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Histoire : pourquoi Malek Bennabi en voulait à Abane Ramdane

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  • Histoire : pourquoi Malek Bennabi en voulait à Abane Ramdane


    Assassiné par ses frères d’armes en décembre 1957, Abane Ramdane continue de hanter la mémoire de la Révolution algérienne. L’homme du Congrès de la Soummam a dû affronter l’anathème et le parjure.


    Le livre coup-de-poing, Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane (les raisons occultes contre la haine)* de Belaïd Abane, qui sortira demain, répond à ceux qui ont voulu salir sa mémoire et relativise plusieurs mythes, dont celui de la figure de Malek Bennabi. Des bonnes feuilles en exclusivité.Parmi les contempteurs de Abane, il y a précisément Malek Bennabi. Ce lilliputien de la Révolution algérienne, plein d’une suffisance médisante, avait la rancune particulièrement tenace. La première attaque malveillante, tombée comme un couperet sur Abane dix ans après l’indépendance, venait en effet de cet intellectuel, islamiste francophone, écartelé entre le «phénomène coranique» et la douceur émolliente de la vie provinciale française. Sans la moindre preuve, Bennabi asséna : «Georges Habbache dans le processus révolutionnaire palestinien et Abane Ramdane dans le processus algérien sont des erreurs introduites de l’extérieur : des erreurs induites.»

    Qui était Malek Bennabi ? Il n’est pas inutile d’évoquer quelques aspects de sa vie et de son œuvre afin de mieux comprendre les ressorts intimes de la haine qu’il portait aux dirigeants nationalistes algériens et, tout particulièrement, à Abane. Dans Dreux (France, ndlr) occupé, il se met au service des Allemands. Il collabore avec l’occupant comme responsable technique municipal de la ville. Il est licencié quelques mois plus tard. Au chômage, il choisit d’aller travailler en Allemagne au début de l’été 1942. En 1944, le vent tourne en faveur des Alliés et Bennabi décide de rentrer en France.

    A Dreux où il retrouve sa femme, il se met au service de l’administration capitularde de Vichy. Pas pour longtemps, car il doit faire cette fois avec l’armée américaine qui occupe la ville. Accusés de collaboration avec l’occupant allemand, Bennabi et son épouse sont arrêtés en août 1944 et internés au camp de Pithiviers. Ils seront libérés au printemps 1945. Le couple est arrêté pour la deuxième fois et incarcéré à la prison de Chartres en octobre 1945. L’accusation de collaboration avec l’ennemi nazi est de nouveau retenue contre Bennabi. Ce dernier est remis en liberté au printemps 1946. Le technicien eurélien aura passé en tout 15 mois dans les geôles de la France libre pour avoir collaboré…

    … Jusqu’en 1954. Bennabi ne se réveilla que pour publier, non pas un encouragement à la Révolution commençante, mais son contraire : un livre décourageant et défaitiste où il traite de «la prédisposition collective» des Algériens à «l’asservissement colonial», ce que lui reprochera sévèrement un Mostefa Lacheraf indigné. Surfant sur l’actualité, Bennabi publie, en 1955, l’Afro-asiatisme. Conclusions sur la conférence de Bandoeng, que les éditions du Seuil lui refusent. Début 1956, la Révolution prend son essor avec le ralliement de l’UDMA, des Oulémas et l’arrivée au Caire de Ferhat Abbas et de ses amis à la fin de l’hiver 1956. C’est donc sérieux, avait dû penser Bennabi, qui décide de sauter le pas et de prendre le train de l’histoire en marche. Il quitte alors les berges de l’Eure pour les bords du Nil. C’était en avril 1956. La table révolutionnaire était mise. Et Bennabi, invité impromptu, tenait à y prendre sa place.

    Le docteur Lamine Debaghine, chef de la Délégation extérieure du FLN au Caire, se méfie de l’accès soudain et inattendu de patriotisme et d’anticolonialisme de ce nouveau venu, inconnu au bataillon du nationalisme algérien. Il accepte néanmoins de le recevoir pour le tancer vertement et repousser ses avances en lui reprochant d’être trop longtemps resté «en dehors de la mêlée».

