Salah Bey Ben Mostefa (1771 - 1791)
source Beystory - Beilyk de Constantine
qui s'etendait des Bibans - Bejaia - Msila grosso modo à la frontiere tunisienne
Il doit sa fortune à Ahmed Bey El Kolli. Originaire de Smyrne, il vint à El Djazaïr à l'âge de seize ans et s'engagea dans la corporation des janissaires grâce au parrainage de Ahmed Bey El Kolli. Affectés dans la même unité, ils ne se quittèrent que très rarement. Plus jeune, Salah Ben Mostefa servit continuellement sous ses ordres qu'ils fussent en garnison ou en campagne (1).
(1) Ses, débuts furent brillants ; Il montra de la bravoure, de l'énergie et une adresse étonnante dans tous les exercices du corps... Il prit part à l'expédition de Zreg Aïnou Bey contre Tunis aux côtes de Ahmed El Kolli. Celui ci, parvenu au pouvoir le nomma d'abord Kaïd des Heracta.
« Il fit plus, il lui donna sa fille en mariage. Salah exerça pendant trois ans, le commandement qui lui avait été confié. Au bout de ce laps de temps, la dignité de Khalifa s'étant trouvée vacante, il en fut investi par son beau père, dans les bonnes grâces duquel il avançait chaque jour. Six ans plus tard, c’est à dire en 1771, il le remplaçait dans le gouvernement de la province ». Vayssettes, p. 116.
Parvenu au pouvoir, Ahmed Bey El Kolli le nomma kaïd des Heracta, lui donna sa fille (issue de sa deuxième épouse née Mokrani) en mariage, et, trois ans après il en fit son khalifat (1765). Il occupait ces fonctions quand il reçut en 1771 l'investiture de bey pour laquelle Ahmed Bey avait laissé des recommandations expresses.
Ayant connu les mêmes personnes, ils eurent les mêmes amis dont Gana Ben Slimane et sa famille de Redjas à laquelle il s’intéressa durant tout son gouvernement.
Lorsqu’il eut acquis de la fortune, il choisit un ami et ancien compagnon d'armes, Ahmed Zouaoui Ben Djelloul (2), ancien officier d'intendance du corps des Zouaoua de la milice pour s'occuper de la gestion de ses biens. Intelligent, dynamique, honnête, digne de la plus haute confiance, Ahmed Zouaoui Ben Djelloul ne quitta plus Salah Ben Mostefa.
(2) Voir Vayssettes : « Les derniers beys de Constantine ». Revue Africaine.
Féraud : « Notes historiques sur la province de Constantine ». Revue Africaine, n° 140 et 141, 1880.
Cherbonneau « Annuaire archéologique de Constantine » (1856 57), P. 116.
N’ayant eu qu'une fille de son épouse, fille de Ahmed Bey, Salah Bey épousa en seconde noce une citadine de Qacentina de laquelle il eut deux garçons : Mohamed (ou Hamoud) et Hossein.
Devenu gendre de Salah bey, Ben Djelloul demeura le fondé de pouvoir, le soutien moral et matériel de toute la famille en dépit des événements tragiques qu'elle connut.
Pour la constitution de son makhzen, Salah Bey fit appel à ceux qui avaient servi sous l'autorité de son beau père et à ses amis personnels. Il confia des charges importantes à ses proches parents ou éloignés tels que les Ben Gana, pour lesquels il combattit pour les imposer à Biskra et dans le Sud. Il conserva à ses côtés Mohamed Ben Hadj Ben Gana titulaire d'un titre sans terre pour répondre aux voeux de son beau père qui, soit par faiblesse, soit par prudence ne voulut jamais s'aventurer bien loin dans le Sud affronter le cheikh el Arab des Douaouda maître absolu de la région.
Salah Bey résolut de reprendre l'affaire en main dès que les circonstances le permettraient, En attendant de recourir aux armes, il manoeuvra au sein de la tribu des Douaouda pour se créer des partisans et un clan en faveur de son protégé. Cette méthode, il l'appliqua partout où son intervention militaire n'était pas nécessaire ou dont le résultat serait incertain. Elle lui réussissait très souvent, et quand il rencontrait, malgré tout, de la résistance, ou subissait un échec flagrant, il éprouvait une haine terrible contre son ennemi. L'esprit de vengeance semble avoir exercé sur lui un empire qu'il ne sut pas assez maîtriser. Ainsi, pour satisfaire une rancune contre Hassan fils de Bou Hanek-Bey, avec lequel il avait été pourtant autrefois lié d'amitié, il se hâta, aussitôt l'autorité en main, de lancer un ordre pour qu'il fût arrêté. Mais, prévenu à temps, Hassan Bou Hanek parvint à s'échapper et se réfugier au Ferdjioua auprès de cheikh Mohamed Chelghoum. Ben El Hadj (3).
