
Un film sur la violence patriarcale et moderne, mais aussi sur l'amour, le désir et la liberté. Une parabole de la société algérienne et des terribles soubresauts qui l'agitent. Le dernier film de Mohamed Chouikh, remarqué par la critique, ne peut laisser indifférent et sollicite autant l'esprit du spectateur que ses yeux et ses émotions.
Le film de Mohamed Chouikh dont on a dit justement qu'il est une fable ou une parabole vise à dénoncer deux niveaux de violence qui se succèdent très rapidement dans une petite communauté villageoise du Sahara algérien. Plus précisément il montre la manière illégitime mais bien réelle dont le second s'appuie sur le premier pour ne servir cyniquement que ses propres projets.
Le premier niveau est celui de la violence traditionnelle, entre groupes opposés au sein d'un même village, en Algérie comme ailleurs, partout où subsistent des traces d'organisation tribale. Cet archaïsme, dont les effets semblent déplorables aux esprits modernes, s'explique ou se commente de plusieurs façons. Mohamed Chouikh montre bien ce que peuvent être les raisons économiques de ces affrontements, querelles autour de la distribution de l'eau dans des régions où elle est rare, difficulté de fixer des limites là où il n'y en a point de naturelles, mais partout du sable. Cependant, le film donne à penser qu'il y a aussi entre ces groupes ethniques des différences de couleur, d'attitudes ou de comportement auxquelles chacun est attaché, d'autant plus que l'origine en est parfois très ancienne. Les deux amoureux du film, Amin et Myriam, appartiennent ainsi à deux groupes opposés qui refusent de les marier l'un à l'autre.
Le second niveau est celui de la violence moderne, actuelle, qui déborde infiniment la précédente et aboutit à la destruction des groupes quels qu'ils soient et au dépérissement du village, que les habitants fuient ou qu'ils soient chassés (et partiellement massacrés dans les deux cas). L'oncle de Myriam, personnage puissant à la tête d'un groupe d'hommes très bien armés, entend intervenir autoritairement dans le village pour dénoncer le scandale dont il a eu vent. Malgré les efforts des sages pour écarter cette intrusion, il arrive en force avec ses hommes de main et l'on comprend que son intention était de faire main basse sur le village quand il en chasse sous peine de mort tous les habitants. Il est bien évident que ce second niveau est celui de la violence qui sévit actuellement en Algérie. On comprend du même coup que le village ne veut pas être typiquement ou ethnographiquement saharien, mais qu'il est au contraire une synthèse «délocalisée» de ce qui se passe en diverses régions où les massacres ont lieu.
Commentaire