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Rroms, Tsiganes, Gens du voyage

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  • Rroms, Tsiganes, Gens du voyage

    Rroms, Tsiganes, Gens du voyage et rromani, ce qu'il faut savoir

    Qui sont les Rroms ?


    Les Rroms sont un peuple européen d’origine indienne, dont les ancêtres sont venus de la moyenne vallée du Gange, en d’Inde du Nord, il y a environ 800 ans.

    Ils sont aujourd'hui dispersés dans le monde entier, surtout sur notre continent. Parvenus en Europe par l'Asie Mineure et le Bosphore, ils se sont installés d’abord dans les Balkans, puis dans les Carpates et petit à petit dans tous pays européens, de la Grèce à la Finlande et de la Russie à l'Europe occidentale (Espagne, Portugal, France, Allemagne et Royaume Uni). On compte environ 12 millions de Rroms en Europe, les deux pays qui en abritent le plus étant la Roumanie et la Bulgarie.

    Les Rroms au sens large se subdivisent principalement en Rroms dits "orientaux" (85% du total), en Sintés (souvent appelés Manouches en France – 4%) et en Kalés (ou Gitans – 10%), en Gypsies (ou Romanichals en Grande-Bretagne – 0,5%) – sans compter divers groupes de moindre importance numérique mais tout aussi Rroms que les autres Rroms. Au niveau européen, ils sont aujourd’hui sédentaires à 96%.

    Les Rroms sont un peuple sans territoire compact, qui n’a jamais eu de revendications territoriales, mais qui est lié par une conscience identitaire, une origine, une culture et une langue communes. Ils sont environ un demi-million en France.

    Etre Rrom est une valeur positive indiscutable, autant qu’être Chinois, Argentin ou Français





    Et les Tsiganes alors ?

    Le mot ‘Tsigane’vient du grec Atsinganos; c'était le nom d'une secte qui a disparu au XIème siècle: bien avant l’arrivée des Rroms dans l'Empire byzantin, il y vivait cette secte, pratiquant une variante de la religion persane manichéenne (préislamique). Or, ses fidèles refusaient le contact physique avec tous les autres, qu’ils considéraient impurs. Les paysans byzantins les avaient donc appelés Atsinganos ("non touchés", mais ceci dans le sens inverse de la notion d'intouchable en Inde). Quand les Rroms arrivèrent à leur tour, venant d’Asie et gardant une certaine distance, les prirent pour un nouveau contingent de cette secte.

    A partir de ce nom, Atsinganoi, les Rroms d’Europe furent diversement appelés en fonction des différentes langues des pays dans lesquels ils arrivèrent ensuite : Zingari en Italie, Tsigani dans les pays slavophones et en roumain, Zigeuneren allemand, Cigane en portugais, Tsigane en français (et Cigainsen vieux-français)…

    A part son caractère péjoratif (dans de nombreuses langues il véhicule les idées de menteur, voleur, parasite, magouilleur, malpropre – la liste est sans fin), ce mot de Tsiganen'a pas de définition réelle. Plusieurs groupes en effet, qui n'ont aucun rapport entre eux de par leur origine, leur culture, leur langue et leur regard sur eux-mêmes sont à l'occasion appelés Tsiganes par les populations environnantes, ignorantes et souvent racistes à leur égard. Ont pu être appelés Tsiganes les Irish Travellers (celtes), les Yéniches (germaniques), les Egyptiens des Balkans, les Rudar (ou Beás – à l'origine Roumains du sud de la Serbie) et bien d'autres, jusqu'aux pillards de la guerre de Bosnie… Dans l'esprit de la pratique désormais universelle, le 1erCongrès International des Rroms (Londres, 1971) a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu sous son véritable nom de « Rrom » pour le désigner. On utilise parfois en France le terme "Rroms, Gitans et Manouches" pour spécifier les trois grandes branches de ce peuple.