(3) Hassan Bou Hanek parvint à rejoindre plus tard Oran où il se réfugia auprès de Mohamed El Kebir Bey. Ce dernier subvint largement à ses besoins, et plus tard, intercéda auprès du dey, Pour que sa famille eût l'autorisation d'aller le rejoindre. « Histoire de Constantine sous les beys ». E. Vayssettes, p. 194.
Salah Bey envoya des cavaliers à Chelghoum pour qu'il lui livrât le fugitif. Celui ci répondit fièrement qu'au lieu de violer les lois de l'hospitalité, il fournirait au contraire, à Hassan les moyens de se rendre à Alger. Dès lors, le bey, furieux de cet affront, organisa trois colonnes et attaqua les Ferdjioua en différents points ; mais il ne réussit pas à les battre. De son camp implanté à Ain El Beïda, il résolut d'user de diplomatie et d'intrigues. Travaillés par ses émissaires, les Ouled Achour forts jusque là par leur union, furent gagnés, les uns par l'argent, les autres par des promesses de positions plus élevées. Au bout de quinze jours, le vide se fit sentir autour de cheikh Chelghoum. Son oncle Magoura Bou Taghan fut, un beau jour, investi du "burnous rouge" de cheikh du Ferdjioua par le bey lui même au milieu d'une nombreuse assistance invitée au camp turc. Le pouvoir conservé jusque là par la branche aînée passait ainsi à la branche cadette des Ouled Achour.
Ce ne fut plus dès lors que des oscillations continuelles de bascule entre rivaux, des trahisons et des meurtres entre frères et cousins, tous minés par l'ambition, l'animosité et la haine. Ils devinrent des instruments dociles à la politique des beys.
Aussitôt le départ de Salah Bey, les deux clans se livrèrent à la guerre. Chelghoum, battu, se retira dans la montagne pour y mourir d'amertume et de chagrin (4).
(4) Le vieux Magoura, élevé par les Turcs à la place de son neveu Chelghoum ne lui survécut pas longtemps. Le droit d’hérédité ayant été rompu, de nombreux prétendants à l'investiture du commandement des Ferdjioua se mirent en lisse. Le fils de Chelghoum, rentré en grâce, l’emporta sur ses compétiteurs après s'en être débarrassé en assassinant son frère Mebarek. Bientôt Ahmed fils de Mebarek vengeait de la même manière le meurtre de son père en tuant son oncle Derradji, mais il ne profita pas longtemps de son crime, il fut, à son tour, abattu par un membre de la famille. Les Turcs profitèrent de toutes les dissensions pour maintenir leur hégémonie sur tous. (Tiré des notes historiques sur la Province de Constantine) par L. Féraud dans la R.A. (1863) « Les Ferdjioua ».
L'emploi d'intrigues ne l'empêchait pas d'entretenir une armée toujours prête à entrer en campagne. Il entreprit une expédition à l'Ouest, contre les Bibans où les Beni Abbas étaient en état d'insurrection. Sur la demande du dey, il poussa jusqu'aux Flissa, appuyer les troupes du Titteri en difficulté dans cette région (1772). Les insurgés refoulés dans leurs montagnes, Salah Bey regagna sa capitale, mais, à peine arrivé il dut reprendre la routé, vers le Hodna où les Ouled Naïl qui, après avoir battu et tué le bey du Titteri Softa, entre Djelfa et Laghouat, avaient pris possession de Boussaâda et de M'Sila. Victorieux, il se retourna contre les Ouled Amor où il donna libre cours à ses instincts vindicatifs et cruels. Cent personnes d’En Nemila furent décapitées et leurs têtes envoyées à Qacentina pour être exposées sur les remparts.
De là il se porta au Khenak Tachouda d'où il organisa des razzias contre la tribu dissidente des Segnia.
