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Histoire de la guerre des sables 1963

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  • Histoire de la guerre des sables 1963

    :smile:

    Bonjour,

    Je suis à la recherche d'informations (site WEB, Références littéraires ...) sur la "guerre des sables" entre le l'Algérie et le Maroc.

    Parmi le type d'informations (au sens factuel) :
    Genèse du conflit,
    Durée de conflit,
    Les opérations militaires du conflit,
    Fin du conflit,
    Les conséquences de ce conflit.

    Ce qui m'intéresse est plus les faits d'historiens neutres, je ne souhaite pas des informations biaisés.

    Merci à celui ou à ceux qui pourra(ont) m'éclairer sur ce sujet.

    A+

    :smile:

  • #2
    LES FRONTIÈRES ALGÉRO-MAROCAINES

    J’ai numérisé un chapitre concernant le conflit frontalier entre l’Algérie et le Maroc.
    Source : Histoire des Alaouites
    Auteur : BENOIT-Méchin
    Éditeur : Librairie Académique PERRIN 1994


    LES FRONTIÈRES ALGÉRO-MAROCAINES
    Bien que nous nous soyons efforcés dans ces pages de nous placer avant tout d'un point de vue psychologique et moral, dépeindre l'action de Hassan II sans parler de sa politique étrangère serait l'amputer de ce qu'elle offre de plus intéressant.
    Décidé à pratiquer une politique de « non-engagement », Hassan II a effectué de nombreux voyages à l'étranger, soit pour y régler des contentieux consécutifs à la décolonisation, soit pour y obtenir une aide économique susceptible d'accélérer le développement du pays, soit encore pour expliquer aux gouvernements étrangers les raisons pour lesquelles le Maroc ne tenait pas à s'associer à une « politique de blocs » : voyage à Washington, voyage à Bruxelles où il a été l'hôte du roi Baudouin et de la reine Fabiola; voyage à Moscou où il a établi des contacts fructueux avec MM. Podgorny, Brejnev et Kossyguine ; voyage à Madrid; enfin voyage à Paris.
    Mais c'est surtout dans le domaine de la politique africaine que son action s'est manifestée avec le plus de bonheur.
    Mohammed V, comme nous l'avons vu, était mort sans avoir pu régler le problème des frontières méridionales du royaume. Il avait refusé, à plusieurs reprises l, de discuter cette question avec les autorités françaises (Pour plus de détail voir l’annexe à la fin de cet article) en déclarant qu'à ses yeux elle relevait exclusivement de l'Algérie et qu'il attendrait que celle-ci ait accédé à l'indépendance pour fixer par des conversations directes les limites définitives entre les deux pays. La mort prématurée de Mohamrned V et le prolongement de la guerre d'Algérie n'avaient pas permis de pousser les choses plus loin. Le 6 juillet 1961, c'est-à-dire quatre mois après son accession au trône, Hassan II avait conclu un accord avec Ferhat Abbas, alors président du gouvernement provisoire de la République algérienne. Par une lettre ; adressée au roi du Maroc, le représentant de l'Algérie reconnaissait « le caractère arbitraire de la délimitation imposée par la France aux deux pays » et spécifiait que « les accords qui pourraient intervenir à la suite de négociations franco-algériennes ne sauraient être opposables au Maroc, quant aux délimitations territoriales algéro-marocaines ». L'accord stipulait en outre que la question serait résolue par voie de négociations et qu'une commission paritaire serait constituée à cet effet, dès que l'Algérie aurait accédé à l'indé-
    Ipendance.
    En juillet 1962, au lendemain de la signature des accords d'Évian qui faisaient de l'Algérie un État indépendant, Ferhat Abbas avait été évincé du pouvoir et tous les engagements pris antérieurement par lui considérés comme nuls et non avenus. Lorsque le gouvernement marocain s'était tourné vers Alger pour demander la constitution de la commission chargée de régler le problème des frontières, il s'était vu opposer une fin de non-recevoir catégorique. Ben Bella, qui avait succédé à Ferhat Abbas, et les chefs du nouveau gouvernement algérien affirmaient:
    1) Qu'au vu des traités internationaux conclus avant l'instauration du protectorat et dont le plus ancien remontait à 1767, jamais aucun souverain chérifien n'avait prétendu exercer sa souveraineté au-delà de ;"!'Oued Noun, situé bien au nord de la ligne frontalière «actuelle».
    2) Que l'Algérie aurait pu mettre fin beaucoup plus tôt aux combats qui l'avaient ensanglantée pendant six ans si elle s'était contentée de la partie septentrionale du territoire et avait renoncé au Sahara.
    3) Que c'était seulement lorsque la France avait consenti à inclure le Sahara dans son territoire national que l'Algérie avait déposé les armes et qu'en conséquence de nombreux Algériens étaient morts pour atteindre cet objectif.
    4) Que la République algérienne étant « une et indivisible » il n'était pas question de céder un seul pouce de son territoire et que, au surplus, le chef de l'État algérien ayant juré sur le Coran - c'est-à-dire sur ce que les Arabes avaient de plus sacré - de maintenir envers et contre tout l'intégrité du patrimoine national, il était impossible de violer cet engagement sans commettre un parjure.
    Comme on le voit, les successeurs de Ferhat Abbas faisaient montre d'une intransigeance inentamable et fermaient résolument la porte à tout règlement négocié. « Quand a-t-on jamais vu un État faire don d'une partie de son territoire à un autre État? demandaient-ils. Le Maroc veut s'annexer une portion de l'Algérie ? Eh bien, qu'il vienne la prendre ! Il verra comment il y sera reçu... »
    Ulcéré par cette attitude si peu conforme aux scrupules qui avaient empêché son père de régler le problème avec le gouvernement français, Hassan II crut pouvoir trancher la question par lui-même. Dans la dernière quinzaine d'octobre 1963, il fit occuper par de petits détachements symboliques des Forces armées royales certains points de garde situés dans la zone désertique qui s'étendait entre la Hamada du Draa et Colomb-Béchar. Comme cette région avait été de tout temps dans la mouvance de l'Empire chérifien, il n'avait nullement l'impression de pénétrer dans un pays étranger. L'opération s'effectua sans difficulté, car les postes étaient vides et il n'y avait aucune unité algérienne dans les parages.
    Lorsque le gouvernement algérien apprit cette nouvelle, sa réaction fut immédiate. Il ameuta son opinion publique en annonçant à la radio que l'armée maro­caine avait franchi la frontière et occupait indûment une portion du territoire national. Quarante-huit heures plus tard, des formations de l'ALN3 débou­chaient dans la région. Au lieu de rester l'arme au pied en face des postes marocains, en attendant un arbi­trage, elles les attaquèrent nuitamment et massa­crèrent leurs chefs. Les soldats répliquèrent par un feu nourri. Le sang commença à couler de part et d'autre. De nouvelles formations de l'ALN accoururent à la res­cousse. Durant toute la journée suivante et le surlende­main, les Algériens renouvelèrent leurs attaques, mais sans pouvoir entamer la ligne de défense des Maro­cains, qui avaient reçu eux aussi des renforts. Finale­ment, ils s'essoufflèrent. L'ALN était constituée de groupes de volontaires habitués à la guérilla. Elle était insuffisamment rompue à la guerre classique pour pouvoir tenir tête à l'armée marocaine, bien encadrée et dotée d'un armement supérieur. Lorsque les Forces armées royales passèrent à la contre-attaque, elles culbutèrent les formations algériennes, qui se disper­sèrent dans toutes les directions. « II n'y avait plus rien devant nous, devait déclarer plus tard un officier maro­cain. La voie était libre. Si Sa Majesté nous avait donné l'ordre d'aller de l'avant, nous aurions pu marcher sur Alger sans rencontrer d'obstacle. »