    Rroms et Gens du Voyage

    De leur arrivée en Moldavie et Valachie au XIV siècle et jusqu'en 1856 les Rroms furent réduits en esclavage – et donc largement sédentaires. A peine 4 % de la population globale des Rroms (environ 15 millions) sont nomades. Ils n’ont jamais été nomades par culture, mais par nécessité :

    Pendant des siècles, ils ont été chassés de pays en pays, presque partout en Europe, sous peine des pires sanctions, y compris la peine de mort, parce que nés Rroms…. Ils tentaient donc de fuir violences et discriminations avec l'espoir de trouver un pays plus accueillant…

    Les gouvernements et les Parlements s’empressaient de promulguer des lois à leur encontre. Les états allemands à eux seuls ont voté cent quarante huit lois et décrets les concernant entre 1416 et 1774 !

    Dans l’Espagne du 16èmesiècle, tout Rrom (Gitan, en ce pays) surpris en train de parler sa langue maternelle était puni de mutilation… ce qui explique que le rromani s'y transforma en ce qu’on appelle le « Kaló », un idiome en fait plus espagnol que rromani…

    Repoussés systématiquement, les Rroms d’Europe occidentale ont dû développer des moyens de subsistance adaptés à ce genre de vie : travaux agricoles saisonniers, travaux de réparation notamment de chaudronnerie, vannerie, voyance, maquignonnage, petit commerce ambulant… compatible avec la mobilité, dont certains sont aujourd'hui très fiers et qui constitue un Droit de l'Homme reconnu et pour l'exercice duquel tous les Rroms se battent.

    Le 8 avril 2009, reçue à l’assemblée nationale, une délégation d’associations rroms, gitanes et manouches récusait dans un Décalogue l’appellation « gens du voyage » et demandait entre autres le respect du droit de circuler et de stationner pour tous, sans discrimination.

    Le rromani – qu’est-ce que c’est au juste?

    C’est la langue des Rroms ! Elle est indiscutablement indienne et proche du hindi, langue de l’Inde. Son vocabulaire et sa grammaire de base sont indiens aux trois quarts. Le reste est constitué de vocabulaire emprunté principalement au persan, au grec et ensuite aux langues européennes de contact. Malgré sa prétendue diversité dialectale, le rromani est une seule et même langue et les Rroms de Russie, d’Albanie, de Grèce etc. peuvent très facilement communiquer entre eux en rromani – à la seule condition de ne pas l'avoir oublié…

    Ecrit depuis le début du 20èmesiècle dans des alphabets différents selon les pays, le rromani dispose depuis 1990 d’une écriture commune laquelle permet notamment une meilleure diffusion de la littérature rrom. Dans certains pays, comme la Roumanie, il est enseigné à l’école et, en France, l’INALCO dispense une formation complète en langue et civilisation des Rroms.

    Rrom et Roumain, est-ce la même chose ?

    Les Rroms sont un peuple européen d’origine indienne, réparti dans l’ensemble de l’Europe et au-delà. Les Roumains sont un peuple de 30 millions d'âmes vivant en Roumanie, en République de Moldavie et dans quelques régions voisines. Leur langue, le roumain, est une langue néo-latine.

    Le mot « Rrom» vient du sanskrit « Ḍomba», qui signifiait "artiste, artisan, qui crée de son esprit, de ses mains", alors que « Roumain » vient du nom de la ville de Rome.

    Il s’agit donc de deux peuples distincts ayant des origines, langues et cultures différentes. Certes, la Roumanie compte le nombre le plus important de Rroms – près de deux millions, mais c'est un hasard : tous les Rroms ne sont pas Roumains et tous les Roumains ne sont pas Rroms





    Que signifie le terme Samudaripen ?

    En rromani, ce mot veut dire « meurtre collectif total », et il désigne le Génocide du peuple des Rroms, Sintés et Kalés pendant la Seconde Guerre Mondiale.

    N’oublions jamais, alors même que les historiens et les medias passent encore trop souvent cette tragédie sous silence, que la population rrom en Europe a perdu plus de 500 000 des siens entre 1933 et 1945. Les Nazis et leurs alliés de tous les pays ont persécuté, stérilisé, emprisonné, torturé, fusillé, et finalement gazé les Rroms dans les camps de la mort ou dans les bois. Etaient considérés comme Rroms ceux qui avaient au moins un arrière grand parent rrom.