En plus de ces expéditions qui retardèrent l'entreprise de ses desseins en l'encontre des Douaouda et consorts dont la puissance dans les territoires du Sud le préoccupait considérablement, Salah Bey eut à intervenir, à la tête d'une armée forte de quinze mille hommes aux côtés de Osman Pacha en 1775 contre O'Relly, commandant la flotte espagnole qui débarqua à proximité d'El Harrach le 8 juillet avec vingt cinq mille hommes. Ceux ci, cernés de toutes parts subirent un désastre. Les rescapés ne reprirent la mer qu'après avoir connu les pires difficultés et abandonné leurs blessés et leur matériel. (5).
(5) Le vendredi, 30 juin, la flotte espagnole, composée d'environ quatre cents bâtiments de guerre, ou navires de transport, vint mouiller à hauteur de El Harrach. Pendant ce temps les défenseurs organisaient leurs camps et leurs retranchements.
Le 6 juillet, un gros vaisseau espagnol vint s'embosser vis à vis la batterie du Khenis (aujourd'hui EI Annacer). Ses Canonnades n’eurent aucun effet sur les batteries.
Le 8 au matin (samedi) le débarquement ennemi s’effectua aux Sablettes (en face du Jardin d’Essai). Les Algériens accoururent sur les premières colonnes ennemies, et en firent un massacre. Salah Bey fit avancer tous les chameaux de son camp, et les rangea devant les soldats et les cavaliers, pour leur servir d’abri aux coups portés par les nouvelles colonnes qui débarquaient.
Il les fit pousser contre la palissade qui servait de rempart aux espagnols. Lui-même, le sabre à la main, dirigeait le mouvement et excitait les siens au combat.
Les dernières troupes ennemies débarquées n’eurent pas le temps de se ranger en bataille ; Elles furent taillées en pièce aussi bien par la batterie de Khenis que par les fantassins cachés derrière les abris.
L'ennemi fut contraint de reprendre la mer avec le peu de rescapés abandonnant tout son matériel de guerre aux Algériens.
Le 16, le restant de la floue espagnole avait fait voile pour Alicante et il ne resta en vue des côtes d'Alger que quelques bâtiments chargés de faire croisière.
Le Péril ainsi disparu, les combattants algériens se dispersèrent. Chacun avait hâte d aller dans son douar raconter à la djemaà et en famille ce qu'il avait vu et fait et comment grâce au courage de tous et à la bonté divine ils avaient anéanti ou rendus à la mer les milliers d’infidèles que la mer avait apportés.
source Beystory - Beilyk de Constantine
qui s'etendait des Bibans - Bejaia - Msila grosso modo à la frontiere tunisienne
Il doit sa fortune à Ahmed Bey El Kolli. Originaire de Smyrne, il vint à El Djazaïr à l'âge de seize ans et s'engagea dans la corporation des janissaires grâce au parrainage de Ahmed Bey El Kolli. Affectés dans la même unité, ils ne se quittèrent que très rarement. Plus jeune, Salah Ben Mostefa servit continuellement sous ses ordres qu'ils fussent en garnison ou en campagne (1).
(1) Ses, débuts furent brillants ; Il montra de la bravoure, de l'énergie et une adresse étonnante dans tous les exercices du corps... Il prit part à l'expédition de Zreg Aïnou Bey contre Tunis aux côtes de Ahmed El Kolli. Celui ci, parvenu au pouvoir le nomma d'abord Kaïd des Heracta.
« Il fit plus, il lui donna sa fille en mariage. Salah exerça pendant trois ans, le commandement qui lui avait été confié. Au bout de ce laps de temps, la dignité de Khalifa s'étant trouvée vacante, il en fut investi par son beau père, dans les bonnes grâces duquel il avançait chaque jour. Six ans plus tard, c’est à dire en 1771, il le remplaçait dans le gouvernement de la province ». Vayssettes, p. 116.
Parvenu au pouvoir, Ahmed Bey El Kolli le nomma kaïd des Heracta, lui donna sa fille (issue de sa deuxième épouse née Mokrani) en mariage, et, trois ans après il en fit son khalifat (1765). Il occupait ces fonctions quand il reçut en 1771 l'investiture de bey pour laquelle Ahmed Bey avait laissé des recommandations expresses.
Ayant connu les mêmes personnes, ils eurent les mêmes amis dont Gana Ben Slimane et sa famille de Redjas à laquelle il s’intéressa durant tout son gouvernement.
Lorsqu’il eut acquis de la fortune, il choisit un ami et ancien compagnon d'armes, Ahmed Zouaoui Ben Djelloul (2), ancien officier d'intendance du corps des Zouaoua de la milice pour s'occuper de la gestion de ses biens. Intelligent, dynamique, honnête, digne de la plus haute confiance, Ahmed Zouaoui Ben Djelloul ne quitta plus Salah Ben Mostefa.
