Localisée dans les régions arides, la foggara en Algérie, le qanat en Iran, la khettara au Maroc et le falj au sultanat d’Oman constituent des procédés d’acquisition et de distribution d’eau, basé sur des galeries horizontales drainantes. Cependant, ces techniques traditionnelles, si elles présentent des similitudes au niveau du système de captage (galeries et puits), montrent des différences au niveau de la source de captage et de la technique de partage de l’eau.
À travers cette étude, basée sur des sorties de prospection dans cinq oasis du Sahara algérien et des enquêtes menées au niveau des oasiens, on a pu recenser sept types de foggaras. Il s’agit de foggaras qui captent les eaux de la nappe phréatique au pied d’un djebel ou de la nappe du Continental Intercalaire, d’une source de la nappe du Grand Erg Occidental, de drainage et des infiltrations, et enfin, uniquement les eaux de crues (foggara de Mzab) ou drainent les eaux des oueds.
3 Il est très difficile de situer avec précision le point de départ de la foggara. Connue sous le nom de qanat en Iran, khettara au Maroc (PNUD, 1986), ngoula ou kriga en Tunisie et sahridj au Yémen, la foggara est une technique de captage des eaux qui a pris naissance en Iran selon GOBLOT (PNUD, 1986). La qanat, qui alimentait Ibril en Perse, a été construite à la fin du VIIe siècle avant J.-C., ce qui atteste des origines très lointaines de ce type de captage. Dans le Sahara algérien, les foggaras auraient été introduites au XIe et XIIe siècles par El Malik El Mansour, qui aurait creusé la première foggara à Tamantit (à 15 km d’Adrar) (HASSANI, 1988). Ensuite, les foggaras ont été développées dans le Touat et le Gourara par des tribus arabo-berbères du sud marocain (Mrabtine, Chorfa) sur la base de l’esclavage de la main-d’oeuvre noire (Harratine) locale ou provenant des régions voisines du Mali, du Niger et du Soudan (ARRUS, 1985).
4 La plus grande foggara de la région de Timimoun est celle d’El Meghier (à 200 km d’Adrar). Elle a été forée à une époque qu’on ne peut préciser et aurait été développée par le Marabot Sid Othmane et son fils, qui vivaient au IXe siècle de l’hégire (REMINI et ACHOUR, 2008).
5 Que ce soit la qanat, la khettara, le falj ou la foggara, toutes ces techniques ont le même principe de fonctionnement; il s’agit de captage des eaux à l’aide des galeries drainantes munies de puits d’aération. Cependant, la source d’eau captée diffère d’un procédé à l’autre. La qanat et la khettara captent les eaux de la nappe phréatique au pied des montagnes, une partie du falj capte les eaux de source et une autre partie du falj capte les eaux des oueds. En Algérie, lorsqu’on parle de la foggara, on parle automatiquement des foggaras du Touat, du Gourara et de Tidikelt, qui captent les eaux de la nappe albienne. Plusieurs auteurs, notamment KOBORI (1982) et GAILLERMOU (1993), ont beaucoup cité ce type de foggaras dans leurs études et travaux. C’est dans le but de mettre en évidence les différents types de foggaras qui ont participé à donner la vie aux oasis du Sahara algérien que cette étude a été menée.
2. Définitions
La foggara signifie, en arabe, Fakara (creuser). Certains auteurs croient que cette expression provient du terme arabe El Fokr (la pauvreté). Celui qui creuse une foggara se trouverait en effet dans l’obligation d’y investir tellement, qu’il finirait par tomber dans le besoin avant d’en bénéficier. Par contre, d’autres auteurs croient que le mot foggara est relatif à Fakra, la vertèbre en arabe (KOBORI, 1982).
7 La foggara est une galerie souterraine légèrement inclinée, qui draine l’eau de l’aquifère en amont vers les terrains les plus secs situés en aval, en direction de la palmeraie. Ce procédé utilise un système de galeries en pente douce d’une longueur pouvant atteindre les 20 km, équipées d’une série de puits d’aération espacés de 5 à 22 m, dont la profondeur peut atteindre 20 m (Figure 1). La distance minimale entre les foggaras est de 80 m (CHEYLAN, 1990).
