Rédha Malek vient de publier aux éditions Casbah un ouvrage important qui suscite beaucoup d’intérêt.
Intitulé L’empreinte des jours, cette œuvre me rappelle étrangement sur le plan de la forme une œuvre de Taha Hussein, l’écrivain égyptien, El Ayyam (Les jours) où l’auteur égrène ce que la succession des jours a fait de lui. Elle me rappelle également, mais cette fois sur le plan du fond, Les pensées de Pascal, le philosophe, ainsi que Les maximes de La Rochefoucauld, tous deux écrivains français.
Ce rappel me permet d’affirmer que la lecture de l’ouvrage de Rédha Malek nous révèle un homme de haute culture, inspiré par les civilisations musulmane et occidentale. Les événements qui se sont succédé de 2004 à 2012 ont inspiré à notre auteur une réflexion profonde sur l’homme, sur les rapports entre les hommes, sur la société, sur les religions, sur les civilisations, mais aussi sur l’Algérie, sa Révolution et son devenir.
Rédigé après sa retraite de l’activité politique, cet ouvrage est donc le fruit d’une longue expérience, depuis son jeune âge : expérience qui lui a fait porter de lourdes responsabilités, mais qui lui a permis de se confronter aux grands de ce monde.
D’une lecture agréable et reposante, cette réflexion nous fait découvrir, petit à petit, la complexité de ce que fut pour l’opinion publique Rédha Malek et nous permet de mieux le connaître et le situer. Pour lui, trois thèmes principaux ont inspiré cette réflexion : la religion, le pouvoir et l’éthique. Dans l’avant-propos, nous lisons : «En parcourant ces textes, l’on constatera que trois thèmes majeurs s’en dégagent : la religion, le pouvoir, ainsi que le principe éthique, lequel, en s’intriquant dans les deux premiers, révèle du coup son importance cardinale».
Au-delà de ces thèmes, dégagés par l’auteur lui-même, il nous plaît de signaler que cet ouvrage contient des maximes qui, incontestablement, devraient servir de sujets à dissertation dans nos lycées. Nous allons en citer quelques-unes, au hasard, pour souligner leur importance. Page 144 : «L’arrogance tue le mérite» ; p 145 «En toute chose, sois d’abord ton propre juge. Agis en conscience et ne te fie pas trop au jugement des autres».
Ces deux maximes révèlent la modestie de l’auteur et sa simplicité .Une autre maxime nous apprend sa retenue et sa correction : «L’insulte est une vulgarité qui rabaisse celui qui la profère et pas forcément celui à qui elle s’adresse». A la page 210, nous découvrons le démocrate : «Je respecte l’autre pour lui-même. Je ne le connais pas, mais je m’imagine à sa place et l’imagine dans la mienne». A la page suivante : «Ne jamais faire état de ses mérites. S’ils sont réels, les autres, d’une façon ou d’une autre, s’en chargeront.» Et celle-ci : «La meilleure reconnaissance est celle des autres et non celle qu’on a pour soi.»
Ce sont là quelques maximes parmi beaucoup d’autres qui jalonnent l’ouvrage. Elles nous interpellent : elles nous permettent de mieux connaître l’auteur. Incontestablement un homme sage, correct, éduqué, à l’écoute d’autrui, un démocrate.
Un démocrate ? Certains le critiquent sur ce plan. Voyons comment il conçoit la démocratie. A la page 150, on lit : «La démocratie, ce n’est pas le refuge de la rue, mais celui de la citoyenneté, pas de démocratie sans citoyenneté et pas de citoyenneté sans éducation civique. L’esprit civique ne s’oppose pas à la foi religieuse, mais il ne lui est pas subordonné. Il balise par des lois la volonté d’une collectivité donnée de vivre ensemble, c’est-à-dire de constituer une nation.» La démocratie, ce n’est donc pas le populisme, la rue. C’est la citoyenneté, c’est l’éducation civique.
Ce n’est plus le penseur, le philosophe qui s’exprime, mais l’homme d’action, celui qui était engagé dans la responsabilité politique à un moment difficile de l’histoire de notre pays. Rédha Malek croit-il en la volonté populaire ? Apparemment non ! Puisque cette volonté doit être éduquée pour devenir citoyenne. Ce sont des étages que la société algérienne ne connaît pas encore. Pour Rédha Malek, la démocratie, chez nous est en «formation».
Son expérience de chef de gouvernement lui a permis de mieux connaître les rouages de l’Etat, par conséquent de porter des jugements sur son fonctionnement. A la page 148, on lit : «Mais là où l’Etat-nation est à parachever, la nation de citoyenneté est loin d’être acquise, le principe éthique est plus que jamais requis dans toute démarche de l’Etat. Il joue un rôle fondateur dans l’édification nationale… L’absence de ce principe éthique est grave.» «Au lieu d’ouvrir des perspectives lumineuses à la nation, dit-il, il réveille en elle les germes de la régression et de la dégénérescence.»
Cette pointe de pessimisme nous découvre les rapports de Rédha Malek avec les différents pouvoirs en Algérie et particulièrement avec l’armée. A la page 149, on lit : «Constitution : le problème n’est pas de renforcer les pouvoirs du président de la République ou d’élargir au contraire ceux du chef du gouvernement. Le problème est de dénouer d’abord les rapports armée-pouvoir civil. Tant que ces rapports sont de l’ordre de la subordination de l’un à l’autre, l’Etat continuera de boiter et les institutions politiques resteront de façade. De quel droit l’armée monopolise-t-elle le pouvoir, si ce n’est par la force ? Même en étant héritière de l’ALN et donc d’un instrument prestigieux de la Révolution, elle ne saurait exciper d’une légitimité obsolète. »
Intitulé L’empreinte des jours, cette œuvre me rappelle étrangement sur le plan de la forme une œuvre de Taha Hussein, l’écrivain égyptien, El Ayyam (Les jours) où l’auteur égrène ce que la succession des jours a fait de lui. Elle me rappelle également, mais cette fois sur le plan du fond, Les pensées de Pascal, le philosophe, ainsi que Les maximes de La Rochefoucauld, tous deux écrivains français.
