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Coupables de Leïla Aslaoui

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  • Coupables de Leïla Aslaoui

    Encore un livre que je n'ai pas lus mais que j'ai bien l'intention d'acheter mais là contrairement à Mouloud Feraoun que j'ai découvert avec le Fils du Pauvre et retrouvé dépuis à chaque fois que je dénichais un de ses ouvrages, je ne connais pas cette auteur Leïla Aslaoui que par journaux interposés au travers de ses différentes fonctions et Coupables est un livre qu'il faut lire car il donne la parole aux Femmes algériennes victime de violence ou d'injustices dans une société machiste où l'homme a toutes les prérogatives. Ce qu'elle dit ne doit pas forcèment plaire à ceux qui se sentiront visés mais raison de plus de l'écouter et de la lire.

    ==

    L’auteure et journaliste Leïla Aslaoui sera l’invitée, cet après-midi, de la librairie du Tiers-Monde à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Coupables paru aux éditions Buchet & Chastel (2006).

    Paroles de femmes, récits réels et destins tragiques, dans Coupables, Leïla Aslaoui, cette ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, magistrate, journaliste et auteure, s’est racontée et a raconté l’histoire de Khadidja, Khalti Haïcha, Bedira… et toutes celles qui ont accepté de livrer leurs témoignages sur l’infâme injustice subie par l’Algérienne depuis la nuit des temps.

    Coupables est ce miroir qui reflète un Etat déplorable qui refuse de reconnaître et de céder devant la femme. L’auteure s’est laissée guidée lentement et sans agressivité à travers des chemins de vie cahoteux et cabossés. Elle a vécu chaque mot de son ouvrage comme un moment de souffle de dignité qu’elle a réinsufflé à toutes les victimes de la terreur de l’homme criminel, violeur, violent... bourreau et détenteur du pouvoir absolu.

    A tous ceux qui ont cru que Leïla Aslaoui s’est enfin autorisée une thérapie à la mort tragique de son mari et des accusations portées à son parcours de femme militante, elle répond non. Pour elle, il n’est pas question d’admettre, encore moins pardonner ce qui a fait trembler ces millions d’Algériens pendant plus d’une décennie.

    Comme elle se refuse à oublier tout ce qui s’est passé. Malgré «le renforcement des lois», la femme algérienne n’atteindra jamais la pleine égalité avec l’homme, que ce soit de jure ou de facto. Les femmes continuent de subir des discriminations en matière de mariage, de divorce, d’héritage et de nationalité.

    Les traditions, coutumes et attitudes stéréotypées forment des obstacles considérables à l’égalité et à la jouissance de leurs droits fondamentaux. Dans Coupables, Leïla Aslaoui a laissé libre cours à ses souvenirs et ses rencontres avec des destins de femmes.

    Le Soir : La tragédie algérienne est telle que Coupables peut apparaître comme une fiction

    Leïla Aslaoui : C’est un projet qui me tenait à cœur depuis fort longtemps, j’aurais voulu le faire avant la trilogie sur la justice, mais à l’époque j’étais magistrate, c’est-à-dire à l’intérieur des drames et je n’avais pas suffisamment de distance pour maturer le projet si je puis dire. Mais l’idée était en moi. Toutes ces femmes en état de souffrance et plongées dans des drames pas possibles que j’ai rencontrées sont dans l’angle judiciaire. J’ai le privilège et le handicap d’être un électron libre.

    Par exemple, le personnage de Khadidja dont j’ai changé le prénom parce qu’elle l’a souhaité et que je m’y suis engagée à le faire, je l’ai rencontrée par hasard dans une commune près de Bruxelles. C’était l’époque où les femmes, et j’en faisais partie, partaient avec leur petit bâton de pèlerin expliquer ce qui se passait en Algérie. C’étaient les années 1990, c’étaient les années terroristes. J’ai rencontré cette dame à la fin de la conférence que j’animais à Bruxelles. Nous avons pris un café, elle s’est confiée à moi pendant des heures et des heures. Je suis très heureuse de l’avoir fait après plusieurs années parce que si je l’ai fait en 1983 ou 1984 comme j’en avais envie, je n’aurais peut-être pas restitué la réalité de ces drames comme il le fallait. Je crois pouvoir dire que je l’ai fait sans agressivité. L’écriture est sereine même si les drames sont extrêmement violents et même si je veux dénoncer quelque chose de très fort.