    Mais cet ordre, le roi ne le donna pas. Il n'avait jamais été dans ses intentions de déclencher une guerre algéro-marocaine. Il avait simplement voulu occuper une position favorable pour amener les Algé­riens à accepter la négociation. Il savait que la partie était loin d'être gagnée. Les meilleures unités algé­riennes étaient retenues en Kabylie, où l'opposition à Ben Bella avait voulu profiter de la situation pour fomenter une révolte. Lorsque ce soulèvement aurait été maté - ce qui ne tarderait guère -, ces unités se retourneraient vers l'ouest pour affronter les Marcains. Comme leurs effectifs étaient très supérieurs à ceux des Forces armées royales, celles-ci risquaient d'être écrasées sous le nombre.
    De plus, cet affrontement armé entre deux pays frères avait soulevé une émotion intense dans toutes les capitales arabes. La situation était si tendue que la Mauritanie se sentit en danger et se tourna vers Alger pour lui demander son assistance. En quelques jours, Hassan II se trouva isolé. C'est pourquoi il trouva préférable de ne pas exploiter à fond l'avantage initial qu'il avait remporté sur le terrain. Toute nouvelle avance de ses troupes aurait débouché sur le chaos.
    Convoquée d'urgence par l'empereur d'Ethiopie, agissant en tant que président de l'Organisation de l'unité africaine, une conférence quadripartite se réunit à Bamako (29-30 octobre 1963). Elle comprenait, outre Haïlé Sélassié, le roi du Maroc, le président Ben Bella et M. Modibo Keita, président de la République du Mali. A l'issue des entretiens qui prirent par moments un caractère orageux, les quatre chefs d'État africains décidèrent :
    1) L'arrêt effectif des hostilités et l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, à compter du 2 novembre, à zéro heure.
    2) La constitution d'une commission composée d'officiers marocains, algériens, éthiopiens et maliens, qui déterminerait une zone au-delà de laquelle les troupes engagées seraient retirées.
    3) La constitution d'un corps d'observateurs maliens et éthiopiens chargés de veiller à la sécurité et à la neutralité de la zone démilitarisée.
    4) La réunion, dans les plus brefs délais, des ministres des Affaires étrangères des États-membres de l'Organisation de l'unité africaine, afin de constituer une commission spéciale qui aurait pour mission :
    a) de situer les responsabilités dans le déclenchement des hostilités4;
    b) d'étudier le problème des frontières et de soumettre aux deux parties des propositions concrètes pour le règlement définitif de cette affaire.
    Les quatre chefs d'État décidèrent en outre :
    1) La cessation par l'Algérie et par le Maroc de toute attaque publique, par voie de presse ou de radio, à compter du 1er novembre 1963, à zéro heure.
    2) L'observation stricte du principe de non-ingérence dans les affaires des autres États;
    3) Le règlement par voie de négociation de tout différend susceptible de survenir entre États africains.
    Pour bien marquer qu'il n'y avait ni vainqueurs ni vaincus, le protocole final tint à souligner que les conversations s'étaient déroulées « dans une atmosphère amicale ».
    Mais lorsque la commission spéciale prévue à Bamako voulut se réunir pour apporter un règlement définitif au problème frontalier, elle n'aboutit à rien. Les avis se partagèrent et le litige demeura entier. L'opération militaire avait failli déboucher sur le chaos; l'action diplomatique débouchait sur le vide.
    Alors Hassan II se dit que, pour sortir de cette impasse, il fallait repenser le problème de fond en comble et le transposer sur un autre plan. On ne peut qu'admirer la largeur de vues avec laquelle il procéda à cette révision. Il paria que l'intelligence et la raison finiraient par l'emporter sur l'esprit de revendication territoriale et que les nécessités de la coopération économique remplaceraient « les vieux rêves de grandeur et de sable ». C'était un pari risqué et d'autant plus méritoire que le jugement que l'Histoire porterait sur son règne dépendrait, en fin de compte, de son échec ou de sa réussite. Pourtant, il n'hésita pas. Il avait pris conscience des dimensions du problème. De par sa nature et sa complexité, il n'était pas un de ceux que l'on pouvait résoudre à coups de canon. En revanche, lui apporter une solution durable assurerait à l'Algérie et au Maroc un avenir lumineux.
    Réduit à l'essentiel, il pouvait se formuler comme suit : nul ne pouvait contester que le territoire revendiqué à la fois par le Maroc et l'Algérie n'ait entretenu depuis le XIe siècle des liens beaucoup plus étroits avec l'Empire chérifien qu'avec l'Algérie, ne serait-ce que parce qu'à cette époque l'Algérie ne formait pas encore un État organisé. Mais il était non moins indéniable que le partage des territoires pratiqué par la puissance colonisatrice - et qui se trouvait concrétisé par les accords d'Évian - avait placé cette région à l'intérieur des frontières algériennes. Modifier cet état de choses par la force était impensable. Chaque fois qu'on le tenterait, les instances internationales interviendraient pour imposer un cessez-le-feu aux belligérants. Qu'en recueillerait-on pour finir? Rien que des ressentiments supplémentaires et des morts inutiles...
    À côté de ces ombres, les éléments positifs : le bassin de Tindouf contenait dans son sous-sol d'énormes richesses minières. On y trouvait du fer d'excellente qualité, notamment le gisement de Gara-Djebilet, un des plus riches du monde, puisque les experts évaluent ses réserves à deux milliards de tonnes et que la teneur en fer du minerai est de 65 pour cent (contre 35 pour cent pour le minerai de Lorraine). Ce gisement était suffisant, à lui seul, pour assurer la prospérité de l'Algérie et du Maroc, à condition d'être exploité d'une façon rationnelle. Les techniciens voyaient déjà surgir, aux lisières du Sahara, une « Ruhr nord-africaine » susceptible de fournir du travail à plusieurs générations.
    Ces projets ne relevaient pas de la fantasmagorie. On pouvait en chiffrer les résultats sur le papier. Comme le volume de ces minerais était beaucoup trop élevé pour pouvoir être consommé sur place, il fallait en prévoir l'exportation. Ceci posait le problème d'un débouché sur la mer. Or les ports algériens les plus proches, Arzew et Ghazaouet ', étaient à 1 300 kilomètres, Port-Étienne 2, en Mauritanie 3, à 1 400 kilomètres, alors que les ports marocains de La Gazelle et de Tarfaya4 se trouvaient respectivement à 400 et 515 kilomètres. (Une voie rejoignant directement la côte en traversant le territoire d'Ifni serait encore plus courte, mais elle posait le problème de l'enclave espagnole 5.) Or le coût du transport de la tonne de minerai de fer avait une incidence directe sur son prix de revient. En comparant ces diverses données, on obtenait le tableau suivant :
    _____________
    COÛT DE PRODUCTION PAR TONNE, SUR LA BASE DE 15 MILLIONS DE TONNES/AN

