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Auteurs algeriens??

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  • #16
    Désolé, mais je ne saurais vous citer un auteur algérien de la littérature arabophone ni en tamazight
    Donc tu admets qu'il se pourrait qu'ils soient si rares et méconnus qu'on ne puisse pas, nous non plus les citer :smile: ..

    Sinon, je disais que je connaissais de nom Ahlem Mostaghanemi

    qui écrit en arabe, vit au Liban, ses oeuvres sont traduites en français comme “Dhakirat el-djassed” traduit en "Mémoires de la chair".

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    • #17
      Merci pour le lien Sabiha. Apparament la plupart des auteurs algeriens sont d'expression francaise. je ne sais pourquoi ?
      “If you think education is expensive, try ignorance”
      Derek Bok

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      • #18
        bonjour a vous tous
        je voudrais cité un autre ecrivain algerien assez peu connu en algerie :
        'MOHAMED MOULESSEHOUL' ancien officier superieur de l'armee algerienne. IL ecrit sous le nom de sa femme :'YASMINA KHADRA' chroniqueur du quotidien LE MATIN.il a ecris plusieur livres dont :'l'ecrivain ;morituri; double blanc ; les agneaux du seigneur ; a quoi rèvent les loups; et dernierment :Cousine K.
        des livres poignants, durs mèlant polars et realites algerienne :
        "[size=18[color=green]]L'œuvre de Yasmina Khadra respire d'un amour immense pour l'Algérie, et l'on ne saurait considérer cette passion autrement que comme le point de départ de sa double vie d'officier et d'écrivain. La première semble close, la seconde est toujours là, périlleuse, sortant peu à peu de ce trou d'ombre où elle s'est blottie des années durant. Il me semble que c'est aussi par là que se manifeste un des traits essentiels de ceux que l'on a coutume d'appeler « les écrivains du Sud ». Car écrire depuis des lieux contraints ne se donne pas pour une évidence légitime. C'est d'abord une réaction, une charge contre la torpeur et bien souvent l'ignominie qui recouvre l'horizon, qui éteint les regards et donne à toute chose le goût de l'amertume. L'écriture n'est pas sans objet : elle vise à vouloir dire, et, alors qu'en France, et dans la plupart des États dits de droit, cette dimension-ci lui était contestée, et que la littérature se défaisait, dans une critique qui la rongeait de l'intérieur, promettant à ses lecteurs une résurrection inouïe - la fin d'une certaine littérature, la déconstruction de la posture de l' « auteur »-, ailleurs, des écrivains tentaient justement de devenir auteurs. Yasmina Khadra participe de ce mouvement, que la critique et les essayistes ont observé de loin, comme on regarde de biais dans un zoo les animaux encagés, même si parfois on en ressent de la stupeur.
        Mais le chemin a été long, et on a beaucoup disserté sur la question de l'hétéronymie chez Khadra. On a ainsi travaillé sur l'expression de la féminité et sur cette écriture si particulière. On s'est ensuite penché sur le genre, le « polar », reprenant par là l'expression argotique par laquelle certains désignent cette thématique, et l'achèvent dans le cadre restreint de la littérature dite populaire. Enfin, une fois le personnage révélé, avec un nom, un vrai cette fois, on l'a interrogé sur le rôle de l'institution à laquelle il s'est identifié - à laquelle il s'identifie encore- et on a tenté de lui faire avouer le pire. On voit, par là, combien on s'est trompé et combien on a souvent confondu la proie et l'ombre, si on considère que l'auteur est précisément cette part de l'ombre et non pas une proie.

