Le Festival d’Alger du cinéma maghrébin s’est achevé vendredi dernier sur une consécration amplement méritée du cinéma marocain. Raflant les trois grands prix et subjuguant le public par la magie et la maestria de leur cinéma, ces faiseurs de miracle12 novembre 2013s filmiques ont indirectement relancé le débat en Algérie sur les raisons profondes de l’anémie cinématographique qui ronge le pays depuis plus de dix ans…
Il ne serait pas exagéré de dire que la plupart de nos réalisateurs ayant assisté aux projections marocaines ont dû ressentir cette hébétude de l’élève devant la performance du professeur ! C’étaient en effet, une succession de leçons de cinéma et une pluie de « claques » qui se sont abattues sur la salle El- Mouggar, emportant au passage tous ces interminables discours d’autocongratulation dont nous sommes assaillis régulièrement, et mettant le 7e art algérien devant ses propres incohérences. Il s’agit ici de comprendre comment le Maroc, dont le ministère de la Culture est beaucoup moins nanti que le nôtre, a pu en quelques années produire autant de belles œuvres et se placer à la tête du podium maghrébin.
En Algérie, la production est prise en otage par la politique du « tout-subvention » dont les conditions d’octroi favorisent le bricolage, l’autocensure et la démagogie ; les personnes présidant aux destinées de ces films sont recrutées selon leur zèle bureaucratique, leur taux d’obéissance et leur ignorance totale de ce qu’est le cinéma ; et les réalisateurs deviennent à la fois un faire-valoir pour cette mécanique castratrice et les enfants dociles d’une marâtre acrimonieuse mais très riche ! A quelques centaines de kilomètres de là, le Maroc sort d’une longue léthargie et marche à pas sûrs vers la rédemption. Certains tendent à croire que la politique cinématographique éclairée dans ce pays est tombée comme un cadeau du ciel. Il n’en est rien. Il est plutôt question d’une liberté arrachée, d’un combat de longue haleine mené par les professionnels qui ont quasiment forcé la prise de conscience au niveau de l’Etat. Les cinéastes et producteurs marocains n’ont pas attendu sagement que leur tutelle se transforme en mécène cinéphile et libertaire mais ils ont, au contraire, foncé dans une création indépendante qui, de par sa qualité et sa pertinence, a mis la barre tellement haut que les autorités culturelles du pays furent confrontées à deux choix : continuer à verrouiller l’expression et encourager une production asservie et médiocre, ou bien accompagner cette « révolution » (c’est le cas de le dire) et en tirer quelque prestige. C’est ainsi qu’on verra sur les génériques de la plupart des films de la nouvelle génération, l’aide financière du Centre cinématographique marocain et que l’on constatera, avec un heureux étonnement, l’extrême liberté de ton et la splendide résurrection du langage de l’image, contrastant avec l’idée d’un pays musulman, régi par les mêmes tabous et interdits que le nôtre…
Ce champ d’autonomie construit vaillamment par les faiseurs de cinéma a, de plus, réinventé le rapport du public au grand écran. Le citoyen lambda de Casablanca ou de Marrakech n’est en rien différent, dans son héritage, son éducation et ses acquis culturels, de celui d’Alger ou de Tizi Ouzou ; il leur est difficile, à tous les deux, de transcender cette peur de l’image et ces multiples cloisonnements moraux ou politiques qui font partie de leur code génétique ! Les cinéastes algériens et marocains font donc face aux mêmes difficultés et aux mêmes risques, mais la différence c’est que les premiers ont décidé, quasi unanimement, d’émanciper le cinéma et d’éduquer leur public, tandis que les seconds, englués dans une triste passivité, se contentent de perpétuer le dogme et de passer maîtres dans l’art de l’autocensure et de l’assistanat.
Il est certain que ce Festival d’Alger du film maghrébin a été l’occasion de recevoir de plein fouet la leçon marocaine. Il reste à espérer que cette gifle ne soit pas qu’une énième tentative ratée de réveiller les dormeurs !
Algérie News
Il ne serait pas exagéré de dire que la plupart de nos réalisateurs ayant assisté aux projections marocaines ont dû ressentir cette hébétude de l’élève devant la performance du professeur ! C’étaient en effet, une succession de leçons de cinéma et une pluie de « claques » qui se sont abattues sur la salle El- Mouggar, emportant au passage tous ces interminables discours d’autocongratulation dont nous sommes assaillis régulièrement, et mettant le 7e art algérien devant ses propres incohérences. Il s’agit ici de comprendre comment le Maroc, dont le ministère de la Culture est beaucoup moins nanti que le nôtre, a pu en quelques années produire autant de belles œuvres et se placer à la tête du podium maghrébin.
En Algérie, la production est prise en otage par la politique du « tout-subvention » dont les conditions d’octroi favorisent le bricolage, l’autocensure et la démagogie ; les personnes présidant aux destinées de ces films sont recrutées selon leur zèle bureaucratique, leur taux d’obéissance et leur ignorance totale de ce qu’est le cinéma ; et les réalisateurs deviennent à la fois un faire-valoir pour cette mécanique castratrice et les enfants dociles d’une marâtre acrimonieuse mais très riche ! A quelques centaines de kilomètres de là, le Maroc sort d’une longue léthargie et marche à pas sûrs vers la rédemption. Certains tendent à croire que la politique cinématographique éclairée dans ce pays est tombée comme un cadeau du ciel. Il n’en est rien. Il est plutôt question d’une liberté arrachée, d’un combat de longue haleine mené par les professionnels qui ont quasiment forcé la prise de conscience au niveau de l’Etat. Les cinéastes et producteurs marocains n’ont pas attendu sagement que leur tutelle se transforme en mécène cinéphile et libertaire mais ils ont, au contraire, foncé dans une création indépendante qui, de par sa qualité et sa pertinence, a mis la barre tellement haut que les autorités culturelles du pays furent confrontées à deux choix : continuer à verrouiller l’expression et encourager une production asservie et médiocre, ou bien accompagner cette « révolution » (c’est le cas de le dire) et en tirer quelque prestige. C’est ainsi qu’on verra sur les génériques de la plupart des films de la nouvelle génération, l’aide financière du Centre cinématographique marocain et que l’on constatera, avec un heureux étonnement, l’extrême liberté de ton et la splendide résurrection du langage de l’image, contrastant avec l’idée d’un pays musulman, régi par les mêmes tabous et interdits que le nôtre…
Ce champ d’autonomie construit vaillamment par les faiseurs de cinéma a, de plus, réinventé le rapport du public au grand écran. Le citoyen lambda de Casablanca ou de Marrakech n’est en rien différent, dans son héritage, son éducation et ses acquis culturels, de celui d’Alger ou de Tizi Ouzou ; il leur est difficile, à tous les deux, de transcender cette peur de l’image et ces multiples cloisonnements moraux ou politiques qui font partie de leur code génétique ! Les cinéastes algériens et marocains font donc face aux mêmes difficultés et aux mêmes risques, mais la différence c’est que les premiers ont décidé, quasi unanimement, d’émanciper le cinéma et d’éduquer leur public, tandis que les seconds, englués dans une triste passivité, se contentent de perpétuer le dogme et de passer maîtres dans l’art de l’autocensure et de l’assistanat.
Il est certain que ce Festival d’Alger du film maghrébin a été l’occasion de recevoir de plein fouet la leçon marocaine. Il reste à espérer que cette gifle ne soit pas qu’une énième tentative ratée de réveiller les dormeurs !
Algérie News


Commentaire