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Enquête-Témoignages
Table riche ou sobre pour ce Ramadhan ?
Crise. «Taqachouf». Réduire les dépenses. Ces phrases nous ont accompagnés tout au long de l’année. Toutefois, à quelques jours du Ramadhan 2018, on assiste à de drôles de scènes dans les marchés, les supérettes et les grandes surfaces. Les étals réservés à l’alimentation sont pris d’assaut.
Semoule, farine, miel, sucre, viande, thé, café quittent les rayonnages, à grande vitesse, pour se retrouver au fond des couffins. On stocke comme si une guerre se profilait à l’horizon et qu’on craignait de manquer de provisions.
Les Algériens ont-ils l’intention de dépenser moins durant ce mois sacré ? Vont-ils renouer avec la fièvre acheteuse comme chaque année ? Table sobre ou gargantuesque ? Petit tour d’horizon.
Zakia, 55 ans
«Demander à un algérien de réfréner ses envies pendant le Ramadhan, c’est quasi impossible ! Crise ou pas, les tables vont déborder de victuailles. En tant que mère de famille, je connais les exigences de mes enfants et de mon mari.
La table de Ramadhan doit être bien garnie. Pour ce faire, mon mari et moi avons économisé durant toute l’année. Nos recettes ont été modestes afin de nous permettre de faire des écarts durant le mois sacré. C’est connu, lorsqu’on jeûne on a tellement faim qu’on mange avec les yeux. On prépare des recettes élaborées qui nécessitent des ingrédients onéreux tels que la viande. Et puis, on aime bien inviter les amis à partager notre table. C’est juste pour dire que pour ma part, je ne changerai pas mes habitudes cette année, en dépit de la récession.»
Dounya, 35 ans
«Ma principale préoccupation durant le Ramadhan, surtout depuis que la rupture du jeûne survient vers 20h, c’est est-ce que je vais tenir le coup sans tomber dans les
pommes ? Sachant que je suis sujette à des hypotensions et à des carences en fer, je vais avoir tendance à consommer plus d’aliments durant le mois sacré qu’en temps ordinaire. J’ai besoin de voir ma table bien riche, avec toutes sortes de mets. J’ai besoin de me réveiller pour le s’hor et de bien manger afin de ne pas avoir de défaillances durant la journée. Aucune restriction budgétaire en dépit de tout ce qui peut se dire à propos de la crise.»
Mouloud, 48 ans
«Par nature, je n’aime pas les excès. C’est ma ligne de conduite tout au long de l’année. J’ai tendance à faire plus attention à mes dépenses pendant le Ramadhan car je sais combien la tentation est grande lorsqu’on a l’estomac vide. D’ailleurs, c’est connu, le mois sacré est celui où il y a le plus de gaspillage. La nourriture est présente en excès dans tous les foyers. Les plats finissent souvent à la poubelle. On a tendance à oublier que tout cela coûte de l’argent qui pourrait servir à des choses plus utiles. On oublie aussi qu’il y a des personnes démunies qui ne mangent pas à leur faim. Aussi, chez moi, la table est ce qu’il y a de plus normal. Une cuisine variée, équilibrée mais hsans folies. Je reste fidèle à mes principes et si je m’en détournais, ma femme se dépêcherait de me le rappeler.»
Yahia, 43 ans
«Je suis un indécrottable boulimique. Chaque Ramadhan je me dis que je vais être raisonnable, gérer mon budget et ne pas m’écarter de ma ligne de conduite. Et puis, cela ne marche pas. Ne me parlez jamais de crise ou d’économies. Je garde chaque année une enveloppe spécialement pour les extras de ce mois si particulier. Nous les Algériens sommes connus pour nos excès et ce n’est pas demain la veille que cela va changer. Pour tout vous dire, je suis prêt à me priver de vacances mais je ne veux pas de menu rachitique durant le mois du jeûne. Hors-d’œuvres, viandes, chlitate, djwaz, desserts, gâteaux, je dois tous les avoir sous les yeux. J’ai grandi dans l’opulence des tables de Ramadhan. Même si les temps sont durs, je sers la ceinture pendant les onze mois de l’année pour ne pas me priver durant le mois sacré.»
Hasna, 39 ans
«J’observe que la course aux achats effrénés a déjà commencé. Je trouve ce comportement pathétique pour deux raisons. D’abord, il traduit un état de consommation tous azimuts, qui nous éloigne des vrais préceptes du jeûne et de son esprit. Ensuite, il montre que les Algériens ne font pas attention à leur santé.
En passant la soirée à ingurgiter des tonnes d’aliments et notamment des produits gras et sucrés, on a toutes les chances d’attraper de graves maladies. Pour ma part, ma table sera équilibrée avec plus de légumes que de viande et très peu de sucre afin de préserver ma santé et mon porte-monnaie.» Crise ou pas, il semblerait que les Algériens, dans leur majorité, s’apprêtent à faire bombance quitte à tirer le diable par la queue durant les mois prochains.Une nouvelle qui fait le bonheur des commerçants qui se frottent déjà les mains à l’idée des bénéfices qu’ils vont réaliser sur le dos des consommateurs voraces !
par Soraya Naili
Le soir
Table riche ou sobre pour ce Ramadhan ?