    Variante de tracé
    Distance en km
    Coût Coût d'extraction du transport en dollars en dollars
    Coût total en dollars

    Arzew
    1300
    1,10 4,40
    7,05

    (Algérie)




    Ghazaouet
    1300
    3,30
    5,60

    (Algérie)




    La Gazelle
    400
    2,00
    4,40

    (Maroc)




    Tarfaya (Maroc)
    515
    1,75
    4,05

    Port-




    Étienne (Maurita­nie)
    1400
    NOP
    5,15

    D'où il résulterait que le coût du transport représente­rait :
    - 4 fois le coût de l'extraction, en passant par Arzew;
    - 3,3 fois le coût de l'extraction, en passant par Gha­zaouet;
    - 2 fois le coût de l'extraction, en passant par La Gazelle ;
    - 1, 75 fois le coût de l'extraction, en passant par Tar­faya.
    En le faisant transiter par les ports algériens, le minerai de Tindouf n'était plus compétitif, alors qu'il le demeurait largement en transitant par les ports marocains. Pour tenter d'échapper à cette obligation, la Sonarem, ou « Société nationale de recherches et d'exploitations minières », dépendant du ministère algérien de l'Industrie et de l'Énergie, avait étudié quatre-vingt-quatre variantes du tracé, portant sur toutes les possibilités d'évacuation. Or toutes avaient abouti à la même conclusion; l'exploitation des richesses de Tindouf n'était rentable qu'à condition d'emprunter le territoire marocain. L'avenir n'était-il pas clairement inscrit dans ces chiffres?
    Puisqu'il en est ainsi, s'était dit Hassan II, pourquoi continuer à nous disputer des richesses qu'aucun de nous n'est capable d'exploiter à lui seul ? Pourquoi ne pas nous mettre d'accord pour constituer un orga­nisme équivalant à ce qu'est pour l'Europe la Commu­nauté du charbon et de l'acier? Au lieu de nous épuiser dans des luttes stériles, pourquoi ne pas faire de ces territoires une sorte de condominium économique algéro-marocain, auquel on pourrait associer par la suite la Mauritanie6 et le Rio de Oro 7, le jour où il aurait été évacué par les Espagnols ? Ainsi se constitue­rait au nord-ouest de l'Afrique une vaste zone de coprospérité trois fois grande comme la France, au regard de laquelle les problèmes posés par le tracé des frontières perdrait, sinon toute signification, du moins beaucoup de leur acuité.
    Reléguer à l'arrière-plan les litiges territoriaux, les laisser se dissoudre au fil des années ; donner, pendant une période à déterminer, la primauté à la coopération économique ; imprimer à cette coopération une impul­sion assez forte pour qu'elle puisse porter des fruits avant l'achèvement de la période prévue, telles furent les grandes lignes du plan que se traça Hassan II ; et à la mise en œuvre duquel il décida de consacrer tous ses efforts. Mais pour pouvoir se concrétiser, ces prin­cipes directeurs avaient besoin de l'accord de tous. D'où une question préalable : les autres chefs d'État seraient-ils assez clairvoyants pour comprendre à quel point ces conceptions répondaient aux exigences de notre époque, à son besoin de faire peau neuve, à son refus de se laisser enfermer dans les cadres trop étroits légués par le passé? Rien n'était moins certain, car les relations entre Rabat et Alger étaient restées tendues. L'affrontement d'octobre 1963 avait laissé de part et d'autre des séquelles douloureuses. Il y avait une pente difficile à remonter. Mais, là encore, les événements favorisèrent le jeune roi et montrèrent à quel point la chance était de son côté. Avec Ben Bella, un rapprochement eut été impos­sible. Celui-ci n'avait pas digéré les circonstances dans lesquelles son avion avait été détourné, ni la facilité avec laquelle Mohammed V s'était accommodé de sa longue détention 8. Durant la durée de son incarcéra­tion à l'île d'Aix et à Aulnoye, Khider, qui était son compagnon de cellule, n'avait cessé d'attiser sa méfiance envers Mohammed V et la dynastie alaouite.
    Or, le 19 juin 1965, un coup d'État militaire avait évincé Ben Bella du pouvoir. Un homme nouveau l'avait remplacé à la tête du gouvernement algérien : le colonel Houari Boumédienne. Tempérament éner­gique et réalisateur, dont le laconisme tranchait sur le verbalisme démagogique de son prédécesseur, l'ancien commandant de la Wilaya V était bien trop perspicace pour ne pas voir tous les avantages qu'apporteraient à son pays un désamorçage du différend algéro-marocain et son remplacement par une formule de coopération économique. Ayant étudié le problème sous tous ses aspects, il était parvenu à des conclusions qui rejoignaient celles de Hassan IL Dès lors, il ne res­tait plus qu'à les mettre en pratique.
    Aussitôt, les ambassadeurs se mirent au travail pour créer une atmosphère favorable à la détente. Ces efforts convergents reçurent une première consécra­tion le 15 janvier 1969, quand fut signé à Ifrane, dans la résidence d'hiver du roi, un traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération entre le royaume du Maroc et la République algérienne. Date capitale dans l'his­toire du Maghreb! Un esprit amical, annonciateur du renouveau, semblait avoir balayé jusqu'au souvenir de la discorde. Pour apprécier l'importance de ce rap­prochement, il faut se référer au texte même du traité :
