François Mitterrand a-t-il été pris de court voire effrayé par la chute du Mur de Berlin, il y a vingt ans?
A-t-il cherché, comme on l'a beaucoup dit, à s'opposer à la réunification de l'Allemagne, ou en tous cas à la freiner? Ou a-t-il agi en ami de l'Allemagne et en patriote français?
J'ai consulté beaucoup d'archives en France et à l'étranger. J'ai aussi rencontré nombre de témoins.
Et voici l'article que je publie aujourd'hui dans le "Nouvel Observateur", à propos de l'attitude de François Mitterrand pendant cette période cruciale.
La scène – tirée des archives de François Mitterrand – se déroule au palais de l’Elysée, trois mois après la chute du mur de Berlin. Ce jour-là, le 13 février 1990, le président français reçoit un vieux complice, un homme qui, comme lui, a commencé sa carrière politique au sortir de la guerre : le président du Conseil italien Giulio Andreotti. Les deux septuagénaires veulent se consulter sur la question qui, quarante-cinq ans après le démantèlement du IIIe Reich, obsède l’Europe≈: la réunification du peuple allemand.
Mitterrand est furieux. Selon lui, tout à son désir de fusionner la RDA et la RFA, le chancelier ouest-allemand va trop vite et consulte trop peu : l’attitude de Helmut Kohl, déclare-t-il à son ami italien, « c’est le fait accompli », « les Allemands sont sourds », dit-il. Il ajoute, dépité≈: « Bush ne fait rien pour retenir les événements. La seule chose qui pourrait bloquer [la réunification de l’Allemagne], c’est l’emploi de la force par les Soviétiques, mais ils ne l’utiliseront pas. »
Trois mois plus tard, le 4 mai 1990, François Mitterrand est en Grande-Bretagne, à Waddesdon Manor, chez la cinglante Margaret Thatcher. Au menu de leurs entretiens : encore et toujours l’Allemagne, et les craintes que sa réunification suscite en Pologne et dans le reste de l’Europe orientale – inquiétude que partage, ô combien, François Mitterrand. Celui-ci redoute qu’après avoir absorbé la RDA la RFA ne soit tentée d’étendre son influence plus loin encore. Il explique≈: « C’est dans la nature des Allemands d’être portés vers l’est. » D’ailleurs, ajoute le président français, souvenez-vous de cette phrase prémonitoire d’Adolf Hitler dans « Mein Kampf »≈: « Pour nous, Allemands, il n’y a pas de vide à l’ouest, il y en a à l’est » – phrase qu’il cite de mémoire.
C’est l’évidence≈: il y a vingt ans, François Mitterrand a accueilli la chute du mur de Berlin – et le processus de réunification allemande qui a suivi – avec des sentiments mêlés. Certes, au lendemain de l’ouverture de la frontière entre les deux Berlin, le 9 novembre 1989, il parle d’un « événement heureux qui marque un progrès de la liberté en Europe ». Certes, tout au long de l’année qui aboutira le 3 octobre 1990 à l’union de la RFA et de la RDA, il répète que « la réunification allemande est légitime » et qu’« il n’en a pas peur ». Certes, il dit à l’éphémère président de la RDA, Manfred Gerlach, auquel il rendra une visite très controversée à Berlin-Est fin 1989 : « Je n’attends pas de catastrophe sur le plan français. Cela fait mille ans qu’on a des voisins allemands. » Mais, au fond, le vieux président français tremble≈: il « ressent, récapitule, (…) “incarne” les angoisses françaises face à une Allemagne trop grande, à une construction européenne qui n’est pas encore irréversible », écrira plus tard son plus proche collaborateur, Hubert Védrine (1).
Aussi inquiet fût-il, le vieux président s’est-il, dans les faits, mal comporté face la réunification allemande, comme on l’a beaucoup dit à l’époque et continue de le dire aujourd’hui ? Depuis deux décennies, le débat sur l’attitude de François Mitterrand pendant cet épisode crucial de l’histoire européenne resurgit périodiquement. Certains, comme l’actuel secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche, prétendent que, obnubilé par la guerre, le chef de l’Etat s’est conduit « en homme du passé », qu’il « a raté cette fête de la liberté » et que, ce faisant, il « a porté un très mauvais coup à l’amitié franco-allemande ».
