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Djalâl ad-Dîn Rûmî : Les oiseaux

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  • #16
    Djalâl ad-Dîn Rûmî : La balance et le balai

    La balance et le balai

    Un jour, un homme se rendit chez le bijoutier et lui dit :
    « Je voudrais peser de l’or. Prête-moi ta balance. »
    Le bijoutier répondit :
    « Je suis vraiment désolé, mais je n’ai pas de pelle !
    - Non ! Non ! dit l’homme, je te demande ta balance ! »
    Le bijoutier :
    « Il n’y a pas de balai dans ce magasin !
    - Es-tu sourd ? dit l’homme. Je te demande une balance ! »
    Le bijoutier répondit :
    « J’ai bien entendu. Je ne suis pas sourd. Ne crois pas que mes paroles soient dépourvues de sens. Je vois bien que tu manques d‘expérience et qu’en pesant ton or, tu vas en faire tomber quelques poussières à terre. Alors, tu me diras : “ Peux-tu me prêter un balai afin que je récupère mon or ? ” et quand tu auras balayé, tu me demanderas si je n’ai pas de pelle ! Moi, je vois la fin dès le début ! Adresse-toi à quelqu’un d’autre ! »

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    • #17
      Djalâl ad-Dîn Rûmî : Les beys

      Les beys

      Un jour, les beys, sous l’empire de la jalousie, dirent au sultan :
      « Eyaz n’est pas plus intelligent ou plus doué que chacun d’entre nous. Comment se fait-il alors que tes faveurs pour lui soient si grandes ? »

      Quelque temps après, le sultan partit à la chasse, accompagné de ses trente beys. Arrivés dans une montagne désertique, ils virent au loin une caravane. Le sultan dit à l’un de ses beys :
      « Va voir ces gens et demande-leur d’où ils viennent. »
      Le bey partit en hâte et revint peu après dire au sultan :
      « Ils viennent de la ville de Rey !
      - Et où vont-ils ? » Demanda le sultan.
      Le bey ne sut que répondre. Aussi le sultan demanda-t-il à un autre de ses beys d’aller s’informer. Quand celui-ci revint, il dit :
      « Ils vont du côté du Yémen !
      - Quelle est la nature de leur chargement ? » Demanda le sultan.
      Le bey ne put répondre et le sultan envoya un autre de ses beys poser la question. Quand il revint, il dit au sultan :
      << Ils transportent des bols de terre cuite qui sont fabriqués à Rey !
      - Et quand ont-ils quitté la ville ? » S’enquit le sultan.

      Ainsi, tour à tour, chacun des trente beys revint vers le sultan avec des informations incomplètes. Alors le sultan leur dit :
      « Un jour, j’ai demandé à Eyaz, afin de l’éprouver, d‘aller à la rencontre d’une caravane pour savoir sa provenance. Et lui, sans que j’aie à lui poser trente questions, revint avec toutes les réponses qui vous ont coûté trente allers et retours ! »
      Les beys dirent au sultan :
      « Une pareille chose est un don de Dieu et ne peut s’acquérir par le travail. La couleur et le parfum de la rose sont aussi des dons de Dieu. »
      Le sultan répliqua :
      « L‘homme est responsable de ses pertes et de ses gains. Sinon, pourquoi Adam aurait-il demandé pardon à Dieu en reconnaissant sa faute. Il aurait simplement dit : “ Ceci est mon destin. Si j’ai commis un péché, c’est que tu m’y as poussé ! ” Quelqu’un qui est pieds et poings liés pourrait-il songer à plonger dans l’océan ou à s’envoler ? Pourrait-il hésiter entre un voyage à Mossoul ou à Babel ? N’invoquez pas le destin pour vous disculper ! »

      Ne charge pas autrui de ta propre faute. Quand tu manges trop de miel, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui est pris de convulsions et quand tu travailles la journée, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui touche la paye le soir !

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      • #18
        Djalâl ad-Dîn Rûmî : La mèche

        La mèche

        Une nuit, un homme entendit que quelqu’un marchait dans sa maison. Il se leva et, pour faire de la lumière, il battit son briquet. Mais le voleur qui était cause du bruit vint se placer devant lui et, chaque fois qu’une étincelle touchait la mèche, il l’éteignait discrètement du doigt. Et l’homme, croyant que sa mèche était mouillée, ne vit pas le voleur.