    Art. I : Une paix permanente, une amitié solide et un voisinage fructueux, découlant naturellement de la fraternité séculaire liant les deux peuples frères, régne­ront entre la République algérienne démocratique et populaire et le royaume du Maroc, et viseront à l'édifi­cation d'un avenir commun et prospère.
    Art. II : Les Parties contractantes s'engagent à renfor­cer leurs relations communes dans tous les domaines et notamment dans les domaines économique et cultu­rel, afin de contribuer à l'élargissement du champ de la compréhension mutuelle entre les peuples frères d'Algérie et du Maroc et au renforcement de l'amitié et du bon voisinage entre eux.
    Art. III : Considérant que la coopération économique constitue une base solide pour leurs relations paci­fiques et amicales et vise à la promotion de leurs pays, les Parties contractantes apporteront leur participation réciproque au développement de cette coopération dans tous les domaines.
    Art. IV : En cas de litige ou de différend, sous quel­que forme que ce soit, les Parties contractantes s'inter­disent de recourir à l'emploi de la violence entre elles et s'emploieront à régler leur différend par des moyens pacifiques [...], en application des principes et des résolutions de l'Organisation des Nations Unies, de la Ligue des États arabes et de l'Organisation de l'Unité africaine.
    Art. VIII : Le présent traité restera en vigueur pen­dant une durée de vingt ans à compter de la date de sa mise en exécution9. Il est renouvelable, par tacite reconduction, pour une période de vingt ans, tant qu'il n'est pas dénoncé par l'une des Parties contractantes, par écrit, un an avant son expiration.
    Pour le Royaume du Maroc
    Le Ministre des Affaires étrangères
    Ahmed laraki
    Pour la République algérienne
    Le Ministre des Affaires étrangères
    Abdelaziz bouteflika
    Je voudrais souligner deux points qui donnent à ce traité une signification particulière, devait dire Hassan II peu de temps après sa signature. D'abord, il a été contracté pour vingt ans - ce qui est un délai inhabi­tuel pour une convention de ce genre ; ensuite, il asso­cie étroitement la coopération culturelle à la coopéra­tion économique. Pourquoi? Parce qu'il est vain de vouloir faire avancer les choses si l'on ne s'occupe pas, en même temps, de faire progresser les esprits. J'ai souhaité que les écoles marocaines, algériennes - et pourquoi pas tunisiennes ? - dispensent à nos enfants un enseignement qui les rende plus conscients de leurs liens de parenté et leur apprenne à voir les choses sous un angle plus large que cela n'a été le cas jusqu'ici. Dans vingt ans, une nouvelle génération aura grandi, pour laquelle les problèmes de frontières n'existeront plus, ou, du moins, s'ils se posent, ce sera dans des termes très différents d'aujourd'hui. Entre-temps, le traité d'Ifrane aura fait ses preuves et sa reconduction ne soulèvera aucun problème, car chacun aura compris que le Maghreb tout entier est le plus petit espace géographique dans lequel nous puissions vivre. Songez qu'en l'an 2000 le Maroc, l'Algérie et la Tunisie auront, à eux trois, quatre-vingts millions d'habitants. Ces conceptions sont caractéristiques de la manière de penser de Hassan II. Ce n'est pas à lui qu'il faut apprendre que ce qui paralyse la vie, ce ne sont pas les contraintes, c'est le manque de hardiesse.
    Fin
    Annexe:
    Durant les négociations de Paris, les autorités françaises ont proposé au roi Mohamed V de fixer le tracé des frontières dans les confins sahariens, afin d’éviter toute contestation ultérieur. Elles se sont même déclarées prêtes à inclure la région de Tindouf et la Hamada du Draa dans le territoire marocain. Mais Mohamed V leur a opposé un refus catégorique. A ses yeux, la question des frontières méridionales du royaume relève exclusivement du Maroc et de l’Algérie : elle doit être réglée d’un commun accord entre les deux pays. Or l’Algérie, dans l’état actuel, n’a pas voix au chapitre. Elle est engagée dans des combats dont dépend son avenir. Le roi répugne à profiter de cette situation pour lui porter un coup bas.« Aucun avantage moral ou matériel, déclare-t-il, ne saurait justifier un acte de félonie. Nous réglerons cette affaire plus tard, entre voisins. Je n’ai pas voulu accabler la France lorsqu’elle était à terre ce n’est pas pour frapper un pays frère lorsqu’il se trouve en difficulté.»
    Chacun rend hommage à son élévation morale. Mais comme ses interlocuteurs français lui font observer que la France n’a nullement l’intention de quitter l’Algérie et que cette situation risque de se prolonger longtemps, il répond, imperturbable :« Eh bien!nous attendrons!»
    Source : Histoire des Alaouites
    Auteur : BENOIT-Méchin
    Éditeur : Librairie Académique PERRIN 1994
    Page 165