    Les Rroms en tant que peuple étaient condamnés à l’extermination (voir l’ordonnance d’Himmler de 1938) car quoique « aryens » ils étaient considérés par les nazis comme des parias, asociaux, « de sang métissé », donc dangereux pour le "sang pur allemand". Il ne faut pas oublier, au-delà des morts, tous les Rroms restés orphelins, veufs et veuves, stérilisés, traumatisés à vie dans leur corps et leur esprit par la folie nazie.

    En 1997, le président des Etats-Unis Bill Clinton a choisi le professeur Ian Hancock, un intellectuel rrom, pour le nommer membre du U.S. Holocaust Memorial Council en tant que représentant du peuple rrom. Au cours des dix-sept ans d’existence de ce Conseil, c’était la deuxième fois seulement qu’un représentant rrom pouvait faire partie des 65 membres qui le composent. Lors du procès de Nuremberg qui jugea les criminels de guerre nazis, aucunedéposition de Rrom ne fut entendue. Pourquoi ?????

    Plus de 6 décennies après la libération des camps, la population rromani attend toujours que le monde reconnaisse son martyre sous le régime nazi. Jusqu’à nos jours, seules les victimes rroms de nationalité allemande ont reçu des « réparations » financières et sur le plan de l’histoire, presque rien n'est fait pour la reconnaissance du Samudaripen.



    Le saviez-vous ?

    Qu’ont en commun Django Reinhardt, Matéo Maximoff, Yul Brynner, Serge Poliakoff, Otto Müller, Camarón… ? Ils étaient Rroms !





    A quoi correspond le 8 avril

    journée mondiale des Rroms?



    Le 8 avril est une vieille fête des Rroms de Transylvanie – le "jour des chevaux" (sortie festive des abris d'hiver avec les chevaux ornés de guirlandes) mais elle a pris une nouvelle dimension plus récemment et beaucoup de Rroms de par le monde la célèbrent désormais comme la date du premier congrès mondial des Rroms en 1971. En France, La voix des Rroms a instauré cette tradition depuis 2005 et organise chaque année une Semaine de la culture rromani. En ce jour important pour le peuple rrom, une pensée va tout naturellement aux victimes du Samudaripen, déportés et tués parce qu’ils étaient nés Rroms. Pour que ce chapitre ignoble de l'Histoire ne se répète plus jamais, nous pensons qu’il est important que tous se rapprochent pour mieux se connaître. Si la mère du racisme est l’ignorance, son père est l'égoïsme, et c’est donc en faisant la connaissance de la culture rrom que la méfiance, l’hostilité, la haine et le mépris vis-à-vis des Rroms finiront par devenir un simple sujet d'étude pour les historiens…


    Source : LA VOIX DES RROMS

  • #2
    Merci Sioux pour ce post très intéressant.
    Je possède un enregistrement d'une émission de France Inter sur les Roms, mais je ne sais pas comment inclure de l'audio dans un post et la charte interdit de mettre un lien.

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    • #3
      Bonjour Soleil


      si c'est un lien France inter, ...ça passe je pense.

      essaies de l'afficher ou de me l'envoyer par MP

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      • #4
        langue Rromani et ses variations

        Rromani

        On désigne sous le nom de Rroms (ou Roms ), un ensemble de populations caractérisées par une origine indienne commune se manifestant par une communauté de langue et certains traits culturels. Cette langue, le rromani (ou romani) s’est transmise de génération en génération depuis l’arrivée des premiers Rroms en Europe occidentale, au début du XVème siècle. Elle se retrouve aujourd’hui sous forme d’un ensemble de parlers encore très proches des langues néo-indiennes (rromani proprement dit), ou ayant subi des évolutions notables au contact de différentes langues européennes ; on désigne ce second type de parlers par le terme de péri-rromanis : sinto germanisé (manouche), sinto piémontais, abruzzien etc... Il existe, enfin des idiomes dits para-rromanis ou pogadilectes, constitués d’une poignée d’éléments lexicaux rromani employés dans une matière linguistique étrangère ; à cette catégorie appartiennent les divers kalé ibériques parlés par les Gitans et l’anglo-romani ou pogadi de Grande-Bretagne. Sauf exception, l’intercompréhension est facile entre les différentes variétés du rromani proprement dit, difficile entre rromani et péri-rromanis, impossible entre rromani et para-rromanis.