(2) Voir Vayssettes : « Les derniers beys de Constantine ». Revue Africaine.
Féraud : « Notes historiques sur la province de Constantine ». Revue Africaine, n° 140 et 141, 1880.
Cherbonneau « Annuaire archéologique de Constantine » (1856 57), P. 116.
N’ayant eu qu'une fille de son épouse, fille de Ahmed Bey, Salah Bey épousa en seconde noce une citadine de Qacentina de laquelle il eut deux garçons : Mohamed (ou Hamoud) et Hossein.
Devenu gendre de Salah bey, Ben Djelloul demeura le fondé de pouvoir, le soutien moral et matériel de toute la famille en dépit des événements tragiques qu'elle connut.
Pour la constitution de son makhzen, Salah Bey fit appel à ceux qui avaient servi sous l'autorité de son beau père et à ses amis personnels. Il confia des charges importantes à ses proches parents ou éloignés tels que les Ben Gana, pour lesquels il combattit pour les imposer à Biskra et dans le Sud. Il conserva à ses côtés Mohamed Ben Hadj Ben Gana titulaire d'un titre sans terre pour répondre aux voeux de son beau père qui, soit par faiblesse, soit par prudence ne voulut jamais s'aventurer bien loin dans le Sud affronter le cheikh el Arab des Douaouda maître absolu de la région.
Salah Bey résolut de reprendre l'affaire en main dès que les circonstances le permettraient, En attendant de recourir aux armes, il manoeuvra au sein de la tribu des Douaouda pour se créer des partisans et un clan en faveur de son protégé. Cette méthode, il l'appliqua partout où son intervention militaire n'était pas nécessaire ou dont le résultat serait incertain. Elle lui réussissait très souvent, et quand il rencontrait, malgré tout, de la résistance, ou subissait un échec flagrant, il éprouvait une haine terrible contre son ennemi. L'esprit de vengeance semble avoir exercé sur lui un empire qu'il ne sut pas assez maîtriser. Ainsi, pour satisfaire une rancune contre Hassan fils de Bou Hanek-Bey, avec lequel il avait été pourtant autrefois lié d'amitié, il se hâta, aussitôt l'autorité en main, de lancer un ordre pour qu'il fût arrêté. Mais, prévenu à temps, Hassan Bou Hanek parvint à s'échapper et se réfugier au Ferdjioua auprès de cheikh Mohamed Chelghoum. Ben El Hadj (3).
(3) Hassan Bou Hanek parvint à rejoindre plus tard Oran où il se réfugia auprès de Mohamed El Kebir Bey. Ce dernier subvint largement à ses besoins, et plus tard, intercéda auprès du dey, Pour que sa famille eût l'autorisation d'aller le rejoindre. « Histoire de Constantine sous les beys ». E. Vayssettes, p. 194.
Salah Bey envoya des cavaliers à Chelghoum pour qu'il lui livrât le fugitif. Celui ci répondit fièrement qu'au lieu de violer les lois de l'hospitalité, il fournirait au contraire, à Hassan les moyens de se rendre à Alger. Dès lors, le bey, furieux de cet affront, organisa trois colonnes et attaqua les Ferdjioua en différents points ; mais il ne réussit pas à les battre. De son camp implanté à Ain El Beïda, il résolut d'user de diplomatie et d'intrigues. Travaillés par ses émissaires, les Ouled Achour forts jusque là par leur union, furent gagnés, les uns par l'argent, les autres par des promesses de positions plus élevées. Au bout de quinze jours, le vide se fit sentir autour de cheikh Chelghoum. Son oncle Magoura Bou Taghan fut, un beau jour, investi du "burnous rouge" de cheikh du Ferdjioua par le bey lui même au milieu d'une nombreuse assistance invitée au camp turc. Le pouvoir conservé jusque là par la branche aînée passait ainsi à la branche cadette des Ouled Achour.
Ce ne fut plus dès lors que des oscillations continuelles de bascule entre rivaux, des trahisons et des meurtres entre frères et cousins, tous minés par l'ambition, l'animosité et la haine. Ils devinrent des instruments dociles à la politique des beys.
Aussitôt le départ de Salah Bey, les deux clans se livrèrent à la guerre. Chelghoum, battu, se retira dans la montagne pour y mourir d'amertume et de chagrin (4).
