Iguersafene est un village dépendant de la daira de Bouzeguene. Ce village a subit les assauts de l'armée française et a quasiment été rasé en 1957. Près de 50 ans après grâce aux villageois, au comité du village et aux associations ce village est devenu un exemple de solidarité .
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Iguersafene le village martyr
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Merci Zwina de penser a moi, c'est la commune de mon village, il y a un site Internet dédié au village et surtout sur leur us et coutumes, il s'agit essentiellement de regles etablies par exemple, le nombre de robes a donner lors d'un mariage, la nourriture pour un deces...
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Iguersafène, village aux 99 martyrs oublié des pouvoirs publics
Date : 6 septembre 2005 Par l'auteur :
l’hirondelle Lui ecrire ?
Au pied de l’Akfadou, le village d’Iguersafène est érigé sur les ruines de l’ancien village entièrement rasé et incendié par l’armée coloniale un certain 4 décembre 1957, à l’issue d’un pilonnage systématique de l’artillerie et de bombardements ininterrompus de l’aviation ponctués par une expédition punitive sur les hommes et les femmes qui ont miraculeusement échappé au bûcher.
Aujourd’hui, le village martyre prend sa revanche sur le sort et, dirait-on, sur les hommes en dressant fièrement ses façades de pierre blanche sur ce qui fut il y a un peu plus de quatre décennies un paysage fantôme. Mais le lourd tribut payé pour la Révolution par ce village avec ses 99 martyrs, ses veuves et ses dizaines de blessés et de handicapés “est jeté dans les mémoires oublieuses des autorités qui tournent le dos au village ne se rappelant de son existence qu’en des circonstances festives sur fond de promesses jamais tenues”, s’indignent les villageois, à leur tête le président du comité M. Hammache, ex-membre de l’organisation des enfants de chouhadas de la wilaya de Tizi Ouzou. Réalité à laquelle s’est réveillé le village qui, las d’attendre l’aide providentielle de l’Etat, a décidé de prendre en main sa destinée en s’érigeant en véritable Etat autonome dans toutes les opérations de développement. Et si aujourd’hui le village ressemble à bien des égards à une ville, il le doit à ses seuls enfants et à personne d’autre.
Un village géré comme un Etat.
Iguersafène dispose d’un bureau doté de l’outil informatique renfermant le fichier et toutes les données statistiques du village. Sur le mur les portraits de Mohamed- Boudiaf et du lieutenant Chelah Mohand, chef de zone dont le buste est exposé au chef-lieu à côté des colonels Amirouche et Mohand Oulhadj ses compagnons d’armes, côtoient ceux de Slimane Azem, Matoub Lounès et Raâb Slimane martyr du Printemps noir fauché par la balle d’un gendarme un certain 12 mai 2001 et enterré dans l’enceinte de l’APC. Le planning mural renfermant les 2 800 noms issus des sept familles de base que sont les Imardjanene, Athouravah, Ivakhouchène, Iksouyene, Izaniaine nous fait penser que nous sommes dans une administration étatique. Soigneusement tenus à portée de main les dossiers contenant les différents registres classés dans l’ordre facilitent la gestion des affaires courantes du village qui dispose également d’un fichier spécial émigrés organisés en structure bicéphale en France (Paris et Marseille). Vecteurs essentiels du développement de la localité leurs cotisations mensuelles varient entre 1,25 euro à 5 euros par personne. Elles sont doublées dans le cas où le village entame un projet. On y trouve également des listes par catégories sociales aidant à l’identification des nécessiteux, le parc auto, et tout ce qui est de nature à être mobilisé d’urgence en cas de nécessité. Une carte géographique du village avec tous les repères topographiques du territoire du village a été élaborée pour maîtriser l’urbanisme, la construction et l’environnement. A quelque chose malheur est bon semble dire à ce propos le président du CComité du village qui affirme que c’est l’Etat qui a poussé le village à s’organiser en le marginalisant. L’eau coule à flots dans les 464 maison d’Iguersafène après plusieurs années de disette de gorge sèche. De guerre lasse le village a pris en main les choses pour mettre fin au syndrome du jerrican et des chaînes interminables devant des fontaines taries. Mais il a fallu ramener l’eau à 1,800 km du village à travers le maquis et les pentes abruptes sur un itinéraire forestier. Un projet colossal réalité en un temps record de huit mois qui a coûté au village la bagatelle de deux milliards cinq cent millions de centimes. Seuls 17 % du coût du projet ont été pris en charge par l’Etat. “Une misère” estiment les villageois. L’eau distribuée gratuitement, n’est rationnée qu’en été où les familles ont droit à 80 litres d’eau par personne. Passé ce quota, l’excédent lui sera comptabilisé suivant un barème arrêté par le village. Un agent procède à des relèvements trimestriels sur les compteurs dont l’abonnement est fixé symboliquement à 25 DA.
