
Omar Fetmouche. Dramaturge
« Les Vigiles est un hommage aux journalistes assassinés »
La nouvelle pièce du Théâtre régional de Béjaïa (TRB), adaptée du roman de Tahar Djaout et mise en scène par Omar Fetmouche, a triomphé à Tizi Ouzou, lors de sa présentation à la maison de la culture Mouloud Mammeri, dans une salle archicomble. Dans cet entretien, l’auteur revient sur Les vigiles et dévoile ses projets à la tête du TRB.


Deuxièmement, Djaout c’est aussi un hommage aux journalistes et écrivains assassinés. Il était à la fleur de l’âge. C’est le prince des poètes. Troisièmement, j’ai parlé toute à l’heure de cette thématique qui est criante. Donc quelque part, Les vigiles réunissait tous les éléments pour qu’il soit un roman à adapter. Si j’avais à travailler sur L’invention du désert ou Les chercheurs d’os, cela prendrait beaucoup plus de temps et un travail titanesque au niveau de la mise en scène. Je voudrais aussi dire que sur le plan de la mise en scène, et vous avez dû le constater, il y a l’espace de la narration, du roman où l’on voit évoluer la fille, la chanteuse et la narratrice ainsi que l’espace de la représentation qui est le plancher à l’intérieur du métier à tisser. On a voulu créer ces deux espaces pour essayer de nous rapprocher au maximum de l’œuvre originale. On voulait être fidèles au maximum à l’œuvre de Tahar Djaout. C’est quelque chose d’indispensable pour n’importe quel dramaturge. Au-delà de ce travail, de l’hommage à Djaout, nous avons aussi voulu marquer une halte en hommage à tous les journalistes assassinés. C’est pour cela que le public a vu défiler à la fin de la représentation un certain nombre de photos des victimes du terrorisme. C’est une reconnaissance des hommes de théâtre à ces grands messieurs de la plume.


C’est ce qui a justement créé beaucoup de problèmes aux protagonistes car, plus ils avançaient et plus ils rencontraient des problèmes de bureaucratie, de corruption. Et ce qui est important est que la thématique de Djaout est restée elle-même, c’est-à-dire qu’en fin de compte, quelque part, depuis près de 20 ans, rien n’a changé. On est toujours restés dans les problèmes de corruption, des gens qui bloquent les chercheurs. Cette thématique est d’une actualité criante ; la preuve, le public a suivi le spectacle d’une manière majestueuse, accroché du début jusqu’à la fin pendant, à peu près, plus de 80 mn. En suivant l’intérêt du public, on dirait qu’il y avait une chape de plomb qui pesait sur la salle. Les gens étaient cloués à leurs sièges. Ce que j’ai constaté aussi, c’est qu’à Tizi Ouzou, il y a vraiment un public de théâtre et de ce côté-là, j’en suis émerveillé en tant que dramaturge et homme de théâtre.


Par Ahcène Tahraoui
El Watan .
Commentaire