    … Vexé et aigri, Bennabi n’aura de cesse que de se venger du docteur Lamine auquel il vouera une rancune et une aversion tenaces. La direction d’Alger est également exécrée, et Abane au premier chef. C’est en effet ce dernier qui avait dépêché Lamine Debaghine au Caire pour chapeauter les délégués extérieurs, y compris Ahmed Ben Bella, que le pouvoir égyptien avait pourtant déjà intronisé comme «porte-parole de l’Armée de libération nationale». Et comme l’ennemi de l’ennemi peut facilement devenir un ami, Bennabi offre ses services à Ben Bella. Mais ce dernier est lui-même peu enthousiaste de s’adjoindre un inconnu du Mouvement national…

    Il va faire des pieds et des mains pour se trouver un nouveau sponsor. Il demande un poste quelque part dans un pays musulman «pour jouer un rôle dans la Révolution». Le FLN, qui s’en méfie de plus en plus, rejette sa demande et menace même de lui suspendre sa «solde» pour l’amener à modérer ses diatribes contre les dirigeants dont aucun ne trouve grâce à ses yeux. Par dépit et par opportunisme, il se jettera dans les bras du pouvoir égyptien. Reniant les Frères musulmans, sa mouvance naturelle, parce qu’elle était la bête noire du pouvoir nassérien, et donnant quelques gages de son opposition au wahhabisme, l’ennemi irréductible du nassérisme, Bennabi n’hésite pas à se détourner de la Révolution pour se mettre au service du Congrès musulman sous la houlette d’un officier libre, Anouar Sadate, son secrétaire général. Pour le FLN, ce ralliement est un casus belli. C’était exactement ce qu’il ne fallait pas faire.

    Pourquoi cet échec sur toute la ligne, est-on tenté de s’interroger. En plus de son exil prolongé en périphérie extrême du Mouvement national, de son manque de sens et de culture politiques, conjugués à un égotisme démesuré, il est certain que son prêche défaitiste sur la «colonisabilité» et le «rôle nécessaire de la colonisation» avaient valu à Bennabi sa mise à l’écart totale et définitive des cercles dirigeants dans la Révolution et, plus tard, dans l’Algérie indépendante. La colonisabilité ! Voilà le concept nébuleux qui l’a fait certes connaître, mais a valu aussi à Bennabi, en grande partie, son statut de pestiféré dans le Mouvement de libération nationale.

    De quoi s’agit-il ? Pour Bennabi, le problème, l’urgence, ce n’était pas de mettre à bas le colonialisme ; c’était plutôt de savoir pourquoi la société algérienne avait été colonisée. La question ne manque certes pas de pertinence. C’est la réponse donnée par Bennabi qui suscita l’indignation des milieux dirigeants et des intellectuels algériens. En faisant court, pour Bennabi, si le peuple algérien a été colonisé c’est qu’il l’avait cherché en se mettant dans la posture de peuple colonisable. Il conclut même que la colonisation était un «mal nécessaire».

    * Editions Koukou

    Salim Mesbah
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Belaïd Abane. Auteur : Bennabi, était un intellectuel sans attaches avec le mouvement national

    -Comment un autodidacte comme Malek Bennabi, sans formation politique, est-il devenu le gourou de certains hommes politiques algériens ?

    Toute une frange de l’islamisme politique, qui a toujours refusé d’adopter l’islamisme radical, s’est portée sur ses théories fumantes parce qu’il était francophone et qu’il représentait un islamisme soft. C’est pour cela que dans les années 1980, certains leaders politiques comme Noureddine Boukrouh (fondateur de PRA, Parti du renouveau algérien) se sont ouvertement réclamé de sa pensée. Bennabi a toujours joui d’une sorte d’aura. Certains étaient persuadés de la portée de sa vision et de sa pensée, notamment sur la société musulmane.