Des bouches d’incendie dans chaque quartier.
Fait unique dans les annales villageoises, iguersafène a installé de bouches d’incendie dans les endroits névralgiques compte tenu de sa proximité avec la forêt. Les pompiers s’en servent pour éteindre les fréquents feux de forêt. En sus du tronçon de 7 km pris en charge par l’Etat dans la réalisation d’une piste agricole, le village a ouvert une piste ayant nécessité 10 jours de bulldozer pour ceinturer le village et ériger un ouvrage pour 60 millions de centimes afin de rallier le nouveau cimetière public qui fait penser par son architecture et son entretien aux cimetières étrangers. Erigé sur une superficie de 3 hectares il est doté d’une salle de prière de 200 m2, de salles d’eau, d’allées bétonnées et boisées et d’une clôture en dur surélevée de grillage. Encore en construction il a coûté au village 600 millions.
Une constitution pour le village.
Elaborée en octobre 2001 sous forme de mémorandum, la Constitution du village cerne tous les aspects organisationnels de la cité. Les 12 chapitres (assemblées générale, enterrements et obsèques, AEP, bassins et fontaines, cotisations, social, convocations, AEP bis, fêtes et cérémonies, inventaire et logistique, rôle de l’agent social, travaux et volontariat) sont régis par 74 articles de loi qui sont amendés en cas de nécessité. Les chefs de famille (teman) choisis parmi les plus sages des “ichermas” épaulent et conseillent “l’amin”, en l’occurrence le président du comité de village choisi en assemblée par ses pairs et de manière consensuelle. C’est le garant de la Constitution du village qui a affiché bien en évidence la Déclaration universelle des droits de l’homme dans le bureau attenant à la mosquée. Toutes les décisions sont prises en assemblée. La discipline librement consentie dans ce village de 2 800 habitants qui vivent tous en parfaite harmonie se répercute positivement sur les relations inter-familiales absorbant et tuant dans l’œuf toute velléité. Le village a pu maîtriser et survivre à la seule véritable crise qui l’a secoué durant la décennie noire. Mieux encore elle a permis par la suite de ressouder les rangs et de renforcer l’unité du village puisque aucun incident n’est venu altérer les liens fraternels entre les individus. Ce qui a fait dire aux villages voisins, selon un habitant, “que c’est une simulation de crise destinées à mettre à l’épreuve l’environnement et débusquer les malintentionnés en cette circonstance”. Au bout de 40 jours les tombes sont construites de manières uniforme par le village dans un parfait alignement. “Ce qui permet l’égalité devant la mort”, ironise un jeune. Plusieurs autres projets secondaires ont été réalisés aux frais du village qui dispose de deux mosquées. Hasard géographique, le village a bénéficié de 512 lignes téléphoniques. Ce n’est pas une faveur, s’exclament les villageois, “c’est par accident et de par sa proximité avec le chef-lieu comme bon nombre de localités de la région”. Mais il a fallu une intervention en haut lieu car le projet aurait connu des tentatives de sabordage, susurre-t-on.Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent
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Une stèle et un musée de 200 millions.