(4) Le vieux Magoura, élevé par les Turcs à la place de son neveu Chelghoum ne lui survécut pas longtemps. Le droit d’hérédité ayant été rompu, de nombreux prétendants à l'investiture du commandement des Ferdjioua se mirent en lisse. Le fils de Chelghoum, rentré en grâce, l’emporta sur ses compétiteurs après s'en être débarrassé en assassinant son frère Mebarek. Bientôt Ahmed fils de Mebarek vengeait de la même manière le meurtre de son père en tuant son oncle Derradji, mais il ne profita pas longtemps de son crime, il fut, à son tour, abattu par un membre de la famille. Les Turcs profitèrent de toutes les dissensions pour maintenir leur hégémonie sur tous. (Tiré des notes historiques sur la Province de Constantine) par L. Féraud dans la R.A. (1863) « Les Ferdjioua ».
L'emploi d'intrigues ne l'empêchait pas d'entretenir une armée toujours prête à entrer en campagne. Il entreprit une expédition à l'Ouest, contre les Bibans où les Beni Abbas étaient en état d'insurrection. Sur la demande du dey, il poussa jusqu'aux Flissa, appuyer les troupes du Titteri en difficulté dans cette région (1772). Les insurgés refoulés dans leurs montagnes, Salah Bey regagna sa capitale, mais, à peine arrivé il dut reprendre la routé, vers le Hodna où les Ouled Naïl qui, après avoir battu et tué le bey du Titteri Softa, entre Djelfa et Laghouat, avaient pris possession de Boussaâda et de M'Sila. Victorieux, il se retourna contre les Ouled Amor où il donna libre cours à ses instincts vindicatifs et cruels. Cent personnes d’En Nemila furent décapitées et leurs têtes envoyées à Qacentina pour être exposées sur les remparts.
De là il se porta au Khenak Tachouda d'où il organisa des razzias contre la tribu dissidente des Segnia.
En plus de ces expéditions qui retardèrent l'entreprise de ses desseins en l'encontre des Douaouda et consorts dont la puissance dans les territoires du Sud le préoccupait considérablement, Salah Bey eut à intervenir, à la tête d'une armée forte de quinze mille hommes aux côtés de Osman Pacha en 1775 contre O'Relly, commandant la flotte espagnole qui débarqua à proximité d'El Harrach le 8 juillet avec vingt cinq mille hommes. Ceux ci, cernés de toutes parts subirent un désastre. Les rescapés ne reprirent la mer qu'après avoir connu les pires difficultés et abandonné leurs blessés et leur matériel. (5).
(5) Le vendredi, 30 juin, la flotte espagnole, composée d'environ quatre cents bâtiments de guerre, ou navires de transport, vint mouiller à hauteur de El Harrach. Pendant ce temps les défenseurs organisaient leurs camps et leurs retranchements.
Le 6 juillet, un gros vaisseau espagnol vint s'embosser vis à vis la batterie du Khenis (aujourd'hui EI Annacer). Ses Canonnades n’eurent aucun effet sur les batteries.
Le 8 au matin (samedi) le débarquement ennemi s’effectua aux Sablettes (en face du Jardin d’Essai). Les Algériens accoururent sur les premières colonnes ennemies, et en firent un massacre. Salah Bey fit avancer tous les chameaux de son camp, et les rangea devant les soldats et les cavaliers, pour leur servir d’abri aux coups portés par les nouvelles colonnes qui débarquaient.
Il les fit pousser contre la palissade qui servait de rempart aux espagnols. Lui-même, le sabre à la main, dirigeait le mouvement et excitait les siens au combat.
Les dernières troupes ennemies débarquées n’eurent pas le temps de se ranger en bataille ; Elles furent taillées en pièce aussi bien par la batterie de Khenis que par les fantassins cachés derrière les abris.
L'ennemi fut contraint de reprendre la mer avec le peu de rescapés abandonnant tout son matériel de guerre aux Algériens.
Le 16, le restant de la floue espagnole avait fait voile pour Alicante et il ne resta en vue des côtes d'Alger que quelques bâtiments chargés de faire croisière.
Le Péril ainsi disparu, les combattants algériens se dispersèrent. Chacun avait hâte d aller dans son douar raconter à la djemaà et en famille ce qu'il avait vu et fait et comment grâce au courage de tous et à la bonté divine ils avaient anéanti ou rendus à la mer les milliers d’infidèles que la mer avait apportés.
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