Tu nous as parlé du parcours politique de Jacques Chirac.
C'est intéressant. Mais quel est le rapport avec la Françafrique ?
J'y arrive... Nous sommes en 1976, Jacques Chirac est le leader du RPR et maire de Paris. Ces deux institutions seront les bases de sa longue reconquête du Pouvoir, avec le soutien de Charles Pasqua, de Pierre Juillet, de Jacques Foccart, et déjà du jeune Nicolas Sarkozy. Mais pour occuper le devant de la scène politique, il faut beaucoup d'argent. De l'argent pour faire fonctionner le RPR, pour financer les campagnes politiques et pour assurer les appétits financiers des leaders gaullistes. Il faudra attendre la fin des années 90 pour comprendre, à travers une déferlante d'affaires judiciaires, le système de financement mis en place par le RPR pendant toute cette période. A travers l'affaire des marchés publics d'île de France, l'affaire des HLM de Paris, l'affaire Schuller, l'affaire Méry, mais également l'affaire Elf, des voiles se lèvent sur d'énormes sources de financement politique et d'enrichissement personnel dans les années 80-90 : le détournement de fonds publics et le soutien des réseaux françafricains.
Il est impossible, dans le cadre de cet exposé, de détailler ces nombreuses affaires. Je ne peux que vous conseiller de lire les ouvrages des juges d'instruction Eva Joly ou Eric Halphen.[7] Ces enquêtes ont jeté une lumière crue sur le fonctionnement des institutions publiques françaises. Mais puisque nous faisons ce soir le ''bilan africain'' de Jacques Chirac, je me limiterai sur les aspects ''africains'' de ces affaires. Par exemple, une partie des sommes détournées des marchés publics parisiens[8] étaient blanchies dans des pays d'Afrique comme la Côte d'Ivoire, le Cameroun ou le Congo Brazzaville. Il s'agissait notamment d'une des missions de Jean-Pierre Soizeau, membre des services secrets, responsable d'une dizaine d'entreprises dont la plupart implantées dans des paradis fiscaux. Il est malheureusement décédé juste avant d'être interrogé par la police.
Notons également le soutien des réseaux françafricains. Le réseau de soutiens politiques et financiers africains tissé par Jacques Foccart et son bras droit Charles Pasqua, architectes de la Françafrique, ont tourné à plein régime pour soutenir le mouvement gaulliste. C'est ainsi que Mobutu donna 5 millions de francs pour la campagne politique de Jacques Chirac en 1988, tout comme Hassan 2 en 1995. Enfin, les enquêtes de l'affaire Elf ont montré que chaque année, environ 600 millions de francs étaient détournés sur les rentes pétrolières, non seulement pour soutenir les régimes ''amis de la France'', mais également pour financer des partis politiques, RPR en tête. Il s'agit là probablement de la ''pointe emergée de l'iceberg''.
Autour de ces affaires gravitent de nombreuses personnalités aux parcours étonnants, comme Michel Roussin, ancien n°2 de la DGSE, directeur de la Générale des Eaux, directeur du cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris (et à ce titre mis en cause dans la gigantesque razzia sur les marchés publics franciliens), ministre de la Coopération en 1993, haut responsable du groupe français Bolloré, “monsieur Afrique” du MEDEF, administrateur d'une compagnie minière au Gabon, membre du conseil de surveillance de « Sécurité sans frontière ». Services secrets, industries implantées en France et en Afrique, parti politique, ''développement'', mercenariat : on retrouve le ''cocktail'' de la Françafrique, vaste système de prédation des richesses africaines.
http://grenoble.indymedia.org/index....ageA=1&id=4923
C'est intéressant. Mais quel est le rapport avec la Françafrique ?
J'y arrive... Nous sommes en 1976, Jacques Chirac est le leader du RPR et maire de Paris. Ces deux institutions seront les bases de sa longue reconquête du Pouvoir, avec le soutien de Charles Pasqua, de Pierre Juillet, de Jacques Foccart, et déjà du jeune Nicolas Sarkozy. Mais pour occuper le devant de la scène politique, il faut beaucoup d'argent. De l'argent pour faire fonctionner le RPR, pour financer les campagnes politiques et pour assurer les appétits financiers des leaders gaullistes. Il faudra attendre la fin des années 90 pour comprendre, à travers une déferlante d'affaires judiciaires, le système de financement mis en place par le RPR pendant toute cette période. A travers l'affaire des marchés publics d'île de France, l'affaire des HLM de Paris, l'affaire Schuller, l'affaire Méry, mais également l'affaire Elf, des voiles se lèvent sur d'énormes sources de financement politique et d'enrichissement personnel dans les années 80-90 : le détournement de fonds publics et le soutien des réseaux françafricains.
Il est impossible, dans le cadre de cet exposé, de détailler ces nombreuses affaires. Je ne peux que vous conseiller de lire les ouvrages des juges d'instruction Eva Joly ou Eric Halphen.[7] Ces enquêtes ont jeté une lumière crue sur le fonctionnement des institutions publiques françaises. Mais puisque nous faisons ce soir le ''bilan africain'' de Jacques Chirac, je me limiterai sur les aspects ''africains'' de ces affaires. Par exemple, une partie des sommes détournées des marchés publics parisiens[8] étaient blanchies dans des pays d'Afrique comme la Côte d'Ivoire, le Cameroun ou le Congo Brazzaville. Il s'agissait notamment d'une des missions de Jean-Pierre Soizeau, membre des services secrets, responsable d'une dizaine d'entreprises dont la plupart implantées dans des paradis fiscaux. Il est malheureusement décédé juste avant d'être interrogé par la police.
Notons également le soutien des réseaux françafricains. Le réseau de soutiens politiques et financiers africains tissé par Jacques Foccart et son bras droit Charles Pasqua, architectes de la Françafrique, ont tourné à plein régime pour soutenir le mouvement gaulliste. C'est ainsi que Mobutu donna 5 millions de francs pour la campagne politique de Jacques Chirac en 1988, tout comme Hassan 2 en 1995. Enfin, les enquêtes de l'affaire Elf ont montré que chaque année, environ 600 millions de francs étaient détournés sur les rentes pétrolières, non seulement pour soutenir les régimes ''amis de la France'', mais également pour financer des partis politiques, RPR en tête. Il s'agit là probablement de la ''pointe emergée de l'iceberg''.
Autour de ces affaires gravitent de nombreuses personnalités aux parcours étonnants, comme Michel Roussin, ancien n°2 de la DGSE, directeur de la Générale des Eaux, directeur du cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris (et à ce titre mis en cause dans la gigantesque razzia sur les marchés publics franciliens), ministre de la Coopération en 1993, haut responsable du groupe français Bolloré, “monsieur Afrique” du MEDEF, administrateur d'une compagnie minière au Gabon, membre du conseil de surveillance de « Sécurité sans frontière ». Services secrets, industries implantées en France et en Afrique, parti politique, ''développement'', mercenariat : on retrouve le ''cocktail'' de la Françafrique, vaste système de prédation des richesses africaines.
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