Le terme "arabe" vient du mot "'araba", qui désigne le désert (Ardh ul-qur'ân, Sulaymân Nadwî, p. 51, voir aussi Qassas ul-qur'ân, tome 1 p. 103). A l'origine, le terme désignait le désert de ce qui est connu aujourd'hui sous le nom de "péninsule arabique".
C'est par la suite que les hommes habitant cette terre ont été désignés par le les habitants de cette terre (Ardh ul-qur'ân, p. 52). Or, les habitants de cette terre n'avaient pas en commun une ascendance (puisque les Ismaélites n'avaient pas les mêmes ancêtres que ceux qui habitaient la péninsule avant eux, ce qu'ils avaient en commun était une culture, ou du moins ce qui émergeait comme une sorte de plate-forme culturelle commune. Tous ceux qui habitaient ce désert et considéraient cette culture comme leur étaient des "Arabes". C'est pourquoi, à la veille de l'Islam, les habitants de la Péninsule arabique avaient le sentiment de former un même peuple. C'est ce que Jean et André Sellier ont résumé ainsi : "Au temps du Prophète, les Arabes se reconnaissaient comme formant un seul peuple, fût-il divisé en tribus" (Atlas des peuples d'Orient, p. 47).
Qui est "Arabe" aujourd'hui ?
Les "Arabes du temps du Prophète", écrit en substance Ibn Taymiyya, avaient en commun trois éléments :
– ils étaient les descendants d'"arabes" ;
– ils parlaient un des idiomes reconnus comme étant arabes ;
– ils habitaient la "terre des Arabes", la péninsule arabique : celle-ci comprenait le Yémen mais pas la Syrie (Al-Iqtidhâ, pp. 155-156).
Après la mort du Prophète, les premiers musulmans – très majoritairement des Arabes – conquirent des pays avoisinants. Certains de ces musulmans arabes s'installèrent alors dans tout un espace débordant le cadre de la péninsule arabique à l'est, à l'ouest et au nord (Ibid., p. 156). Des autochtones de ces pays se convertirent à l'islam et devinrent eux aussi musulmans. D'autres demeurèrent qui chrétien, qui juif, qui zoroastrien, qui sabéen, qui manichéen, qui polythéiste, etc.
Les musulmans originaires d'Arabie et s'étant installés dans les pays voisins de la Péninsule arabique demeurèrent-ils des Arabes ? Et leurs descendants, furent-ils des Arabes ou bien des non Arabes ?
Quant aux gens qui se convertirent à l'islam par le biais de ces musulmans Arabes des premiers siècles de l'Islam, devinrent-ils Arabes en même temps que musulmans ou bien ne devinrent-ils que musulmans ? Et ceux qui devinrent des habitants de la terre d'Islam mais tout en gardant la religion juive, chrétienne, sabéenne, ou polythéiste, devinrent-ils des Arabes ou non ?
Répondre à ces questions demande que l'on comprenne la situation de ceux qui s'installaient alors, dans la terre d'Islam, ailleurs que dans la Péninsule arabique même…
Du fait que les Arabes – hommes et femmes – installés ailleurs que dans la péninsule se mariaient entre Arabes aussi bien qu'avec des autochtones – des convertis à l'islam, ou des femmes demeurées juives ou chrétiennes –, les habitants de la terre musulmane de ces premiers temps de l'Islam peuvent être classés, selon leur ascendance, comme suit :
– il y avait des gens qui descendaient d'Arabes ;
– il y en avait qui descendaient de non Arabes ;
– et il y en avait enfin qui ne connaissaient pas leur ascendance : est-elle arabe ou non arabe (Al-Iqtidhâ, p. 156).
D'un autre côté, et indépendamment de leur ascendance, ces habitants de la terre musulmane de ces premiers temps peuvent aussi être classés comme suit, cette fois selon leur maîtrise ou non de la langue arabe :
– il y en avait dont l'arabe était demeuré ou était devenu la langue usuelle et de référence ("taghlibu 'alayhim al-'arabiyya") ;
– il y en avait qui parlaient l'arabe – c'est-à-dire se débrouillaient pour communiquer par le canal de cette langue –, mais dont la langue de prédilection et de référence était une autre langue ("taghlibu 'alayhim al-'ajama") ;
– et il y en avait qui n'étaient que très peu capables de parler la langue arabe ("lâ yatakallamun bihâ illâ qalîlan") (d'après Al-Iqtidhâ, p. 156).
Qui était donc Arabe parmi ces gens : l'homme qui était petit-fils d'Arabes venus de la péninsule, même si sa langue de référence était une langue autre que l'arabe ? ou bien l'homme dont la langue et la culture était devenues arabes, n'eût-il que du sang de Persans dans les veines ? ou bien encore ces deux hommes ?
