que Desperate Housewives est un soap, Marc Cherry (qui fait une apparition) le rappelle avec de gros souliers.
Bree, Gaby, Lynette et Susan entourent leur vieille voisine Karen McCluskey.
Sans doute émues, les actrices ne sont pas au meilleur de leurs capacités, et seules les scènes de Kathryn Joosten (Mme McCluskey) amènent finalement l’émotion. Car, pour boucler son histoire, Cherry n’a pas trouvé mieux que de faire déménager tout le monde et, en lorgnant du côté de Six Feet Under, de nous montrer un bout du destin de ses personnages après leur déménagement. Un « flashforward » d’assez mauvais goût, qui sous-entend que Lynette, Tom, Gabrielle et Carlos feront fortune et vivront dans de riches demeures, à New York pour la première, en Californie pour la seconde.
C’est ici qu’il faut revenir un instant sur la vision de la société des « desperate housewives ». Conservatrice ou progressiste ? Conservatrice sans doute, si l’on considère que la série se boucle sur un mariage et un accouchement, que Bree est montrée réussissant une carrière politique chez les conservateurs, que les symboles du bonheur sont un loft avec vue sur Central Park, une flopée de petits enfants ou un jacuzzi dans une villa californienne. Un peu moins si on pense que ce sont des femmes, Lynette et Gabrielle, qui permettent cette réussite financière – ce qui est un peu mince comme progressisme.
Et Susan dans tout ça ? C’est à elle que revient la lourde charge de la dernière scène, sorte de publicité automobile où l’on peut saluer une dernière fois une partie des personnages disparus. « Même la vie la plus désespérée est merveilleuse », lâche finalement la voix de Mary Alice, alors qu’on regarde Susan rouler au milieu des fantômes et loin de Wisteria Lane. On quitte la série un peu ému mais finalement soulagé, comme on quitte une vieille maison où l’on aurait vécu de belles choses, mais qui ne suffisait plus à faire notre bonheur…
Desperate Housewives, saison 8, chaque jeudi à 20h55 sur Canal+.
Pierre Langlais
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