        Il y a un parti pris pour les jeux subtils que la littérature seule rend possible, et cela lors de la première apparition du commissaire Llob, dans Le Dingue au bistouri1, dès les premières pages :
        Vous devez me trouver un tantinet terre à terre, mais c'est comme ça. Bien sûr, j'aimerais adopter un langage aéré, intelligent, pédantesque par endroits, commenter un ouvrage, essayer de déceler la force de Rachid Mimouni, m'abreuver dans un Moulessehoul ou encore tenter de saisir cette chose tactile qui fait le charme de Nabil Farès, seulement il y a tout un monde entre ce qu'on voudrait faire et ce qu'on est obligé de faire. La culture, par les temps qui courent, fait figure de sottise. (14)
        D'emblée, le personnage se situe dans une double posture, celle du fonctionnaire de police et celle de l'écrivain en puissance. Il évoque trois écrivains en leur conférant une dimension iconique, et par là même joue subtilement avec la signature de l'auteur, on l'aura compris. Comme si le lecteur avait sous les yeux le journal littéraire d'un écrivain en devenir, comme si d'emblée, le jeu de glace était posé : deux miroirs se faisant face, mais imparfaitement, et renvoyant dans la courbure de l'infini ce projet au centre du foyer : la revendication de la posture de l'auteur. Llob signera Morituri du pseudonyme de Yasmina Khadra qui révèlera lui-même dans L'Ecrivain son matricule-totem.
        Cadet Moulessehoul Mohammed, matricule 129, à vos ordres monsieur l'officier. (49)

        Il n'est pas sans effet dans ce montage que le nom soit révélé dans une scène qui est celle de la première apparition du père, dans « les entrailles fétides » (L'Ecrivain, 126) d'El Mechouar. L'auteur se révèle au lecteur sous la forme du double-blanc, en quelque sorte : un projet virtuel, un devenir incessant, le rêve d'un officier de police intègre et désormais disparu. Une autofiction au carré, à la fois point de départ, point d'ancrage, et somme nulle. Qu'on ne se méprenne pas : c'est à une partie de dominos que nous invite l'écrivain. Le jeu de mémoire et de stratégie consiste à évaluer les chances de l'autre, adversaire et semblable pas toujours fraternel, tout de même, à poser un domino, selon les dominos qui ont déjà été posés et ceux que l'on détient encore. Qui pioche le plus et ne parvient pas à poser, perd. Celui qui a le plus de points à l'issue de la partie est défait... Il y a vingt-huit pièces, autant que de jours dans un mois lunaire, et autrefois, ces pièces étaient gravées dans l'os. L'ivoire est réservée aux riches. Les dominos rapprochent dangereusement les joueurs de la mort.
        Et Yasmina Khadra pose ses pièces. Dans Le Dingue au bistouri, il évoque un Alger gangrené par l'incompétence et la désinvolture. Au dessus de la ville, plane une menace prête à dégorger : « De gros nuages sombres se coagulent dans le ciel » (DAB, 29). Sur la surface de la ville, d'un côté, un monde de néon, Riad : « Des familles entières hantant les boutiques rutilantes scintillantes de mirage. Des bouseux intimidés par les lumières agressives, le parterre étincelant et la démarche altière des nouveaux nababs » (DAB, 49). Au centre, dans les toilettes pour dames, une femme morte : « Elle est nue au-dessus de la ceinture et elle a le ventre ouvert d'un bout à l'autre. » (DAB, 54). Et le constat désabusé de Llob, véritable obscénité politique : « Il y a des jours où je me dis, honnêtement, que les trente années d'indépendance nous ont fait plus de tort que les cent trente-deux années de joug et d'obscurantisme » (DAB, 51). Si Brahim Llob respecte des icônes littéraires, il est un iconoclaste en ce qui concerne la politique. Le point aveugle de la réflexion et du désespoir est atteint d'emblée. Tous les autres romans vont alors creuser le sillon. Entre Double blanc et Morituri s'affirme peu à peu la construction du complot contre la société algérienne, un complot qui a pour objectif la gestion délibérée et violente de la crise sociale, en vue de la naissance d'une nouvelle Algérie, dévouée à ses chefs. Et le constat désabusé de Llob se précise, lui aussi : dans ce « pays chéri, tout le monde se démerde pour bâtir un palais pour ses rejetons et personne ne consent à leur élever une patrie » (Morituri, 105). La description des palais se détache de celle des taudis, alors que l'horreur parvient sans peine à son paroxysme, et que le droit lui-même est en danger. D'abord en danger de faillir, puisqu'il arrive à Llob lui-même de se faire l'exécuteur. Il y a urgence à ce que dans le texte une justice radicale tente de se poser : si le commissaire laisse dans Double blanc le soin à Kaak de se suicider, c'est lui qui abat froidement l'ogre Ghoul de Morituri. On se souvent des derniers mots prononcés par Oreste dans l'Electre de Sophocle, alors qu'il emmène Egisthe vers son destin : « De quiconque se croit au-dessus des lois, il faudrait faire justice par la mort immédiate. On ne verrait pas tant de scélérats. » Nul n'est donc innocent dans le spectre social algérien : le texte emporte tous les acteurs dans l'opprobre, dans une langue jubilatoire et déliée, où l'ironie et la dérision parviennent à désigner la corruption et les prébendes, le terrorisme et l'inculture. Un personnage de Double blanc, et pas le moins falot, cependant, ni le moins corrompu, l'avait prédit : « Ben était un idéaliste. Il s'accordait à dire qu'il n'y a pas pire apocalypse qu'une culture sinistrée. » (159). Le domino n'est peut-être qu'une pièce retournée et dont plus personne n'ose vouloir connaître la valeur...