“Notre village est classé premier au niveau wilayal et le 3e au niveau national en nombre de chahids après deux villages de Batna considérant le nombre d’habitants”, s’enorgueillit un jeune. Pour les honorer le village a érigé une stèle entourée d’un espace vert de 1 000 m2, d’allées bétonnées arrosé par un jet d’eau et un musée de trois salles très fourni en données historiques et archives. A côté des ouvrages historiques, on peut y lire l’histoire du village écrite en lettres d’or et s’émouvoir devant les photos des chouhadas, des 45 moudjahidine descendus armes à la main après l’indépendance, des membres de l’OCFLN et des veuves de chahid. Le tout a coûté au village 200 millions de centimes. Ce n’est pas une construction de prestige, souligne le président du comité de village. C’est une parade à ceux qui veulent nous les faire oublier. Ils oublient que le village a failli être anéanti n’était un heureux concours de circonstances. Le commandant d’une troupe héliportée est arrivé au moment où les hommes valides du village allaient être brûlés vifs par les soldats de l’armée coloniale qui venaient de perdre trois des leurs dans un accrochage non loin du village. Craignant un scandale et des retombées médiatiques, il épargna miraculeusement leurs vies pour les emprisonner à Berrouaghia. D’ailleurs le village était dans une telle désolation à l’indépendance que la préfecture de Tizi-Ouzou a dirigé sur le village une mission humanitaire danoise venue assister les populations kabyles les plus éprouvées durant la révolution. L’engin tout terrains une Land Rover cédé au village par les hommes du Nord a été mis par la suite à la disposition de l’APC de Bouzegène dont dépendaient alors les localités d’Idjeur.
Farouche résistance au terrorisme.
Le terrorisme n’a pas épargné la région d’Idjeur qui déplore quelques victimes. Le chef-lieu a été le théâtre d’une incursion qui a fait date dans les annales de la région en 1994. Le village Iguersafène qui pratique l’Islam des ancêtres et veille à la sauvegarde des valeurs traditionnelles (l’imam natif du village y exerce depuis 32 ans, ouvre et clôture les assemblées) n’a pas cédé aux menaces terroristes durant la décennie noire. Il lui a même livré combat suite au vol d’un camion. Dans la base terroriste du lac Noir à Akfadou, ils ont découvert un charnier et plusieurs engins volés aux citoyens et entreprises. Du trou creusé dans la terre surmonté d’un tronc d’arbre sur lequel est arrimée une corde servant de monte-charge se dégageait une odeur pestilentielle. C’est là qu’ils jetaient leurs victimes après les avoir atrocement mutilés, raconte un témoin du ratissage. Sur un cadavre décapité ils ont trouvé une casquette portant l’inscription “Azeffoun”. Le village n’a jamais été impressionné par leurs démonstrations de force dans la région qui a vécu à l’époque plusieurs incursions terroristes. Gardé telle une citadelle jour et nuit, il constitua une forteresse infranchissables aux groupes armés tentés de le visiter, selon les aveux d’un repenti aux villageois. Mais dans leur imagination seulement car ils n’ont jamais osé passer à l’action sachant ce qui les attendait...
Les fêtes entre traditions et modernité.
La gestion des cérémonies et fêtes familiales est prévue dans le règlement intérieur du village qui, respectueux des vœux et libertés des familles, leur laisse toute latitude dans la façon d’organiser leurs fêtes. On ne leur oppose aucune restriction s’ils se conforment aux lois régissant les cérémonies. Tout le village est invité au repas composé d’un couscous traditionnel avec viande et souvent d’un dessert. Les mariés reçoivent des cadeaux spécifiques de leurs amis et des proches et de “lebna”, contribution alimentaire en œufs, sucre ou équivalent en argent de tous les foyers dans un rite qui ne déroge pas à la règle. Le soir venu, hommes, femmes et enfants se retrouvent devant une scène placée dans une place publique pour assister au gala. Des chants et danses qui durent jusqu’à l’aube au rythme de la ghaïta et du tbel mais aussi et surtout des rythmes assourdissants d’un orchestre accompagnant les chanteurs professionnels ou amateurs. Le tout dans un ordre parfait qui ne trouble en rien la mixité qui prévaut dans les fêtes de la région. Les étrangers au village non invités à la fête sont gentiment reconduits aux portes du village.
La solidarité n’est pas un vain mot.