Il ressort des écrits de Ibn Taymiyya – c'est ce que j'ai pu comprendre, wallâhu a'lam – que l'Arabe est celui que l'"arabité" domine, même si ses ancêtres ne sont pas Arabes ; par contre, celui qui a abandonné l'arabité n'est pas un Arabe, fût-il descendant d'Arabe ("man taghlibu 'alayhi-l-'arabiyya" – p. 156, ligne 24 – "al-lissân al-'arabî wa akhlâq ul-'arab" – p. 157 – "man tashabbha, min al-'arab [bi-n-nasl], bi-l-'ajam, lahiqa bihim ; wa man tashabbha, min al-'ajam [bi-n-nasl], bi-l-'arab, lahiqa bihim" – p. 153). (Rappelons par contre que la règle de l'interdiction, pour les Hashémites, de recevoir l'aumône concerne quant à elle tous ceux qui descendent des Banû Hâshim, même s'ils ne parlent pas la langue arabe et ne sont donc pas Arabes (Al-Iqtidhâ, p. 157).)
Dans le même ordre d'idées, à l'intérieur de tout l'espace devenu terre d'Islam, les régions sont, elles aussi, "arabes" ou "non arabes" en fonction de la langue qui y domine (il se peut ensuite qu'à l'intérieur d'une région "arabe" vive en minorité un groupe non arabe). Ibn Taymiyya fait la classification suivante de ces régions :
– il y a la terre arabe d'origine ("al-buq'a al-'arabiyya ibtidâ'an") : il s'agit de la péninsule arabique, où la langue arabe était, est restée, et reste la langue dominante ;
– il a aussi la terre devenue arabe ("al-buq'a al-'arabiyya intiqâlan") : il s'agit de l'espace constitué par les pays d'Islam dont la langue était auparavant le grec, le persan ou le berbère mais où l'arabe devint langue dominante ("ghalaba 'alâ ahlihî lissân ul-arab hattâ lâ ta'rifa 'âmmatuhum ghayrahû, aw ya'rifûnahu wa ghayrahû") ; ce fut le cas de la Syrie, de l'Irak, de l'Egypte, du Maghreb et de l'Andalousie etc. ; ce fut aussi, pendant une séquence de temps, le cas de la Perse et du Khorassan ;
– il y a enfin la terre non arabe ("al-buq'a al-'ajamiyya") : il s'agit des pays où une langue autre que l'arabe demeura la langue dominante ("al-'ajamatu kathîratun fîhim aw ghâlibatun 'alayhim") ; ce fut le cas des terres turques, de l'Azerbaïdjan, etc. (Al-Iqtidhâ, p. 156).
Ce n'est donc pas l'ascendance mais la langue – et tout ce qu'elle véhicule de culture – qui est le critère faisant ou ne faisant pas de quelqu'un un Arabe. Dans le même ordre d'idées, le site Internet de l'Institut du Monde Arabe écrit : "… c'est sur l'usage d'une langue supposée une, à l'époque comme encore aujourd'hui, que s'appuie principalement la délimitation du monde des Arabes" ; le site reprend ensuite la définition de Maxime Rodinson : "Appartiennent au peuple arabe ceux qui ont comme langue maternelle l'arabe ou une de ses variantes naturelles, qui revendiquent l'identité arabe et qui regardent l'histoire et les traits culturels arabes comme leur patrimoine" (fin de citation).
Dès lors, les populations qui ont adopté la langue arabe et se sont arabisées après la conquête musulmane sont, elles aussi, arabes. Les historiens Jean et André Sellier écrivent ainsi : "La distinction entre Arabes au sens strict (descendants des tribus de l'époque de Muhammad) et "arabisés" (descendants des populations ayant adopté la langue arabe après la conquête) s'est estompée au fil des siècles. Sont "arabes" – au sens large – les personnes qui ont pour langue maternelle l'arabe" (d'après Atlas des peuples d'Orient, p. 46). Ces populations sont devenues arabes à cause de l'expansion de la terre d'Islam, fussent-elles devenues aussi musulmanes ou fussent-elles demeurées chrétiennes, juives, zoroastriennes, sabéennes, polythéistes ou autres. Car rappelons ici qu'il ne faut pas confondre "arabe" et "musulman". S'il est vrai que le Prophète Muhammad (sur lui la paix) était Arabe de même que ses Compagnons, s'il est vrai qu'il y a eu une certaine interaction entre islam et arabité, il ne faut pas oublier que depuis les premiers temps de l'Islam jusqu'à aujourd'hui, il y a des Arabes qui sont chrétiens, juifs ou autres. D'un autre côté, les trois quarts des musulmans du globe ne sont pas Arabes mais Malais, Indiens, Chinois, Africains, Européens et Américains.