    -Mais dans votre livre, il est dépeint comme un opportuniste voulant se construire un destin…

    Effectivement, c’est ce que j’écris. Bennabi a tout fait pour monter dans le train de l’histoire algérienne, mais les responsables de l’époque n’en voulaient pas. Il leur avait paru suspect. Bennabi était persuadé d’avoir un grand destin. D’ailleurs, contrairement aux authentiques intellectuels engagés, Bennabi était un intellectuel sans attache avec le Mouvement national. Il a toujours préféré s’épuiser à fustiger hargneusement ses frères, qu’il traitait par dérision de «zaïmillons» et d’«intellectomanes». En réalité, Bennabi est resté trop longtemps en dehors du jeu et a préféré, pour se faire remarquer, l’invective rageuse.

    -Comment expliquez-vous la haine que Bennabi avait à l’encontre de Abane Ramdane ?

    C’est la réaction d’un homme aigri à qui l’on a refusé de jouer un rôle majeur lors de la Révolution algérienne et qui, pour se venger, s’en est pris à Abane. En réalité, Malek Bennabi a d’abord reproché au docteur Lamine Debaghine, chef de la Délégation extérieure du FLN au Caire, d’avoir refusé ses services. Il lui vouera une rancune et une aversion tenaces. Après cela, il s’est attaqué à Abane car c’était lui qui avait dépêché Lamine Debaghine au Caire pour chapeauter les délégués extérieurs.

    -Que reste-t-il de la pensée de Bennabi ?

    Je ne saurais dire. A son retour en Algérie après l’indépendance, il n’a pas eu les honneurs qu’il imaginait mériter. On l’a casé d’abord comme recteur de l’Université d’Alger puis comme directeur de l’enseignement supérieur, jusqu’à son limogeage en 1967 par Ahmed Taleb El Ibrahimi. Malek Bennabi est mort dans une indifférence générale et totale, le 31 octobre 1973, à l’âge de 68 ans.


    Salim Mesbah
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Abane Ramdane : Dérangeait certains Kabyles !!!!!

      J’ai l’impression que Belaid Abane a une mémoire sélective et c’est un peu ça que je trouve dommage. Un ancien premier ministre Kabyle curieux !!! regardons ce qu’il dit : Abane a été assassiné car il dérangeait certains et si Krim Belkacem et Ouamrane n'avaient pas donné leur accord Abane n'aurait jamais été assassiné ...


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      • #4
        motaze

        qd un kabyle est jaloux d un ka byle ca finit toujours dans le sang

        dans cette affaire ya que le chinois qu il l a defendu
        malgre qu il est dit qu il meritait cent fois la mort
        mais par pour ce qu insinuer kafi

        une chose est certaine
        avec abane l algerie aurait plante son drapeau sur la lune
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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        • #5
          ans la moindre preuve, Bennabi asséna : «Georges Habbache dans le processus révolutionnaire palestinien et Abane Ramdane dans le processus algérien sont des erreurs introduites de l’extérieur : des erreurs induites.»
          ohhh le blasphème :22:! peut on savoir dans quel contexte a t'il dit ça ? discours , livre ? article ?


          -Que reste-t-il de la pensée de Bennabi ?

          Je ne saurais dire. A son retour en Algérie après l’indépendance, il n’a pas eu les honneurs qu’il imaginait mériter. On l’a casé d’abord comme recteur de l’Université d’Alger puis comme directeur de l’enseignement supérieur, jusqu’à son limogeage en 1967 par Ahmed Taleb El Ibrahimi. Malek Bennabi est mort dans une indifférence générale et totale, le 31 octobre 1973, à l’âge de 68 ans.
          pshhhh

          les centres de propagande font toujours leur boulot a ce que je vois ...
          les idées ne meurent jamais ... l'ami
          Dernière modification par bouberita, 25 février 2012, 10h34.
          وقد طوَّفتُ في الآفاق حتى رضيتُ من الغنيمة بالإيابِ

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          • #6
            Salam,