Recensés sur un fichier, les nécessiteux et les démunis du village font l’objet de toutes les attentions. En toute circonstance ils bénéficient de dons en nature et en espèces du village et de particuliers qui font leur geste dans le plus grand anonymat. C’est le cas durant le Ramadhan et l’Aïd. On ne les oublie jamais durant les fêtes familiales. Avec les personnes âgées et les malades, ils reçoivent à domicile leur part de couscous et de viande. La solidarité touche également les nécessiteux entamant un projet de construction, BTV, la chaîne française à thématique berbère qui traversait une phase difficile de son existence a également été touchée par la solidarité du village jaloux de sa culture. Le téléthon organisé pour la circonstance a permis de collecter seize millions de centimes. Les aides concernent aussi les élèves nécessiteux à la veille de la rentrée. La jeunesse est encadrée et accompagnée dans tous ses projets culturels et artistiques.
ne troupe théâtrale mixte plusieurs fois primée.
L’association culturelle créée en 1989 constitue la fierté du village qui revendique son identité séculaire confisquée. La troupe de théâtre mixte a été primée à maintes occasions. Le village qui a organisé et abrité à ses frais trois festivals régionaux du théâtre amateur a participé à une cinquantaine de représentations forçant le respect par son talent dans cet art difficile. Championne au festival Malek-Bouguermouh où elle a ravi la première place aux troupes engagées avec à la clé des distinctions décernées aux comédiens dont Mezine Kamel et Kassouri Chafiaâ, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Les déplacements, la restauration et la logistique sont pris en main par le village qui ne lésine sur aucun effort pour satisfaire les moindres caprices de ses artistes dont la chorale est championne de wilaya. Le club sportif amateur créé en 1992 est lui aussi source de plusieurs satisfactions. Il a produit dans les arts martiaux d’authentiques champions qui honorent le village à l’image de Raâb Abdelkader, Raâb Saïd, Raâb Nouara, Raâli Saïd, Amad Azouaou. En full contact et en sus de dix ceintures marron et deux ceintures noires, Ouchène Saïd a été sacré champion national. La participation aux tournois de football même aux moments forts du terrorisme est couronnée de victoires et de trophées de fairplay. Mais comble de l’ironie ces deux associations n’ont pas reçu la moindre subvention depuis leur création, soulignent Mezine Lounis et Bessas Makhlouf, membres des deux associations en dépit des résultats et des programmes d’activités. Là encore c’est le village qui prend en charge tous les frais des deux associations.
Entre espoir et désespoir.
Tout comme durant la Révolution, le village continue à se sacrifier pour améliorer le cadre de vie des villageois. Pourtant si l’Etat veux bien se rappeler de leur existence il suffit de peu, d’autant que le terrain, lui, a été largement défriché. Une intervention pour booster les projets en souffrance et relancer ceux qui sont encore au stade de réflexion permettront peut-être de diluer les suspicions. Les villageois évoquent pêle-mêle la réfection d’une conduite d’AEP sur 600 m dont les eaux colorées constituent à terme un danger pour la population, un réservoir d’eau, une infrastructure culturelle pour les jeunes, la dotation de la bibliothèque en livres et quelques menus projets. Les citoyens tirent cependant la sonnette d’alarme sur le danger imminent qui menace leur village miné par un vieux glissement de terrain qui s’est réveillé l’hiver dernier. Par le passé des bâtisses se sont écroulées au grand dam de leurs propriétaires et aujourd’hui les pouvoirs publics ne délivrent plus de permis de construire sur la zone rouge bien en vue sur la carte de géographie du village et qui ne cesse de s’élargir dangereusement. Les cinquante bénéficiaires de l’autoconstruction qui ne disposent pas de terres en dehors de la zone incriminée se sont vu signifier une fin de non-recevoir à leurs dossiers en vertu de la nouvelle loi. Une situation pénalisante à plus d’un titre et qui interpelle les autorités. Pour conclure, nos interlocuteurs frustrés de ne pas bénéficier de l’attention voulue de la part des pouvoirs publics accusés de ne s’intéresser à eux qu’à l’occasion des échéances électorales où ils ne sont perçus, selon eux, que comme de simples bulletins de vote, attendent des jours meilleurs. De guerre lasse ils ont oublié que l’État existe. “Ainsi l’ont voulu les autorités locales”, s’insurgent-ils dépités.
S. HammoumLes libertés ne se donnent pas, elles se prennent
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Jasmine
Tu connais ma soif d'apprendre et de connaitre....... J'ai été stupéfaite de découvrir ce village et surtout son histoire. Etrangement il ressemble au mien
et beaucoup de noms de famille sont les mêmes que dans mon village et ceux alentours. La façon de fonctionner et l'autonomie du village pareilles. j'irais certainement y faire un tour aux prochaines vacances.
Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent
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Je vous y invite avec plaisir, de chez moi on a aussi une belle vue...
Tad, ca parait démocratique mais il y a malgré tout des détracteurs...comme partout, je ne suis pas sur que ca fonctionne a tous les niveaux...
C'est a coté de Bouzeguene dans ait Idjeur...et c'est collé a la commune d'Ifigha et de Yakouren pour certains villages...
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Comme partout il y a toujours des détracteurs mais ce qui compte c'est le résultat. Ils sont partis de quasiment rien pour en faire un village exemplaire. C'est un bel exemple pour tous et surtout cela prouve qu'un comité de village + des associations + l'implication des villageois peut contribuer à la prospérité d'un village malgré toutes les barrières que l'on peut trouver devant soi.Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent
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merci jasmine pour la précision géographique, je situe mieux maintenant...
Je suis conscient que chaque cause offre automatiquement son lot de détracteur et que chaque projet comporte en soi des revers mais bon, ce qui me plait dans l'article, c'est cette volonté de mettre en oeuvre des projets communautaires, elle peut être ce qu'elle est mais reconnaissons son mérite d'exister...
S'il te plait, ne réitères pas ton invitation sinon je vais risquer de la prendre au pied de la lettre...
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Ces coutumes je tiens a le preciser ne sont valables que pour ceux qui résident dans le village et non la commune...Zwina, Igersafen (le village) est je pense plus petit qu'ifigha donc plus de possibilité de faire des choses, les gens ont directement un intéret dans une action collective, ils s'investissent d'autant plus, en meme temps il y a une telle pression que je ne vois pas comment il en serait autrement...
Tad, si ca te tente tu peux venir, on te fera passer pour l'ami d'un de mes freres ou de mon fiancé
...qui sait tu y trouveras peut etre la perle dans nos contrées...
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Les villageois lorsqu'ils ont été chassés d'Iguersafène par des français et des harkis ont heureusement pu compter sur l'aide d'autres villages qui les ont cachés en les faisant passer pour des parents :
A travers monts et vaux, chacun tente de trouver au plus vite un gîte où s’abriter durant l’hiver qui s’annonce dores et déjà rude. Dépossédés, démunis de tout, la plupart de ces réfugiés ne possède que les haillons qu’ils portent sur le dos.
Les villages qui nous ont accueillis en frères n’ont épargné aucun effort pour nous rendre la vie aussi acceptable que possible malgré leur pauvreté. Ils sont animés d’un esprit de solidarité et de résistance qui les honore grandement.
En plus de l’hébergement qu’ils nous ont offert, il n’ont jamais manqué de nous fournir de la nourriture, des vêtements et même des terres que nous pouvons cultiver pour arriver à survivre ; ce qui a pour effet de tisser des liens d’amitié que rien ne pourra détruire et que l’histoire retiendra. Les noms d’IBOUYOUSFENE, IBEKARENE, IKOUSSA, Ighil Tizi-boa, ainsi AIT-SAID (Ifigha) qui ont su partager avec nous les peines et les douleurs de ces années de braise et sans suc ombrer aux désirs de l’ennemi qui voulait nous pourchasser comme ce fut le cas de deux (02) villages de l’actuelle commune de Bouzeguene, qui sous la pression des militaires français qui implantent des postes avancés dans leurs villages en 1959, ont eu la mauvaise idée de chasser tous les réfugies d’Iguersafene de chez eux sus prétexte de protéger leurs foyers des visites de nos moudjahidines pouvant entraîner des accrochages et donc subir des dégâts à leur population.
Cette période, aussi pénible soit-elle (1957-1962-1963) n’a pas laissé en nous que des mauvais souvenirs. Elle nous a permis de découvrir, pour les avoir côtoyé ou partagé leur vie, des hommes et des femmes dont la générosité, l’amour de la patrie et le sens de la responsabilité n’ont d’égal que leur bonté, leur modestie et leur foi en la juste cause pour laquelle chacun se sacrifie à sa façon et selon ses moyens et dont Iguersafene, qu’ils soutiennent sans réserve, a donné le meilleur des exemples.
Extrait du site IguersafeneLes libertés ne se donnent pas, elles se prennent
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