source maison-islam
C'est par la suite que les hommes habitant cette terre ont été désignés par le les habitants de cette terre (Ardh ul-qur'ân, p. 52). Or, les habitants de cette terre n'avaient pas en commun une ascendance (puisque les Ismaélites n'avaient pas les mêmes ancêtres que ceux qui habitaient la péninsule avant eux, ce qu'ils avaient en commun était une culture, ou du moins ce qui émergeait comme une sorte de plate-forme culturelle commune. Tous ceux qui habitaient ce désert et considéraient cette culture comme leur étaient des "Arabes". C'est pourquoi, à la veille de l'Islam, les habitants de la Péninsule arabique avaient le sentiment de former un même peuple. C'est ce que Jean et André Sellier ont résumé ainsi : "Au temps du Prophète, les Arabes se reconnaissaient comme formant un seul peuple, fût-il divisé en tribus" (Atlas des peuples d'Orient, p. 47).
Qui est "Arabe" aujourd'hui ?
Les "Arabes du temps du Prophète", écrit en substance Ibn Taymiyya, avaient en commun trois éléments :
– ils étaient les descendants d'"arabes" ;
– ils parlaient un des idiomes reconnus comme étant arabes ;
– ils habitaient la "terre des Arabes", la péninsule arabique : celle-ci comprenait le Yémen mais pas la Syrie (Al-Iqtidhâ, pp. 155-156).
Après la mort du Prophète, les premiers musulmans – très majoritairement des Arabes – conquirent des pays avoisinants. Certains de ces musulmans arabes s'installèrent alors dans tout un espace débordant le cadre de la péninsule arabique à l'est, à l'ouest et au nord (Ibid., p. 156). Des autochtones de ces pays se convertirent à l'islam et devinrent eux aussi musulmans. D'autres demeurèrent qui chrétien, qui juif, qui zoroastrien, qui sabéen, qui manichéen, qui polythéiste, etc.
Les musulmans originaires d'Arabie et s'étant installés dans les pays voisins de la Péninsule arabique demeurèrent-ils des Arabes ? Et leurs descendants, furent-ils des Arabes ou bien des non Arabes ?
Quant aux gens qui se convertirent à l'islam par le biais de ces musulmans Arabes des premiers siècles de l'Islam, devinrent-ils Arabes en même temps que musulmans ou bien ne devinrent-ils que musulmans ? Et ceux qui devinrent des habitants de la terre d'Islam mais tout en gardant la religion juive, chrétienne, sabéenne, ou polythéiste, devinrent-ils des Arabes ou non ?
Répondre à ces questions demande que l'on comprenne la situation de ceux qui s'installaient alors, dans la terre d'Islam, ailleurs que dans la Péninsule arabique même…
Du fait que les Arabes – hommes et femmes – installés ailleurs que dans la péninsule se mariaient entre Arabes aussi bien qu'avec des autochtones – des convertis à l'islam, ou des femmes demeurées juives ou chrétiennes –, les habitants de la terre musulmane de ces premiers temps de l'Islam peuvent être classés, selon leur ascendance, comme suit :
– il y avait des gens qui descendaient d'Arabes ;
– il y en avait qui descendaient de non Arabes ;
– et il y en avait enfin qui ne connaissaient pas leur ascendance : est-elle arabe ou non arabe (Al-Iqtidhâ, p. 156).
D'un autre côté, et indépendamment de leur ascendance, ces habitants de la terre musulmane de ces premiers temps peuvent aussi être classés comme suit, cette fois selon leur maîtrise ou non de la langue arabe :
– il y en avait dont l'arabe était demeuré ou était devenu la langue usuelle et de référence ("taghlibu 'alayhim al-'arabiyya") ;
– il y en avait qui parlaient l'arabe – c'est-à-dire se débrouillaient pour communiquer par le canal de cette langue –, mais dont la langue de prédilection et de référence était une autre langue ("taghlibu 'alayhim al-'ajama") ;
– et il y en avait qui n'étaient que très peu capables de parler la langue arabe ("lâ yatakallamun bihâ illâ qalîlan") (d'après Al-Iqtidhâ, p. 156).
Qui était donc Arabe parmi ces gens : l'homme qui était petit-fils d'Arabes venus de la péninsule, même si sa langue de référence était une langue autre que l'arabe ? ou bien l'homme dont la langue et la culture était devenues arabes, n'eût-il que du sang de Persans dans les veines ? ou bien encore ces deux hommes ?
