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Les moudjahids Aït Mansour Lounis et Djoumer Abdelhamid racontent...

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  • Les moudjahids Aït Mansour Lounis et Djoumer Abdelhamid racontent...

    Un brin de causette pour mémoire avec les moudjahids Djoumer Abdelhamid et Aït Mansour Lounis, nous révèle que chaque parcelle de notre cher pays peut en témoigner que nos ancêtres se sont battus héroïquement, et que l’indépendance ne nous a pas été offerte comme veulent nous le faire croire certains politicards .

    La bataille d’Adrar Oughourbi, a été atroce. Le degrés d’atrocité est égal ou dépasse plusieurs batailles qui ont eu lieu lors de la mise en œuvre de l’Opération Jumelle, a témoigné Djoumer Abdelhamid, adjudant mobilisé dans la 1re section relevant de la zone I qui est administrativement rattachée à la région III de la wilaya III. Des deux camps, les pertes étaient énormes. Quarante soldats de l’armée coloniale ont été tués, au moins 19 martyrs sont tombés dans le champ d’honneur et 22 blessés. Du jamais vu dans les annales de l’histoire de la guerre de libération nationale. Les tirs de roquettes des renforts dépêchés à partir de la caserne de Sidi Aïch ont été, simultanément, ponctués par 9 avions bombardiers de l’armée de l’air coloniale tout le long de la journée du 27 août 1958. Le mont d’Adrar Oughourbi, très sinueux et tortueux, situé entre les villages de M’Cisna, Timezrit, Semaoune et Beni Djelil.

    Après la mort de notre chef de compagnie nommé Sedik Nath Ali, de grade aspirant tombé au champ d’honneur le 3 juillet 1958, les chefs hiérarchiques ont décidé de nous affecter vers le mont Azrou N’Bechar situé sur les montagnes qui lient les localités d’Amizour et Tichy dans le but de prendre du repos. Une semaine plus tard, soit le 10 juillet 1958, les moudjahiddine de la même compagnie ont pris le départ. Notre arrivée sur les lieux s’est déroulée dans de bonnes conditions. Des refuges avaient été préparés à notre attention.

    Après un long séjour de repos, le 26 août 1958, le chef hiérarchique M. Benyahia dit «Boulahia d’Amizour» nous ordonna d’accompagner les mousblines d’Ath Yahia à la ferme «Sanikrouze» pour accomplissement d’actes de sabotage. L’acte accompli, on s’est replié vers le douar Ath Yahia, puis nous fûmes dirigés au lieudit Thazrout Ihadjarene.

    Là les populations nous ont réservés un accueil chaleureux où un dîner précieux nous a été offert suivi d’un rassemblement à l’issue duquel, le commandement de notre compagnie à été confié officiellement à l’aspirant dit Sassi Elbouaândassi secondé par Saâdi Oubouzid, en qualité de chef de liaison.

    Nous devrions quitter le refuge pour rejoindre le secteur Ath Aïdel distant de 11 heures de marche. Telles étaient les ordres du chef de compagnie nouvellement nommé. La décision n’était pas du goût de la quasi-totalité des djounoud, sauf que dans un régime militaire les ordres sont les ordres selon les propos de monsieur Djoumer Abdelhamid. Aussitôt les derniers préparatifs finalisés, plus précisément à minuit, la compagnie composée de trois sections, prend le départ vers le lieu décidé relevant de notre zone d’activités. Ce fut la nuit, les moudjahiddines des trois sections qui se déplaçaient en file indienne avec un intervalle de 3 à 4 mètres entre chaque homme, avançaient rapidement et empruntaient un itinéraire irrégulier.

    A noter que la deuxième et la troisième section suivaient de près. Il était trois heures quand on a atteint les hauteurs du lieudit Sidi Saïd D’Iznaguen. Une halte a été décidée et qui a été observée sur un périmètre dominé par un poste militaire de l’armée coloniale. Une fois de plus je me suis dit que quelque chose n’allait pas bien dans cette action. J’ai soulevé le problème et le risque auquel nous étions exposés tout on m’adressant au chef de liaison Saâdi Oubouzid. Ce dernier a prétexté qu’il était natif du village ce qui a laissé entendre que notre compagnie ne risquait aucun danger, et pour mieux nous convaincre, il ajouta que le terrain que nous occupions était bien vêtu d’oliviers qui nous assuraient la plus efficace des protections. Au petit matin, un homme sur son baudet, suivi par sa mère, était de passage. Paniqué par notre présence, l’homme se sauva en direction du campement des soldats français pour nous dénoncer, malgré les expressions de bénédictions du commandant «Sassi» pour le rassurer que les moudjahidine ne présentent aucun danger pour les civils. Hélas, toutes ses tentatives étaient vaines.