D’autres, dont l’intéressé lui-même dans un livre d’autojustification écrit juste avant sa mort (2), affirment que, malgré ses doutes et ses propos parfois très rudes, François Mitterrand a agi à la fois en patriote français, en ami de l’Allemagne – et surtout en grand européen. Qu’en est-il ? Que révèlent les archives de l’ancien chef de l’Etat que nous avons pu consulter ? Que disent, vingt ans après, ses principaux collaborateurs et les historiens qui ont travaillé sur le sujet ?
La plupart sont d’accord sur un point : sur le moment, François Mitterrand n’a pas su – et souvent pas voulu – trouver les mots, faire les gestes amicaux qui auraient comblé les Allemands. Le soir du 9 novembre 1989, alors qu’il se trouve à Copenhague, son conseiller en relations publiques, Jacques Pilhan, incite le chef de l’Etat à filer à Berlin et à franchir symboliquement le Mur avec Helmut Kohl. Mais François Mitterrand refuse d’un haussement d’épaules. C’est une fête allemande, pas française, dit-il.
Mêmes rebuffades quelques semaines plus tard. Afin de faire taire ceux qui commencent à critiquer la position de Paris, plusieurs personnes, dont Hubert Védrine et Jean Daniel, lui suggèrent de prononcer un grand discours. Le but≈: marquer le soutien de la France à la réunification de son grand voisin. Refus. De même, le 4 janvier 1990, à Latche, la maison de campagne landaise de Mitterrand, Helmut Kohl en personne propose à son ami François d’accorder une grande interview à la télévision allemande. Mais le président français repousse cette suggestion.
Devant Kohl, il se justifie ainsi : « Si j’étais allemand, je serais pour la réunification, c’est du patriotisme. Etant français, je n’y mets pas la même passion » – bel euphémisme. Le 15 février, il redit au chancelier≈: « On ne peut pas attendre de moi que je parle comme un patriote allemand mais comme un patriote français. Ce qui m’intéresse, c’est comment aborder les conséquences de l’unification. » Ce faisant, il « n’a pas géré la dimension symbolique de la réunification », résume (et regrette) Hubert Védrine.
Ce manque d’empathie manifeste, Loïc Hennekinne, le conseiller diplomatique de François Mitterrand à l’époque, l’explique aujourd’hui par des considérations tactiques. « S’il avait exprimé trop fort son soutien à la réunification, il lui aurait été difficile d’en négocier les modalités avec Bonn », dit-il. La justification est sans doute un peu courte mais traduit bien l’obsession du président français pendant toute la période≈: ne pas s’opposer à la réunification mais la contrôler.
Cette stratégie, François Mitterrand la définit avant même la chute du Mur. Le 18 octobre 1989, alors que l’unité allemande n’est encore qu’une perspective vague et lointaine, il déclare en conseil des ministres : « La France ne serait pas en mesure de s’opposer à la réunification si elle se réalisait. On ne peut tout de même pas faire la guerre à l’Allemagne pour [l’en] empêcher ! » Donc, « la seule chose que la France peut faire, explique-t-il, c’est faire respecter certains principes ». De toute façon, déclare-t-il, « est-ce que nous avons une politique de rechange ? ».
Le même jour, Hubert Védrine, qui est alors porte-parole de l’Elysée, précise la pensée présidentielle dans une note interne : « Puisqu’il serait incohérent de contester cette aspiration [à la réunification] [et] qu’il est impossible de s’opposer au mouvement de rapprochement, écrit-il, il faut accompagner le mouvement vers l’unité. » Ce n’est pas très enthousiaste mais réaliste.
