“Amours sorcières”
Passions irrationnelles
Raconter des histoires. Tahar Benjelloun excelle dans ce registre. Des bribes d’histoires où des femmes, des hommes amoureux fous ou délaissés, épicuriens sans limites ou individus rangés, se plient sans contrainte aux exigences du narrateur. Les vécus sont variés et correspondent souvent à des tranches d’histoires authentiques. Au menu, plaisirs divers, souffrance des femmes musulmanes et affres de la trahison. L'univers romanesque de Tahar Benjelloun représente justement un mélange subtil de sexualité presque bestiale et de douleur d’une grande humanité.
Sentiments
Le romancier des amours contrariées nous offre à travers son dernier ouvrage à l’intitulé révélateur «Amours sorcières» une bonne dose d’humour noir qui transparait sans peine à travers ces diverses tragédies.
Celle de Najat est particulièrement intéressante.
C’est Najat elle-même qui plante d’emblée le décor: «Je serais contente que tu couvres mon corps de tes mots, que tu m'enroules dans tes phrases longues et alambiquées, que je devienne un sujet de ton imagination... puisque tu n'es pas libre, tu ne veux pas d'enfant, et que moi je cherche un homme disponible qui sera un bon mari et un bon père de famille, pas un artiste.»
A trente ans, les cheveux noirs, la peau mate et les yeux verts, Najat n'est pas mariée et a du mal à trouver un appartement pour s’installer. L’agent immobilier qui se méfie comme de la peste des femmes qui vivent seules lui lance d’emblée au visage: «Vous savez quel genre de femme s'installe toute seule dans un appartement? Les propriétaires n'aiment pas les célibataires.»
Belle comme le jour, Najat vit pourtant seule.
Avec Hamza, la passion tourne rapidement au cauchemar. Puis le doute s’installe. Un doute très particulier. Ce n’est pas vraiment le doute de l’amant trompé. Déjà marié, puis divorcé, l’universitaire à la retraite, qui s'est juré de ne plus jamais se mettre en ménage, n’a pas vraiment de prétentions, c’est pour cela que son doute va s’accommoder de l’irrationnel.
En l’espace de quelques chapitres, Benjelloun règle leur compte aux “fqih”. Comme il le dit si bien Benjelloun “l’irrationnel a envahi la vie affective au Maroc. Des hommes, des femmes, non pas des analphabètes, mais des avocats, des médecins, ont recours à des marabouts pour s’attacher les êtres auxquels ils tiennent… Et il paraît que ça marche”.
Pour lui, “on ne peut pas expliquer l’amour, alors, quand on le rencontre, on le retient par des moyens irrationnels et mystérieux pour ne pas le perdre”.
C’est quand le sentiment est fort, trop fort pour être raisonné, trop passionné pour souffrir un quelconque doute que voyantes, et autres sorciers attitrés, se trouvent sollicités. Dans ces récits sur les amours contrariées, Benjelloun nous offre des tranches de vécu en chair et en os qui ravissent et plongent le lecteur dans un moment de littérature délicieux.
Tahar Benjelloun.
Passions irrationnelles
Raconter des histoires. Tahar Benjelloun excelle dans ce registre. Des bribes d’histoires où des femmes, des hommes amoureux fous ou délaissés, épicuriens sans limites ou individus rangés, se plient sans contrainte aux exigences du narrateur. Les vécus sont variés et correspondent souvent à des tranches d’histoires authentiques. Au menu, plaisirs divers, souffrance des femmes musulmanes et affres de la trahison. L'univers romanesque de Tahar Benjelloun représente justement un mélange subtil de sexualité presque bestiale et de douleur d’une grande humanité.
Sentiments
Le romancier des amours contrariées nous offre à travers son dernier ouvrage à l’intitulé révélateur «Amours sorcières» une bonne dose d’humour noir qui transparait sans peine à travers ces diverses tragédies.
Celle de Najat est particulièrement intéressante.
C’est Najat elle-même qui plante d’emblée le décor: «Je serais contente que tu couvres mon corps de tes mots, que tu m'enroules dans tes phrases longues et alambiquées, que je devienne un sujet de ton imagination... puisque tu n'es pas libre, tu ne veux pas d'enfant, et que moi je cherche un homme disponible qui sera un bon mari et un bon père de famille, pas un artiste.»
A trente ans, les cheveux noirs, la peau mate et les yeux verts, Najat n'est pas mariée et a du mal à trouver un appartement pour s’installer. L’agent immobilier qui se méfie comme de la peste des femmes qui vivent seules lui lance d’emblée au visage: «Vous savez quel genre de femme s'installe toute seule dans un appartement? Les propriétaires n'aiment pas les célibataires.»
Belle comme le jour, Najat vit pourtant seule.
Avec Hamza, la passion tourne rapidement au cauchemar. Puis le doute s’installe. Un doute très particulier. Ce n’est pas vraiment le doute de l’amant trompé. Déjà marié, puis divorcé, l’universitaire à la retraite, qui s'est juré de ne plus jamais se mettre en ménage, n’a pas vraiment de prétentions, c’est pour cela que son doute va s’accommoder de l’irrationnel.
En l’espace de quelques chapitres, Benjelloun règle leur compte aux “fqih”. Comme il le dit si bien Benjelloun “l’irrationnel a envahi la vie affective au Maroc. Des hommes, des femmes, non pas des analphabètes, mais des avocats, des médecins, ont recours à des marabouts pour s’attacher les êtres auxquels ils tiennent… Et il paraît que ça marche”.
Pour lui, “on ne peut pas expliquer l’amour, alors, quand on le rencontre, on le retient par des moyens irrationnels et mystérieux pour ne pas le perdre”.
C’est quand le sentiment est fort, trop fort pour être raisonné, trop passionné pour souffrir un quelconque doute que voyantes, et autres sorciers attitrés, se trouvent sollicités. Dans ces récits sur les amours contrariées, Benjelloun nous offre des tranches de vécu en chair et en os qui ravissent et plongent le lecteur dans un moment de littérature délicieux.
Tahar Benjelloun.

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