Tacbaylit, Sinistri et Muhend u Chaâbane, témoins de leur auteur
Le quatrième anniversaire de la disparition de l'illustre poète et dramaturge Mohand U Yahia, appelé communément Mohia, est célébré depuis jeudi dernier à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, et ce à travers la troisième édition des journées théâtrales.
La direction de la culture en collaboration avec le théâtre régional Kateb-Yacine, le théâtre Jean-Sénac de Marseille et l'association culturelle Si Moh U M'hend ont décidé
de consacrer cette manifestation à la mémoire du pilier
du théâtre d'expression amazighe et auteur d'adaptations de grandes œuvres théâtrales universelles, Mohia. Ce dernier a disparu le 7 décembre 2004 à Paris, des suites d'une longue maladie.
Les festivités de cette commémoration ont débuté par des témoignages sur la vie et l'œuvre de Mohia et une représentation de la pièce Sinistri par la troupe de théâtre Jean-Sénac de Marseille. Les journées théâtrales se sont poursuivies vendredi avec une conférence animée par Saïd Chemakh, consacrée à l'œuvre théâtrale du défunt. Dans l'après-midi, la pièce Tacbaylit adaptée par Mohia à partir de l'œuvre de Pirandello la Jarre a été représentée par la troupe Imsebriden. Au cours de la troisième et dernière journée de la manifestation a été organisée une sortie dans le village d'origine du dramaturge, Ath R'bah à Iboudraren. Les activités de cet hommage se sont élargies aux résidences universitaires où étaient prévues des représentations théâtrales durant la soirée de cette même journée.
Mohia, de son vrai nom Abdellah Mohand U Yahia, l'homme de théâtre par excellence, a vu le jour, un certain 1er novembre 1950 à Azazga, où sa famille originaire d'Ath R'bah s'est installée pendant quelques années avant de déménager à nouveau à Tizi Ouzou. Mohia était alors interne au lycée Amirouche. Il a décroché brillamment son bac en 1968 et rejoint l'université d'Alger pour poursuivre des études en mathématiques.
Parallèlement, il suivait des cours de tamazight dispensés à l'époque par Mouloud Mammeri. Il obtient sa licence en 1972 et s'inscrivit après à l'école des ingénieurs en hydraulique en France. En 1973, il rallia le groupe d'études amazighes créé à l'université Paris VIII et devient , ainsi, l'animateur de plusieurs revues comme Bulletin d'études amazighes et Tisuraf. Il a commencé à animer la troupe théâtrale Asalu à partir de 1983.
Une troupe autour de laquelle s'est constitué par la suite un atelier de traduction - adaptation. Mohia publia par la suite des nouvelles et des poèmes puis adapta une vingtaine de pièces théâtrales universelles auxquelles il a réussi à donner une âme purement kabyle. Le travail de ce géant de la culture algérienne se résume en trois chapitres : le poème et la nouvelle, l'œuvre littéraire populaire et les adaptations.
C'est à travers ces dernières qu'il s'est distingué le plus. La première pièce qu'il a traduite était Morts sans sépulture de Jean Paule Sartre avant de passer à une deuxième œuvre du même auteur, la P… respectueuse. En 1974, il publie la célèbre adaptation de la pièce l'Exception et la Règle de Bertolt Brecht qu'il a intitulée Llem-ik, Ddu d udar ik. Deux ans plus tard, il adapta une deuxième œuvre du même auteur, la Décision, devenue Aneggaru ad yar tabburt. Muhand U Chaâbane est l'adaptation de Ressuscité du célèbre écrivain chinois Lu Xun. Figure également Tartuffe de Molière transformée en Si Partuf et Ubu Roi d'Alfred Jarry adaptée en Caebibi.
Suivent en 1984 Médecin malgré lui de Molière En attendant Godot de Samuel Beckett et ensuite la Farce de maître Pathelin, une œuvre française du Moyen-Age que Mohia a intitulée Sinistri. Les fourberies de Scapin, le Malade imaginaire de Molière sont demeurées à l'état de manuscrits. Durant tout son parcours, Mohand Ouyahia n'a jamais cessé d'écrire et d'adapter dans le seul but d'enrichir la culture amazighe et de relater les maux d'une société. Son œuvre est pratiquement connue de tous, malgré le fait qu'il n'ait jamais pensé à la commercialiser. Il se consacrait à la culture pour le plaisir et ses pièces de théâtre sont jouées un peu partout à travers le monde, même après sa disparition.
Des amis à lui témoignent que Mohia s'amusait à enregistrer son travail sur des cassettes audio pour les distribuer par la suite à ceux qui voulaient les entendre. Malheureusement, son parcours a été interrompu par cette maladie qui a eu raison de lui et l'a emporté à jamais un certain 7 décembre 2004. Lounis Aït Menguellet, le géant de la chanson kabyle, indiqua alors : «Nous avons perdu le meilleur des nôtres !»
