Université d’été d’ATTAC
Arles – 24 au 28 août 2001
La monnaie
Jean-Marie Harribey
On pourrait croire que l’inventaire de ses fonctions (instrument de mesure, d’échange et de réserve) suffit pour comprendre ce qu’est la monnaie. De plus, comme chacun en a une idée intuitive, ces fonctions sont suffisamment simples à saisir pour qu’on s’imagine que les économistes sont à peu près d’accord entre eux pour en faire une même analyse. Ce n’est pas le cas. On peut dire même que la monnaie concentre toutes les oppositions théoriques que l’on connaît en économie. Cela n’est guère étonnant dans la mesure où la monnaie est au centre de l’économie capitaliste et que cette celle-ci fait l’objet d’analyses très différentes.La plupart des manuels et des ouvrages d’économie sur la monnaie disent qu’il existe deux conceptions théoriques de la monnaie. C’est faux. Le débat théorique entre les économistes ne se résume pas à cela. Il est beaucoup plus riche et beaucoup plus complexe. Il est d’autant plus intéressant de connaître l’ensemble de ces conceptions que celles qui sont le plus souvent délaissées par les économistes sont celles qui sont le plus utile d’une part pour analyser et critiquer le système économique qui a érigé l’argent en valeur suprême, et d’autre part pour montrer que l’économie s’insère dans une organisation sociale et qu’il n’y a aucune loi économique naturelle. Cette démarche théorique permet alors de justifier la maîtrise par la société, c’est-à-dire la maîtrise politique, des questions monétaires et financières que l’on ne peut laisser dans les mains du marché, sous peine de voir la marchandisation du monde s’achever. On va présenter d’abord les conceptions théoriques de la monnaie et ensuite la place et le rôle de la monnaie dans le contexte de financiarisation du capitalisme.
1. Qu’est-ce que la monnaie ? Les conceptions théoriques de la monnaie
On peut classer les conceptions théoriques de la monnaie en quatre catégories. Les deux premières sont celles qui sont habituellement présentées : il s’agit de la conception commune aux classiques et néoclassiques et de la conception keynésienne. Les deux autres sont plus rarement évoquées : il s’agit de la conception marxienne et de la conception que l’on va appeler anthropologique, faute de mieux et parce qu’on ne peut la rattacher à un auteur unique. L’ordre de la présentation est important parce que, bien que ces conceptions soient souvent antagoniques, plus on s’avance vers les dernières, plus on a affaire à des conceptions englobantes. La seconde est plus générale que la première, la troisième que la seconde, etc.
La suite ici : http://harribey.u-bordeaux4.fr/trava...ac-monnaie.pdf
Un cours sur la monnaie : http://harribey.u-bordeaux4.fr/trava...naie/po-mo.pdf
Commentaire