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préhistoire mauritanienne

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  • préhistoire mauritanienne

    Dans les Humides, le Sahara Occidental avait un aspect sahélien, voire tropical, avec de grands fleuves alimentant d'immenses lacs où prospéraient hippopotames et crocodiles, et une steppe arborée dense abritant une grande faune (éléphants, rhinocéros, girafes). Dans les périodes sèches, son aspect redevenait sahélien ou saharien et seule subsistait une plus petite faune : gazelles, antilopes, oryx, phacochères, autruches dans la savane, poissons et crocodiles dans les marigots.
    Les périodes à plus grande pluviosité furent celles de l'installation et du développement de peuplements préhistoriques, à vie essentiellement axée sur la cueillette, la pêche et la chasse (économie de prédateurs-cueilleurs). Lors des interphases, les humains ont dû partiellement ou totalement disparaître.
    Les outillages les plus anciens, du Paléolithique, sont datés entre -700.000 ans (Pebble culture) et - 100.000 ans (Acheuléen). Un des grands sites paléolithiques est celui d'El-Beyed, au nord-est de l'Adrar (près du Guelb-er-Richat), au sol jonché de galets taillés, de bifaces et de hachereaux. Mais on trouve des gisements dans l'Adrar même, aux outils mélangés aux cailloux. Un hiatus semble exister ensuite, probablement par suite d'un plus grand Sec.
    Grâce à des précipitations abondantes entre -40.000 et -20.000 ans, les civilisations postérieures (fin de l'Acheuléen, Atérien) connurent une longue période favorable. Si l'on rencontre quelques sites côtiers (Tintan), la plupart sont dans l'intérieur, et si l'on retrouve le nom d'El-Beyed (outre Tiriss, Fdérik, Bir-Moghrein), c'est en raison d'une prospection plus attentive en certaines régions, celles d'accès le plus facile. La caractéristique de l'Atérien, venu du Maghreb où il est bien connu, est l'existence de pédoncules sur la plupart des outils, armatures comme grattoirs.
    Après un autre, et long, intermède de sécheresse (jusqu'à - 12.000), une nouvelle phase humide favorisa la réinstallation humaine. Le paysage est alors de type soudanien au sud, et sahélien au nord, avec un réseau hydrographique de nouveau fonctionnel.
    Il y 8.000 ans environ, arrivent du Maghreb des vagues de populations néolithiques les unes colonisant la côte jusqu'au Sénégal (N. de tradition ibéro-maurusiennne et capsienne), les autres l'intérieur des terres (N. de tradition soudanienne). Si l'on en croit l'abondance, la répartition et la richesse des gisements, ces Néolithiques représentaient une population nombreuse, ayant trouvé en Mauritanie des conditions favorables pour exercer ses activités de pêche, de chasse, de cueillette et, bientôt d'élevage et d'agriculture.
    On connaît assez bien un de ces groupements, établi il y a 4.000 ans sur les rives de l'immense lac de l'Aouker et dont le pourtour est jalonné d'innombrables vestiges. Les conditions étant propices, ces Néolithiques se sont sédentarisés, partageant leurs activités entre chasse, pêche, élevage d'ovins et bovins et (probablement) culture céréalière.
    Ils quitteront progressivement les alentours de ce lac pour gagner les falaises (le Dhar Tichitt) le bordant au nord et au nord-est sous une double contrainte : d'insécurité probablement, les sédentaires excitant généralement la convoitise des nomades, et d'apparition d'une nouvelle phase de sécheresse, perdurant encore, rendant plus difficile la vie en plaine.
    Installés sur le plateau entre Tichitt et Oualata, ces Néolithiques vont bâtir de véritables villages de pierre, avec maisons, enclos et rues, qui devaient abriter chacun 2 ou 3.000 personnes. A ce jour 300 villages environ ont été mis au jour, mais bien des parties du Dhar n'ont pas été explorées. On y a trouvé des meules à grain, des poteries, des armatures et des haches polies et de curieuses billes de pierre, de destinée inconnue ; ne possédant pas de pierre dure, ils utilisaient des pointes de flèches polies et importaient des coquillages depuis la côte. Ces villages se trouvaient soit en haut de la falaise, soit dans les vallées qui la coupent. Les fouilles faites notamment par Denise et Serge Robert permettent de se représenter leur vie sociale, très organisée. Ils consommaient melons, petit mil, baies de lotus et de micocoulier, élevaient bœufs et chèvres, chassaient panthère et phacochère, pêchaient tortues et poissons. Les habitants y sont restés jusqu'à une date (relativement) récente (-500/-1000), vivant de moins en moins bien de la pêche et de l'agriculture, toujours de l'élevage, et certainement de la cueillette.
    Leur disparition fut sans doute le fait à la fois de l'aggravation climatique et de l'invasion progressive du pays par des Berbères venus du nord quelques siècles avant notre ère. Avec eux, ils apportaient la métallurgie et ils supplantèrent les populations autochtones, les poussant à fuir vers le sud et le sud-ouest.
    On en retrouve la trace dans le Tagant (agriculteurs Gangara) et dans les plaines du Hodh et du Kaarta : les fondateurs de l'empire du Ghana, empire agricole et commerçant, pourraient être les anciens habitants du Dhar Tichitt.
    Sur la côte, autour des golfes, lagunes et rias, put se développer une économie entièrement basée sur les ressources halieutiques, pêche bordière et ramassage de coquillages. D'énormes amas coquillers sont les vestiges des sites occupés par les pêcheurs, restes ichtyologiques, cendres et outillages y étant mêlés (kjökkenmöding).
    Les Néolithiques, outre leurs industries osseuses et lithiques, ont laissé de nombreuses peintures et gravures rupestres, notamment dans le Zemmour et les régions d'Atar et de Tichitt. La centaine de sites recensée révèle un art dans l'ensemble assez médiocre. Les plus anciennes stations (7.000 ans) représentent les grands herbivores de la faune de savane ; puis succèdent la phase bovidienne (4000 ans), la phase équine (1000 ans), enfin cameline (début de notre ère).
    Dans le même temps où perdurait la civilisation Néolithique, apparaissait une métallurgie du cuivre, favorisée par la présence de minerais cuprifère. Akjoujt fut le principal site d'extraction, encore exploité de nos jours. Les vestiges de cette industrie, sous forme d'armatures, aiguilles, haches, etc, sont relativement rares, l'explication retenue étant le ramassage et la réutilisation par les nomades.
    Depuis 2.000 ans, la Mauritanie a pratiquement son faciès actuel, sahélien dans le sud, saharien dans le centre et le nord, avec de faibles fluctuations humides.

    Par jean-pierre duhard
    dz(0000/1111)dz
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