Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Linda Amiri, historienne : «La Fédération de France du FLN n’a pas la reconnaissance qu’elle mériterait en Alg

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Linda Amiri, historienne : «La Fédération de France du FLN n’a pas la reconnaissance qu’elle mériterait en Alg

    Écrit par Nordine Azzouz

    Reporters : Vous êtes historienne spécialiste de l’immigration algérienne et de sa relation avec le mouvement national et la guerre de Libération en particulier. A l’heure où nous commémorons l’anniversaire du 1er Novembre 1954, que peut-on aujourd’hui dire de définitif de la relation entre la diaspora algérienne en France et la question nationale ?

    Linda Amiri : Les derniers travaux historiques algériens et étrangers ont permis de réévaluer le rôle de la Fédération de France du FLN, d’une part, mais également de l’immigration algérienne dans son ensemble. Pour reprendre les termes de Benedict Anderson, je dirai que la nation algérienne a d’abord été «une communauté imaginée» dans l’exil. Il faut se souvenir que c’est à Paris puis à Nanterre que l’Etoile nord-africaine et le Parti du peuple algérien ont été créés. L’exil a façonné sa perception de la nation (plurielle), tout en lui permettant de conserver ce lien intrinsèque avec le pays. Pour revenir sur le 1er Novembre 1954 et la guerre d’indépendance algérienne dans son ensemble, je dirai que l’immigration a joué un rôle déterminant tant sur le plan politique que financier. Mais à l’inverse des militants de l’intérieur, elle a connu une guerre civile tragique qui fit opposer les militants FLN et ceux du Mouvement national algérien. Enfin, la consultation des archives algériennes montr que la Fédération de France du FLN, par l’importance des fonds qu’elle a pu lever auprès des immigrés, a permis au GPRA de lui garantir une indépendance financière. Chose ô combien importante pour éviter toute ingérence.

    Cette question m’amène à vous en poser une autre… Vous avez travaillé en particulier sur la Fédération de France du FLN. Qu’était-ce que l’idée nationale chez les Algériens de France avant Novembre 1954. Et comment cette idée s’est-elle exprimée et déployée sur le terrain après Novembre et jusqu’à la fin de la guerre de Libération ?

    L’idée nationale a divisé les cadres de la Fédération de France du PPA-MTLD lors de la crise dite berbériste, à laquelle l’immigration joua un rôle important. Il y a toujours eu deux tendances au sein des militants nationalistes de l’immigration : ceux qui adhéraient à l’idée d’une nation algérienne arabo-musulmane telle qu’elle était prônée par Messali Hadj, et ceux qui, au contraire, revendiquaient une nation algérienne plurielle. Cette dernière vision incluait une revendication de la question berbère. Durant la guerre d’indépendance, ces deux «clans» se sont rejoints dans l’idée nationale telle qu’elle était revendiquée par le FLN. Mais dès 1962, on retrouve le même clivage, avec toujours en ligne de fond la question berbère. A ce sujet, rappelons que l’Académie de la culture berbère fut créée dans l’immigration, à Paris, en 1966.

    A-t-on, selon votre avis, tout dit de la Fédération de France ? Et jouit-elle aujourd’hui de la place qu’elle mérite dans ce qu’on pourrait appeler le «panthéon» du nationalisme algérien ? Cela après que son histoire eut été longtemps occultée en Algérie et sans doute mise entre parenthèses en France…

    Après dix ans de recherches, je peux clairement vous affirmer que non, nous n’avons pas tout dit sur la Fédération de France du FLN. Son étude constitue un champ de recherches complexe, qui touche à la fois l’histoire de la guerre d’indépendance, l’histoire de l’immigration, mais aussi l’histoire diplomatique et l’histoire des sociétés européennes. C’est un champ d’études qui se révèle très novateur, et qui permet de mieux comprendre la place que l’immigration algérienne a pu jouer dans la stratégie politique et militaire du FLN. Mais il n’y a pas que cet aspect-là. Se pose également la question de l’héritage historique de cette Fédération de France auprès des organisations révolutionnaires post-1962. Avec d’autant plus de force que lorsqu’on lit le manuel de guérilla urbaine de Carlos di Mariguella, on est frappé par le rapprochement que l’on peut faire avec l’action militaire de la Fédération de France du FLN en matière justement de guérilla urbaine. A mon sens, la Fédération de France du FLN n’a pas la reconnaissance qu’elle mériterait en Algérie. Je ne parle pas seulement de son rôle dans le panthéon du nationalisme, ni de celui de ses cadres, je parle également de cette foule d’immigrés anonymes qui ont été la cheville ouvrière de cette même fédération.

    Parlons maintenant de réception. En Algérie, le flux générationnel fait que les jeunes se sentent moins concernés par l’histoire du nationalisme et de la guerre de Libération. Ceux qui se sentent concernés, par l’impact de l’appareil universitaire, l’abordent sous un angle glorifiant, passant sous silence la richesse et la complexité des acteurs et des faits qui ont fait cette histoire. Comment cela se passe-t-il en France ? Quel regard et quelle relation les jeunes issus de l’immigration, comme il est dit, reçoivent cette histoire ? Y a-t-il intérêt ou dédain ? Et pourquoi ?

    C’est une question complexe, mais j’aurais tendance à dire que l’intérêt pour l’histoire de la Fédération de France du FLN, et plus généralement de l’histoire de l’immigration algérienne, est important en France. L’exposition «Vie d’exil» des Algériens en France pendant la Guerre d’Algérie que j’avais dirigée conjointement avec Benjamin Stora, a été un vrai succès. Nous célébrons cette année les 30 ans de la marche pour l’égalité et contre le racisme, cet événement renvoie aux luttes passées. C’est d’ailleurs les enfants d’immigrés qui ont été les premiers à revendiquer la reconnaissance du 17 octobre 1961.

    Une toute dernière question… Quels champs n’a-t-on pas encore explorés de l’histoire de l’immigration dans sa relation à l’idée nationale ? Et quel intérêt scientifique représentent-ils pour comprendre aussi l’histoire algérienne telle qu’elle se décline dans la diaspora et dans son rapport à l’autre histoire, celle de la France coloniale ou pas ?

    La Fédération de France du PPA-MTLD est encore mal connue, même s’il existe quelques travaux sur le sujet. Je pense qu’il est essentiel de revenir sur cette histoire afin de mieux comprendre ce qui se joua en immigration entre 1954 et 1962 et notamment la lutte FLN-MNA. Mais de manière générale, il serait intéressant de travailler sur une étude «par le bas» afin de mieux comprendre la manière dont la base percevait la question nationale. Enfin, il est aussi essentiel aujourd’hui de s’interroger sur les espaces de voisinage de la guerre d’indépendance que ce soit en Europe ou au Maghreb, afin de pouvoir avoir des éléments de comparaison avec l’immigration algérienne en France.

    reporters.dz
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    L’idée nationale a divisé les cadres de la Fédération de France du PPA-MTLD
    Heureusement qu'en notre métropole , l'histoire a prit une autre tournure , et que le FLN face a l'inertie de ces partis autistes gangrénés par le zaimisme et les débats creux a décidé de passer a l'action et écraser ces partis pour mieux combattre le colonialisme francais.

    Commentaire

    Chargement...
    X