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L'esclavage en terre d'islam : Un tabou bien gardé.

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  • L'esclavage en terre d'islam : Un tabou bien gardé.

    L'esclavage en terre d'islam. Le regard d'un anthropologue

    L'anthropologue Malek Chebel montre dans L'esclavage en terre d'islam (Fayard, septembre 2007, 496 pages) comment une culture esclavagiste s'est greffée sur l'islam. Il a justement sous-titré son ouvrage Un tabou bien gardé.

    Il s'agit non d'un livre d'histoire mais d'un récit de voyage ethnographique émaillé de références littéraires.





    Spécialiste du monde musulman, l'anthropologue Malek Chebel s'est penché sur un sujet rarement abordé : l'esclavage en terre d'islam, sans se limiter aux traites négrières.
    Il évoque les anciens trafics d'esclaves blancs mais aussi les trafics humains qui perdurent dans maints pays sous des formes plus ou moins édulcorées.
    Le livre fondateur de l'islam évoque l'esclavage dans pas moins de 25 versets sans le condamner formellement.

    «Le Coran n'étant pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. Cette ambiguïté est constitutive de l'approche coranique : encourager ceux qui font le bien, mais ne pas alourdir la peine de ceux qui ne font rien, écrit Malek Chebel. Plusieurs versets entérinent au demeurant l'infériorité de l'esclave par rapport à son maître».
    Inhumanité de l'esclavage

    Le calife Omar (581-644) est à l'origine d'une législation qui interdit de mettre en servitude un musulman. Cette législation va être très vite détournée par l'usage, les élites n'ayant de cesse de multiplier les restrictions à l'affranchissement des esclaves convertis à l'islam. Elle va d'autre part pousser les musulmans à chercher des esclaves hors de leurs terres, c'est-à-dire en Afrique noire et en Europe orientale.

    Rapidement, l'esclavage devient un fait central des sociétés musulmanes, comme il l'a été des sociétés grecque et romaine. «Nulle part on ne trouve contre lui d'opposition ou de réprobation», note l'auteur en rappelant que les plus grandes figures intellectuelles de l'islam ont été comme les autres de grands propriétaires d'esclaves.

    Malek Chebel rapporte in extenso trois codes régissant l'esclavage en terre d'islam. À travers des références littéraires, en premier lieu les Mille et une Nuits, ainsi que de nombreux récits de voyageurs, il dépeint aussi le statut des esclaves, leur déshumanisation par la privation de nom et leur exploitation à des fins sexuelles, qu'il s'agisse des concubines destinées à assouvir les plaisirs de leur maître ou des eunuques chargés de les garder.

    Toujours d'actualité

    Le monde musulman n'étant pas un bloc homogène, l'auteur analyse région après région les traces laissées par l'esclavage et ce qu'il en reste.
    Dans beaucoup de régions perdure l'esclavage «de traîne» : il affecte les descendants d'esclaves qui portent le fardeau de leur hérédité ; ainsi ne peuvent-ils par exemple épouser une femme de classe supérieure.

    Sur la côte sud de l'Iran subsiste une communauté issue des anciens esclaves noirs qui parle arabe, pratique le sunnisme et entretient des coutumes d'origine africaine. En Arabie, malgré la répétition des édits abolitionnistes, l'esclavage perdure de fait, avec une relative discrétion. Il concerne des ressortissants africains, sans parler des travailleurs asiatiques dont le sort est proche de la servitude.

    L'esclavage demeure présent aussi dans les régions sahariennes (Libye, Niger, Tchad, Mali...) sans qu'on puisse en chiffrer l'importance. Cédant à la pression des ONG, un chef targui du Niger, Amrissal Ag Amdague, a accepté le 10 mars 2005 de libérer 7.000 esclaves coutumiers contre espèces sonnantes et trébuchantes ! En Mauritanie, l'esclavage des Noirs (Harratine) par les Bédouins est une réalité prégnante dont l'auteur a lui-même pris la mesure lors de ses voyages...

    Autant dire que la lutte contre l'esclavage demeure d'actualité et cet ouvrage permet de s'en convaincre. Malek Chebel le rappelle avec justesse : «l'esclavage est la pratique la mieux partagée de la planète, c'est un fait humain universel».

    André Larané.

  • #2
    Il n'était jamais tabou car il était aux antipodes de l'esclavagisme trans atlantique. La plupart des esclaves étaient des prisonniers de guerres. Et ce n'était pas lié a un racisme anti noir.

