Interrogé par un journaliste de la chaîne télévisée Ennahar TV à propos du dernier roman, livre ou bouquin qu’il a feuilleté ou lu, le député FLN de Mila, Boulmaïz Kamel, a répondu qu’il ne se rappelle plus avoir lu de livre depuis longtemps déjà.
Par Zaoui Abderaouf
Qu’en est-il alors des citoyens de la wilaya si celui censé les représenter ne lit pas. Mohamed, un universitaire chômeur, après avoir longuement réfléchi à la même question, a répondu tout de go : «Lire est un verbe que je ne conjugue jamais, ni au présent, ni au passé, ni au futur, je ne lis jamais. Ah si ! Je lis les quotidiens arabophones ; les journaux francophones, je fais semblant de les feuilleter.» Selon ce jeune universitaire, lire des romans ou des livres signifie que le lecteur ne manque de rien et dispose de tout son temps pour vivre avec les héros du roman. Or, ceci est impossible. Les jeunes diplômés, selon lui, ont d’autres chats à fouetter, ils courent après des emplois afin de vivre décemment et de ne plus vivre aux dépens des parents et amis. Ce n’est pas en lisant qu’ils gagneront leur pain. Il est difficile de se concentrer pour comprendre la trame du roman quand tout manque. Son avis ne nécessite aucun commentaire. Que dire alors de ceux qui n’ont pas fait l’université.
Ami Ali, un quinquagénaire qu’on a sollicité pour nous parler de ce point, se rappelle avec nostalgie des classiques qu’il a étudiés et lus au lycée et chez lui, du temps où les librairies exposaient et vendaient tous les manuels possibles et imaginables. Avec le sourire, il parle de Zola, Diderot, Victor Hugo, de Maupassant et des romans de série noire qui le faisaient rêver de femmes et d’actions. «C’était le bon vieux temps», lance avec fierté âmi Ali. «Les diplômés d’aujourd’hui ignorent jusqu’aux noms de ces auteurs», lance avec ironie le quinquagénaire.
Dans la wilaya de Mila, 24 bibliothèques municipales ont été réalisées dans diverses communes de la wilaya, mais leur fréquentation appelle à réflexion, car au vu de ce que nous avons constaté sur place, ces institutions n’attirent que peu de monde, les potaches qui s’y rendent prennent plaisir à ne s’intéresser qu’aux manuels scolaires, sans plus, les autres livres ne semblent enthousiasmer personne. Des enfants attablés dans une des nombreuses bibliothèques municipales s’appliquaient à résoudre des exercices de mathématiques, d’autres à répondre à des questions de français en s’aidant des dictionnaires à portée de main. C’est dire que la lecture n’est pas le fort des enfants et des adultes, sa léthargie, au vu des constats, est partie pour durer dans le temps.
Chez un libraire fort connu, nous avons essayé d’en savoir davantage sur les publications les plus vendues ou les plus demandées sur le marché, il nous a été répondu que les livres religieux tiennent le haut du pavé et devancent le reste des titres avec plusieurs longueurs d’avance. Selon lui, les ouvrages de théologie mènent la cadence devant les manuels ayant un quelconque rapport avec l’école.
Au niveau des bibliothèques, les salons «Internet» et de «dessin» sont les plus fréquentés par la classe juvénile scolarisée ou ayant achevé ses études. La lecture, quant à elle, est boudée, et n’étaient ces quelques gamins occupés à réviser leurs cours, la salle serait vide de monde.
La lecture des quotidiens est la seule compensation à même de mettre un peu de baume au cœur des populations mileviennes. Quant à lire des romans et autres livres, cela semble être du domaine de l’irréel. Même le bibliobus de la direction de la culture qui sillonne toutes les zones de la wilaya n’a pu venir à bout de la réticence populaire à la lecture. Les gens n'aiment pas lire, c'est là toute la vérité, vous dira n'importe quel citoyen.
Un autre interrogé par nos soins n'a pas manqué de relever la cherté des livres en Algérie, comparativement aux prix pratiqués dans les pays voisins et occidentaux, prix qui n’encouragent pas à franchir les seuils des librairies. «Lire n’est pas à la portée de tous, car cela nécessite un budget conséquent au vu des prix affichés», nous dira un quinquagénaire, qui, lui, se rappelle des «Blek», «Zembla», «Rodéo», «Miki le ranger», «Tartine» et autres illustrés des sixties et seventies qui faisaient le bonheur des adolescents, lesquels se les disputaient au niveau des buralistes. Heureux étaient ceux qui arrivaient à en trouver, car ces publications se vendaient comme des petits pains. Depuis leur disparition des étals, rien ne les a remplacés, le problème est toujours d’actualité. Que lire ? Là est toute la question.