        Dans ton cœur également, il y a quelqu’un qui éteint le feu mais tu ne le vois pas.

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        • #19
          Djalâl ad-Dîn Rûmî : Le secret du chien

          Le secret du chien

          Un jour, Majnoun (Leila) se promenait avec son chien. Il le prenait dans ses bras et le caressait comme un amoureux caresse sa bien-aimée. Un homme qui passait par là lui dit :
          « Ô Majnoun ! Ce que tu fais là est pure folie ! Ne sais-tu pas que la bouche d’un chien est sale ? »
          Et il se mit à énumérer tous les défauts des chiens.
          Majnoun lui dit :
          « Tu n’es qu’un idolâtre des formes ! Si tu voyais avec mes yeux, tu saurais que ce chien est le secret de Dieu et la demeure de Leila ! »

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          • #20
            Djalâl Al-Din Rûmi est poète, philosophe, ses poèmes sont légers, ses métaphores brillantes, sa sagesse profonde...

            Une plume de grande qualité, merci pour le partage imed...

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            • #21
              C’est un maître spirituel, il a passé sa vie à enseigner la tolérance, l’amour…

              Merci à toi Amar !

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              • #22
                Djalâl ad-Dîn Rûmî : La bien-aimée de l’amoureux

                La bien-aimée de l’amoureux

                Un amoureux récitait des poèmes d’amour à sa bien-aimée. Des poèmes, pleins de lamentations nostalgiques. Sa bien-aimée lui dit :
                « Si ces mots me sont destinés, tu perds ton temps puisque nous voilà réunis. Ce n’est guère digne d‘un amant que de réciter des poèmes au moment de l’union ! »
                L‘amoureux répondit :
                « Sans doute es-tu ici. Mais, quand tu étais absente, j’éprouvais un autre plaisir. Je m’abreuvais au ruisseau de notre amour. Mon cœur et mes yeux se réjouissaient. Maintenant, je suis en face de la fontaine, mais elle est tarie !
                - En fait, dit la bien-aimée, ce n’est pas moi qui suis l’objet de ton amour. Tu es amoureux d’autre chose et je ne suis que la demeure de ton bien-aimé. Le véritable bien-aimé est unique et l’on n’espère rien d’autre lorsqu’on est en sa compagnie. »

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                • #23
                  Djalâl ad-Dîn Rûmî : Leila

                  Leila

                  Des ignorants dirent un jour à Medjnoun :
                  « Leila n’est pas si belle que ça ! Dans notre ville, il en est des milliers qui la surpassent en beauté et en raffinement. »
                  Medjnoun répondit :
                  « L‘apparence est une cruche. La beauté est le vin. Dieu m’offre du vin sous cette apparence. A vous, il offre du vinaigre dans la même cruche afin que vous abandonniez l’amour des apparences. La main de Dieu dispense le poison et le miel dans la même cruche. La cruche est bien visible mais, pour les aveugles, le vin n’existe pas. »

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                  • #24
                    Djalâl ad-Dîn Rûmî : Peur

                    Peur

                    Après avoir versé beaucoup de sang, des guerriers turcomans mirent un village au pillage. Ils capturèrent deux villageois et décidèrent de tuer l’un d’eux. Tandis qu’on le ligotait, le villageois demanda :
                    « Pourquoi me tuer ainsi sans raison ? »
                    Les guerriers répondirent :
                    « Afin d’effrayer ton ami et le forcer à nous révéler où il a caché son or ! »
                    Le villageois s’exclama :
                    « Mais il est plus pauvre que moi ! Tuez-le plutôt et alors, sous l’emprise de la peur, je vous dirai où j’ai caché mon or ! »

                    C’est une faveur de Dieu que nous vivions aujourd’hui plutôt qu’à cette époque !