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    • #3
      hey

      Je suis à la recherche d'informations (site WEB, Références littéraires ...) sur la "guerre des sables" entre le l'Algérie et le Maroc.

      Parmi le type d'informations (au sens factuel) :
      Genèse du conflit,
      Durée de conflit,
      Les opérations militaires du conflit,
      Fin du conflit,
      Les conséquences de ce conflit.
      les conséquences on les vis actuellement

      Thanks tobkal pour l'article :wink: comme quoi mohamed V a eu tort de faire confiance à des "fréres"

      Commentaire


      • #4
        Merci Toubkal,

        Effectivement il n'y a pas d'histoire véritables ecrite sur le sujet.

        Mais on peut à partir de différentes informations avoir un début d'apercu sur ce conflit :

        J'ai trouvé ce texte que j'ai copié collé sur les mémoire de BEN BELLA ou il est question de la geurre des sables.

        voici l'adresse :
        http://www.ptb.be/international/arti...bject_id=19483

        debut du copier :

        Ahmed Ben Bella : Ainsi était le «Che»

        Le 9 octobre 1967, dans une petite salle de l'école de La Higuera (Bolivie), Ernesto Che Guevara, fait prisonnier la veille, était assassiné. Celui que Jean-Paul Sartre qualifia d'« être humain le plus complet de notre époque » achevait ainsi une vie de révolutionnaire qui l'avait conduit, dans l'espoir généreux de soulager les souffrances des pauvres, de l'Argentine au Guatemala, de Cuba au Congo, et finalement à la Bolivie. Le président Ahmed Ben Bella l'a souvent rencontré, entre 1962 et 1965, à Alger, qui était alors une terre d'asile pour tous les anti-impérialistes du monde.

        Ahmed Ben Bella
        02-05-2003



        * Chef historique du Front de libération nationale (FLN) algérien ; premier président de l'Algérie indépendante (1962) ; renversé par le colonel Houari Boumediène en juin 1965. Président du Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA).

        DEPUIS trente ans, Che Guevara interpelle nos consciences. Par-delà le temps et l'espace, nous entendons l'appel du « Che » qui nous somme de répondre : oui, seule la révolution peut parfois faire de l'homme un être de lumière. Cette lumière, nous l'avons vue irradier son corps nu, étendu quelque part au fond du Nancahuazu, sur ces photos parues dans les journaux des quatre coins du monde, alors que le message de son dernier regard continue de nous atteindre jusqu'au tréfonds de l'âme.

        Le « Che » était un preux, mais un preux conscient, au corps affaibli par l'asthme. Je l'accompagnais parfois sur les hauteurs de Chréa, au-dessus de la ville de Blida, lorsque je voyais la crise arriver et qu'elle donnait à son visage un teint verdâtre. Qui a lu son Journal de Bolivie (1) sait avec quelle santé délabrée il a dû faire face aux terribles épreuves physiques et morales qui ont parsemé son chemin.

        Il est impossible de parler du « Che » sans parler de Cuba et des relations particulières qui nous unissaient tant son histoire, sa vie, sont liées à ce pays qui fut sa seconde patrie avant qu'il ne se tourne vers là où l'appelait la révolution. Je fis la connaissance d'Ernesto Che Guevara à la veille de la crise internationale de l'automne 1962 liée à l'affaire des fusées et au blocus de Cuba décrété par les Etats-Unis. L'Algérie venait d'accéder à l'indépendance, son premier gouvernement venait d'être constitué et, en tant que chef de ce gouvernement, je devais assister, en ce mois de septembre 1962, à New York, à la session de l'ONU pour la levée symbolique du drapeau algérien au-dessus du siège des Nations unies ; cérémonie qui consacrait la victoire de notre lutte de libération nationale et l'entrée de l'Algérie dans le concert des nations libres. Le bureau politique du FLN avait décidé que ce voyage aux Nations unies devait être suivi d'une visite à Cuba. Plus que d'une visite, il s'agissait surtout d'un acte de foi marquant nos engagements politiques. L'Algérie souhaitait souligner publiquement sa totale solidarité avec la révolution cubaine, particulièrement en ces moments difficiles de son histoire. Invité le 15 octobre 1962 au matin à la Maison Blanche, j'eus de franches et chaudes discussions avec le président John Fitzgerald Kennedy à propos de Cuba. A la question directe que je lui posai : « Allez-vous vers une confrontation avec Cuba ? », il ne laissa planer aucun doute sur ses intentions réelles et me répondit : « Non, s'il n'existe pas de fusées soviétiques ; oui, dans le cas contraire. » Kennedy tenta de me dissuader avec insistance de me rendre à Cuba par un vol direct à partir de New York ; allant même jusqu'à évoquer l'éventualité d'une attaque de l'avion des forces aériennes de Cuba qui devait me transporter par l'opposition cubaine installée à Miami. A ces menaces à peine voilées, je lui rétorquai que j'étais un fellaga et que les menaces des harkis algériens ou cubains ne m'intimidaient pas.