«Faute de grives, on mange des merles», dit l’adage, c’est peut-être l’une des causes principales du désintéressement des citoyens à la lecture, mais cela reste à vérifier, quand chômage et mal-vivre se conjuguent au quotidien.
REPORTERS.DZ
Par Zaoui Abderaouf
Qu’en est-il alors des citoyens de la wilaya si celui censé les représenter ne lit pas. Mohamed, un universitaire chômeur, après avoir longuement réfléchi à la même question, a répondu tout de go : «Lire est un verbe que je ne conjugue jamais, ni au présent, ni au passé, ni au futur, je ne lis jamais. Ah si ! Je lis les quotidiens arabophones ; les journaux francophones, je fais semblant de les feuilleter.» Selon ce jeune universitaire, lire des romans ou des livres signifie que le lecteur ne manque de rien et dispose de tout son temps pour vivre avec les héros du roman. Or, ceci est impossible. Les jeunes diplômés, selon lui, ont d’autres chats à fouetter, ils courent après des emplois afin de vivre décemment et de ne plus vivre aux dépens des parents et amis. Ce n’est pas en lisant qu’ils gagneront leur pain. Il est difficile de se concentrer pour comprendre la trame du roman quand tout manque. Son avis ne nécessite aucun commentaire. Que dire alors de ceux qui n’ont pas fait l’université.
Ami Ali, un quinquagénaire qu’on a sollicité pour nous parler de ce point, se rappelle avec nostalgie des classiques qu’il a étudiés et lus au lycée et chez lui, du temps où les librairies exposaient et vendaient tous les manuels possibles et imaginables. Avec le sourire, il parle de Zola, Diderot, Victor Hugo, de Maupassant et des romans de série noire qui le faisaient rêver de femmes et d’actions. «C’était le bon vieux temps», lance avec fierté âmi Ali. «Les diplômés d’aujourd’hui ignorent jusqu’aux noms de ces auteurs», lance avec ironie le quinquagénaire.
Dans la wilaya de Mila, 24 bibliothèques municipales ont été réalisées dans diverses communes de la wilaya, mais leur fréquentation appelle à réflexion, car au vu de ce que nous avons constaté sur place, ces institutions n’attirent que peu de monde, les potaches qui s’y rendent prennent plaisir à ne s’intéresser qu’aux manuels scolaires, sans plus, les autres livres ne semblent enthousiasmer personne. Des enfants attablés dans une des nombreuses bibliothèques municipales s’appliquaient à résoudre des exercices de mathématiques, d’autres à répondre à des questions de français en s’aidant des dictionnaires à portée de main. C’est dire que la lecture n’est pas le fort des enfants et des adultes, sa léthargie, au vu des constats, est partie pour durer dans le temps.
Chez un libraire fort connu, nous avons essayé d’en savoir davantage sur les publications les plus vendues ou les plus demandées sur le marché, il nous a été répondu que les livres religieux tiennent le haut du pavé et devancent le reste des titres avec plusieurs longueurs d’avance. Selon lui, les ouvrages de théologie mènent la cadence devant les manuels ayant un quelconque rapport avec l’école.
Au niveau des bibliothèques, les salons «Internet» et de «dessin» sont les plus fréquentés par la classe juvénile scolarisée ou ayant achevé ses études. La lecture, quant à elle, est boudée, et n’étaient ces quelques gamins occupés à réviser leurs cours, la salle serait vide de monde.
La lecture des quotidiens est la seule compensation à même de mettre un peu de baume au cœur des populations mileviennes. Quant à lire des romans et autres livres, cela semble être du domaine de l’irréel. Même le bibliobus de la direction de la culture qui sillonne toutes les zones de la wilaya n’a pu venir à bout de la réticence populaire à la lecture. Les gens n'aiment pas lire, c'est là toute la vérité, vous dira n'importe quel citoyen.
Un autre interrogé par nos soins n'a pas manqué de relever la cherté des livres en Algérie, comparativement aux prix pratiqués dans les pays voisins et occidentaux, prix qui n’encouragent pas à franchir les seuils des librairies. «Lire n’est pas à la portée de tous, car cela nécessite un budget conséquent au vu des prix affichés», nous dira un quinquagénaire, qui, lui, se rappelle des «Blek», «Zembla», «Rodéo», «Miki le ranger», «Tartine» et autres illustrés des sixties et seventies qui faisaient le bonheur des adolescents, lesquels se les disputaient au niveau des buralistes. Heureux étaient ceux qui arrivaient à en trouver, car ces publications se vendaient comme des petits pains. Depuis leur disparition des étals, rien ne les a remplacés, le problème est toujours d’actualité. Que lire ? Là est toute la question.
«Faute de grives, on mange des merles», dit l’adage, c’est peut-être l’une des causes principales du désintéressement des citoyens à la lecture, mais cela reste à vérifier, quand chômage et mal-vivre se conjuguent au quotidien.
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