«Affrontements intercommunautaires», «Conflit confessionnel», «Ibadites», «Malékites», «Mozabites», «Chaâmbas», «Fitna», «Majliss el Aâyane», «Violences cycliques», «Médiation», «Manipulation», «parti pris de la police», «Initiative Sellal»… Autant de mots-clés qui reviennent en boucle quand on tape «Ghardaïa» sur Google. Autant d’«éléments de langage» qui appellent réflexion. A Ghardaïa, on slalome entre les pierres et les récits, au point de se perdre dans l’écheveau des venelles et des interprétations. «Les nations elles-mêmes sont des narrations», écrit Edward Saïd dans Culture et Impérialisme. Les conflits aussi, sommes-nous tentés d’ajouter. A chacun sa lecture, son background, ses pulsions. Dès lors, trouver les mots justes pour dire ce qui se passe se révèle une tâche particulièrement ardue, et les guillemets sont plus que jamais de mise. Aussi avons-nous jugé utile de proposer ce petit travail de déconstruction d’une terminologie ô combien rebattue, et dont on ne mesure pas toujours la portée sémantique. La complexité et la précipitation des événements nous dictent un devoir de pédagogie pour sortir de la confusion des concepts. Tentative d’explication à travers cet abécédaire non-exhaustif des «mots-balises» et des narrations structurantes du M’zab.
ABDERRAHMANE EL KERTHI
C’est le nom d’un illustre savant ibadite du XIIIe siècle. C’est aussi le nom du Conseil des notables des tribus de la Vallée du M’zab. Dans l’architecture politico-sociale mozabite, il faut savoir qu’il existe deux hautes institutions «orfia» (traditionnelles). Le Conseil du Cheikh Ba Abderrahmane El Kerthi («Ba» étant un titre honorifique) est chargé de gérer les affaires temporelles, sorte d’instance politique qui chapeaute les sept cités du M’zab, tandis qu’un autre conseil, dénommé «Ammi Saïd» (du nom d’un autre savant ibadite du XVe siècle, en l’occurrence Abou Othmane Saïd Ben Yahia Al Djerbi), se charge, lui, des questions religieuses et des fatwas. Le 31 décembre dernier, une dépêche de l’APS relayait un communiqué du Conseil du Cheikh Ba Abderrahmane El Kerthi dans lequel cette instance a notamment appelé à «ouvrir une enquête transparente et approfondie pour identifier les auteurs (des derniers événements, ndlr) et leur infliger les sanctions les plus sévères, conformément aux principes de la République et en consécration des principes de citoyenneté et d’égalité devant la loi». Le communiqué a, en outre, insisté sur «la prise en charge urgente des victimes et leur assistance, ainsi que la préservation de la sécurité et de la quiétude, tout en œuvrant au renforcement du système juridique pour bannir et incriminer tout ce qui peut porter atteinte à la stabilité et la sécurité, qu’il s’agisse d’écrits ou de déclarations provocantes qui menacent l’unité de la nation et la cohésion nationale».
AFFRONTEMENTS
Alors que des milliers d’émeutes sont enregistrées chaque année en Algérie, à Ghardaïa on ne parle pas de révolte mais d’affrontements. Et pour cause : le plus souvent, il est question, dans cette wilaya, de clashes entre les deux grandes communautés qui peuplent la région. Il faut noter, à ce propos, que les derniers événements qui ont secoué la pentapole ne sont pas nouveaux, loin s’en faut. La Vallée du M’zab est même sujette à des violences cycliques. En 1975, la région avait connu des événements similaires à Béni-Isguen et Guerrara. En 1985, la ville de Ghardaïa fut ébranlée par le même type de violences, puis, respectivement, Berriane en 1991, Béni-Isguen et Melika en 2004, et de nouveau Berriane en 2008 et 2009, puis Guerrara en novembre dernier, pour ne citer que les incidents majeurs. Au cours de l’année 2013, la wilaya de Ghardaïa aura connu, en tout, pas moins de 9 «affrontements intercommunautaires» de différente intensité, à l’instar de ceux du mois de mai.
ABDERRAHMANE EL KERTHI
C’est le nom d’un illustre savant ibadite du XIIIe siècle. C’est aussi le nom du Conseil des notables des tribus de la Vallée du M’zab. Dans l’architecture politico-sociale mozabite, il faut savoir qu’il existe deux hautes institutions «orfia» (traditionnelles). Le Conseil du Cheikh Ba Abderrahmane El Kerthi («Ba» étant un titre honorifique) est chargé de gérer les affaires temporelles, sorte d’instance politique qui chapeaute les sept cités du M’zab, tandis qu’un autre conseil, dénommé «Ammi Saïd» (du nom d’un autre savant ibadite du XVe siècle, en l’occurrence Abou Othmane Saïd Ben Yahia Al Djerbi), se charge, lui, des questions religieuses et des fatwas. Le 31 décembre dernier, une dépêche de l’APS relayait un communiqué du Conseil du Cheikh Ba Abderrahmane El Kerthi dans lequel cette instance a notamment appelé à «ouvrir une enquête transparente et approfondie pour identifier les auteurs (des derniers événements, ndlr) et leur infliger les sanctions les plus sévères, conformément aux principes de la République et en consécration des principes de citoyenneté et d’égalité devant la loi». Le communiqué a, en outre, insisté sur «la prise en charge urgente des victimes et leur assistance, ainsi que la préservation de la sécurité et de la quiétude, tout en œuvrant au renforcement du système juridique pour bannir et incriminer tout ce qui peut porter atteinte à la stabilité et la sécurité, qu’il s’agisse d’écrits ou de déclarations provocantes qui menacent l’unité de la nation et la cohésion nationale».
AFFRONTEMENTS
Alors que des milliers d’émeutes sont enregistrées chaque année en Algérie, à Ghardaïa on ne parle pas de révolte mais d’affrontements. Et pour cause : le plus souvent, il est question, dans cette wilaya, de clashes entre les deux grandes communautés qui peuplent la région. Il faut noter, à ce propos, que les derniers événements qui ont secoué la pentapole ne sont pas nouveaux, loin s’en faut. La Vallée du M’zab est même sujette à des violences cycliques. En 1975, la région avait connu des événements similaires à Béni-Isguen et Guerrara. En 1985, la ville de Ghardaïa fut ébranlée par le même type de violences, puis, respectivement, Berriane en 1991, Béni-Isguen et Melika en 2004, et de nouveau Berriane en 2008 et 2009, puis Guerrara en novembre dernier, pour ne citer que les incidents majeurs. Au cours de l’année 2013, la wilaya de Ghardaïa aura connu, en tout, pas moins de 9 «affrontements intercommunautaires» de différente intensité, à l’instar de ceux du mois de mai.
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