L’histoire des soldats Juifs d’Hitler demeure au rang des pages occultées de la seconde guerre occidentale.
Cependant un ouvrage, agrémenté par de nombreux documents et divers témoignages inédits, lève le voile et retrace l’histoire de ces nombreux Allemands d’ascendance juive qui, à des degrés divers, ont rejoint l’armée allemande pour combattre et servir les idéaux et intérêts d’Hitler.
Au fil des pages, ont comprend que ces hommes ont délibérément choisit de servir les ennemis de leur peuple dans l’espoir de protéger leur famille mais aussi simplement par patriotisme.
Aujourd’hui, on estime leur nombre entre 120 000 et 160 000. Plusieurs ont d’ailleurs accédé à des grades militaires élevés (feld-maréchal, amiral, général) et ont même reçu les honneurs militaires (décorations pour actes de guerre).
Chose particulière, pour combattre pour la défense et la grandeur du Reich, il leur fallait généralement faire la demande et obtenir l’autorisation personnelle du Führer, pour être habilité à verser leur sang pour la cause des nazis.
Avec ce livre, on accède donc à des aspects insoupçonnés du régime nazi, mais on reste aussi surpris de l’attitude humaine de certains Allemands envers leurs infortunés compatriotes.
L’auteur :
Ancien étudiant des Universités de Yale et de Cambridge, Bryan Mark Rigg est actuellement professeur d’histoire à l’Université militaire des États-Unis.
Il a servi comme volontaire dans l’armée israélienne et comme officier dans les Marines américains.
Ce qu’en dit le site juif "Koutrass" :
Une recherche a récemment permis de dévoiler le fait que 150.000 soldats d’origine juive servaient dans l’armée allemande durant la Choa, pendant que leurs proches étaient assassinés dans les camps de concentration...
Voici deux ans a paru un livre aux Etats-Unis, et déjà il a été traduit en français aux éditions de Fallois, sous le titre : La tragédie des soldats juifs d’Hitler.
C’est le côté sensationnel de l’affaire : alors que tout le système allemand s’acharnait avec une cruauté inouïe, à détruire méthodiquement toute trace du peuple juif de la surface de la terre et de dessous les cieux, des dizaines de milliers de soldats, qui servaient dans les différentes armes de l’armée allemande, étaient en fait eux-mêmes des Juifs, à part entière dans certains cas, mais surtout au tiers, au quart et à moins que cela. Ce qui donnait alors le statut très méprisant de Mischling (des métis). Un bruit court d’ailleurs que même le... Führer avait un grand-père juif...
Mais ce qui nous paraît le plus dramatique dans le tableau qui émane de ce livre, c’est le désarroi le plus complet dans lequel sont tombés ces gens, après un siècle d’une assimilation des plus galopantes. Des centaines de milliers de descendants juifs peuplaient alors l’Allemagne, et pensaient être totalement et définitivement assimilés à la société et la culture allemandes. C’est alors que les nazis arrivent au pouvoir et ils se voient bien vite mis au ban de la société, considérés comme des citoyens de seconde zone, pour finalement être jetés dans les camps de concentration, même s’ils avaient pu pendant un temps servir dans l’armée et espérer à ce compte avoir la vie sauve. Puis, après la guerre, ces gens n’ont pas réussi à réintégrer une place parmi les hommes : les uns les rejetaient du fait de leur passé nazi, les autres parce que somme toute de « véritables » Allemands, ils n’étaient pas...
Les incroyables méfaits de l’assimilation - qui ne mène donc à rien !
Le présent ouvrage ne tient pas compte de la Halakha en la matière (pour le moins... Il n’en comprend pas l’esprit) mais les nazis n’ont-ils pas fait de même : il leur suffisait qu’un seul aïeul soit juif, pour que le petit-fils soit considéré comme un Mischling, un métis...
Comment toute cette affaire a-t-elle commencé ? Bryan Marc Rigg avait vingt et un ans, quand, étudiant à l’université de Yale aux Etats-Unis, il a décidé d’abandonner pour un temps sa ville natale du Texas, ses études et ses examens, pour se rendre en Allemagne et se pencher sur les sources de sa famille, les Rigg. Au courant de l’année 1992, durant son séjour, il s’aperçoit que ses origines sont juives, et il décide avec fermeté de pousser plus loin ses investigations.
Il se rend dans la vieille bourgade où avait vécu son arrière-grand-père, et demande à quelqu’un parmi les vieilles gens de l’endroit, s’il connaît encore l’histoire de la famille Rigg, mais cette personne le dirige vers les archives de l’église locale, où toutes les naissances sont enregistrées. Et, effectivement, dans l’un de ces registres était inscrit que l’arrière-grand-mère Rigg était juive. Comme aucune trace de conversion n’apparaissait, Bryan a admis que lorsque sa famille a émigré aux Etats-Unis en 1863, silence a été fait sur ses origines, et la famille Rigg s’est présentée comme chrétienne allemande...
Bryan savait qu’il avait encore de la famille en Allemagne, mais comment la retrouver ? Ce n’est qu’après de nombreuses recherches qu’il a réussi à localiser deux personnes portant ce patronyme, qui avaient servi dans la Wehrmacht...
Ceci a renforcé Bryan dans son sentiment : il faut dévoiler ce « secret » ! Mais comment ? Se trouvant à Berlin, il eut une conversation avec un homme, d’apparence sympathique et cultivée. Ce dernier, à la grande surprise de Bryan, lui a raconté qu’il était juif, et qu’il avait servi dans l’armée allemande durant la guerre : « Je n’étais pas le seul soldat juif, lui affirma-t-il, mais le sujet reste tabou, personne ne s’y intéresse, mais si vous savez vous y appliquer, vous arriverez aux personnes concernées et aux documents qui en parlent. » Sur ces bonnes paroles, il s’en alla. Bryan resta abasourdi, mais réalisa quelques instants plus tard qu’il avait trouvé là son sujet de thèse historique.
A partir de cet instant-là, Bryan interviewa de nombreuses personnes, une partie d’entre elles ayant même prit part à la vie politique du pays après la Choa, tel le chancelier allemand Helmut Schmidt (dont certains ancêtres étaient juifs). Bryan ne parvint pas à attirer la confiance de certains d’entre eux, qui refusèrent de livrer leur secret, mais une bonne partie a accepté de parler, et d’avouer leur part dans la guerre. « Ils ne savent pas quelle est leur place, et jusqu’à présent ils n’avaient pas où s’exprimer. Personne ne veut les adopter... » écrit-il.
La suite...


Commentaire