- Le jeune Independant
Le quatrième anniversaire de la disparition de l'illustre poète et dramaturge Mohand U Yahia, appelé communément Mohia, est célébré depuis jeudi dernier à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, et ce à travers la troisième édition des journées théâtrales.
La direction de la culture en collaboration avec le théâtre régional Kateb-Yacine, le théâtre Jean-Sénac de Marseille et l'association culturelle Si Moh U M'hend ont décidé
de consacrer cette manifestation à la mémoire du pilier
du théâtre d'expression amazighe et auteur d'adaptations de grandes œuvres théâtrales universelles, Mohia. Ce dernier a disparu le 7 décembre 2004 à Paris, des suites d'une longue maladie.
Les festivités de cette commémoration ont débuté par des témoignages sur la vie et l'œuvre de Mohia et une représentation de la pièce Sinistri par la troupe de théâtre Jean-Sénac de Marseille. Les journées théâtrales se sont poursuivies vendredi avec une conférence animée par Saïd Chemakh, consacrée à l'œuvre théâtrale du défunt. Dans l'après-midi, la pièce Tacbaylit adaptée par Mohia à partir de l'œuvre de Pirandello la Jarre a été représentée par la troupe Imsebriden. Au cours de la troisième et dernière journée de la manifestation a été organisée une sortie dans le village d'origine du dramaturge, Ath R'bah à Iboudraren. Les activités de cet hommage se sont élargies aux résidences universitaires où étaient prévues des représentations théâtrales durant la soirée de cette même journée.
Mohia, de son vrai nom Abdellah Mohand U Yahia, l'homme de théâtre par excellence, a vu le jour, un certain 1er novembre 1950 à Azazga, où sa famille originaire d'Ath R'bah s'est installée pendant quelques années avant de déménager à nouveau à Tizi Ouzou. Mohia était alors interne au lycée Amirouche. Il a décroché brillamment son bac en 1968 et rejoint l'université d'Alger pour poursuivre des études en mathématiques.
Parallèlement, il suivait des cours de tamazight dispensés à l'époque par Mouloud Mammeri. Il obtient sa licence en 1972 et s'inscrivit après à l'école des ingénieurs en hydraulique en France. En 1973, il rallia le groupe d'études amazighes créé à l'université Paris VIII et devient , ainsi, l'animateur de plusieurs revues comme Bulletin d'études amazighes et Tisuraf. Il a commencé à animer la troupe théâtrale Asalu à partir de 1983.
Une troupe autour de laquelle s'est constitué par la suite un atelier de traduction - adaptation. Mohia publia par la suite des nouvelles et des poèmes puis adapta une vingtaine de pièces théâtrales universelles auxquelles il a réussi à donner une âme purement kabyle. Le travail de ce géant de la culture algérienne se résume en trois chapitres : le poème et la nouvelle, l'œuvre littéraire populaire et les adaptations.
C'est à travers ces dernières qu'il s'est distingué le plus. La première pièce qu'il a traduite était Morts sans sépulture de Jean Paule Sartre avant de passer à une deuxième œuvre du même auteur, la P… respectueuse. En 1974, il publie la célèbre adaptation de la pièce l'Exception et la Règle de Bertolt Brecht qu'il a intitulée Llem-ik, Ddu d udar ik. Deux ans plus tard, il adapta une deuxième œuvre du même auteur, la Décision, devenue Aneggaru ad yar tabburt. Muhand U Chaâbane est l'adaptation de Ressuscité du célèbre écrivain chinois Lu Xun. Figure également Tartuffe de Molière transformée en Si Partuf et Ubu Roi d'Alfred Jarry adaptée en Caebibi.
Suivent en 1984 Médecin malgré lui de Molière En attendant Godot de Samuel Beckett et ensuite la Farce de maître Pathelin, une œuvre française du Moyen-Age que Mohia a intitulée Sinistri. Les fourberies de Scapin, le Malade imaginaire de Molière sont demeurées à l'état de manuscrits. Durant tout son parcours, Mohand Ouyahia n'a jamais cessé d'écrire et d'adapter dans le seul but d'enrichir la culture amazighe et de relater les maux d'une société. Son œuvre est pratiquement connue de tous, malgré le fait qu'il n'ait jamais pensé à la commercialiser. Il se consacrait à la culture pour le plaisir et ses pièces de théâtre sont jouées un peu partout à travers le monde, même après sa disparition.
Des amis à lui témoignent que Mohia s'amusait à enregistrer son travail sur des cassettes audio pour les distribuer par la suite à ceux qui voulaient les entendre. Malheureusement, son parcours a été interrompu par cette maladie qui a eu raison de lui et l'a emporté à jamais un certain 7 décembre 2004. Lounis Aït Menguellet, le géant de la chanson kabyle, indiqua alors : «Nous avons perdu le meilleur des nôtres !»
- Le jeune Independant
Commentaire