    Comment expliquez-vous que le Coran décrit l'affranchissement des esclaves comme une vertue trés haute et trés élevée ( Al 3aqaba)?

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    • #3
      Il n'était jamais tabou car il était aux antipodes de l'esclavagisme trans atlantique. La plupart des esclaves étaient des prisonniers de guerres. Et ce n'était pas lié a un racisme anti noir.
      wach man prisonniers de guerre ?
      ce a toujours été un commerce lucratif pratiqué par tout le monde ,musulmans compris..
      que ca soit la traite négriere ou la traite des "blanches"...
      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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      • #4
        Il faut différencier entre l'histoire du monde Musulman et l'Islam. En Islam, franchir un esclave est un acte tellement noble qu'il est décrit par 3aqaba.

        Avec une petite équation on arrive a comprendre que l'Islam a combatu l'esclavage grace a l'affranchissement des esclaves. Et les esclaves en Islam étaient genre de bonnes a tout-faire. Je n'aime pas déja cette définition. Souvent ils étaient appell Jarya, khadima, khadim ect.

        Tu crois qu'ils ressemblaient a l'esclavage transatlantiques, tu as le droit de croire a cela mais ce n'est pas la vérité.
        Dernière modification par Invité, 21 mars 2013, 18h08.

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        • #5
          oui ok, le livre traite de l'esclavage en terre d'islam , donc on parle bien du monde musulman et non de la religion musulmane ..
          d'un point de vue historique , le commerce des esclaves a toujours été une activité florissante dans les pays musulmans , que ca soit à travers les routes sahariennes ou les raids maritimes contre les villages côtiers méditérranéens..
          ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
          On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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          • #6
            Tu crois qu'ils ressemblaient a l'esclavage transatlantiques, tu as le droit de croire a cela mais ce n'est pas la vérité.
            l'esclavage transatlantique a pris ces proportions car la demande en main d'oeuvre était grande eu égard aux surfaces agricoles que le nouveau monde offrait..mais en finalité , le principe d'asservissement est identique ..
            ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
            On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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            • #7
              Mais de qui se moque-t-on encore ? C'est quoi qu'ils appellent tabou ? Mais bon Dieu qui dans ce bas monde ignore encore qu'il y a eut en terre d'Islam, de l'esclavagisme ? Les mêmes débiles qui viennent t'expliquer que les musulmans ont commit le génocide de 80 millions d'indiens au moyen-âge ? Charlatans haineux !

              Les musulmans ne seraient donc pas des hommes parfaits ?

              L'esclavage existe depuis la nuit des temps, l'Islam a bien évidemment vocation à l'éradiquer mais l'Islam n'a pas de baguette magique. C'est aux hommes d'agir, bien entendu fallait pas s'attendre à des miracles. Et force est de constater qu'en terre d'Islam, l'esclavagisme n'a presque jamais été éliminé.

              Mais n'importe qui de normalement constitué qui prendrait le temps de lire le Coran, y comprendra aisément que l'institution de degrés d'importances entre les êtres humains est la pire des infamies. Et la condition humaine a toujours été un des plus grand combat de l'Islam, et c'est tout a fait méprisant de ne pas le reconnaitre.

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              • #8
                Désolé pour l'initiateur du topic

                L'anthropologue Malek Chebel
                Esclave qu'il est, il en a certainement beaucoup de choses à raconter en la matière. Foutaise, pour un milliard de dollars je ne le lirai pas.

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                • #9
                  Mais bon Dieu qui dans ce bas monde ignore encore qu'il y a eut en terre d'Islam, de l'esclavagisme ?
                  Peu ou pas !

                  Par contre, en ce bas monde, il n'est pas de notoriété publique que l'esclavagisme ait été pratiqué en terre d'islam jusqu'au début du 20° siècle. D'où l'usage, par Chebel, du vocable "Tabou" !

                  • 1846 : abolition de l'esclavage en Tunisie,
                  • 1848 : abolition de l'esclavage en Algérie,
                  • 1876 : abolition de l'esclavage en Turquie,
                  • 1897 : abolition de l'esclavage à Zanzibar,
                  • 1922 : abolition de l'esclavage au Maroc,
                  • 1923 : abolition de l'esclavage en Afghanistan,
                  • 1924 : abolition de l'esclavage en Irak,
                  • 1929 : abolition de l'esclavage en Transjordanie,
                  • 1929 : abolition de l'esclavage en Iran,
                  • 1937 : abolition de l'esclavage à Bahreïn,
                  • 1949 : abolition de l'esclavage au Koweït,
                  • 1952 : abolition de l'esclavage au Qatar,
                  • 1968 : abolition de l'esclavage en Arabie saoudite,
                  • 1970 : abolition de l'esclavage à Oman.
                  • 1980 : la Mauritanie est le dernier pays à abolir l'esclavage.