        Origine et répartition du rromani

        L’origine indienne des Rroms n’est plus contestée aujourd’hui. Plusieurs grandes langues indiennes sont proches du rromani : hindi (braj et awadhi), penjabi, népali etc... La différence entre ces langues et le rromani est comparable à celle qui existe entre l’italien et le français.

        Au nombre des traits indiens bien conservés en rromani, on relève surtout : la similitude des systèmes phonologiques, tant sur le plan de la structure que sur celle de la fréquence des phonèmes ; plus de 800 racines et affixes communs avec les langues indiennes ; des similitudes entre les morphologies verbales ; la quasi identité de la morphologie du groupe nominal avec celle des langues indiennes modernes, avec flexion à deux cas et système de postpositions, à quoi s’ajoute l’accord en genre, nombre et cas de la postposition possessive.

        Le proto-rromani d’Europe se serait formé à partir du Xème siècle, après séparation des parlers qui allaient donner deux petites branches latérales : le domari (Syrie, Liban, Egypte – dont le rapport avec le rromani n’est pas certain) et le lomani ou boşa (Arménie et Géorgie essentiellement). Une première vague s’est répandue dans le continent européen peu après l’arrivée dans les Balkans. C’est à cette première vague que remontent non seulement la population gitane d’Espagne et les Manouches, mais également le tronc commun des Rroms proprement dits qui s’est implanté sur un axe Balkan-Carpathes-Baltique. La langue parlée par ce tronc commun présente une assez grande unité sur le plan des structures et du vocabulaire de la vie traditionnelle, mais cette unité est plus problématique dès que l’on tente d’exprimer des notions relatives, par exemple, à l’administration ou à la vie européenne (permis de conduire, fer à souder ou à repasser, passage à niveau, haut-parleur, salle d’attente, taux de change...) du fait que chaque groupe rromani a emprunté ces termes à la langue du pays où il se trouvait au moment où il a découvert ces notions. On peut traduire une fable d’Esope en rromani sans rencontrer la moindre difficulté de compréhension entre dialectes, tandis que la traduction d’une résolution de l’ONU exige toute une méthodologie critique, le résultat dépendant en fait autant de la préparation du lecteur à la compréhension de nouveaux concepts que de la rigueur des traducteurs.

        En outre, la question de l’intercompréhension entre les différentes variétés du rromani, et entre rromani et sinto, est une question d’autant plus complexe que la langue est aussi un marqueur identitaire : selon le contexte, chacun peut identifier sa spécificité à celle de son parler et en cultiver les caractères les plus idiomatiques, surtout entre locuteurs de parlers relativement proches, entre lesquels chaque interlocuteur sait que de toute manière la compréhension passe, mais où il tient à affirmer sa différence. A l’inverse, chacun peut souligner les mots ou les membres de phrase qu’il a en commun avec son interlocuteur, souvent avec un enthousiasme débordant, surtout si l’intercompréhension est faible entre les parlers en présence. Dans le premier cas, il fait de ce qui est différent ce qui est « propre », en se situant dans une position de contraste ; dans le second cas, il fait de ce qui est commun ce qui est « propre », en situant le contraste entre la communauté rromani des interlocuteurs et le monde non-rromani environnant.
        Subdivision dialectale et répartition en France