        Notre arrivée à Cuba, le 16 octobre, se déroula dans une liesse populaire indescriptible. Le programme prévoyait des discussions politiques au siège du parti à La Havane dès l'arrivée de notre délégation. Mais les choses se déroulèrent tout autrement. A peine nos valises déposées dans le lieu où nous devions séjourner, bousculant le protocole, nous nous mîmes à discuter à bâtons rompus avec Fidel, Che Guevara, Raul Castro et les autres dirigeants qui nous accompagnaient. Nous restâmes là à parler des heures et des heures durant. Bien entendu, je rapportai aux dirigeants cubains l'impression que m'avait laissée mon entrevue avec le président Kennedy. A la fin de ces débats passionnés, menés autour de tables que nous avions poussées bout à bout, nous nous aperçûmes que nous avions pratiquement épuisé le programme des questions que nous devions étudier et que notre rencontre au siège du parti n'avait plus d'objet. Et, d'un commun accord, nous décidâmes de passer directement au programme des visites que nous devions faire à travers le pays. Cette anecdote donne une idée des rapports totalement dénués de protocole qui devaient ainsi, et dès le début, être la caractéristique essentielle, la norme des liens unissant la révolution cubaine et la révolution algérienne, et des liens personnels qui m'ont lié à Fidel Castro et à Che Guevara. Cette solidarité se confirmera d'une manière spectaculaire lors de la première alerte grave qui menaça la révolution algérienne avec l'affaire de Tindouf en octobre 1963. Notre jeune armée, tout juste sortie d'une lutte de libération, qui ne possédait encore ni couverture aérienne - puisque nous n'avions pas un seul avion - ni forces mécanisées, fut attaquée par les forces armées marocaines sur le terrain qui lui était le plus défavorable. Elle ne pouvait y utiliser les seules méthodes qu'elle connaissait et qu'elle avait éprouvées lors de notre lutte de libération : c'est-à-dire la guerre de guérilla. Le désert et ses vastes étendues dénudées étaient loin des montagnes des Aurès, du Djurdjura, de la presqu'île de Collo ou de Tlemcen qui avaient été son milieu naturel et dont elle connaissait toutes les ressources et tous les secrets. Nos ennemis avaient décidé qu'il fallait briser l'élan de la révolution algérienne avant qu'elle devienne trop forte et entraîne tout sur son passage. Le président égyptien Nasser nous dépêcha très rapidement la couverture aérienne qui nous faisait défaut, et Fidel Castro, Che Guevara, Raul Castro et les dirigeants cubains nous envoyèrent un bataillon de vingt-deux blindés et plusieurs centaines de soldats (2) qui furent dirigés vers Bedeau, au sud de Sidi Bel Abbès où je leur rendis visite, et qui étaient prêts à entrer en lice si cette guerre des sables s'était poursuivie.

        Ces chars possédaient un dispositif infrarouge leur permettant d'intervenir de nuit ; ils avaient été livrés à Cuba par les Soviétiques à la condition expresse de n'être mis en aucun cas entre les mains de pays tiers, y compris les Etats communistes, comme la Bulgarie. Malgré ces restrictions de Moscou, et passant par-dessus les tabous, les Cubains n'hésitèrent pas à envoyer leurs chars au secours de la révolution algérienne en danger. La main des Etats-Unis était bien évidente derrière les événements de Tindouf ; nous savions que les hélicoptères qui transportaient les troupes marocaines étaient pilotés par des Américains. Ce sont essentiellement les mêmes raisons de solidarité internationale qui conduiront plus tard les dirigeants cubains à intervenir au-delà de l'océan Atlantique, en Angola et ailleurs. Les circonstances qui présidèrent à l'arrivée de ce bataillon blindé méritent d'être rapportées, car elles illustrent plus que tout autre commentaire la nature de nos rapports privilégiés avec Cuba. En octobre 1962, lors de ma visite à Cuba, Fidel Castro avait tenu à honorer la promesse que son pays nous avait faite de fournir une aide de 2 milliards d'anciens francs (3). Compte tenu de la situation économique de Cuba, elle devait nous être envoyée, non pas en devises, mais en sucre. Malgré mon refus, car je considérais qu'à ce moment Cuba avait encore plus besoin de son sucre que nous, il ne voulut rien entendre.

        Environ un an après cette discussion, un navire battant pavillon cubain accosta au port d'Oran. Avec la cargaison de sucre promis, nous eûmes la surprise de trouver deux dizaines de chars et des centaines de soldats cubains accourus à notre secours. C'est sur une feuille arrachée d'un cahier d'écolier que Raul Castro m'envoyait un bref message pour annoncer ce geste de solidarité. Bien sûr, nous ne pouvions laisser ce bateau repartir vide, aussi nous le remplîmes de produits algériens et, sur le conseil de l'ambassadeur Jorge Serguera, nous y ajoutâmes quelques chevaux barbes. Ainsi commença entre nos deux pays un troc à caractère non commercial, placé sous le sceau de la solidarité et qui, au gré des circonstances (et des contraintes), fut un élément original de nos relations.