Ce rappel me permet d’affirmer que la lecture de l’ouvrage de Rédha Malek nous révèle un homme de haute culture, inspiré par les civilisations musulmane et occidentale. Les événements qui se sont succédé de 2004 à 2012 ont inspiré à notre auteur une réflexion profonde sur l’homme, sur les rapports entre les hommes, sur la société, sur les religions, sur les civilisations, mais aussi sur l’Algérie, sa Révolution et son devenir.
Rédigé après sa retraite de l’activité politique, cet ouvrage est donc le fruit d’une longue expérience, depuis son jeune âge : expérience qui lui a fait porter de lourdes responsabilités, mais qui lui a permis de se confronter aux grands de ce monde.
D’une lecture agréable et reposante, cette réflexion nous fait découvrir, petit à petit, la complexité de ce que fut pour l’opinion publique Rédha Malek et nous permet de mieux le connaître et le situer. Pour lui, trois thèmes principaux ont inspiré cette réflexion : la religion, le pouvoir et l’éthique. Dans l’avant-propos, nous lisons : «En parcourant ces textes, l’on constatera que trois thèmes majeurs s’en dégagent : la religion, le pouvoir, ainsi que le principe éthique, lequel, en s’intriquant dans les deux premiers, révèle du coup son importance cardinale».
Au-delà de ces thèmes, dégagés par l’auteur lui-même, il nous plaît de signaler que cet ouvrage contient des maximes qui, incontestablement, devraient servir de sujets à dissertation dans nos lycées. Nous allons en citer quelques-unes, au hasard, pour souligner leur importance. Page 144 : «L’arrogance tue le mérite» ; p 145 «En toute chose, sois d’abord ton propre juge. Agis en conscience et ne te fie pas trop au jugement des autres».
Ces deux maximes révèlent la modestie de l’auteur et sa simplicité .Une autre maxime nous apprend sa retenue et sa correction : «L’insulte est une vulgarité qui rabaisse celui qui la profère et pas forcément celui à qui elle s’adresse». A la page 210, nous découvrons le démocrate : «Je respecte l’autre pour lui-même. Je ne le connais pas, mais je m’imagine à sa place et l’imagine dans la mienne». A la page suivante : «Ne jamais faire état de ses mérites. S’ils sont réels, les autres, d’une façon ou d’une autre, s’en chargeront.» Et celle-ci : «La meilleure reconnaissance est celle des autres et non celle qu’on a pour soi.»
Ce sont là quelques maximes parmi beaucoup d’autres qui jalonnent l’ouvrage. Elles nous interpellent : elles nous permettent de mieux connaître l’auteur. Incontestablement un homme sage, correct, éduqué, à l’écoute d’autrui, un démocrate.
Un démocrate ? Certains le critiquent sur ce plan. Voyons comment il conçoit la démocratie. A la page 150, on lit : «La démocratie, ce n’est pas le refuge de la rue, mais celui de la citoyenneté, pas de démocratie sans citoyenneté et pas de citoyenneté sans éducation civique. L’esprit civique ne s’oppose pas à la foi religieuse, mais il ne lui est pas subordonné. Il balise par des lois la volonté d’une collectivité donnée de vivre ensemble, c’est-à-dire de constituer une nation.» La démocratie, ce n’est donc pas le populisme, la rue. C’est la citoyenneté, c’est l’éducation civique.
Ce n’est plus le penseur, le philosophe qui s’exprime, mais l’homme d’action, celui qui était engagé dans la responsabilité politique à un moment difficile de l’histoire de notre pays. Rédha Malek croit-il en la volonté populaire ? Apparemment non ! Puisque cette volonté doit être éduquée pour devenir citoyenne. Ce sont des étages que la société algérienne ne connaît pas encore. Pour Rédha Malek, la démocratie, chez nous est en «formation».
Son expérience de chef de gouvernement lui a permis de mieux connaître les rouages de l’Etat, par conséquent de porter des jugements sur son fonctionnement. A la page 148, on lit : «Mais là où l’Etat-nation est à parachever, la nation de citoyenneté est loin d’être acquise, le principe éthique est plus que jamais requis dans toute démarche de l’Etat. Il joue un rôle fondateur dans l’édification nationale… L’absence de ce principe éthique est grave.» «Au lieu d’ouvrir des perspectives lumineuses à la nation, dit-il, il réveille en elle les germes de la régression et de la dégénérescence.»
Cette pointe de pessimisme nous découvre les rapports de Rédha Malek avec les différents pouvoirs en Algérie et particulièrement avec l’armée. A la page 149, on lit : «Constitution : le problème n’est pas de renforcer les pouvoirs du président de la République ou d’élargir au contraire ceux du chef du gouvernement. Le problème est de dénouer d’abord les rapports armée-pouvoir civil. Tant que ces rapports sont de l’ordre de la subordination de l’un à l’autre, l’Etat continuera de boiter et les institutions politiques resteront de façade. De quel droit l’armée monopolise-t-elle le pouvoir, si ce n’est par la force ? Même en étant héritière de l’ALN et donc d’un instrument prestigieux de la Révolution, elle ne saurait exciper d’une légitimité obsolète. »

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