    Vous présentez la femme comme un otage de la société et de la loi

    Je voulais restituer une parole de femme, comme je l’ai dit sciemment dans l’avant-propos. Il y a toujours dans notre société, le «nous», le nous un peu autoritaire, très anonyme pour les femmes. Je voulais à travers ce nous évoquer par exemple, nous (la femme) avons été nommées très souvent dar (la maison), el aaïla (la famille) et beaucoup de femmes jusqu’à ce jour, qui ne sont pas de ma génération, qui n’est pas très jeune mais qui n’est pas non plus très vieille aussi, quand elles parlent de leurs époux, elles ne le nomment pas directement. Elles disent houa (lui). Je voulais ainsi utiliser le «je» pour leur donner la possibilité vraiment de relater leurs histoires, leurs drames. Et finalement leur grande dignité parce qu’elles expriment des choses violentes qu’elles ont vécues elles-mêmes et en même temps elles gardent leur dignité toutes ces femmes. Y en a une, qui, victime de violences conjugales, passe elle-même par la violence pour exister et je vous dirais que tous ces récits sont tirés de faits réels, il y a peut-être une fiction qui n’en est pas une. Il s’agit de la mère qui s’est vengée, mais aucune femme ne l’a fait en Algérie. J’ai pris l’histoire du moudjahid de Souk-Ahras et j’ai essayé d’imaginer ce que ferait une mère qui a perdu ses deux enfants, car cette mère existe. Khalti Haïcha qui a témoigné dans le procès contre Souadia, à partir de ce fait réel, j’ai essayé d’imaginer ce que pourrait faire une mère totalement démunie face à l’amnistie et le pardon à des criminels.

  • #2
    Pourquoi l’avoir édité en France ?

    J’avais un contrat avec Casbah Editions, dans la plus grande des courtoisies et sans il y ait eu le moindre accroc des deux côtés, j’ai dû rompre mon contrat. J’avais estimé que mon dernier ouvrage Ce ne sont que des hommes paru en 2003, n’avait pas mérité toute la promotion que j’en aurais attendue. En plus du fait, que c’est celui que je préfère le plus. Audelà, je garde un excellent souvenir de Casbah Editions tant pour le travail de qualité que pour l’ambiance réservée aux auteurs.

    En 2005, j’ai contacté deux maisons d’édition algériennes, l’une m’a répondu qu’elle était vraiment à labours puisqu’elle rééditait des titres déjà parus, et l’autre m’a répondu simplement qu’elle devait arrêter la parution carrément de livres en raison de difficultés financières.

    Donc j’ai bien compris surtout que je devenais infréquentable parce que de livres en réédition, il n’y en avait point et que c’était une manière très élégante de m’éconduire eu égard à mes positions politiques, je devenais gênante.

    Avec Françoise Stallier (ancienne ministre du gouvernement d’Alain Juppé et actuelle conseillère générale de la région du Nord), une amie de longue date à laquelle Coupables est dédicacé, nous avons longuement parlé à bâtons rompus et j’ai saisi là une opportunité puisqu’elle m’a mise en relation avec les éditions Buchet et Chastel.

    Enfin, avec l’éditeur, M. Lutor, qui a accepté dans un premier temps de lire le manuscrit et l’a programmé dans un deuxième temps pour l’année 2006. C’est une autre expérience tout aussi enrichissante que la première parce que j’ai connu des gens très intéressants et très disponibles. Ça m’a apporté un plus en tant qu’auteur et je ne le regrette pas du tout. Cela étant les portes ne sont pas du tout fermées. Il y a des négociations, ce n’est pas moi qui m’occupe de cette question. Evidemment, je ne désespère pas de voir de nouvelles perspectives et des horizons plus joyeux. Probablement, une coédition ou une autre formule. Coupables sera lu par les femmes algériennes et les hommes aussi.

    Quelles ont été les réactions de vos lecteurs ?


    Pas du tout agressifs pour les hommes. Et pour celles qui l’ont déjà lu, elles l’on trouvé très beau. En fait, ce que je ne voulais pas du tout faire, c’était un livre sur le féminisme. D’ailleurs, je ne suis pas compétente sur les droits de la femme. Moi, je me situe dans la catégorie de femme qui n’est pas à l’extrême droite. C’est pour ça que je ne cesse et je ne cesserai de combattre l’islamisme parce qu’il renvoit une image tout à fait avilissante de l’islam dans lequel je me reconnais, parce que c’est ma croyance. Cependant, je me reconnais le droit en tant que musulmane de dire que tout n’est pas au point concernant la femme dans l’islam lui-même.

    Vous allez être considérée comme une mécréante ?