        CHE GUEVARA était particulièrement conscient des restrictions innombrables qui entravent et affaiblissent une véritable action révolutionnaire, de même que des limites qui affectent toute expérience, fût-elle la plus révolutionnaire, dès l'instant où elle est confrontée directement ou indirectement avec les règles implacables de la loi du marché et de la rationalité mercantile. Il les dénonça publiquement lors de la Conférence afro-asiatique qui se tint à Alger en février 1965. En outre, les conditions affligeantes de la conclusion de l'affaire des fusées installées à Cuba et l'accord passé entre l'Union soviétique et les Etats-Unis avaient laissé un goût d'amertume. J'eus d'ailleurs un échange de propos très durs à ce sujet avec l'ambassadeur soviétique à Alger. Tout cela conjugué avec la situation qui prévalait en Afrique laissait espérer d'immenses potentialités révolutionnaires, et avait conduit le « Che » à considérer que le maillon faible de l'impérialisme se trouvait sur notre continent et qu'il devait désormais y consacrer ses forces.

        J'essayais de lui faire remarquer que ce n'était peut-être pas la meilleure façon d'aider à la maturation révolutionnaire qui se développait sur notre continent. Si une révolution armée peut et doit trouver des soutiens étrangers, elle doit cependant créer ses propres ressorts internes sur lesquels s'appuyer. N'empêche, Che Guevara tenait à ce que son engagement fût total et physique. Il se rendit à Cabinda (Angola) et au Congo-Brazzaville à plusieurs reprises. Il refusa l'avion particulier que je voulais mettre à sa disposition pour assurer une plus grande discrétion à ses déplacements. J'alertai alors les ambassadeurs d'Algérie dans toute la région pour qu'ils se mettent à sa disposition. Je le revis à chacun de ses retours d'Afrique noire et nous passions de longues heures à échanger nos idées. A chaque fois, il revenait impressionné par la fabuleuse richesse culturelle du continent, mais peu satisfait de ses rapports avec les partis marxistes des pays qu'il avait visités et dont les conceptions l'irritaient. Cette expérience de Cabinda, conjuguée avec celle qu'il fera par la suite avec la guérilla qui se déroulait dans la région de l'ex-Stanleyville (4), l'avait beaucoup déçu. Parallèlement à l'action du « Che », nous menions une autre action pour le sauvetage de la révolution armée de l'ouest du Zaïre. En accord avec Nyerere, Nasser, Modibo Keita, N'Krumah, Kenyatta et Sekou Touré, l'Algérie apportait sa contribution en envoyant des armes via l'Egypte à travers un véritable pont aérien, tandis que l'Ouganda et le Mali étaient chargés de fournir des cadres militaires. C'est au Caire, où nous étions réunis sur mon initiative, que nous avions conçu ce plan de sauvetage et nous commencions à l'appliquer lorsqu'un appel désespéré nous fut adressé par les dirigeants de la lutte armée.

        Malheureusement, malgré nos efforts, notre action intervint trop tard et cette révolution fut noyée dans le sang par les assassins de Patrice Lumumba. Durant l'un de ses séjours à Alger, Che Guevara me fit part d'une demande de Fidel. Cuba étant sous étroite surveillance, rien ne pouvait être sérieusement organisé en direction de l'Amérique latine pour acheminer des armes et des cadres militaires qui avaient été entraînés à Cuba. L'Algérie pouvait-elle prendre le relais ? La distance n'était pas un handicap majeur, bien au contraire, elle pouvait jouer en faveur du secret qui conditionnait le succès même d'une opération de cette importance. Ma réponse fut bien sûr un « oui » spontané. Et aussitôt commença la mise en place des structures d'accueil pour les mouvements révolutionnaires d'Amérique latine, placées sous le contrôle direct de Che Guevara. Rapidement, les représentants de tous ces mouvements révolutionnaires se transportèrent à Alger, où je les rencontrai à maintes reprises en compagnie du « Che ». Un état-major regroupant les mouvements s'établit sur les hauts d'Alger dans une grande villa entourée de jardins que nous avions, symboliquement, décidé de leur attribuer. Cette villa Susini avait été un lieu célèbre, dont le nom est passé à la postérité. Durant la lutte de libération nationale, elle avait été un centre de torture où de nombreux résistants et résistantes trouvèrent la mort. Un jour, Che Guevara me dit : « Ahmed, nous venons d'avoir un coup dur, des hommes entraînés à la villa Susini se sont fait prendre à la frontière entre tel et tel pays (je n'ai plus souvenance des noms) et je crains qu'ils ne parlent sous la torture. » Il s'inquiétait beaucoup et craignait que le secret du lieu où se préparaient les actions armées ne soit éventé et que nos ennemis ne s'aperçoivent de la véritable nature des sociétés d'import- export que nous avions implantées en Amérique du Sud.

        Che Guevara était parti d'Alger lorsque eut lieu le coup d'Etat militaire du 19 juin 1965 contre lequel, d'ailleurs, il m'avait mis en garde. Son départ d'Alger, puis sa mort en Bolivie et ma propre disparition pendant quinze années doivent être étudiés dans le contexte historique qui marqua le reflux ayant suivi la phase des luttes de libération victorieuses. Ce reflux qui sonna le glas, après l'assassinat de Lumumba, des régimes progressistes du tiers-monde et entre autres de ceux de N'Krumah, de Modibo Keita, Soekarno, Nasser, etc.