        Les pièces s'ajoutent progressivement, jusqu'à la fin provisoire de la partie : L'Automne des chimères voit les protagonistes disparaître : Da Achour, Llob lui-même, déchu, humilié, abattu, la poitrine déchirée, comme si l'organe de la générosité devait cesser de battre. Le maillon qui perturbe la chaîne de l'infamie sociale saute. Exit la Yasmina Khadra qui adoptait le point de vue des défenseurs de la justice, cette justice défaite et corrompue. Exit aussi la technique et la langue du roman d'investigation policière, dont l'impuissance s'est elle-même dénoncée. Il faut décaler le point de vue, aborder l'autre rivage. Tout livre est de toutes les façons considéré par les autorités comme une « substance fécale » (AC, 30). L'auteur se penche alors de l'autre côté, celui de la détresse et de la misère, celui de la représentation du monde depuis le point de vue des criminels. En ne répondant pas aux attentes des générations nouvelles, le « système » voue délibérément les acteurs de la société algérienne à un glissement certain dans la terreur2. Il faut de ce constat construire une œuvre.
        C'est un retournement capital : regarder le monde depuis l'égout. La littérature change alors complètement d'objet. Il ne s'agit plus tant d'une herméneutique des logiques criminelles que de la rationalité insoutenable de leur montage. Le roman se déplie pour tenter d'en élucider les déroulements. Dans Les Agneaux du seigneur, la polyphonie à l'œuvre tente de prendre en charge les multiples points de vue de la disharmonie généralisée puis de la cacophonie à l'œuvre. Multiplicité des points de vue, et pourtant si petit endroit que Ghalimat ! Un concentré de rancœur et de haine que les narrateurs parviennent à durcir dans la déraison. Et derrière, toujours, un personnage qui manipule les marionnettes, tire les fils, un personnage encore l'objet d'une fascination macabre de la part des lecteurs, Zane, le nain. On se souvient alors des derniers mots tracés par Llob, dans L'Automne des chimères, comme si la perspective littéraire qu'il avait tracée s'accomplissait désormais. La phrase est souvent citée : « L'Histoire retiendra de la tragédie algérienne la dérive d'un peuple qui a la manie de toujours se gourer de gourou, et l'opportunité d'une bande de singes qui, à défaut d'arbre généalogique, a pris le pli de s'improviser des arbres à pain et des gibets dans un pays qui aura excellé dans son statut d'Etat second. » (AC, 192).
        Histoire, tragédie, dérive, sont désormais les mots qui conduisent la narration. A quoi rêvent les loups conduit alors le lecteur en enfer. La pièce du domino qui permet la construction du graphe était posée dans Morituri : « Il est là, tapi dans un coin, livide et frileux. Un adolescent à peine plus haut qu'un fusil. Visiblement dépassé par la tournure des choses. Son regard d'oiseau piégé se débat dans tous les sens sans effleurer le mien. (...) Il a été recruté au lendemain d'une rafle dans la cité, il y a cinq mois. Il revenait du bain. » (Morituri, 100-101)
        A quoi rêvent les loups est un roman de formation, si l'on s'intéresse encore à la typification générique : comment un jeune homme croyant devenir acteur de cinéma se retrouve agi par et dans la tragédie algérienne, et connaît une traversée de la société, de Bab El-Oued aux somptueuses résidences des maîtres de l'Algérie, des faubourgs immondes d'El-Harrach aux villages retranchés des maquisards et à l'Ouarsenis. C'est un sinistre tableau de cette société décomposée que brosse le roman. Société décomposée ? Sans doute pas, d'après la réflexion du poète relayée par Nafa Walid : « Sid Ali, le chantre de la Casbah, me disait que l'Algérie était le plus grand archipel du monde constitué de vingt-huit millions d'îles et de quelques poussières. Il avait omis d'ajouter que des océans de malentendus qui nous séparaient les uns des autres étaient, eux aussi, les plus obscurs et les plus vastes de la planète » (AQRL, 35). L'Algérie, et le sentiment en est récurrent dans les romans de Khadra, semble n'avoir pu réaliser cette sociogenèse si ténue, si fragile et semble-t-il si nécessaire mais également si rare dans la plupart des Etats issus des guerres de la décolonisation. Il y a des palais, des bidonvilles, mais toujours pas de patrie. Qu'ont fait les pères, justement pendant tout ce temps ? Il faudra revenir sur cette question et interroger ces pères et ces mères, qui semblent si défaillants. Il est pour l'instant essentiel d'analyser comment la littérature est encore objet d'une conquête pour Yasmina Khadra.