    Ce n’est pas du tout être mécréante ou incroyante, il faut que nous apprenions nous autres les musulmans, notamment les femmes, à aller témoigner sur le terrain des islamistes et les combattre avec leurs propres arguments ou leurs propres arguties. C'est-à-dire que nous opposions à leurs arguties nos arguments. Je ne comprends pas et je n’admettrais pas si j’ai une fille que son mari, je dis une fille, parce moi je me suis défendue et puis j’ai eu la chance de tomber sur un homme qui me comprenait et qui ne m’a pas fait subir cela. Mais si j’avais eu une fille, je n’admettrais pas que son mari divorce comme il le veut, qu’il la répudie comme il le veut et qu’elle soit obligée de passer par la procédure du khul, c'est-à-dire qu’elle rachète sa liberté telle une esclave affranchie. Ce sont toutes ces choses-là que je me reconnais le droit même si par le passé j’ai été traitée par les associations dites féministes d’islamiste avec un mari assassiné par ces mêmes islamistes. Avec tout ce que j’ai prouvé et il n’y a plus rien à prouver contre le terrorisme.

    La cause féministe ne vous semble pas très, très loin en arrière ?

    Il y a eu durant les années du terrorisme, une grande quand bien même nous ne savions pas ce que nous voulions, on savait au moins ce que nous ne voulions pas. Il y avait des femmes indépendantes comme moi et il faut quand même le rappeler que ce sont elles qui ont été un fer de lance et une résistance de tous les instants contre le terrorisme. Certaines l’ont payé très cher et il faut notamment souligner nonobstant toutes les différences et les divergences d’opinions et d’idéologies. Nous sommes quand même arrivées à nous entendre en 1996 sur les amendements au code de la famille alors qu’avant, il y avait une guéguerre complètement stérile à mes yeux entre abrogation et amendements et amendements et abrogation. Pour les personnes qui souhaitaient l’abrogation elles étaient mal considérées et pour celles qui voulaient les amendements, elles passaient pour des islamistes. Or, du point de vue juridique, ce qui faisait peur lorsque nous entendions le mot abrogation, c’est qu’il y ait n’importe quelle interprétation de juge devant la nature totalement vide. Nous disions donc qu’il valait mieux des amendements en attendant mieux.

    La solution idéale…

    Non. Mais c’était mieux que le vide. Le mouvement existe toujours seulement les associations dites démocrates ne peuvent plus se mouvoir alors que les portes politiques et le climat est totalement verrouillé. Sans oublier, celles qui ont fait du combat de la femme, un marche-pied pour nourrir leurs ambitions personnelles. Attention, ce n’est pas parce que ces femmes-là, voulaient être ministres, pour moi il est préférable d’avoir une ministre universitaire qu’une analphabète. L’essentiel est de rester fidèle à ses convictions. Si demain, vous me voyez cligner des yeux vers les islamistes, soit vous vous dites qu’elle est bonne pour l’hôpital Frantz-Fanon ou alors qu’elle cherche à obtenir quelque chose. Je vous cite un exemple venant des femmes de Haïcha. Hélas, aujourd’hui elles ne sont plus que trois ou quatre. Au fur et à mesure du procès, elles se sont littéralement éclipsées. L’Afepec d’Oran, qui a soutenu dès le début les victimes, s’est vu notifer par huissier, et quand on sait combien coûte un huissier, une sommation de ne plus apparaître au procès par ces trois femmes soi-disant démunies. Mieux encore elles ont été jusqu’à accuser l’Afepec d’avoir détourné des dons. La présidente de l’association franchement, il faut pouvoir trouver des circonstances atténuantes à toutes ces associations. Il y a eu au début des années 1990 une magnifique ouverture, c’est vrai qu’on sortait le matin même si on ne savait pas si on allait rentrer le soir. Il y a actuellement une démobilisation totale quand on arrive à entendre un Soltani Bouguerra s’opposer à ce que la mère célibataire perçoive un petit pécule et quel petit pécule.

    Par Le Soir

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    • #3
      Et dire que certains se permettent de dire que la femme algérienne n'a pas de problèmes...

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      • #4
        Envoyé par Alya
        Et dire que certains se permettent de dire que la femme algérienne n'a pas de problèmes
        Oui parce que ce sont des hommes qui le disent ou alors ceux qui pratiquent la politique de l'autruche et préfèrent ignorer ce qu'elles n'ont pas envie de regarder en face.
        Bien sur , il y a pire ailleurs et la Femme algérienne a apprit a très bien se débrouiller mais il faut aussi reconnaitre qu'elle n'a toujours pas un statut d'égalité avec l'homme et que le code de la Famille l'enchaine encore et que l'Etat le veut bien et ne fait rien pour changer son statut.

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        • #5
          Et comme le dit le journaliste , lorsqu'une femme s'insurge contre cela, on la considère comme occidentale, émancipée, non croyante et surtout pas Algérienne...

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