        CETTE date du 9 octobre 1967 inscrite en lettres de feu dans nos mémoires évoque une journée incommensurablement sombre pour le prisonnier solitaire que j'étais, alors que les radios annonçaient la mort de mon frère et que les ennemis que nous avions combattus ensemble entonnaient leur sinistre chant de victoire. Mais plus nous nous éloignons de cette date, quand s'estompent dans les mémoires les circonstances de la guérilla qui prit fin ce jour-là dans le Nancahuazu, plus le souvenir du « Che » est présent dans l'esprit de ceux qui luttent et qui espèrent. Plus que jamais, il s'insère dans la trame de leur vie quotidienne. Quelque chose du « Che » reste attaché à leur coeur, à leur âme, enfoui tel un trésor dans la partie la plus profonde, la plus secrète et la plus riche de leur être, réchauffant leur courage, attisant leur énergie. Un jour de mai 1972, le silence opaque de ma prison jalousement gardée par des centaines de soldats fut brisé par un grand brouhaha. Ainsi appris-je que, à quelques centaines de mètres seulement, Fidel était là, visitant une ferme modèle toute proche et ignorant sans doute que je me trouvais dans cette maison mauresque isolée sur la colline dont il pouvait apercevoir les toits au-dessus de la cime des arbres. C'est certainement pour les mêmes raisons de discrétion que cette même maison avait été naguère choisie par l'armée colonialiste comme centre de torture. A ce moment, une foule de souvenirs remonta à mon esprit, une cohorte de visages, tel un film patiné par le temps, défila dans ma tête, et, jamais depuis que nous nous étions quittés, Che Guevara ne fut aussi vivant dans ma mémoire. En vérité, son souvenir ne nous a jamais quittés, mon épouse et moi. Une grande photo du Che a toujours été épinglée sur les murs de notre prison et son regard a été le témoin de notre vie quotidienne, de nos joies et de nos peines. Mais une autre photo, une petite photo découpée dans un magazine et que j'avais collée sur un carton et protégée d'un plastique nous a toujours accompagnés dans nos pérégrinations. C'est la plus chère à nos yeux. Elle se trouve aujourd'hui à Maghnia, mon village natal, dans la maison de mes vieux parents qui ne sont plus et où nous avions déposé nos plus précieux souvenirs avant de partir en exil. C'est la photo d'Ernesto Che Guevara étendu, torse nu et dont le corps irradie tant de lumière. Tant de lumière et tant d'espoir.

        (1) Ernesto Guevara, Le Journal de Bolivie (préface de François Maspero), La Découverte, Paris, 1995.
        (2) ces soldats étaient placés sous les ordres du commandant Efigenio Ameijeiras, un vétéran du Granma, compagnon de la première heure de Fidel et du « Che », et ancien chef de la police révolutionnaire cubaine.
        (3) correspondant à 20 millions de francs français.
        (4) actuelle Kisangani, en République démocratique du Congo (ex-Zaïre).

        Fin du copier

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        • #5
          Un petit cours d'histoire pour éclairer les pauvres âmes égarées....

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          • #6
            Merci

            Et je me faire un plaisir de le disséquer

            Mais çà commence bien :

            En parlant de feu Hassan 2 :

            Mais c'est surtout dans le domaine de la politique africaine que son action s'est manifestée avec le plus de bonheur.
            Eh oui , ont le voit aujourd'hui .
            l'UA ,
            NEPAD ,
            Abolition de l'Apertheid , Liberation De Nelson Mandela


            De tous ces moments qui sont le nouveau Monde , le Maroc fut absent .
            Et il y en a d'autre d'evenement .

            Continuons à disséquer ce texte .
            Je vais prendre mon temps .
            Car ce n'est pas un livre ou un auteur qui vas me montrer le bon chemin .

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            • #7
              Sorayamar
              merci pour ta gentillesse,
              mais les ames égarées, ont déjà lu ses passages, et comme a dit Safyo, c'est pas un ce n'est pas un livre ou un auteur qui vas me montrer le bon chemin
              car c pas du coran et pour moi c le seule que j'accepte intégralement
              je n'avale pas tout , j'essaie de faire travailler le peu de matiere grise que j'ai, sinon, elle se périme
              ta3adadat el assbabo wal karhato wahidatton faman lam yakrah bi la routine kariha bi ssiwaha

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              • #8
                Oui Lamia

                Lisez et comparez .
                Milieu et Equilibre vous verrez .
                Pesez , sera votre essentielle qualité .

                Dupé , vous ne le serez plus jamais
                Serenité vous trouverez .

                Notre Algerie est belle et elle n'a pas de complexe à avoir

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                • #9
                  je n'avale pas tout , j'essaie de faire travailler le peu de matiere grise que j'ai, sinon, elle se périme
                  Dieu merci les ennemis de la raison sont aussi bêtes que les fanatiques...

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                  • #10
                    Propos insultant

                    Propos insultant que vous dite Sorayamar .

                    Commentaire


                    • #11
                      Propos insultant que vous dite Sorayamar
                      Non sir c'est un constat qu'il me désole de constater...

                      Mes amitiés

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                      • #12
                        j'ai pas envie d'etre mise en quarantaine ds un forum qui m'est cher à cause de vous, donc je ne répondrai pas à ce genre d'interventions
                        ta3adadat el assbabo wal karhato wahidatton faman lam yakrah bi la routine kariha bi ssiwaha

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                        • #13
                          je ne répondrai pas à ce genre d'interventions
                          je le pense aussi
                          Dernière modification par Sorayamar, 09 juin 2006, 20h16.

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                          • #14
                            @ soraya,

                            admettonsque cette histoire est vraie.tu veux dire que les marocains n'etaient pas aussi braves que les algeriens,alors ils les laissaient faire la guerre a leur place pour arracher a la France une terre marocaine????

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                            • #15
                              admettonsque cette histoire est vraie.tu veux dire que les marocains n'etaient pas aussi braves que les algeriens,alors ils les laissaient faire la guerre a leur place pour arracher a la France une terre marocaine????
                              Il n'y a rien à admettre puisque Cette histoire c'est pas moi qui l'est inventé se sont des récits historiques authentifié...

                              sinon Tu peux reformuler stp en un français correcte que je puisse te comprendre et te répondre...

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