        Les groupes arrivés lors de la première vague ont constitué une première strate dialectale, restée peu différenciée à l’Est (Balkan-Carpathes-Baltique) et profondément altérée à l’Ouest (para-rromanis et péri-rromanis). La région balkanique a vu ensuite se former une deuxième strate qui ne s’est guère étendue au-delà de la péninsule : c’est la strate 2, dite gurbet-ćergar du nom de ses dialectes les plus connus. Enfin, il s’est formé il y a environ deux siècles, apparemment dans le Banat oriental (Roumanie), une troisième strate, dite parfois kelderaś-lovari. On retrouve ses locuteurs dans toute la Russie, en Scandinavie, à Montreuil et Romainville, en Amérique et jusqu’en Afrique du Sud et en Australie. Certains se sont enrichis et se sont placés dans des hiérarchies d’Eglises, si bien qu’ils passent parfois pour une sorte d’élite. C’est aussi l’un des groupes demeuré le plus fidèle aux interdits rituels anciens.

        La France est le seul pays où les trois grands groupes de parlers coexistent :

        - rromani proprement dit : les locuteurs de strate 3, essentiellement kelderaś sont les plus nombreux et les plus anciennement installés (les premières vagues provenaient surtout de Russie). A ce groupe appartiennent aussi des émigrés plus récents originaires de Hongrie et de Roumanie. S’y ajoutent des parlers de strate 1 et 2, correspondant à une immigration d’après-guerre, notamment ces dernières années avec les nombreux Rroms d’origine yougoslave.

        - sinto (péri-rromani) : après les parlers rromanis de strate 3, les parlers sinto sont les mieux représentés en France par le nombre et la dispersion des locuteurs (Alsace, Ardennes, vallée de la Loire, Ile de France, Auvergne, Limousin, Gascogne, Provence...).

        - kalé (para-rromani) : il s’agit surtout des kalé espagnols et catalans, parfois mieux conservés en France que dans la péninsule ibérique (Roussillon, Gascogne, Languedoc, Marseille, Lyon, Ile de France). Mentionnons pour mémoire qu’il a existé un kaló provençal spécifique, ou occitano-rromani, subsistant peut-être dans les mémoires d’anciens locuteurs de la région d’Arles.

        Le nombre de Rroms, Sinté et Kalé vivant en France serait d’environ 300 000, la très grande majorité d’entre eux citoyens français. Les différents groupes implantés en France ont des pratiques linguistiques variables. Chez les Rroms proprement dits : Lovara, Tchourara, Kelderash et “Yougoslaves”, la pratique de la langue est générale et la transmission familiale s’effectue naturellement. Certains Rroms “yougoslaves” arrivés en France à une date récente connaissent mal le français, mais il s’agit là d’une situation transitoire qui ne se poursuit pas au-delà de la première génération. Chez les Manouches, la maîtrise de la langue est très inégale, certains l’utilisent couramment et la transmettent, d’autres ne l’utilisent que dans certaines occasions, certains prétendent ne pas la parler. Les Sinté piémontais pour la plupart ont abandonné leur langue et ne s’expriment plus guère qu’en français. Les Gitans, en France comme en Espagne, utilisent l’espagnol, le catalan et le kaló.
        Dernière modification par Sioux foughali, 24 juillet 2010, 13h44.

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        • #5
          Ok, je te l'envois tout à l'heure . pour l'instant je vais déjeuner , mon ventre cri famine

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          • #6
            Littérature, écriture

            Le rromani est longtemps resté une langue uniquement orale. Les Rroms, lorsqu’ils écrivent pour l’usage domestique, le font le plus souvent dans les langues utilisées dans leur environnement et apprises à l’école. Mais depuis au moins un siècle, il existe des publications imprimées en rromani. Elles sont de plusieurs catégories : traductions des Ecritures, brochures de propagande émanant le plus souvent des autorités de certains pays d’Europe orientale (ex-Yougoslavie et ex-Union soviétique essentiellement), littérature orale de collectage (chansons, contes, ethnotextes) mais aussi de plus en plus de publications originales, émanant de Rroms et représentant leur création propre, le plus souvent financées par l’auteur ou par des associations ; ce dernier type de publication ne bénéficie encore hélas que d’une diffusion restreinte. De nos jours, certains pays comme la Roumanie font un effort notable pour publier des ouvrages didactiques en rromani (livres de lecture, arithmétique scolaire, manuels de stylistique etc…) ; l’Union européenne y a aussi contribué à la fin du XXème siècle.