Méthodes et enquêtes
La foggara est une technique liée à un système social de travail collectif, mené par un comité de sages, appelé Djemaa, dont le rôle est de diriger et de surveiller l’entretien de la foggara et la répartition de son eau.
Cette étude a été basée sur des sorties sur le terrain et des enquêtes effectuées auprès des oasiens et des propriétaires de foggaras. Plus d’une vingtaine de sorties de prospection ont été effectuées durant la période 2006 à 2008, dans les oasis situés à la périphérie du Grand Erg Occidental. Des foggaras vivantes et abandonnées de 20 oasis ont été prospectées. Il s’agit des oasis de Moghrar (Naama), Boussemghoune (El Bayadh), Timimoun, Adrar, Beni Abbes (Bechar), Tabalbala (Bechar), Lahmar (Bechar), Taghit (Bechar), Wakda (Bechar), Beni Ounif (Bechar), Ouled Said (Timimoun), Kali (Timimoun), Ghardaia
À travers cette étude, basée sur des sorties de prospection dans cinq oasis du Sahara algérien et des enquêtes menées au niveau des oasiens, on a pu recenser sept types de foggaras. Il s’agit de foggaras qui captent les eaux de la nappe phréatique au pied d’un djebel ou de la nappe du Continental Intercalaire, d’une source de la nappe du Grand Erg Occidental, de drainage et des infiltrations, et enfin, uniquement les eaux de crues (foggara de Mzab) ou drainent les eaux des oueds.
1. Introduction
Le système des galeries drainantes est connu dans le monde sous plusieurs appellations. Il s’agit de la foggara en Algérie, de la qanat en Iran, du falj au sultanat d’Oman, du kariz en Afghanistan et au Pakistan, de la khettara au Maroc, de la qanat romani en Jordanie et en Syrie, du kanerjing en Chine et de la kriga en Tunisie. Ce sont là des noms pour désigner le même principe de fonctionnement, basé sur les galeries drainantes. Elles sont réparties dans plus de 30 pays à travers le monde (BOUSTANI, 2008). C’est la qanat qui constitue la plus ancienne technique; elle a été réalisée depuis plus de 3 000 ans et c’est le nord-ouest du plateau iranien qui est considéré comme le foyer d’origine de ces galeries (CRISTINI et LANGLAIS, 2004; GOBLOT, 1979; WESSELS, 2005). Plus de 50 000 qanats étaient en exploitation en Iran (GHORBANI, 2007). Aujourd’hui, il ne reste que 22 000 qanats fonctionnelles, dont la longueur totale des drains avoisine les 250 000 km (WULF, 1968). La plus longue qanat a une galerie d’une longueur de 50 km et se trouve dans la région de Kerman. Le falj se localise dans la partie nord du sultanat d’Oman. Les aflajs ont été développées il y a plus de 2 000 ans (zaher bin khalid et al., 2007). Actuellement, il ne reste que 3 017 faljs fonctionnels sur un total de 4 112, qui drainent un débit de 680 millions de m3•an-1 pour une longueur de 2 900 km (AL GHARFI et al., 2000). Contrairement aux qanats qui puisent l’eau des nappes souterraines, il existe trois types de faljs :- Le falj Ghaili qui capte les eaux des oueds. Il représente 49 % des aflajs d’Oman.
- Le falj Aini qui capte les sources naturelles pérennes. Il représente 28 % du total des aflajs.
- Le falj Daoudi qui puise l’eau des nappes phréatiques au pied des montagnes. Il représente 21 % du total des aflajs.