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                    • #25
                      Djalâl ad-Dîn Rûmî : Rien

                      Rien

                      Un jour, un mendiant frappa à la porte d’une maison et implora le maître des lieux de lui donner un peu de pain, même rassis.
                      « Comment veux-tu que je te trouve du pain ? répliqua ce dernier. Me prendrais-tu pour un boulanger ?
                      - Alors, offre-moi un peu de gras de viande.
                      - Ici, ce n’est pas davantage une boucherie !
                      - Donne-moi au moins une poignée de farine.
                      - Est-ce que ma maison ressemble à un moulin ?
                      - Alors, un verre d’eau ?
                      - Il n’y a pas de rivière ici ! »
                      Ainsi, chaque demande du mendiant fut repoussée de la même manière. Finalement, celui-ci Ôta son pantalon et déféqua sur le seuil.
                      « Que fais-tu là ? demanda le maître de maison, scandalisé.
                      - Voilà bien une ruine propice à la défécation, dit le mendiant. Il n’y a ici rien à boire et rien à manger. Comment quiconque pourrait-il y vivre ? Cet endroit ne peut manifestement servir que de fosse d’aisance ! »

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                      • #26
                        Djalâl ad-Dîn Rûmî : Graines

                        Graines

                        Lorsque l’oiseau se pose sur un mur et voit les graines qui servent d’appât au piège, son désir le pousse vers ces graines. I1 les regarde, puis il regarde les vastes plateaux.
                        L’oiseau qui résiste à cette tentation s’envole vers les plateaux, plein de joie.

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                        • #27
                          Djalâl ad-Dîn Rûmî : La croûte des choses

                          La croûte des choses

                          Ibrahim Edhem, assis au bord de la mer, réparait un accroc à son manteau. Vint à passer l’émir du pays, qui était un admirateur fervent de ce cheikh. L‘émir se prit à penser :
                          « Voilà un prince qui a abandonné son royaume. Voilà un riche qui a abandonné ses biens. Maintenant, il souffre de son dénuement. Il était un sultan et le voici maintenant qui répare son manteau, ainsi qu’un miséreux ! »

                          Ibrahim Edhem avait saisi ces pensées et, soudain, il laissa tomber son aiguille à la mer. Puis, il se mit à crier :
                          « Ô vous les poissons ! Savez-vous où se trouve mon aiguille ? »
                          A cet instant, des milliers de poissons apparurent et chacun d’eux avait une aiguille d’or dans sa bouche et lui disait :
                          « Prends ton aiguille, Ô cheikh ! »
                          Le cheikh se retourna alors vers l’émir et lui dit :
                          « Quel royaume est le meilleur? Ceci n’est qu’un signe extérieur. Tu perdrais la raison si tu connaissais l’essence de ce royaume. De la vigne, seule une grappe de raisin parvient en ville car on ne peut transporter la vigne dans la cité. Surtout si cette vigne est le jardin de roses du Bien-Aimé ! Cet univers n’est qu’une croûte ! »

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                          • #28
                            Djalâl ad-Dîn Rûmî : Le moustique

                            Le moustique

                            Tu ressembles à un moustique qui se prend pour quelqu’un d’important. Voyant un fétu de paille flottant sur une flaque d’urine d’âne, il lève la tête et se dit :
                            « Voilà longtemps que je rêve de l’océan et d’un vaisseau. Les voici ! »
                            Cette flaque de purin lui paraît profonde et sans limites car son univers a la taille de ses yeux. De tels yeux ne voient que de tels océans. Soudain, le vent déplace légèrement le fétu de paille et notre moustique de s’exclamer :
                            « Quel grand capitaine je suis ! »

                            Si le moustique connaissait ses limites, il serait semblable au faucon. Mais les moustiques n’ont pas le regard du faucon.

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                            • #29
                              Djalâl ad-Dîn Rûmî : Qui est là ?

                              Qui est là ?

                              Un homme se présenta devant la porte de sa Bien-aimée et frappa.
                              Une voix demanda : "Qui est là ?".
                              Il répondit : "C'est Moi".
                              La voix dit : "Il n'y a pas de place pour Moi et Toi".
                              La porte se referma.
                              Après un an de solitude et de privation, il revint et frappa.
                              Une voix demande : "Qui est là ?"
                              L'homme dit : "C'est Toi."
                              La porte lui fut ouverte.

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                              • #30
                                Djalâl ad-Dîn Rûmî : Ville de la bien-aimée

                                Ville de la bien-aimée

                                Une bien-aimée demanda à son amant :
                                "O mon ami ! Tu as visité beaucoup de villes lorsque tu étais seul. Dis-moi celle que tu préfères parmi toutes."
                                Et l'amoureux répondit :
                                "C'est la ville où habite ma bien-aimée. Bien qu'elle soit petite, elle nous semble la plus vaste!"

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