            La langue rromani véhicule une littérature orale très riche : proverbes, chansons, contes, histoires vraies, histoires drôles, histoire à faire peur, devinettes etc. Certains genres comme l’épopée sont en revanche peu représentés, mais existent néanmoins. Il est aujourd’hui important de rassembler cette production et de favoriser sa circulation à l’aide des moyens les plus modernes de communication.

            Les premier documents écrits en rromani n’ont rien de littéraire. Ce sont d’abord quinze phrases relevées par Andrew Borde et publiées en 1537, puis soixante-dix mots notés par l’Agenois Scaliger (fils de l’humaniste italien) et imprimées à plusieurs reprises dans divers glossaires du XVIIème siècle. Par la suite, jusqu’au XXème siècle, on ne trouve pratiquement que des ethnotextes recueillis par des chercheurs et quelques traductions bibliques. Les premiers efforts de développement de la langue rromani comme moyen moderne d’expression remontent aux années 1920-1940 en URSS où elle est revêtue, sans analyse linguistique préalable, de l’alphabet cyrillique russe et fixée autour du parler rromani de Moscou (strate 1) et modernisée, comme toutes les langues de l’Union, à grand renfort de mots russes.

            Après la guerre, la première voix d’un poète est celle d’une femme : Bronisława Wajs, dite Papùśa (“poupée”) dont les vers poignants (les atrocités de la guerre qu’elle vient de vivre, mais aussi la nature, l’inspirent souvent) ont été publiés par Jerzy Ficowski. Déchirée entre sa tradition et les menées de Ficowski, elle est victime de dépressions répétées, détruit ses manuscrits puis disparaît sans laisser — en Pologne du moins, de successeur.

            Ce n’est que dans les années 70 que s’affirme, dans le sud yougoslave, un double courant de création. C’est, d’une part, une veine intellectuelle d’avant-garde, avec à sa tête Rajko Djurić de Belgrade, qui édite une douzaine de numéros de la revue bilingue Krlo e Rromenqo “La voix de Rroms” et plus de dix ouvrages de poésie ou d’ethnologie. C’est, aussi d’autre part, une production massive d’inspiration romantique , avec des dizaines de jeunes auteurs, produisant rarement plus de quelques poèmes chacun, mais liés entre eux par une sorte de fraternité sacrée. Avec les événements tragiques de Yougoslavie, la mise à sac de son appartement et des menaces répétées, Rajko Djurić a dû chercher refuge en Allemagne, où il a fondé le PEN-Club rromani, et les jeunes voix du sud ont été étoufées.

            En Hongrie on trouve quelques grands noms comme Daróczi József et Rostas-Farkas György, ou le jeune Szabolcsi Mihály (ainsi que Bari Karoly et Lakatos Ményhert en hongrois). Il faut arriver en Tchécoslovaquie pour retrouver une production numériquement significative, dont les auteurs les plus importants sont Margarita Reisnerová et Dezider Banga. Le grand Leksa Manuś, Rrom de Lettonie mort à Moscou, a été la figure la plus notable de la poésie rromani d’après-guerre en Russie. Signalons encore les récits de Jeta Duka en Albanie et les poèmes de Sali Ibrahimi en Bulgarie ainsi que ceux de Luminiţa Cioabă en Roumanie. Ni la Grèce, ni les pays occidentaux ne semblent participer à ce mouvement créateur.