        Dans A quoi rêvent les loups, il se produit de singuliers décrochages : la narration est tantôt assurée par le personnage de Nafa Walid, à la première personne, comme un « je » qui tente peu à peu de revêtir le kamis de l'émir qu'il devient pour un bref laps de temps, tantôt par un narrateur omniscient. Ce n'est qu'à partir de la destruction du village de Kassem que la narration est définitivement assumée par Nafa : il est pour l'éternité devenu un loup, conscient de sa barbarie. La narration ne peut plus échapper à cette pensée : il n'est plus rien d'extérieur à elle, et plus personne ne peut alors raconter la descente dans l'horreur.
        Exit une fois encore Yasmina Khadra : comment se revendiquer comme l'origine de cette parole des loups ? Comment refonder une origine vraiment romanesque à la littérature de la tragédie, sans que jamais le soupçon de la complaisance ne puisse l'atteindre ? Il faut alors entrer en littérature, faire le pari du roman, un roman détaché de l'immédiat et de la représentation de ce que l'on a sous les yeux, quotidiennement, et dont on ne peut ni se détourner, ni s'emparer dans la posture du regard détaché et quelque peu cynique. Mais alors, il faut nommer l'essence de ce point de vue, le refonder en tant qu'être. D'où parle Yasmina Khadra ? Il apparaît alors que ce pouvoir de ne pas affecter le détachement par rapport à cette horreur est avant tout un devoir. Dans le silence condescendant, fasciné par cette horreur même, depuis l'autre rive de la Méditerranée, en France, la tragédie se déroule dans une indifférence seulement troublée par l'annonce émue - seulement émue - de l'étendue des massacres, et dans l'incompréhension assez générale, qui se défausse dans les accusations. L'Algérie est coupée du monde, et trop peu nombreux, dans ces années-là, furent ceux qui accueillirent en France, sous leur toit, les amis en danger3. Certes, ce n'est que plus tard et dans les polémiques incertaines qui se déclencheront à la parution de L'Ecrivain que Yasmina Khadra fera entendre sa voix. Dans un premier temps, il se penche sur ce qu'il est lui, et comment il l'est devenu : un militaire de carrière, et un écrivain, avant de devenir un auteur. Il construit cet être de paroles et de lettres : de « ce qu'il est », il parvient non sans peine à « qui il est ».
        Les textes qui racontent l'enfance et le lent dévoilement à soi de la rencontre avec les mots, avec les phrases, avec le texte, témoignent d'une expérience à la fois commune et particulièrement intime. Ils ont été fréquents ces dernières années, et l'on peut en évoquer plusieurs qui ont touché leurs lecteurs4. Car l'expérience a ceci de troublant : tous la partagent, mais elle ne prend pour chacun qu'un ensemble de significations particulières, et difficilement transmissibles. Pour Mohammed Moulessehoul, l'expérience révèle aussi la part féminine de son être : « Comme une fillette abasourdie par son premier saignement, je découvrais mon véritable métabolisme. » (E, 101). Les critiques qui lui reprocheront à cette époque son pseudonyme féminin n'ont sans doute que survolé cette œuvre. Il faut relire ces pages de l'écrivain - qui se sait désormais tel, puisqu'il a déjà fait disparaître des avatars de son nom, qu'il est passé du « je » au « il », puis de ce « il » au « je » du personnage auquel il n'est plus identifié que par la technique de l'écriture, avant de se raconter lui-même comme un autre, dans le décentrement le plus exclusif - par lesquelles remontent à la surface les moments d'une formation à la rudesse affichée, mais surtout les temps de lectures, et le lent combat contre soi-même, contre les mots qui échappent et qui ne sont pas ordonnés pour parvenir à leur lecteur, avec tout l'éclat qu'une telle prétention se doit de se marquer. La sidération initiale est là : « J'étais fasciné par les mots... ces assemblages de caractères morts qui, pris entre une majuscule et un point, ressuscitaient d'un coup, devenaient phrases, devenaient foules, devenaient force et esprit. »(E, 101). La morale de la forme est au bout de cette construction : « Un écrivain n'intimide pas ; il impressionne. Il ne s'impose pas ; il séduit ou convainc. Sa grandeur, c'est sa générosité et son humilité, pas sa complexité. » (241). Dans une langue moderne, efficace et ne reculant devant aucune de ses ressources, l'écrivain sort victorieux de ce combat à l'issue incertaine, combat contre l'Ange, n'en doutons pas, que seul le livre en train de s'écrire lui permet de retrouver, dans la liberté que confère l'écriture : il renoue avec la morale des auteurs les plus classiques, et s'approprie leur vocabulaire. Il y avait longtemps que la question de la grandeur n'était plus posée dans la littérature.