            Donc si j'ai bien compris, les faits remontent entre avril 1956, date du déplacement de Malek Bennabi au caire, et décembre 1957, date de l'assassinat de Abane Ramdane..
            Il y a eu donc rapidement un différent entre Bennabi et Debaghine :
            Le docteur Lamine Debaghine, chef de la Délégation extérieure du FLN au Caire, se méfie de l’accès soudain et inattendu de patriotisme et d’anticolonialisme de ce nouveau venu, inconnu au bataillon du nationalisme algérien. Il accepte néanmoins de le recevoir pour le tancer vertement et repousser ses avances en lui reprochant d’être trop longtemps resté «en dehors de la mêlée».
            Et Bennabi déteste donc et Debaghine et Abane qui l'avait envoyé :
            … Vexé et aigri, Bennabi n’aura de cesse que de se venger du docteur Lamine auquel il vouera une rancune et une aversion tenaces. La direction d’Alger est également exécrée, et Abane au premier chef. C’est en effet ce dernier qui avait dépêché Lamine Debaghine au Caire..
            Et les différents entre Bennabi et Abane, qui apparemment ne se sont pas rencontrés, sont dues, d'après ce qu'a dit "Bélaid Abane" (son fils?), au fait qu'ils appartiennent à deux courants différents : Bennabi au courant "Islamiste" et Abane au courant "Nationaliste"..

            En conclusion, l'auteur veut nous dire que le "père" du courant "Islamiste", un haineux, au passé de traître, était jaloux de nos héros nationalistes, qui eux seuls méritent les honneurs de notre indépendance.

            Merci SOLAS pour le partage. Tu remarqueras sur la couverture du livre comment Bennabi, sur la petite photo, regarde Abane..

            ..enfin.. ..Allah yahdina wa yarhamhoum birahmatih..

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            • #7
              Votre fierté en carton me fait vraiment rire !

              Envoyé par SOLAS
              d un kabyle est jaloux d un ka byle ca finit toujours dans le sang
              dans cette affaire ya que le chinois qu il l a defendu
              malgre qu il est dit qu il meritait cent fois la mort
              mais par pour ce qu insinuer kafi
              une chose est certaine avec abane l algerie aurait plante son drapeau sur la lune
              C'est incontestablement l'une des rares figures révolutionnaires qui ne se séparait jamais de son arme qu'il mettait sur la table lorsqu'il discutait avec ses collègues ( Problème de légitimité peut être ??? ).
              Une chose est certaine
              : Le peuple algérien s'est passé de Abane "Allah Yerhamou" pendant les quatre 4,5 années qui ont séparé sa disparition de l'indépendance !

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              • #8
                Le peuple algérien s'est passé de Abane "Allah Yerhamou" pendant les quatre 4,5 années qui ont séparé sa disparition de l'indépendance !
                Parfois, je me demande si cette guerre d’indépendance a vraiment été utile pour nous les Algériens. Car l’indépendance (d'une façon ou d'une autre) était programmée dés la fin de la guerre mondiale et le partage Est-Ouest de la planète; quand le nouvel ordre mondial est venu mettre fin à celui qui prévalait jusque-là : celui des empires coloniaux. D'ailleurs, la plupart des pays ont acquis leur indépendance sans coup férir.
                Bien sur que dans le cas de l'Algérie c'était un peu différent dans la mesure où il s'agissait non pas d'une simple colonie, mais d'un territoire considéré comme pleinement français. C'était donc forcément plus difficile, mais il y avait d'autres voies comme celle que préconisait Ferhat Abbés qui auraient pu être tentés.
                Si, je dis cela c'est parce que quand je regarde autour de moi, je ne vois qu'un immense gâchis (la liberté qui se fait toujours attendre après 50 ans d’indépendance, misère culturelle et sociale, fuite par tous les moyens des jeunes et moins jeunes vers un ailleurs plus clément...).
                Mais hélas, comme on ne peut pas renverser le cours de l'Histoire, faisons au moins en sorte à ne pas rater notre entrée dans le nouvel ordre mondial qui est en train de se mettre en place aujourd'hui.
                Écrire l’Histoire, c’est foutre la pagaille dans la Géographie...

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                • #9
                  Allah yahdina wa yarhamhoum birahmatih..
                  ils ont emporté avec eux La Verité , le reste n'est que littérature et réglement de comptes.
                  Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

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