            A la spécificité de la culture rromani telle qu’elle a été transmise par les mythes et légendes ancestraux, les auteurs combinent souvent des influences de caractère européen, que ce soit le type romantique ou moderniste, souvent après le déclin de ces modèles dans la littérature ambiante. Certains vont jusqu’à intégrer à leur création des éléments du stéréotype produit par la société environnante au sujet des tsiganes. Presque tous, en outre, se font un devoir d’introduire une composante indienne, acquise au cours de lectures diverses ou d’un voyage au Baro Than (“Grand Pays”), ou encore simplement imaginées.
            Langue commune, route commune

            Le processus de standardisation de la langue rromani, tel qu’il a été développé notamment par la Commission Linguistique (aujourd’hui Commissariat à la langue et aux droits linguistiques) de l’Union Rromani, satisfait à la fois à deux fonctions : une fonction de communication, puisqu’il s’efforce de constituer une langue rromani dite du rassemblement, qui soit commune à tous les locuteurs, en éliminant les emprunts européens locaux qui constituent un obstacle à l’intercompréhension et en les remplaçant par des éléments qui, au contraire, la favorisent ; mais aussi une fonction d’identité, puisqu’il s’efforce de respecter et de maintenir les spécificités de chaque parler, réserve faite, bien entendu, des éléments (surtout des emprunts et des calques) causant des difficultés d’intercompréhension.

            Il s’agit d’un processus complexe qui tend à induire une convergence tolérante des parlers existants dans le cadre d’un pluralisme à la fois traditionnel et porteur d’enrichissement. Divers projets de standardisation partielle et/ou individuelle, ont existé depuis la guerre, généralement limités à un dialecte ou à une liste de mots conçue plus ou moins arbitrairement, mais les travaux de la Commission Linguistique de l’Union Rromani sont les premiers, et pour l’instant les seuls à :
            - émaner d’un large travail de groupe (qui a atteint la trentaine de participants, soit plus des deux tiers du total mondial des spécialistes),
            - couvrir l’ensemble des parlers rromani dans une optique de tolérance réciproque et de respect mutuel,
            - proposer un système cohérent depuis la phonologie jusqu’au lexique, avec des résultats visibles (multiples traductions de documents officiels, publications, interprétations de conférences...) Ces travaux se poursuivent actuellement, essentiellement sur le plan lexicographique, terminologique, didactique et stylistique.
            Enseignement

            En France, en dehors de quelques expériences ponctuelles et sporadiques qui ont pu être tentées dans le cadre de la mise en place de modalités particulières pour la scolarisarion des enfants tsiganes, il n’existe à ce jour aucun enseignement de rromani ou de sinto dans le primaire et le secondaire. Pourtant, les intéressés s’affirment comme Français et décidés à le rester, mais aussi comme locuteurs de sinto et de rromani – et tout autant décidés à le rester. Ils veulent aussi transmettre ce patrimoine à leurs enfants. Comme on ne transmet effectivement que la langue que l’on a acquise à la maison et développée à l’école, il est essentiel que les jeunes parents maintiennent la continuité de la transmission et que l’école joue son rôle d’éveil, à travers la langue maternelle, à l’immensité de l’univers.

            Dans le supérieur, le rromani est enseigné à l’Institut national des langues et civilisations orientales à Paris. Cet enseignement est basé sur les principes complémentaires de polynomie et de convergence. L’accent est d’abord mis sur la structure dialectale du rromani puis sur la cohérence des correspondances entre paradigmes. Chaque étudiant est invité à choisir un parler en fonction de ses motivations propres et à surveiller scrupuleusement la cohérence intradialectale des formes qu’il emploie, afin qu’il arrive à s’exprimer dans un parler homogène tout en comprenant les autres variétés. Cet enseignement est un instrument de choix pour la préparation d’une élite rromani capable de comprendre les enjeux nationaux et européens et d’intervenir comme citoyens dans la vie publique. Il est également destiné à former des scientifiques, des médiateurs et des traducteurs, mais surtout des enseignants aptes à compenser le déficit historique en instruction et éducation citoyenne dont souffrent de trop nombreux groupes de Rroms, Sintés et Kalés.

            D’après Marcel COURTHIADE (Inalco)

            Pour en savoir plus : Langues et cité n° 9 : la langue (r)romani. (juin 2007)

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            • #7
              Ok, je te l'envois tout à l'heure . pour l'instant je vais déjeuner , mon ventre cri famine
              bon appetit..alors .

              Commentaire

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