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                  • #10
                    André Larané
                    Très peu pour moi.

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                    • #11
                      La plupart des esclaves étaient des prisonniers de guerres.
                      Je savais pas que les états d'Afrique du Nord étaient en guerre contre les bambaras, les toubous ou les fours. Des religieux musulmans d'Afrique sub saharienne se sont plaints que les "prisonniers" capturés au cours du Jihad et revendus étaient en fait des musulmans.
                      Et ce n'était pas lié a un racisme anti noir.
                      Il y avait des préjugés et des stéréotypes envers les peuples sub sahariens, mais ce n'est pas le racisme biologique du 19 eme siecle.
                      Comment expliquez-vous que le Coran décrit l'affranchissement des esclaves comme une vertue trés haute et trés élevée ( Al 3aqaba)?
                      Oui, et en même temps, selon certains hadiths, l'esclave fugitif est maudait par les anges.
                      C'est aux hommes d'agir, bien entendu fallait pas s'attendre à des miracles
                      Et le miracle est arrivé au 19 eme et au 20 eme siecle.

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                      • #12
                        Et le miracle est arrivé au 19 eme et au 20 eme siecle.
                        Ça serait un miracle le jour ou tu dénonces le vol d'une terre au nom du Judaisme. Ce jour-la. on prendrait tes paroles pour argent comptant.

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                        • #13
                          Et le miracle est arrivé au 19 eme et au 20 eme siecle.
                          Ce n'est pas la philantropie occidentale qui a aboli l'esclavage, c'est l'avènement de la machine à vapeur et de l'industrie! Amuse-toi à convertir ce qu'apporte 10 litres de pétrole en équivalent esclave, tu m'en diras des nouvelles. La machine a supplanté le besoin en esclaves! Les esclaves coutent plus cher à entretenir et causent plus de désagréments qu'une machine. Surtout lorsque comme les musulmans tu dois les traiter comme un membre de ta famille.
                          L'esclavagisme a malheureusement été une exigence civilisationnelle durant des millénaires. Il n'est pas dit que le monde n'y retourne pas en cas de "collapse" du système. Aanis, il faut prendre de la hauteur dans tes refflexions...
                          Enfin, ce n'est pas nous qui avons exploité la malédiction biblique de Cham! Et tu n'es pas sans savoir qu'un grand nombre de bateaux négriers étaient détenus par tes correligionnaires... Là aussi tu peux t'amuser à faire une petite recherche.
                          Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas? S21 V30

                          Commentaire


                          • #14
                            Malek Chebel

                            Un petit leche botte qui veux se faire entendre malgré tout ses diplômes il reste idiot ...... pourquoi ça on le saura jamais (rire sarcastique)

                            Mr l’intellectuel a fait de nombreuse recherches a mon avis et mon avis de lecteur me dit que si seulement ce Mr aurait fait de vrais au lieux de tout coller sur le dos de l'islam aurait peut être eu l’amabilité de préciser que l'islam a aboulie l'esclavage y a plus de 13 siècle de cela ... mais tellement préoccupé par la ventre de sa connerie au monde occidental ..

                            Alors clap clap Malek Chebel et bonne vente ... je vais relire l'enfant d'Hiroshima

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                            • #15
                              L'esclavage en terre d'islam

                              Après la mort du prophète Mahomet et la soumission de la péninsule arabe, les musulmans conquièrent les rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Multipliant les prises de guerre, ils prolongent dans ces régions l'esclavage à la mode antique. Ils inaugurent aussi une longue et douloureuse traite négrière qui va saigner l'Afrique noire jusqu'à la fin du XIXe siècle.

                              L'esclavage en terre d'islam est hélas une réalité qui dure comme le montre l'anthropologue Malek Chebel.

                              Islam et esclavage

                              Le Coran, texte sacré de l'islam, entérine l'existence de l'esclavage (voir la sourate XVI, Les abeilles) tout comme d'ailleurs les textes bibliques. Notons que le premier muezzin désigné par le Prophète pour l'appel à la prière est un esclave noir du nom de Bilal originaire d'Éthiopie.