Premier souci de Mitterrand le pragmatique : arrimer l’Allemagne en voie de réunification à la Communauté européenne. L’occasion se présente un mois après la chute du Mur. Les 8 et 9 décembre, le Conseil européen de Strasbourg – organisé sous présidence française – doit lancer le processus qui aboutira à l’union économique et monétaire, puis à l’euro. Kohl rechigne à donner son feu vert définitif, à lâcher le deutschemark à quelques mois d’élections législatives très difficiles. Mitterrand insiste et obtient gain de cause.
Comment ? Trois jours plus tard, les responsables européens reconnaissent le droit à l’« autodétermination du peuple allemand ». Est-ce là un troc≈: l’euro contre un nihil obstat à la réunification ? « Formellement, il n’y pas eu de “marchandage”, dit l’historien Frédéric Bozo, auteur d’un monumental ouvrage sur la période (3), mais, de fait, le donnant-donnant entre Kohl et Mitterrand, quoique implicite, était évident. »
Il y en aura un autre. Fin janvier, les choses se sont accélérées. L’Etat est-allemand s’effondre. Des dizaines de milliers de réfugiés quittent le pays. Kohl ne parle plus d’une confédération allemande dans quelques années, mais d’une absorption pure et simple de la RDA par la RFA – très vite. Le chancelier demande que la nouvelle Allemagne soit intégrée telle que dans la Communauté. En échange, il propose une relance de la construction européenne. Mitterrand est estomaqué, déstabilisé. Il hésite.
Sa conseillère pour les Affaires européennes, Elisabeth Guigou, veut le convaincre d’accepter. « Si la Communauté est perçue par les Allemands comme hostile à leur réunification, lui écrit-elle début février 1990, nous serons perdants sur toute la ligne, car nous n’empêcherons pas la réunification et nous aurons en plus ruiné l’avenir communautaire. » Son argument fait mouche. Mitterrand l’européen accepte le grand deal de Kohl. La grande Allemagne restera dans la CEE et, deux ans plus tard, le sommet de Maastricht adoptera le texte du traité que l’on sait – traité majeur, qui, selon Frédéric Bozo, est bien la « réponse franco-allemande à la réunification ».
A-t-il cherché, comme on l'a beaucoup dit, à s'opposer à la réunification de l'Allemagne, ou en tous cas à la freiner? Ou a-t-il agi en ami de l'Allemagne et en patriote français?
J'ai consulté beaucoup d'archives en France et à l'étranger. J'ai aussi rencontré nombre de témoins.
Et voici l'article que je publie aujourd'hui dans le "Nouvel Observateur", à propos de l'attitude de François Mitterrand pendant cette période cruciale.
Mitterrand au pied du Mur
La scène – tirée des archives de François Mitterrand – se déroule au palais de l’Elysée, trois mois après la chute du mur de Berlin. Ce jour-là, le 13 février 1990, le président français reçoit un vieux complice, un homme qui, comme lui, a commencé sa carrière politique au sortir de la guerre : le président du Conseil italien Giulio Andreotti. Les deux septuagénaires veulent se consulter sur la question qui, quarante-cinq ans après le démantèlement du IIIe Reich, obsède l’Europe≈: la réunification du peuple allemand.
Mitterrand est furieux. Selon lui, tout à son désir de fusionner la RDA et la RFA, le chancelier ouest-allemand va trop vite et consulte trop peu : l’attitude de Helmut Kohl, déclare-t-il à son ami italien, « c’est le fait accompli », « les Allemands sont sourds », dit-il. Il ajoute, dépité≈: « Bush ne fait rien pour retenir les événements. La seule chose qui pourrait bloquer [la réunification de l’Allemagne], c’est l’emploi de la force par les Soviétiques, mais ils ne l’utiliseront pas. »
Trois mois plus tard, le 4 mai 1990, François Mitterrand est en Grande-Bretagne, à Waddesdon Manor, chez la cinglante Margaret Thatcher. Au menu de leurs entretiens : encore et toujours l’Allemagne, et les craintes que sa réunification suscite en Pologne et dans le reste de l’Europe orientale – inquiétude que partage, ô combien, François Mitterrand. Celui-ci redoute qu’après avoir absorbé la RDA la RFA ne soit tentée d’étendre son influence plus loin encore. Il explique≈: « C’est dans la nature des Allemands d’être portés vers l’est. » D’ailleurs, ajoute le président français, souvenez-vous de cette phrase prémonitoire d’Adolf Hitler dans « Mein Kampf »≈: « Pour nous, Allemands, il n’y a pas de vide à l’ouest, il y en a à l’est » – phrase qu’il cite de mémoire.