3 Il est très difficile de situer avec précision le point de départ de la foggara. Connue sous le nom de qanat en Iran, khettara au Maroc (PNUD, 1986), ngoula ou kriga en Tunisie et sahridj au Yémen, la foggara est une technique de captage des eaux qui a pris naissance en Iran selon GOBLOT (PNUD, 1986). La qanat, qui alimentait Ibril en Perse, a été construite à la fin du VIIe siècle avant J.-C., ce qui atteste des origines très lointaines de ce type de captage. Dans le Sahara algérien, les foggaras auraient été introduites au XIe et XIIe siècles par El Malik El Mansour, qui aurait creusé la première foggara à Tamantit (à 15 km d’Adrar) (HASSANI, 1988). Ensuite, les foggaras ont été développées dans le Touat et le Gourara par des tribus arabo-berbères du sud marocain (Mrabtine, Chorfa) sur la base de l’esclavage de la main-d’oeuvre noire (Harratine) locale ou provenant des régions voisines du Mali, du Niger et du Soudan (ARRUS, 1985).
4 La plus grande foggara de la région de Timimoun est celle d’El Meghier (à 200 km d’Adrar). Elle a été forée à une époque qu’on ne peut préciser et aurait été développée par le Marabot Sid Othmane et son fils, qui vivaient au IXe siècle de l’hégire (REMINI et ACHOUR, 2008).
5 Que ce soit la qanat, la khettara, le falj ou la foggara, toutes ces techniques ont le même principe de fonctionnement; il s’agit de captage des eaux à l’aide des galeries drainantes munies de puits d’aération. Cependant, la source d’eau captée diffère d’un procédé à l’autre. La qanat et la khettara captent les eaux de la nappe phréatique au pied des montagnes, une partie du falj capte les eaux de source et une autre partie du falj capte les eaux des oueds. En Algérie, lorsqu’on parle de la foggara, on parle automatiquement des foggaras du Touat, du Gourara et de Tidikelt, qui captent les eaux de la nappe albienne. Plusieurs auteurs, notamment KOBORI (1982) et GAILLERMOU (1993), ont beaucoup cité ce type de foggaras dans leurs études et travaux. C’est dans le but de mettre en évidence les différents types de foggaras qui ont participé à donner la vie aux oasis du Sahara algérien que cette étude a été menée.
2. Définitions
La foggara signifie, en arabe, Fakara (creuser). Certains auteurs croient que cette expression provient du terme arabe El Fokr (la pauvreté). Celui qui creuse une foggara se trouverait en effet dans l’obligation d’y investir tellement, qu’il finirait par tomber dans le besoin avant d’en bénéficier. Par contre, d’autres auteurs croient que le mot foggara est relatif à Fakra, la vertèbre en arabe (KOBORI, 1982).
7 La foggara est une galerie souterraine légèrement inclinée, qui draine l’eau de l’aquifère en amont vers les terrains les plus secs situés en aval, en direction de la palmeraie. Ce procédé utilise un système de galeries en pente douce d’une longueur pouvant atteindre les 20 km, équipées d’une série de puits d’aération espacés de 5 à 22 m, dont la profondeur peut atteindre 20 m (Figure 1). La distance minimale entre les foggaras est de 80 m (CHEYLAN, 1990).
Méthodes et enquêtes
La foggara est une technique liée à un système social de travail collectif, mené par un comité de sages, appelé Djemaa, dont le rôle est de diriger et de surveiller l’entretien de la foggara et la répartition de son eau.
Cette étude a été basée sur des sorties sur le terrain et des enquêtes effectuées auprès des oasiens et des propriétaires de foggaras. Plus d’une vingtaine de sorties de prospection ont été effectuées durant la période 2006 à 2008, dans les oasis situés à la périphérie du Grand Erg Occidental. Des foggaras vivantes et abandonnées de 20 oasis ont été prospectées. Il s’agit des oasis de Moghrar (Naama), Boussemghoune (El Bayadh), Timimoun, Adrar, Beni Abbes (Bechar), Tabalbala (Bechar), Lahmar (Bechar), Taghit (Bechar), Wakda (Bechar), Beni Ounif (Bechar), Ouled Said (Timimoun), Kali (Timimoun), Ghardaia

) poste toujours des topics tres interessants.
Commentaire