Crise. «Taqachouf». Réduire les dépenses. Ces phrases nous ont accompagnés tout au long de l’année. Toutefois, à quelques jours du Ramadhan 2018, on assiste à de drôles de scènes dans les marchés, les supérettes et les grandes surfaces. Les étals réservés à l’alimentation sont pris d’assaut.
Semoule, farine, miel, sucre, viande, thé, café quittent les rayonnages, à grande vitesse, pour se retrouver au fond des couffins. On stocke comme si une guerre se profilait à l’horizon et qu’on craignait de manquer de provisions.
Les Algériens ont-ils l’intention de dépenser moins durant ce mois sacré ? Vont-ils renouer avec la fièvre acheteuse comme chaque année ? Table sobre ou gargantuesque ? Petit tour d’horizon.
Zakia, 55 ans
«Demander à un algérien de réfréner ses envies pendant le Ramadhan, c’est quasi impossible ! Crise ou pas, les tables vont déborder de victuailles. En tant que mère de famille, je connais les exigences de mes enfants et de mon mari.
La table de Ramadhan doit être bien garnie. Pour ce faire, mon mari et moi avons économisé durant toute l’année. Nos recettes ont été modestes afin de nous permettre de faire des écarts durant le mois sacré. C’est connu, lorsqu’on jeûne on a tellement faim qu’on mange avec les yeux. On prépare des recettes élaborées qui nécessitent des ingrédients onéreux tels que la viande. Et puis, on aime bien inviter les amis à partager notre table. C’est juste pour dire que pour ma part, je ne changerai pas mes habitudes cette année, en dépit de la récession.»
Dounya, 35 ans
«Ma principale préoccupation durant le Ramadhan, surtout depuis que la rupture du jeûne survient vers 20h, c’est est-ce que je vais tenir le coup sans tomber dans les
pommes ? Sachant que je suis sujette à des hypotensions et à des carences en fer, je vais avoir tendance à consommer plus d’aliments durant le mois sacré qu’en temps ordinaire. J’ai besoin de voir ma table bien riche, avec toutes sortes de mets. J’ai besoin de me réveiller pour le s’hor et de bien manger afin de ne pas avoir de défaillances durant la journée. Aucune restriction budgétaire en dépit de tout ce qui peut se dire à propos de la crise.»
Mouloud, 48 ans
«Par nature, je n’aime pas les excès. C’est ma ligne de conduite tout au long de l’année. J’ai tendance à faire plus attention à mes dépenses pendant le Ramadhan car je sais combien la tentation est grande lorsqu’on a l’estomac vide. D’ailleurs, c’est connu, le mois sacré est celui où il y a le plus de gaspillage. La nourriture est présente en excès dans tous les foyers. Les plats finissent souvent à la poubelle. On a tendance à oublier que tout cela coûte de l’argent qui pourrait servir à des choses plus utiles. On oublie aussi qu’il y a des personnes démunies qui ne mangent pas à leur faim. Aussi, chez moi, la table est ce qu’il y a de plus normal. Une cuisine variée, équilibrée mais hsans folies. Je reste fidèle à mes principes et si je m’en détournais, ma femme se dépêcherait de me le rappeler.»
Yahia, 43 ans
«Je suis un indécrottable boulimique. Chaque Ramadhan je me dis que je vais être raisonnable, gérer mon budget et ne pas m’écarter de ma ligne de conduite. Et puis, cela ne marche pas. Ne me parlez jamais de crise ou d’économies. Je garde chaque année une enveloppe spécialement pour les extras de ce mois si particulier. Nous les Algériens sommes connus pour nos excès et ce n’est pas demain la veille que cela va changer. Pour tout vous dire, je suis prêt à me priver de vacances mais je ne veux pas de menu rachitique durant le mois du jeûne. Hors-d’œuvres, viandes, chlitate, djwaz, desserts, gâteaux, je dois tous les avoir sous les yeux. J’ai grandi dans l’opulence des tables de Ramadhan. Même si les temps sont durs, je sers la ceinture pendant les onze mois de l’année pour ne pas me priver durant le mois sacré.»
Hasna, 39 ans
«J’observe que la course aux achats effrénés a déjà commencé. Je trouve ce comportement pathétique pour deux raisons. D’abord, il traduit un état de consommation tous azimuts, qui nous éloigne des vrais préceptes du jeûne et de son esprit. Ensuite, il montre que les Algériens ne font pas attention à leur santé.
En passant la soirée à ingurgiter des tonnes d’aliments et notamment des produits gras et sucrés, on a toutes les chances d’attraper de graves maladies. Pour ma part, ma table sera équilibrée avec plus de légumes que de viande et très peu de sucre afin de préserver ma santé et mon porte-monnaie.» Crise ou pas, il semblerait que les Algériens, dans leur majorité, s’apprêtent à faire bombance quitte à tirer le diable par la queue durant les mois prochains.Une nouvelle qui fait le bonheur des commerçants qui se frottent déjà les mains à l’idée des bénéfices qu’ils vont réaliser sur le dos des consommateurs voraces !
par Soraya Naili
Le soir
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