C’est l’évidence≈: il y a vingt ans, François Mitterrand a accueilli la chute du mur de Berlin – et le processus de réunification allemande qui a suivi – avec des sentiments mêlés. Certes, au lendemain de l’ouverture de la frontière entre les deux Berlin, le 9 novembre 1989, il parle d’un « événement heureux qui marque un progrès de la liberté en Europe ». Certes, tout au long de l’année qui aboutira le 3 octobre 1990 à l’union de la RFA et de la RDA, il répète que « la réunification allemande est légitime » et qu’« il n’en a pas peur ». Certes, il dit à l’éphémère président de la RDA, Manfred Gerlach, auquel il rendra une visite très controversée à Berlin-Est fin 1989 : « Je n’attends pas de catastrophe sur le plan français. Cela fait mille ans qu’on a des voisins allemands. » Mais, au fond, le vieux président français tremble≈: il « ressent, récapitule, (…) “incarne” les angoisses françaises face à une Allemagne trop grande, à une construction européenne qui n’est pas encore irréversible », écrira plus tard son plus proche collaborateur, Hubert Védrine (1).
Aussi inquiet fût-il, le vieux président s’est-il, dans les faits, mal comporté face la réunification allemande, comme on l’a beaucoup dit à l’époque et continue de le dire aujourd’hui ? Depuis deux décennies, le débat sur l’attitude de François Mitterrand pendant cet épisode crucial de l’histoire européenne resurgit périodiquement. Certains, comme l’actuel secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche, prétendent que, obnubilé par la guerre, le chef de l’Etat s’est conduit « en homme du passé », qu’il « a raté cette fête de la liberté » et que, ce faisant, il « a porté un très mauvais coup à l’amitié franco-allemande ».
D’autres, dont l’intéressé lui-même dans un livre d’autojustification écrit juste avant sa mort (2), affirment que, malgré ses doutes et ses propos parfois très rudes, François Mitterrand a agi à la fois en patriote français, en ami de l’Allemagne – et surtout en grand européen. Qu’en est-il ? Que révèlent les archives de l’ancien chef de l’Etat que nous avons pu consulter ? Que disent, vingt ans après, ses principaux collaborateurs et les historiens qui ont travaillé sur le sujet ?
La plupart sont d’accord sur un point : sur le moment, François Mitterrand n’a pas su – et souvent pas voulu – trouver les mots, faire les gestes amicaux qui auraient comblé les Allemands. Le soir du 9 novembre 1989, alors qu’il se trouve à Copenhague, son conseiller en relations publiques, Jacques Pilhan, incite le chef de l’Etat à filer à Berlin et à franchir symboliquement le Mur avec Helmut Kohl. Mais François Mitterrand refuse d’un haussement d’épaules. C’est une fête allemande, pas française, dit-il.
Mêmes rebuffades quelques semaines plus tard. Afin de faire taire ceux qui commencent à critiquer la position de Paris, plusieurs personnes, dont Hubert Védrine et Jean Daniel, lui suggèrent de prononcer un grand discours. Le but≈: marquer le soutien de la France à la réunification de son grand voisin. Refus. De même, le 4 janvier 1990, à Latche, la maison de campagne landaise de Mitterrand, Helmut Kohl en personne propose à son ami François d’accorder une grande interview à la télévision allemande. Mais le président français repousse cette suggestion.