Il ressort des écrits de Ibn Taymiyya – c'est ce que j'ai pu comprendre, wallâhu a'lam – que l'Arabe est celui que l'"arabité" domine, même si ses ancêtres ne sont pas Arabes ; par contre, celui qui a abandonné l'arabité n'est pas un Arabe, fût-il descendant d'Arabe ("man taghlibu 'alayhi-l-'arabiyya" – p. 156, ligne 24 – "al-lissân al-'arabî wa akhlâq ul-'arab" – p. 157 – "man tashabbha, min al-'arab [bi-n-nasl], bi-l-'ajam, lahiqa bihim ; wa man tashabbha, min al-'ajam [bi-n-nasl], bi-l-'arab, lahiqa bihim" – p. 153). (Rappelons par contre que la règle de l'interdiction, pour les Hashémites, de recevoir l'aumône concerne quant à elle tous ceux qui descendent des Banû Hâshim, même s'ils ne parlent pas la langue arabe et ne sont donc pas Arabes (Al-Iqtidhâ, p. 157).)
Dans le même ordre d'idées, à l'intérieur de tout l'espace devenu terre d'Islam, les régions sont, elles aussi, "arabes" ou "non arabes" en fonction de la langue qui y domine (il se peut ensuite qu'à l'intérieur d'une région "arabe" vive en minorité un groupe non arabe). Ibn Taymiyya fait la classification suivante de ces régions :
– il y a la terre arabe d'origine ("al-buq'a al-'arabiyya ibtidâ'an") : il s'agit de la péninsule arabique, où la langue arabe était, est restée, et reste la langue dominante ;
– il a aussi la terre devenue arabe ("al-buq'a al-'arabiyya intiqâlan") : il s'agit de l'espace constitué par les pays d'Islam dont la langue était auparavant le grec, le persan ou le berbère mais où l'arabe devint langue dominante ("ghalaba 'alâ ahlihî lissân ul-arab hattâ lâ ta'rifa 'âmmatuhum ghayrahû, aw ya'rifûnahu wa ghayrahû") ; ce fut le cas de la Syrie, de l'Irak, de l'Egypte, du Maghreb et de l'Andalousie etc. ; ce fut aussi, pendant une séquence de temps, le cas de la Perse et du Khorassan ;
– il y a enfin la terre non arabe ("al-buq'a al-'ajamiyya") : il s'agit des pays où une langue autre que l'arabe demeura la langue dominante ("al-'ajamatu kathîratun fîhim aw ghâlibatun 'alayhim") ; ce fut le cas des terres turques, de l'Azerbaïdjan, etc. (Al-Iqtidhâ, p. 156).
Ce n'est donc pas l'ascendance mais la langue – et tout ce qu'elle véhicule de culture – qui est le critère faisant ou ne faisant pas de quelqu'un un Arabe. Dans le même ordre d'idées, le site Internet de l'Institut du Monde Arabe écrit : "… c'est sur l'usage d'une langue supposée une, à l'époque comme encore aujourd'hui, que s'appuie principalement la délimitation du monde des Arabes" ; le site reprend ensuite la définition de Maxime Rodinson : "Appartiennent au peuple arabe ceux qui ont comme langue maternelle l'arabe ou une de ses variantes naturelles, qui revendiquent l'identité arabe et qui regardent l'histoire et les traits culturels arabes comme leur patrimoine" (fin de citation).
Dès lors, les populations qui ont adopté la langue arabe et se sont arabisées après la conquête musulmane sont, elles aussi, arabes. Les historiens Jean et André Sellier écrivent ainsi : "La distinction entre Arabes au sens strict (descendants des tribus de l'époque de Muhammad) et "arabisés" (descendants des populations ayant adopté la langue arabe après la conquête) s'est estompée au fil des siècles. Sont "arabes" – au sens large – les personnes qui ont pour langue maternelle l'arabe" (d'après Atlas des peuples d'Orient, p. 46). Ces populations sont devenues arabes à cause de l'expansion de la terre d'Islam, fussent-elles devenues aussi musulmanes ou fussent-elles demeurées chrétiennes, juives, zoroastriennes, sabéennes, polythéistes ou autres. Car rappelons ici qu'il ne faut pas confondre "arabe" et "musulman". S'il est vrai que le Prophète Muhammad (sur lui la paix) était Arabe de même que ses Compagnons, s'il est vrai qu'il y a eu une certaine interaction entre islam et arabité, il ne faut pas oublier que depuis les premiers temps de l'Islam jusqu'à aujourd'hui, il y a des Arabes qui sont chrétiens, juifs ou autres. D'un autre côté, les trois quarts des musulmans du globe ne sont pas Arabes mais Malais, Indiens, Chinois, Africains, Européens et Américains.
source maison-islam
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