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De la cécité culturelle en Algérie

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  • De la cécité culturelle en Algérie

    «Les hommes sont mille fois plus acharnés à acquérir des richesses que la culture, bien qu’il soit parfaitement certain que le bonheur d’un individu dépend bien plus de ce qu’il est que de ce qu’il a.» (Arthur Schopenhauer).


    Nos musées font le plein chaque jour et les chaînes qui se font devant ces locaux conservateurs de la mémoire et de l’art de nos ancêtres s’étendent sur des kilomètres. Il y a là des familles entières qui ont fait le voyage d’un peu partout pour venir admirer ces petites merveilles exposées là et qui invitent les visiteurs à imaginer ce que pouvait être la vie en ces temps reculés dans cette Algérie que se sont disputées bien des civilisations, cette Algérie convoitée conquise et reprise à chaque fois par ce peuple rebelle que rien ni personne n’a vraiment réussi à assujettir. Vous avez là des outils d’époque, des statuettes, des mosaïques, des lampes à huile, des fragments de pierres aux inscriptions libyques et romaines, des manuscrits du Saint Coran que des mains expertes avaient recopié, et des scribes qui ont consacré leur vie à préserver et à conserver ces écrits qui éclairent et qui illuminent. Les enfants curieux et assoiffés de savoir assaillent de questions le conservateur qui, avec un large sourire, explique à ces têtes brunes émerveillées l’Histoire de leurs ancêtres pour qu’ils puissent se retrouver et asseoir leur identité propre.

    Sur les sites archéologiques, le guide est harcelé par la multitude de visiteurs qui veulent tout savoir sur la ville antique qui se dressait sur ce mamelon, sur cette citadelle dont les fortifications sont encore là, témoins impassibles de batailles et de luttes. Le guide, formé à bonne école, a une explication pour tout et sa description imagée laisse voyager les esprits qui, pris dans l’histoire savamment racontée, en sont jusqu’à entendre le cliquetis des armes, les cris et le fracas de la bataille.

    Un cours d’Histoire grandeur nature, un cours d’histoire qui se matérialise et dont les fils conducteurs sont ces remparts qui se dressent défiant le temps et les Hommes.


    Ceci est de la pure fiction, une vue de l’esprit, une description de ce qui aurait dû être, de ce qui doit être. Hélas, la réalité est tout autre, une réalité dure et amère que l’on veut occulter, c’est comme on dit chez nous «cacher le soleil avec un tamis». Dans nos musées c’est le calme plat, c’est le désert, la disette, et c’est à peine si une dizaine de visiteurs par jour daigne y faire un saut, pour tuer le temps, pour juste voir à quoi ça ressemble, sans plus. L’on n’a pas vu des bousculades devant les portes d’entrée de nos musées, encore moins des bus entiers pleins à craquer qui arrivent sur un site archéologique pour déverser des visiteurs venus découvrir ces pierres qui parlent et qui racontent. Il n’en est rien et tout le monde chôme et se complait dans cette «activité».

    Ces hauts lieux de l’Histoire ne ressuscitent qu’à l’occasion de la visite d’un groupe de touristes étrangers, qui savourent et se délectent de ces lieux qui symbolisent la marche de l’Homme et les progrès qu’il a fait depuis ces temps immémoriaux à nos jours. Chez nous, encore hélas, l’ignorance et la méconnaissance de ces lieux ont fait que ce type de visite est assimilé à une perte de temps parce que tout simplement l’école et la société toute entière n’ont pas joué leurs rôles respectifs, l’école pour ne pas avoir su insuffler aux enfants cette soif de savoir, cette curiosité et cette stimulation nécessaires pour induire cette passion de l’Histoire, premier socle et premier creuset de l’identité. La société pour ne pas avoir pris le relais en organisant des visites périodiques dans les musées et sur les sites, de ne pas avoir pris l’initiative d’organiser des colloques, des festivals, des concours de recherche sur l’histoire et inviter tout le monde à ces manifestations culturelles. Nos musées se sont étiolés et se sont sclérosés pour mourir dans l’anonymat.