Devant Kohl, il se justifie ainsi : « Si j’étais allemand, je serais pour la réunification, c’est du patriotisme. Etant français, je n’y mets pas la même passion » – bel euphémisme. Le 15 février, il redit au chancelier≈: « On ne peut pas attendre de moi que je parle comme un patriote allemand mais comme un patriote français. Ce qui m’intéresse, c’est comment aborder les conséquences de l’unification. » Ce faisant, il « n’a pas géré la dimension symbolique de la réunification », résume (et regrette) Hubert Védrine.
Ce manque d’empathie manifeste, Loïc Hennekinne, le conseiller diplomatique de François Mitterrand à l’époque, l’explique aujourd’hui par des considérations tactiques. « S’il avait exprimé trop fort son soutien à la réunification, il lui aurait été difficile d’en négocier les modalités avec Bonn », dit-il. La justification est sans doute un peu courte mais traduit bien l’obsession du président français pendant toute la période≈: ne pas s’opposer à la réunification mais la contrôler.
Cette stratégie, François Mitterrand la définit avant même la chute du Mur. Le 18 octobre 1989, alors que l’unité allemande n’est encore qu’une perspective vague et lointaine, il déclare en conseil des ministres : « La France ne serait pas en mesure de s’opposer à la réunification si elle se réalisait. On ne peut tout de même pas faire la guerre à l’Allemagne pour [l’en] empêcher ! » Donc, « la seule chose que la France peut faire, explique-t-il, c’est faire respecter certains principes ». De toute façon, déclare-t-il, « est-ce que nous avons une politique de rechange ? ».
Le même jour, Hubert Védrine, qui est alors porte-parole de l’Elysée, précise la pensée présidentielle dans une note interne : « Puisqu’il serait incohérent de contester cette aspiration [à la réunification] [et] qu’il est impossible de s’opposer au mouvement de rapprochement, écrit-il, il faut accompagner le mouvement vers l’unité. » Ce n’est pas très enthousiaste mais réaliste.
Premier souci de Mitterrand le pragmatique : arrimer l’Allemagne en voie de réunification à la Communauté européenne. L’occasion se présente un mois après la chute du Mur. Les 8 et 9 décembre, le Conseil européen de Strasbourg – organisé sous présidence française – doit lancer le processus qui aboutira à l’union économique et monétaire, puis à l’euro. Kohl rechigne à donner son feu vert définitif, à lâcher le deutschemark à quelques mois d’élections législatives très difficiles. Mitterrand insiste et obtient gain de cause.
Comment ? Trois jours plus tard, les responsables européens reconnaissent le droit à l’« autodétermination du peuple allemand ». Est-ce là un troc≈: l’euro contre un nihil obstat à la réunification ? « Formellement, il n’y pas eu de “marchandage”, dit l’historien Frédéric Bozo, auteur d’un monumental ouvrage sur la période (3), mais, de fait, le donnant-donnant entre Kohl et Mitterrand, quoique implicite, était évident. »
Il y en aura un autre. Fin janvier, les choses se sont accélérées. L’Etat est-allemand s’effondre. Des dizaines de milliers de réfugiés quittent le pays. Kohl ne parle plus d’une confédération allemande dans quelques années, mais d’une absorption pure et simple de la RDA par la RFA – très vite. Le chancelier demande que la nouvelle Allemagne soit intégrée telle que dans la Communauté. En échange, il propose une relance de la construction européenne. Mitterrand est estomaqué, déstabilisé. Il hésite.
Sa conseillère pour les Affaires européennes, Elisabeth Guigou, veut le convaincre d’accepter. « Si la Communauté est perçue par les Allemands comme hostile à leur réunification, lui écrit-elle début février 1990, nous serons perdants sur toute la ligne, car nous n’empêcherons pas la réunification et nous aurons en plus ruiné l’avenir communautaire. » Son argument fait mouche. Mitterrand l’européen accepte le grand deal de Kohl. La grande Allemagne restera dans la CEE et, deux ans plus tard, le sommet de Maastricht adoptera le texte du traité que l’on sait – traité majeur, qui, selon Frédéric Bozo, est bien la « réponse franco-allemande à la réunification ».


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