    Comme l’aspirant «Sassi» est d’une très grande compétence militaire, il était tout de suite persuadé qu’une opération militaire aurait lieu dans les plus brefs délais. Donc, il nous ordonna d’occuper toutes les places stratégiques pour parer à toute éventuelle attaque ennemie, témoigne M. Aït Mansour Lounis. Effectivement, après quelques instant, alertés, les Français en effectué leur assaut infectés par l’idée de nous prendre au dépourvu.

    Les soldats français, qui croyaient qu’ils n’avaient affaire qu’à une poigné de djounoud, ont voulu nous traquer de l’autre côté du village. Comme ils ignoraient la présence de deux autre groupes, ils empruntèrent le chemin planifié à découvert alors que nous étions camouflés derrière les rochers près du village Tighroudja, très proche du village Sidi Saïd - ce que les stratèges appellent la «guerre asymétrique» : d’un côté, les rois de la nuit, de l’autre, de jeunes officiers formés à la culture mécanique - Le silence s’installe, pesant lourd dans l’atmosphère matinale. Tout à coup, nous apercevons des soldats français à une distance de 80 à 100 m, qui avançaient en direction d’une baraque très proche de nous pour nous surprendre.

    A ce moment-là, le chef de section nous recommanda de les laisser se rapprocher le plus près possible, avant de se mettre à leur tirer dessus. Ces derniers avançaient toujours, et comme prévu, quand le premier soldat atteint la baraque, ils furent accueillis par des tirs instantanés qui durèrent quelques minutes, pour parvenir en fin de comptes à anéantir entièrement le groupe composé de 15 soldats, selon le témoignage du moudjahid Aït Mansour Lounis.

    L’ennemi était finalement convaincu qu’il est pris au piège par des éléments d’un commando bien entraînés à cet effet, ce qui l’a contraint à déclencher une alerte à grande échelle, en demandant des renforts des casernements limitrophes et en rameutant l’aviation par radio. Quelques minutes après, deux avions chasseurs pointaient à l’horizon survolant nos positions, nous attaquant successivement à la roquette, aux bombes et au fusil-mitrailleur.

  • #2
    Le groupe de soldats français qui formait la deuxième mâchoire de l’étau, comme planifié par l’armée ennemie, se dirigeait droit vers le lieu où se trouvait la première section et tente d’accrocher ses éléments qui, par leur supériorité numérique, ont pu se faire un chemin et occuper la crête dominant tout le massif, considérée, comme intérêt de premier ordre pour s’en assurer la possession de la montagne, témoigne le moudjahid Djoumer Abdelhamid.

    Cet exploit ne constitue que la première étape pour enfin mettre en application le plan qui permettrait aux éléments de la 2e et la 3e section de se tirer des tenailles des forces coloniales, ajoute le moudjahid Djoumer Abdelhamid.

    Comme planifié, l’occupation de la crête a permis à nos éléments des deux autres sections d’échapper aux soldats ennemis. Il a fallu attendre 11 heures pour que la quasi-totalité des moudjahidine effectuent un repli, pour enfin atteindre les hauteurs de la montagne Adrar Ougharbi. Les forces ennemies ne sont pas allées par quatre chemins pour s’en prendre aux moudjahidine par voix aériennes, et se trouvèrent acculé de changer de tactique, après avoir essuyé ce cuisant revers.

    En tout, qui dix avions bombardiers survolèrent la zone de combat, larguant des bombes et lançant des roquettes à un rythme acharné à longueur de journée. Chose qui a permis à leurs forces terrestres d’avancer et d’occuper les alentours de la montagne. Les moudjahidine bataillaient dur comme fer les forces ennemies.

    En guise d’illustration, le moudjahid Abdellouahab Ouchadi, manoeuvrait trois armes successivement, l’une après l’autre. Il est d’un courage héroïque, cultivant de la fierté et du courage parmi ses compatriotes. Quoique nous étions dans une situation intenable. Tous les moudjahidine souhaitaient la tombée de la nuit pour échapper à ce déluge de fer qui s’affalait sur nos têtes. Il était 21 heures quand la nuit commença à étendre son voile d’obscurité, empêchant les avions d’opérer, déterminant enfin la fin de la bataille avec le repli des forces ennemies. On se trouvait tous au fond d’une obscurité profonde, les mots devenaient rares. Puis, la conversation tomba complètement. Mais chacun de nous savait ce qui doit être fait à la fin de chaque combat : secourir les blessés et reprendre la route vers l’endroit décidé, à savoir Ath Aïdel qui fût le bastion des moudjahidine.

    Par Tahar Bouallak, La Dépêche de Kabylie

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