    Et comme si ce désastre, cette catastrophe culturelle, ne suffisait pas, on a multiplié par 10 les prix des billets d’accès à ces musées et à ces sites. C’est le coup de grâce. Le KO technique. Le coup de massue fatal qui s’abat sur les quelques rescapés de cette indigence culturelle générale et généralisée. Comment cela se peut-il ? Si on n’a que quelques visiteurs, dont le nombre se compte sur le bout des doigts, on se surpasse dans l’art de faire disparaître ce qui subsiste malgré tout en décrétant pareille mesure. C’est ce qui s’appelle de la cécité culturelle, c’est mettre la charrue avant les bœufs, un surréalisme tout algérien.

    Par Mohamed Rahmani- La Tribune

  • #2
    bonjour

    La culture dont parle l'auteur de l'article est une a-culture, c'est une conception bourgeoise qui consacre les musées, les studios, les livres, le cinéma et autres boites comme tombeaux et cimetières des cultures humaines, celles là qui ont été réellement vécues.

    Le système techno-scientifico-économique chasse et tue la Culture. Les chiffres, leur croissance ou décroissance remplacent les sens.

    La Culture c'est l'ensemble des solutions aux problèmes et au questions sociales et existentielles. La culture cherche à résoudre ces problèmes et questions par le dialogue permanent entre les hommes, et entre l'homme et son environnement.

    Le système techno-scientifico-économique cherche toujours à résoudre tous les problèmes et toutes les questions par les chiffres, les calcules, les statistiques, la croissance, l'innovation techno-scientifique, le productivisme. Le système techno-scientifico-économique a imposé sa logique, il a colonisé l'imaginaire des élites et des éduqués.

    Une culture se vit; ce sont les habitudes, les comportements, les attitudes, les gestes, les paroles, les façons de travailler, de manger, de produire, de créer, de construire, de s'habiller, ce sont les sens données à chacune de ces choses et aux relations sociales, aux relations à la Vie, à la mort, à l'environnement. La Culture est un art de Vivre (ce n'est pas le télé-iphone-métro-boulot-télé-iphone-dodo). Et chaque Culture est un tableau vivant sans cesse recevant des coups de pinceaux de toutes les couleurs.

    L' A-culture moderne est un monde aseptisé, carré, dure, rigide appartenant aux experts, aux spécialistes, aux professionnels.
    Dernière modification par Gandhi, 06 mars 2013, 12h15.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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    • #3
      @Gandhi : Je suis parfaitement d'accord avec ton point de vue.

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      • #4
        La culture dont parle l'auteur de l'article est une a-culture, c'est une conception bourgeoise qui consacre les musées, les studios, les livres, le cinéma et autres boites comme tombeaux et cimetières des cultures humaines, celles là qui ont été réellement vécues.
        Non pas du tout d'accord...

        Il faut remonter au temps anciens pour comprendre la distinction, si tu t'arrête à un concept politique c'est sûr que tu aura une perception biaisée...

        Dans la cité romaine il y avait plusieurs "castes" si on puis dire. Elles ne sont pas aussi rigides qu'elles ne le sont restées dans le modèle Indien/Hindouiste. On peut dire que la Culture c'est l’attribut d'une caste, qui la différencie d'une autre caste, qui a ses propres habitus et donc sa propre culture.

        Dans la cité romaine, il a le militaire et le civile. La culture militaire n'a rien à voir avec la culture civile. Mais les deux cultures peuvent communiquer, c'est même l'essence même de la Culture.

        Dans la cité romaine, l'ingénieur s'occupe de trouver des solutions pour que les troupes soient prêtes au combat. L’architecte trouve les solutions à l'édification de la cité...

        L'Essence même de la culture c'est la Langue et le langage, qui permet de tracer les contours d'une civilisation et de sa culture, mais la culture peut être le fruit d'un groupe ou d'une caste.

        La politique c'est la connerie par laquelle on en arrive à bruler une culture ou une civilisation !

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