                              La loi islamique ou charia, qui s'appuie sur le Coran et les dits du prophète (hadiths), considère qu'en pays d'islam, seuls sont esclaves les enfants d'esclaves et les prisonniers de guerre. Elle autorise d'autre part la réduction en esclavage de quiconque provient d'un pays non musulman (si un esclave vient à se convertir, il n'est pas affranchi pour autant).

                              Très tôt, du fait de la rapidité même de leurs conquêtes, les Arabes se heurtent à une pénurie d'esclaves. Ils ne peuvent asservir les populations des pays soumis à leur loi et se voient donc dans l'obligation d'importer en nombre croissant des esclaves des pays tiers, qu'ils soient ou non en voie d'islamisation.

                              Comme les chrétiens du haut Moyen Âge, ils s'abstiennent de réduire en esclavage leurs coreligionnaires mais cette règle souffre de nombreuses transgressions et l'on ne rechigne pas à asservir des musulmans, notamment noirs, au prétexte que leur conversion est récente (*).

                              Une économie fondée sur l'esclavage

                              L'esclavage devient rapidement l'un des piliers de l'économie de l'empire abasside de Bagdad du fait de très nombreuses prises de guerre et de l'avènement d'une très riche bourgeoisie urbaine. Pour s'en convaincre, il n'est que de lire Les Mille et Une Nuits, un recueil de contes arabes censés se dérouler sous le règne du calife Haroun al-Rachid, contemporain de Charlemagne.

                              Les harems du calife et des notables de Bagdad se remplissent de Circassiennes. Il s'agit de femmes originaires du Caucase et réputées pour leur beauté ; ces belles esclaves ont continué jusqu'au XXe siècle d'alimenter les harems orientaux en concurrence avec les beautés noires originaires d'Éthiopie. Pour les tâches domestiques et les travaux des ateliers et des champs, les sujets du calife recourent à d'innombrables esclaves en provenance des pays slaves, de l'Europe méditerranéenne et surtout d'Afrique noire. Ces esclaves sont maltraités et souvent mutilés et castrés.

                              D'autres esclaves et eunuques sont employés comme soldats et chefs de guerre par les différentes dynasties musulmanes, du Maroc aux Indes. Ces esclaves-là accèdent parfois à des fonctions élevées et parfois au pouvoir suprême. Ainsi en est-il des fameux Mamelouks d'Égypte, que Bonaparte devra combattre en 1798.

                              Esclaves blancs en terre d'islam
                              Dans les premiers temps de l'islam, les notables de Bagdad s'approvisionnent en esclaves blancs auprès des tribus guerrières du Caucase mais aussi auprès des marchands vénitiens qui leur vendent des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens.

                              À la fin du Moyen Âge, comme le vivier slave s'épuise du fait de la christianisation de l'Europe orientale, les musulmans se tournent vers les pirates qui écument la Méditerranée. Ces derniers effectuent des razzias sur les villages côtiers des rivages européens, y compris même dans l’océan Atlantique jusqu’aux limites du cercle polaire. En 1627, des barbaresques algérois lancent un raid sur l’Islande et en ramènent 400 captifs. Le souvenir des combats livrés par les habitants à ces pirates perdure dans... la tête de prisonnier maure qui sert d'emblème à la Corse.

                              On évalue à plus d'un million le nombre d'habitants enlevés en Europe occidentale entre le XVIe et le XVIIIe siècle, au temps de François 1er, Louis XIV et Louis XV. Ces esclaves, surtout des hommes, sont exploités de la pire des façons dans les orangeraies, les carrières de pierres, les galères ou encore les chantiers d'Afrique du nord (*). Des organisations chrétiennes déploient beaucoup d'énergie dans le rachat de ces malheureux, tel Miguel de Cervantès ou plus tard Saint Vincent de Paul.

                              En Europe orientale et dans les Balkans, pendant la même période, les Ottomans prélèvent environ trois millions d'esclaves.

                              Jusqu’au début du XIXe siècle, les princes de la côte nord-africaine tirent eux-mêmes de grands profits de la piraterie en imposant de lourds tributs aux armateurs occidentaux en échange de la garantie que leurs navires ne seraient pas attaqués par les pirates. En 1805, le président américain Thomas Jefferson lance une expédition navale contre le dey de Tripoli, en Libye, pour l’obliger à renoncer à ce rackett. Le dey d’Alger le poursuivra quant à lui jusqu’à la conquête française en 1830.