        Deux traits de celle-ci retiennent l'attention. Le premier est celui de résoudre l'inacceptable en se forgeant un destin : certes, il faut se soumettre à la servitude militaire, mais sans s'abaisser par cette soumission même, ce qui revient à toujours conserver un espace vivace de révolte. « Croire en quelque chose, c'est d'abord et surtout ne jamais y renoncer » (128), « J'ai toujours refusé la violence. C'est une voie insensée, la voie des perditions. En revanche, j'opposai un farouche rejet à toutes les formes d'oppression. J'étais devenu un rebelle, un rebelle éclairé » (169). Il n'en deviendra pas moins commandant d'une unité en lutte contre les massacreurs.
        Le second est la reconnaissance que le mal lui-même n'est pas dénué de cette passion, et ce constat court en filigrane dans tout le récit, qu'il affecte certains de ses compagnons de chambrée, comme Saïd Mekhloufi, ou bien l'attitude de son propre père. C'est sans doute par là aussi, qu'il faut faire retour sur les romans précédents.
        La revendication de cette grandeur permet de forger une vision du monde à la fois cohérente et distinguée, et donne sens à certains textes présents dans les romans précédents. Ainsi, l'entretien avec le voyageur américain, dans le train, éclaire ces discours : « La noblesse n'a rien à voir avec les classes ou les castes (...). Elle est inhérente à l'être humain, monsieur. L'homme naît noble ; c'est après, en dévoyant, qu'il devient roturier. La noblesse est dans le regard que l'on porte sur les autres. La trivialité aussi. Etre brave, honnête ou correct, c'est être noble. Etre mauvais, tricheur ou paresseux, c'est être roturier. » (198). L'essentiel tient au regard, c'est-à-dire à la posture adoptée par l'auteur. On se souvient de la répartition des hommes en deux races, telle qu'elle est professée par Da Achour, au seuil de sa disparition. Au delà de cette répartition fondée d'abord sur l'éthique, il y avait aussi l'expression de cette grandeur qui pousse à ne jamais renoncer, et à ne pas pardonner à ceux qui délibérément ont choisi la voie de la monstruosité et de la lycanthropie :
        "Les races, ce ne sont pas les Blancs, les Noirs, les Rouges, les Jaunes. Les hommes ne savent pas apprécier les talents de la nature. Ils font des diversités des partis pris ; ils appellent ça ségrégation. Les races, ce ne sont pas les Arabes, les Juifs, les Slaves, les Tutsis. Les hommes ne savent pas consulter le Temps. Ils se contentent d'embrigader les ethnies. En hiérarchisant l'humanité, ils espèrent racheter leur insignifiance, prendre leur revanche sur leur propre vulgarité... Les races, les vraies, il n'y en a que deux : la race des Braves et la race des Ignobles ; les gens de Bien et les gens odieux. Depuis la nuit des temps, elles s'affrontent sans merci, tel est l'équilibre des choses. Elles étaient là bien avant la Lumière, bien avant les prophéties, et elles survivront encore à toutes les civilisations. Depuis notre venue au monde, on nous enseigne la zizanie, on nous détourne de la Vérité. On nous apprend la haine de l'Autre, la haine de l'Absent et de l'Etranger, en somme une haine préfabriquée. Et regarde, Brahim, regarde donc. Qui brûle nos écoles aujourd'hui, qui tue nos frères et nos voisins, qui décapite nos érudits, qui met à feu et à sang nos jeunes contrées ? Des extraterrestres, des Malaisiens, des animistes, des chrétiens ?... Ce sont des Algériens, rien que des Algériens qui, il n'y a pas longtemps, chantaient à tue-tête l'hymne national dans les stades, se portaient massivement au secours des sinistrés, se mobilisaient admirablement autour des téléthons. Et regarde, maintenant. Te reconnais-tu en eux ? -Moi, pas du tout... Les gens de ma race, Brahim, ce sont tous ceux qui d'un bout du globe à l'autre, refusent que de pareils monstres soient pardonnés."
        Désolé que ce soit aussi long..
        l'amitié est une chose rare,l'ami veritable est celui qui te demande d'etre toi meme.il t'aidera a survivre par l'amour qu'ilte porte