                              Esclaves noirs en terre d'islam

                              Si la traite des esclaves blancs a rapidement buté sur la résistance des Européens, il n'en a pas été de même du trafic d'esclaves noirs en provenance du continent africain.

                              La traite arabe commence en 652, vingt ans après la mort de Mahomet, lorsque le général arabe Abdallah ben Sayd impose aux chrétiens de Nubie (les habitants de la vallée supérieure du Nil) la livraison de 360 esclaves par an. La convention, très formelle, se traduit par un traité (bakht) entre l'émir et le roi de Nubie Khalidurat.

                              La traite ne va cesser dès lors de s'amplifier. Les spécialistes évaluent de douze à dix-huit millions d'individus le nombre d'Africains victimes de la traite arabe au cours du dernier millénaire, du VIIe au XXe siècle. C'est à peu près autant que la traite européenne à travers l'océan Atlantique, du XVIe siècle au XIXe siècle.

                              Le trafic suit d'abord les routes transsahariennes. Des caravanes vendent, à Tombouctou par exemple, des chevaux, du sel et des produits manufacturés. Elles en repartent l'année suivante avec de l'or, de l'ivoire, de l'ébène et... des esclaves pour gagner le Maroc, l'Algérie, l'Égypte et, au-delà, le Moyen-Orient. Au XIXe siècle se développe aussi la traite maritime entre le port de Zanzibar (aujourd'hui en Tanzanie) et les côtes de la mer Rouge et du Golfe persique.

                              Le sort de ces esclaves, razziés par les chefs noirs à la solde des marchands arabes, est dramatique. Après l'éprouvant voyage à travers le désert, les hommes et les garçons sont systématiquement castrés avant leur mise sur le marché, au prix d'une mortalité effrayante, ce qui fait dire à l'anthropologue et économiste Tidiane N'Diyae : «Le douloureux chapitre de la déportation des Africains en terre d'Islam est comparable à un génocide. Cette déportation ne s'est pas seulement limitée à la privation de liberté et au travail forcé. Elle fut aussi - et dans une large mesure- une véritable entreprise programmée de ce que l'on pourrait qualifier d'"extinction ethnique par castration"» (*).

                              Les contes des Mille et Une Nuits, écrits au temps du calife Haroun al-Rachid (et de Charlemagne), témoignent des mauvais traitements infligés aux esclaves noirs et du mépris à leur égard (bien qu'ils fussent musulmans comme leurs maîtres).

                              Ce mépris a perduré au fil des siècles. Ainsi peut-on lire sous la plume de l'historien arabe Ibn Khaldoun (1332-1406) : «Il est vrai que la plupart des nègres s'habituent facilement à la servitude ; mais cette disposition résulte, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, d'une infériorité d'organisation qui les rapproche des animaux brutes. D'autres hommes ont pu consentir à entrer dans un état de servitude, mais cela a été avec l'espoir d'atteindre aux honneurs, aux richesses et à la puissance» (Les Prolégomènes, IV). Ces propos précèdent de deux siècles la traite atlantique des Occidentaux.

                              Esclavage et décadence

                              Les contingents très importants de main-d'oeuvre servile ont contribué à la stagnation économique et sociale du monde musulman. Ils ont causé aussi de nombreux troubles. C'est ainsi qu'à la fin du IXe siècle, la terrible révolte des Zendj (ou Zenj, d'un mot arabe qui désigne les esclaves noirs), dans les marais du sud de l'Irak, a entraîné l'empire de Bagdad sur la voie de la ruine et de la décadence.

                              «Comparé à la traite des Noirs organisée par les Européens, le trafic d'esclaves du monde musulman a démarré plus tôt, a duré plus longtemps et, ce qui est plus important, a touché un plus grand nombre d'esclaves»
                              , écrit en résumé l'économiste Paul Bairoch (*). Cet auteur, ainsi que Tidiane N'Diaye, rappelle qu'il ne reste plus guère de trace des esclaves noirs en terre d'islam en raison de la généralisation de la castration, des mauvais traitements et d'une très forte mortalité, alors que leurs descendants sont au nombre d'environ 70 millions sur le continent américain.

                              Notons le parallèle avec les États arabes du Golfe Persique qui recourent massivement à des travailleurs étrangers tout en empêchant ceux-ci de faire souche sur place.

                              Alban Dignat

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