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        • #19
          Bonjour,

          Pour les amateurs ( et les curieux) de Yasmina Khadra il y a une autre de ses interviews à lire Nous sommes les otages d'une histoire travestie

          Bonne journée à tous :smile:

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          • #20
            auteurs sur l'algerie

            Salam aleikoum,
            Je vous sait tres erudits en la matiere et je vous propose modestement ma contribution.
            Tahar Oussedik:La Berberie, Le royaume de koukou, de tres belles pages sur les berberes
            Rabah Belamri: Regard blessé, un poignant témoignage sur un adolescent qui peu a peu perd la vue a la veille de l'indépendance.Mémoires en archipel,un enfant est le témoin privilégié des mystères dont chaque famille aime a s'entourer, confondant secrets et superstitions, rites initiatiques et espoirs inassouvis.
            Tahar Djaout: Les chercheurs d'os,au lendemain de l'indépendance les habitants d'un petit village Kabyle partent a la recherche des dépouilles de leur proche tombés au combat pour les enterrer une seconde fois,un adolescent les accompage,c'est la premiere fois qu'il quitte sa montagne.
            Said Ferdi: Un enfant dans la guerre, récit terrible d'un garcon de 14 ans arrete en 58 et garde prisonnier pendant 4 ans.
            Rachid Djaidani: Boumekeur, récit tourmenté de la vie d'un jeune des cités( premier roman d'un francais d'origine algéro-soudanaise)
            Jamal Mahjoub: Le télescope de rachid,Alger 1609,soupçonné d'avoir tué un marchand juif, Rachid al-Kenzy se voit proposer un marché pour sauver sa vie.Il es chargé par le dey de rapporter d'Europe la derniere invention optique allemande qui pourrait révolutionner l'art de la guerre.(né a Londres et élevé au Soudan, il vit en Espagne).
            A bientot et bonne lecture
            la 40aine,habitant l'alsace. Célibataire,Un fils de 13 ans et je recherche une correspondante pour echanger idees et + si affinites.

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            • #21
              Si vous en avez marre de lire des auteurs algeriens d'un autre temps qu'on lit juste parce qu'il faut les lire pour se dire cultivé. C'est mon cas : Je suis jeune, fauché, je n'ai rien connu d'autre de l'Algérie que sa période barbue et sa période ubuesque (moustachue). Donc des auteurs qui pleurent sur l'algerie perdu, de leurs maisons parisiènne ; ou d'autre qui philosophent à des années lumières de la réalité algériènne.
              Moi j'ai jeté tout mes livres, Algeriens et étrangers, quand j'ai decouvert une merveille "Les bavardages du seul" de Mustapha Benfodil. Je ne vous en dirait rien; lisez-le, c'est tout ce je que je peux vous dire. Et nous en discuterons après

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